— Par: Pedro Pablo Rodríguez —
On affirme souvent, à juste titre, qu’il n’y a pas une règle fixe pour l´acceptation d´une œuvre par le public dans l´art et la littérature. Il n´est pas rare qui est célèbre rapidement après son apparition, tombe quelque temps plus dans l´oubli, comme cela peut aussi arriver avec celui que presque personne ne remarque quand il crée et, plus tard, il est reçu en fanfare. Il y a des pièces qui se maintiennent durant des siècles comme monuments, qui sont appelés des classiques, et d’autres qui souffrent en alternance des hauts et des bas après leur appréciation.
Jeunesse, Littératures
Mirta Yañez : ne pas prendre l’enfance à la légère
— Par Enrique Pérez Díaz —
Je connais peu de gens comme Mirta Yañez, dotées d’une polyvalence, d’un sérieux et d’une rigueur intellectuelle peu communs. À la lecture de sa vaste œuvre pour adultes ou de ses essais sur des sujets les plus ingrats, on pourrait imaginer que c’est une personne cultivée, intransigeante, quelque peu étrangère au monde normal, et non cette femme pleine d’énergie, d’humour, d’originalité et d’amour pour les animaux et les êtres les plus démunis en général.
Il conviendrait de dire aussi que Mirta est la sœur d’un des grands de la littérature d’enfance et de jeunesse, un de ceux qui se refusaient à grandir et qui un jour a disparu sans que nous nous soyons préparés à lui dire adieu, comme je l’ai souvent dit en évoquant le frère de Mirta : Albertico Yañez, Mirta est une créatrice de principes, engagée avec son temps, une personne sans compromissions, une féministe convaincue (pas par mode mais par conviction et prises de position fermes) et un être d’une immense sensibilité qui, pour défier le monde, se cache derrière l’armure d’une guerrière.
Arts de la scène, Cinéma
Négociations secrètes au temps de l’apartheid
— Pierre Barbancey —
Un film troublant sur le rôle de Monsieur Jacques, que l’on retrouve au cœur de toutes les discussions entre l’Afrique du Sud blanche et les pays qui la combattaient.
Plot for Peace, documentaire de Mandy Jacobson et Carlos Agullo. Afrique du Sud. 1 h 24. L’homme, assez enveloppé, tire sur son cigare comme un Jacques Vergès. La bouille rondouillarde comme ses lunettes, il manie des cartes à jouer. Une patiente réussite au symbolisme un peu appuyé, il est vrai. Et comme le célèbre avocat, sa vie recèle des parts d’ombre. La différence est que cet homme, un temps surnommé Monsieur Jacques, qui s’appelle en réalité Jean-Yves Ollivier, a décidé ou en tout cas accepté de dévoiler ses activités dans les années 1980 qui l’ont conduit dans de nombreux pays du continent africain, notamment l’Afrique du Sud.
Sciences Sociales, Sociologie
CENTRAFRIQUE. 6.000 enfants soldats, le pays « au bord du génocide »
— Par Le NouvelObs & AFP —
Ils sont en première ligne, alors que le pays s’enfonce dans le chaos. Près de 6.000 enfants ont été enrôlés dans des milices combattant en République centrafricaine, a déclaré vendredi 22 novembre à Genève un haut-responsable de l’ONU, dénonçant la spirale de la violence dans ce pays.
« Grosso modo, on parle aujourd’hui de 5.000 à 6.000 enfants, ce qui représente un quasi-doublement de notre estimation précédente », qui était de 3.500 enfants en mars dernier, a déclaré Souleymane Diabate, représentant de l’Unicef en République centrafricaine.
L’agence des Nations unies pour l’enfance a dénoncé régulièrement l’enrôlement des enfants dans les rangs des groupes armés de ce pays dévasté par la guerre civile.
Education Formation, Sciences Sociales, Sociologie
La Martinique a perdu un grand ami, l’humanité a perdu une grande figure
— Par le CNCP —
HOMMAGE A ALAIN PLENEL
Alain PLENEL s’est physiquement éteint le 18 novembre. En venant l’an dernier fêter ses 90 ans dans notre pays, tenait-il à nous rappeler avant de s’en aller qu’il était notre frère ? L’accueil chaleureux et massif qu’il a reçu à cette occasion a montré la reconnaissance de notre peuple envers ce grand Français internationaliste et humaniste.
Nous n’avons pas oublié que, nommé Vice-recteur en 1955, il a refusé de jouer le rôle de relais que le colonialisme confiait aux fonctionnaires Français. Il a multiplié la création d’école et travaillé à réaliser des programmes prenant en compte notre réalité. Il a dénoncé la politique coloniale et la répression meurtrière qui a frappé la jeunesse martiniquaise en Décembre 1959. Rappelé en France par les autorités, il a été refoulé, manu militari de notre pays, alors qu’il tentait d’y venir à titre privé en 1963. Alain PLENEL a été révoqué après qu’invité à un colloque en Algérie, il eut répondu à une interview d’un journal Algérien. Ce n’est qu’en 1982 que ses droits lui seront reconnus.
En librairie, Jean-Durosier Desrivières, Littératures, Poésies
« Vis-à-vis de mes envers » suivi de « Le poème de Grenoble » de Jean-Durosier DESRIVIERES
Le poète haïtien Jean-Durosier Desrivières signe aux éditions « Le teneur » un magnifique recueil de poésies, préfacé par Roger Toumson et illustré par l’artiste-peintre Bernard Thomas-Roudeix.
Le nouveau livre de Jean-Durosier Desrivières est un recueil de compositions poétiques se présentant telle une corne d’abondance, d’une époustouflante richesse métrique et rythmique, totalement exigeant, captivant et convaincant. Vis-à-vis de mes envers, divisé en quatre grandes parties, traduit les faces multiples du poète et de son art qui entre en dialogue avec les dessins hautement expressifs et significatifs de Bernard Thomas-Roudeix. Le poème de Grenoble n’est qu’une trace des fraîcheurs de l’errance urbaine du poète haïtien dans cette ville qui s’ouvre et s’offre à lui dans un contexte post-séisme. L’écrivain et universitaire, Roger Toumson, pose ainsi son cachet sur l’ouvrage, dans une préface éclairante : « Constamment sur le qui-vive, poète de l’urgence, Jean-Durosier Desrivières […] s’est d’emblée distingué sur la scène des nouvelles semences littéraires par son audace : pensée ardente, éloquence batailleuse. »
Arts Plastiques
« Imposantes ou Inquiétantes légèretés »
« revivance » des matériaux, EXPOSITION du 15 au 30 novembre 2013
Fort « Fleur d’Epée », GOSIER.
— Par Scarlett Jésus, critique d’art —
Petites mains et des idées à revendre, elles sont quatre « ripppeuses » –Félie Line Lucol la présidente, Laurence Roussas, Ruti Russelli et Christelle Urgin- qui collectent, assemblent et détournent des matériaux au rebut. Au sein d’un collectif : Rip Art.
Mais pourquoi avoir choisi comme titre de leur exposition, « Imposantes légèretés » ?
Une exposition superbe, ludique, drôle au premier abord. A voir absolument. Et à revoir au besoin. De préférence à la tombée du jour. Parce que ce moment est propice à la perception de cet entre-deux, entre clarté et obscurité, où se niche l’hésitation entre ce qui apparaît comme réel, et ce qui relève de l’imagination. L’exposition devient alors plus « trouble », plus troublante.
Littératures
Des Sons et des Mots
— Par Frantz SUCCAB —
Ce sont les poètes qui font la poésie et non les langues, quelles que soient les langues. La langue créole ne fait pas exception. Ce n’est pas parce qu’elle a été très longtemps reléguée, envoyée se faire parler et entendre ailleurs, qu’elle devrait forcément chercher à faire société conforme pour avoir la poésie fréquentable. Cette langue ne se sera pas émancipée à force d’imagination et de créativité, de déboulements et de détours, pour s’emprisonner dans un quelconque académisme, fût-il « Tan-nou »… national et populaire.
Le piège pour une langue est de s’entêter à démontrer quelle en est une, à exhiber ses attributs intimes dans les foires pour faire admettre qu’elle aussi elle peut. À la longue, ça lui fait perdre le goût de l’aventure des ses propres mots et, par conséquent, amenuise ses chances de s’émerveiller des beautés insoupçonnées qu’elle recèle. Elle se répète, confondant faire œuvre et faire tours de manège. Elle tue sa poésie parce qu’elle rend prudemment casaniers les aventuriers des mots que seront toujours les poètes.
Avec une gamme sonore de base, une infinité de mélodies différentes, possibles depuis que l’homme est l’homme et tant qu’il le sera.
Arts Plastiques
BIAC Martinique du 22 novembre 2013 au 15 janvier 2014 : lancement et déroulé
Jeudi 21 novembre. Fort-de-France
11h00 : Lancement de la BIAC et conférence de presse à l’Hôtel Impératrice
Vendredi 22 novembre. Fort-de-France
10h00 – 13h00 : Conférences à l’Hôtel de Région (salle des délibérations plénières)
· Dialogue entre Ousmane Sow et le Professeur Edward P. Sullivan
· Pavillon Martinique / In Flux : échanges entre Holly Bynoe, David Gumbs, Bruno Pédurand et Shirley Ruffin
· Le surréalisme aux Caraïbes, une intervention du Professeur Edward Sullivan
· L’art de la guérilla, une intervention de Lucie Touya
17h00 : Pré-ouverture du Pavillon Martinique à l’Atrium (VIP et partenaires)
19h30 : Ouverture du Pavillon au grand public
22h00 : Show musical sur le parvis de l’Atrium : carte blanche à Jeff Baillard et ses invités
Education Formation, Université
UAG : » Les casseurs sont-ils qualifiés pour recoller les morceaux? » Intervention d’AMJ
Intervention du Député Alfred MARIE-JEANNE lors de la réunion au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche sur l’UAG le 21 novembre 2013
Les casseurs qui ont agi, au grand jour ou dans l’ombre, sont-ils les plus qualifiés pour recoller les divers morceaux épars du vase brisé qu’est devenue l’Université Antilles-Guyane ?
Madame la Ministre,
Dans votre lettre du 15 novembre 2013, vous rappelez de façon péremptoire votre décision de « renforcer l’autonomie du Pôle universitaire de Guyane d’une part, et engager les étapes conduisant à une université de plein exercice ».
Et vous ajoutez immédiatement après que « l’évolution du pôle martiniquais et du pôle guadeloupéen de l’Université est entièrement ouverte ».
Ouverte sur quoi ? je me le demande. En tout cas assurément ouverte sur le partage des lambeaux restants sur lequel on s’entre-déchire déjà.
Preuve supplémentaire, c’est la Présidente de la Région Guadeloupe qui, dans la foulée, se prononce également pour une « Université de plein exercice ».
Politiques, Sciences Sociales
100.000 signatures, femme de l’année : Taubira superstar
— Par Le Nouvel Observateur —
Le magazine « Elle » a élu la garde des Sceaux femme de l’année. Une pétition de soutien lancée par une vingtaine de personnalités, a recueilli 100.000 signatures.
C’est un bon jour pour Christiane Taubira. Josiane Balasko, Jane Birkin et une vingtaine d’autres personnalités ont remis, ce jeudi 21 novembre, à la ministre de la Justice une pétition de soutien qui a recueilli plus de 100.000 signatures, après les attaques racistes dont elle a été la cible ces dernières semaines.
Tu réclamais ces belles voix. Aujourd’hui, elles se sont exprimées », a lancé l’initiateur de la pétition, l’adjoint au maire écologiste de Brétigny-sur-Orge (Essonne), Steevy Gustave, à l’adresse de Christiane Taubira. « On est des pompiers qui allons éteindre la flamme de la haine ».
« Elles sont magnifiques, ces voix », lui a répondu la garde des Sceaux, qui a salué la « promptitude » de cette mobilisation, amorcée le 1er novembre et baptisée « France, ressaisis-toi ! ». « Tout cela m’a beaucoup touchée », a-t-elle dit.
Arts Plastiques
14°N 61°W : Norville Guirouard-Aizée « Rêves piégés »
16 Novembre – 28 Décembre 2013
— Par Sonia Tourville—
— Photo de JB Barret —“Norville Guirouard-Aizée, artiste en mythologies, rare, discret, nous présente un condensé de ses réflexions sur le Monde, puisé dans l’espace de méditation de son jardin. Bien qu’il soit furtif, voire clandestin, son regard et sa vision de la société revêtent un aspect fortement actuel et critique. Avec Norville Guirouard-Aizée, nous ne sommes pas dans l’espace de la peinture, de la toile, mais dans la matérialité, dans la formalisation de l’expression par le biais d’objets. À travers des objets, des artefacts créés par lui-même, symbolisant l’exécution de formes ou sortes de drames rituels contemporains, ou étayant et affermissant des conduites contra-phobiques, il nous donne à voir l’état du monde.
Arts de la scène, Cinéma
Fonds Saint-Jacques : le mois du film documentaire
Tarifs :
– Tarif plein : 5 euros
– Tarif réduit : 3 euros (chômeurs – étudiants – enfants de – 12 ans)
=> Paiement en espèces, chèque – Pas de CB
En librairie, Littératures
Monde caraïbes : avis de parution Novembre 2013
LASOTJÈBÉBÉ BLUES
Une vie aux Antilles – Récit
LOUISE MINSTER
Eric PezoCONTEXTUALISATIONS DIDACTIQUES
Approches théoriques
FRANTZ FANON UN HÉRITAGE À PARTAGER
Adam Longuet
LES ÎLES DE LA CARAÏBE : ENJEUX ET PERSPECTIVES
Michel Deese
CARAÏBE ET ÎLE MAURICE
Industrialisation et développement
Laurence Buzenot
QUE SE PASSE-T-IL DANS LE TIROIR ?
Kisa ka pasé an tiwé-a ? – bilingue français – créole
Michelle Houdin
Illustrations Emilie Dedieu
DÉSIRÉ ET ZÉKLÈ, COQ DE COMBAT
Désiré épi Zéklè, kok-djenn – bilingue français – créole
Isabelle Cadoré, Henri Cadoré
Illustrations Emilie Dedieu
Education Formation, Politiques
Alain Plénel est mort !
— Par Gilbert Pago —
Ce lundi soir 18 novembre, Alain Plénel est mort d’un arrête cardiaque à l’âge de 91 ans, en Suisse où il habitait après avoir dîné le soir avec son fils. Il avait tenu dans son testament que la nouvelle de sa mort ne soit diffusée qu’après sa crémation qui a eu lieu ce jour jeudi 21 novembre.
L’an dernier, il avait tenu à rendre une dernière visite à la Martinique qui a représenté une grande part dans sa vie professionnelle et de militant.
Nous nous étions attaché à ce grand homme qui a joué un grand rôle dans la dénonciation des exactions des forces de l’ordre lors des événements de Décembre 59 en Martinique.
Nous lui rendrons un hommage ce mercredi 27 novembre lors de notre meeting à la Mutualité de Fort de France, sur le parcours des deux figures marquantes du communisme antillais que furent Aimé Césaire et Rosan Girard. Il les avait bien connus et avait milité avec eux lors des débats des années 60 et 61 en France pour la constitution du Front Antillo guyanais sur l’Autonomie.
Littératures, Poésies
Le slam du tram
—Par Philippe Pilotin —
Grande première en outre-mer.
Le TCSP (*), super moyen de transport d’entre-les-deux guerres,
Actuellement aux Antilles françaises prend de grands airs,
Offrant à ces îles de la caraïbe un atout supplémentaire.
Avant même d’entendre les premiers : Cling ! Cling ! du tram,
Déjà, la belle Martinique dans son âme s’enflamme.
A l’horizon 2015, s’élanceront les premières rames,
Faisant de ce transport l’acteur principal de la trame,
Cling ! Cling !
Les commentaires de toutes sortes vont bon train,
Faisant ainsi des on-dit un sacré refrain.
L’affaire est dans toutes les mains,
Sans même savoir de quoi sera fait demain.
Cling ! Cling !
Lamentin, Dillon et Sainte-Thérèse défileront tour à tour.
Le convoi longera l’autoroute sans détours,
Destination Fort-de-France, « Aller-Retour »
Pendant que les resquilleurs réfléchiront à leur sale tour.
Cling ! Cling !
Très tôt le matin et tard dans la soirée,
Le va-et-vient incessant de ce nouveau tramway
Sera surement le lot quotidien de beaucoup d’usagers
Et cela tant chez les jeunes que chez les plus âgés.
Cling ! Cling !
Probablement à la future station Aimé Césaire,
Les prétentieux rouleront sans doute les « R »
En voulant imiter le poète et ses beaux vers
Qui lui ont valu ses habits de lumière.
Arts de la scène, Théâtre
Brecht prend un coup de jeune
—Patrice Trapier —
Avec l’adaptation de « La bonne âme de Se-Tchouan » de Bertolt Brecht par Jean Bellorini, on a tout pour être heureux.
Une troupe de comédiens qui jouent, chantent et se dépensent sans compter; trois excellents musiciens qui, à la manière de Kurt Weill, ponctuent, accompagnent et s’intègrent à la pièce; un texte aux innombrables échos contemporains; un dispositif scénique beau, puissant, multiple. Shen Té est prostituée dans la capitale du Se-Tchouan, c’est en partie la Chine, en partie l’occident, en partie hier (la pièce a été écrite entre 1938 et 1940), en partie aujourd’hui. Les textes de Bertolt Brecht ont valeur de fable.
Trois Dieux chez Brecht, un seul chez Bellorini incarné par Mel Hondo, la voix française d’Eddy Murphy et Morgan Freeman, cherche(nt) désespérément une bonne âme. Sera-ce Shen Té, malgré son métier de prostituée, malgré les embûches que vont lui tendre les pauvre qui l’entourent (il n’y a jamais d’angélisme chez Brecht, les lois qu’il dénonce s’appliquent à tous), ses ruses, son dédoublement avec le cousin Shui Ta. Karyll Elgrichi incarne ce double rôle avec force, tendresse, fragilité.
En librairie, Littératures
Haïti, pays invité d’honneur du Salon du livre de Montréal
20 au 25 novembre 2013
Suite aux Rencontres québécoises tenues en Haïti du 1er au 8 mai 2013 à l’occasion des dix ans de Mémoire d’encrier, le Salon du livre de Montréal accueille Haïti comme pays invité d’honneur. Pour la présente édition, qui se déroule sous le thème «Une passerelle entre les cultures», Haïti déploie son imaginaire à la Place Bonaventure.En savoir plus
Pour l’occasion, des écrivains haïtiens sont parmi nous :Yanick Lahens, Kettly Mars, Emmelie Prophète, Laënnec Hurbon, James Noël, Jean-Robert Léonidas, Jean-Euphèle Milcé, Michel Soukar et Gary Victor.
Sont également présents des professionnels du livre: Monique Lafontant, librairie La Pléiade, Anaïse Chavenet, Communication Plus Distribution, Charles Tardieu, éditions Zémès. L’ancienne première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis, figure emblématique du changement en Haïti et présidente de la Fondation Connaissance & Liberté (FOKAL), fait aussi partie de la délégation.
Politiques, Sciences Sociales, Sociologie
Christiane Taubira, la force du symbole
— Par Serge Letchimy —
Les racistes ne s’y sont pas trompés : Christiane Taubira est de fait un symbole. Le propre des symboles est de capter les projections négatives, individuelles ou collectives, qui émergent des crises. Ce qui est injurié à travers elle ce sont les frustrations, douleurs, souffrances et impossibles, que la situation économique, sociale et sociétale, suscite en France. Cette réception est d’autant plus forte que ce symbole identifié par ces esprits malades se trouve au cœur de l’allégorie républicaine : la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, garante des libertés, de la fraternité et de l’égalité pour tous, se trouve porteuse d’une différence visible. Dans une communauté traditionnelle, mono ethnique, mono religieuse, mono historique, le symbole concentre, rassure, exclue la différence. Ici, cet inattendu symbole proclame une constellation de différences : femme, noire, venue d’une périphérie, esprit rebelle, identité créole, mentalité progressiste, ouverte aux transformations du monde… Le symbole soudain bouscule, proclame une impérieuse diversité : les racistes n’en peuvent plus.
Littératures
Doris Lessing, une romancière engagée
Le Prix Nobel 2007 est décédée à l’âge de 94 ans. Militante féministe, anticolonialiste et anti-apartheid, elle avait traité les réalités africaines au travers de romans autobiographiques.
— Par Bruno Corty —
Elle était née sous le nom de Doris May Tayler, le 22 octobre 1919, dans l’ancienne Perse devenue Iran. Ses parents, Alfred Cook Tayler et Emily Maude McVeagh, étaient deux victimes de la Grande Guerre. Lui, ancien capitaine dans l’armée britannique, avait laissé une jambe au cours des combats. Elle, avait perdu son grand amour au cours du même conflit. C’est en soignant le soldat Tayler que cette infirmière d’origine irlando-écossaise vit son destin basculer. Deux ans après sa naissance, Doris eut un petit frère, Harry. La famille s’installa à Téhéran où le père travaillait pour la Banque impériale de Perse. «J’étais une enfant très perturbée, ultrasensible, confessera-t-elle plus tard. J’aurais pu dire que c’était parce que ma mère aimait mon frère et pas moi, mais c’est tellement banal. Je pense que mon mal-être tenait davantage du discours répétitif de mon père sur la guerre.» La romancière racontera la vie de ses parents en 2008 dans Alfred et Emily (Flammarion).
Arts de la scène, Musiques
Femi Kuti : » L’afro-beat, une musique faite pour s’élever spirituellement et pour danser »
INTERVIEW – Femi Kuti, le fils du père de l’Afro-Beat, sort un nouvel album. Rencontre.
—Par Eric Mandel —
Appartenir à la caste des « Fils de… » peut se révéler un cadeau empoisonné, un privilège et une malédiction. Comment perpétuer l’héritage d’un paternel héroïque, tout en affirmant sa propre identité, sans sombrer dans le mimétisme? Femi Anikulapo Kuti le sait trop bien. Il est le fils d’une légende: Fela, le génial inventeur de l’afro-beat nigérian, cette musique de transe née au début des années 70 de la fusion entre musiques africaines (high-life, tradition yoruba) et musiques afro-américaines (jazz, funk)… Un personnage charismatique, parfois controversé, mais unanimement salué comme le champion du petit peuple et la bête noire des militaires qui se sont succédé à la tête du Nigéria depuis l’indépendance du pays, jusqu’en 1999. A sa façon, Femi a su affirmer sa marque sous l’ombre tutélaire de son illustre paternel, explorant des pistes plus personnelles pour s’affranchir de l’orthodoxie afro-beat, sans jamais trahir son essence. Interview à l’occasion de la sortie de son nouvel album ; No Place for my dream.
Education Formation, Université
UAG : « Vive la crise si elle permet d’aller plus loin »
—Par Gilbert Pago—
Je suis abasourdi par les décisions catastrophiques du gouvernement, prises de manière cavalière :
— Aucune volonté de rechercher l’apaisement dans ce conflit et le dialogue entre les interlocuteurs,
— Mise à l’écart brutale de la gouvernance de l’UAG en Guyane,
— Désaveu et contournement de la présidente de l’U.A.G,
— Nomination d’une administratrice provisoire membre de ces groupes de recherche en Guyane indifférents (quand pour le moins, ils ne sont pas hostiles) à l’U.A.G,
— Mesures prises sous la coupe de Taubira et probablement de Lurel.
— Consultation seulement après les faits, de la direction de l’U.A.G, des parlementaires des deux îles et des conseils régionaux de Guadeloupe et Martinique
— Mesures qui loin de calmer les choses ne vont qu’amplifier la division entre Guadeloupéens, Martiniquais et Guyanais sous l’œil goguenard et condescendant des quelques uns de « nos observateurs ».
La crise dans l’U.A.G couvait, elle a éclaté et quoique trop tardivement il fallait réagir en positif aux réclamations guyanaises !
Sciences Sociales, Sociologie
Allen Iverson, symbole de la condition des basketteurs noirs de NBA
— Par Rue 89 Sports —
Allen Iverson, joueur le plus spectaculaire de la NBA il y a une dizaine d’années, a pris sa retraite dans l’anonymat. Le sport spectacle n’a pas aidé cet individu fragile à sortir de sa condition précaire
Allen Iverson, star de la NBA au tournant du millénaire – MVP en 2001 –, a annoncé le 1er novembre l’arrêt de sa carrière de basketteur. Si l’on s’y intéresse ici, ce n’est pas seulement parce qu’il a été le plus spectaculaire de sa génération, le trait d’union entre les ères Jordan et Bryant.
Iverson a eu durant ses 14 années sur les parquets de la NBA l’image d’un enfant terrible. Présenté très jeune comme une future icône, sa carrière a été bien moins riche en succès – une présence en finale NBA – que prévue. Il a aussi connu toutes sorte de déboires judiciaires et financiers. Comment, un individu promis à une carrière exceptionnelle en vient-il à se perdre, se mettre en danger pour finalement annoncer sa retraite dans un relatif anonymat ?
Allen Iverson a grandi dans en Virginie, ancien Etat sudiste, où les séquelles de la ségrégation raciale sont encore très présentes.
Féminismes, Sciences Sociales
Violences envers les femmes : encore et toujours d’actualité
— Par l’Union des Femmes de Martinique —
L’actualité martiniquaise et régionale de ces derniers jours a été abondante en faits de violences envers les femmes : Viol par des ex-compagnons, viol avec objet sur une fillette, séquestrations et violences sur une jeune femme,… jusqu’au meurtre d’une femme guadeloupéenne par son ex-compagnon en France (du fait de la condamnation du meurtrier).
Tous ces drames sont relatés dans des rubriques de faits divers/justice, et vécus par beaucoup comme une banalité, trop souvent tolérés et considérés comme acceptable. Mais Ils sont la face émergée d’un iceberg, sur lequel nous vivons tous les jours. Une réalité qui touche de nombreuses femmes, beaucoup plus qu’on ne soupçonne, ou qu’on ne veut bien se donner la peine de voir.
Oui, les violences envers les femmes continuent et sont importantes.
L’enquête « genre et violences intrafamiliales en Martinique » réalisée en 2008 révélait des chiffres édifiants, et spécifiques aux femmes :
7,3% des femmes déclaraient des attouchements et 8% des viols ou tentatives de viol survenus avant leurs 18 ans,
30% des femmes ayant des relations conjugales avaient déclaré plusieurs atteintes, répétées ou jugées graves dans les 12 mois précédant l’enquête de la part de leur partenaire ou ex partenaire.
Arts de la scène, Théâtre
« La voix humaine »: d’une distanciation l’autre
— Par Roland Sabra —
« C’est l’extrême sensibilité qui fait les médiocres acteurs; c’est la sensibilité médiocre qui fait la multitude des mauvais acteurs; et c’est le manque absolu de sensibilité qui prépare les acteurs sublimes. » (Diderot, Paradoxe sur le comédien (1773-1780))
A qui se demanderait quelle mouche a donc piqué Michèle Césaire pour nous présenter au Théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France, les 14, 15 et 16 novembre 2013, au beau milieu d’une programmation essentiellement consacrée cette année à Bertholt Brecht une pièce de Jean Cocteau, on aurait beau jeu de répondre que si 2013 est l’année ou l’on commémore le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire et d’Albert Camus, elle est aussi l’année du tricentenaire de la naissance de Denis Diderot. Si vous n’êtes pas plus avancé dans l’interrogation, si vous vous étonnez du rapprochement entre l’encyclopédiste du dix-huitième siècle, emprisonné pour avoir affronter les pouvoirs institués de son époque et le poète un tantinet mondain soupçonné de collaboration avec les troupes allemandes durant la Seconde guerre Mondiale c’est que vous n’avez pas vu la performance de Nicole Dogué dans « La voix humaine » mise en scène par Marja-Leena Junker.