M' A

Kissewon : Trenelle au coeur

La Belle faconde
— Par Christian Antourel —

kissewon-1Au cœur du quartier des plus populaires de Trenelle, Kissewon ouvre une parenthèse enchanteresse dans la tradition figurative  contemporaine qui est la sienne, en proposant de redécouvrir une  peinture  épurée au travers de l’œuvre  d’un talent qui  ne nous ménage pas ses surprises.
Kissewon. Un nom aux sonorités chantantes pour un artiste…bien de chez nous. Avec « Trénelle au cœur » comme il a si bien  intitulé son exposition, c’est tout en nuances que s’offre à nous le souvenir qu’il a de ce quartier  tellement riche de sens à ses yeux : ces enfants jouant sur le seuil de leur maison. Le regard attentif de ce père sur son enfant qui progresse à ses pieds. Toutes ces maisons comme un gigantesque Lego, que la nature repeint. Les nombreuses scènes de  vie quotidienne saisies,  immobilisées  par  l’image. Dans un style vivant et coloré l’artiste sait  nous inviter dans sa bulle. La pertinence des tons où prédomine un bleu, pas outremer mais tellement  azuré comme le ciel des anges, captive  instinctivement. La renommée de cet artiste qui peint autant sur les murs, le fer, sur toile, que sur tout type de matières qui utilise des médiums divers, huile, aquarelle, acrylique, est aujourd’hui importante dans bien des recoins du monde de l’art.

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Copains pour toujours 2

— Par Ysa de Saint-Auret —

copains_pour_tjrsIl semble que l’époque de la screwball comedy (que l’on peut traduire par comédie de cinglés)  dans les années quarante, dans le cinéma américain vient de resurgir  pour « copains pour toujours 2 ». Mais à ceci près que si la vitesse débridée des dialogues et la liberté de ton restent exceptionnelles, elles relèvent  plus d’un humour potache,  ou d’adolescents boutonneux,  fait d’un mélange bizarre  d’éléments et de  situations disparates. Les parties et reparties sont mal assorties et   perdent  d’un coup tout le sens  de leur efficacité  comique,  dans ce burlesque des corps et des situations.
Pour que sa famille s’épanouisse, Lenny quitte Hollywood pour revenir s’installer dans sa ville natale. Il y retrouve l’ambiance bon enfant, voire carrément  déjantée des copains d’avant….
Dennis  Dugan  a pensé que  le succès relatif accordé à son précédent « copains pour toujours »qui sans atteindre des sommets, a été  tout de même plaisant et que cette virée entre potes, simple détente sur pellicule   rien de plus, lui  donnera le sésame pour un second long métrage. Il a tout agrégé autour de gags élimés et tout mis côte à côte dans un désordre inqualifiable.

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Salut Jean-Claude !

—Par Gilbert Pago —

poing_leve    Notre ami Jean-Claude Courbain est mort dans la nuit du mardi 22 octobre au mercredi 23 d’une crise cardiaque.
Il avait apporté une semaine plus tôt au centre Robert Loyson de la ville du Moule, assis tout à mes côtés, son témoignage brillant lors du Symposium sur le centenaire de Rosan Girard. Il y avait évoqué les années 67 et 68 en Guadeloupe où récent bachelier et étudiant en sciences économiques, il avait beaucoup espéré d’un possible rattachement de Rosan Girard, leader communiste, maire du Moule et ex député, au combat que la jeunesse guadeloupéenne menait contre le colonialisme. Rosan n’avait pas franchi le pas !
Au même moment, les cellules contestataires du parti communiste guadeloupéen (P.C.G.) étaient exclues dont celle de Courbain à Pointe à Pitre. Il est vrai que Jean-Claude, dynamique, orateur brillant, entraîneur d’hommes et de femmes, avait la carrure d’un dirigeant. Il y eut donc la formation du CCEG (centre culturel des élèves et étudiants guadeloupéens), du groupe La Vérité autour de Victor Cécile, d’Yvan Leborgne, de Max Ganot, de Plumasseau. Il y eut surtout la polémique violente du PCG et du journal La Vérité mais aussi les élections de mars 67 et la candidature d’Yvon Leborgne, à défaut d’avoir la présence de Rosan face à Ibénée du PCG.

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Monde caraïbes : Avis de parution octobre 2013

 LÉONARD SÉNÉCAL
Le rebelle écartelé – La Guadeloupe au XIXe siècle
leonard_senegalOruno D. Lara
Léonard né esclave à Basse-Terre (Guadeloupe) en 1807 devient progressivement Sénécal, un homme libre qui affronte le système colonial. Dépassant les pièges de l’hagiographie habituelle et partant d’une étude minutieuse des sources documentaires, l’auteur nous expose les ressorts cachés d’un système colonial avant et après l’abolition de 1848. Les luttes que livrent Sénécal et les insulaires de Guadeloupe conduisent Oruno D. Lara à réviser notre perception de la France coloniale pendant la seconde moitié du XIXe siècle.

 

(18 euros, 182 p., octobre 2013) EAN : 9782343017464
EAN PDF : 9782336327341  EAN ePUB : 9782336677446

 

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Exposition Espace Aimé Césaire : l’insulte faite au poète

— Par  Jean-Luc de Laguarique – Photographe —
espace_aime-cesaire_lamenti En 2013, un nombre important de manifestations célébrant le centenaire du grand poète disparu ont eu lieu à la Martinique. Il serait vain d’en faire ici un inventaire exhaustif : ont-elles toutes été à la mesure de la pertinence de l’homme et de son legs littéraire ? On peut en discuter, tant celui-ci est novateur, immense, inégalé. Toutefois, si ne serait-ce que quelques unes d’entre elles ont pu donner au public envie de le lire, de le (re)découvrir, ou de simplement suggérer des pistes pour aborder une œuvre aussi complexe, elles auront — du moins en partie — atteint leur objectif et l’on tendrait alors à s’en satisfaire.

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Quelle sortie de crise pour l’UAG?

Question orale à Geneviève FIORASO Ministre de l’enseignement supérieur

— Par Gabriel Serville, Député de Guyane—

uag_guyaneMadame la ministre,
Voilà deux semaines que le pôle universitaire guyanais est paralysé par un mouvement de grève revendiquant une université de qualité et un changement de gouvernance. Catalysées par les difficultés rencontrées lors de la réouverture d’une licence professionnelle « protection de l’environnement ¬, ces contestations se sont vite répandues aux conditions difficiles que rencontrent les jeunes étudiants guyanais et le personnel qui les encadre. Alors que la Guyane compte 35 000 jeunes en âge de faire des études supérieures, seuls 2 720 étudiants ont effectué leur rentrée sur le sol guyanais. En effet, la plupart des jeunes bacheliers sont contraints, lorsqu’ils en ont les moyens, de s’orienter vers les campus antillais et les universités de l’hexagone, où ils sont, il faut le rappeler, considérés comme des étudiants étrangers. Dans une région où la population devrait doubler dans les 30 prochaines années, il n’est plus possible d’ignorer les difficultés de ceux qui en représentent l’avenir. Il faut dês aujourd’hui nous pencher sérieusement sur la gouvernance de l’UAG à court-terme et sur l’autonomie du pôle universitaire guyanais à long-terme.

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Journée internationale du créole le dimanche 27 octobre 2013

L’association « Tous créoles ! » présentera à la distillerie Trois-Rivières une conférence-débat de Bernard LECLAIRE* sur le thème :
« Le créole est-il une langue en exil dans son propre chez-soi ? Non… L’exemple de Marie-Galante »

creole-325Ce titre assez vaste permet de parler du créole d’avant – celui d’aujourd’hui et bien sûr du créole à venir ! Que serait une langue sans la perception de ceux qui l’utilisent ? Nous sommes tous « créoles » mais comment vit-on cet état d’être ?
Un aperçu de Marie-Galante serait d’une poétique nouvelle ! A suivre… !
Effectivement, Marie-Galante est l’île la plus africaine de la Caraïbe pour ne pas dire la plus Congolaise exactement ! Cela vient de son histoire ! On affectionne le « parlé créole » et de génération en génération il n’y a jamais eu de problème pour les échanges en créole! Il s’agit-là, d’une profonde attirance sinon un profond atavisme que de vouloir se dire les choses dans la langue vernaculaire ! La grande évolution que nous notons, est depuis, la stabilisation d’un « écrit » du créole, ce qui est une grande avancée pour sa reconnaissance et son développement !

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La Tour 13, la tour de Babel du street art

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 La Tour 13 est située 5, rue Fulton, Paris 13. Ouvert jusqu’au 31 octobre du mardi au dimanche, de 12 h à 20 h.

Une centaine de graffeurs venus du monde entier ont investi un immeuble parisien voué à la démolition, dans le treizième arrondissement, pour le repeindre de mille couleurs. Du sous-sol au neuvième étage, leur oeuvre éphémère est visible jusqu’à fin octobre.

« C’est la plus grande exposition collective de street art, expérience en totale cohérence avec l’essence même du mouvement, explique Mehdi Ben Cheikh, responsable de la galerie parisienne Itinerrance, à l’origine du projet. Les visites sont gratuites et il n’y a rien à vendre. »

L’immeuble bientôt détruit

Brésiliens, Saoudiens, Tunisiens, Iraniens, Espagnols, Australiens ou Français, les artistes enthousiastes se sont partagés les 36 appartements parfois encore meublés. En tout, une gigantesque toile de 4 500 m² formée par les murs, les sols et les plafonds, jusque dans les placards.

Dépêchez-vous ! La tour, érigée dans les années 1960, sera détruite en novembre et les graffs avec. Les occupants, eux ont déjà été relogés.

Tour 13 est située 5, rue Fulton, Paris 13.

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Ancestral art kanak au Musée Branly

Le musée du Quai Branly présente 300 témoignages de cette culture ancestrale de Nouvelle-Calédonie.

—Par Stéphanie Belpêche, leJDD—

expo_kanak_branlyLe musée du Quai Branly n’a pas fini de nous éblouir. Fidèle à sa mission de défricheur de civilisations méconnues, sa nouvelle exposition événement se consacre aux Kanak. Dans une scénographie classieuse s’égrènent 300 pièces, qui proviennent en majeure partie de collections publiques européennes. Seulement 60 ont fait le voyage depuis la Nouvelle-Calédonie. Le leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou (1936-1989) avait initié de son vivant un inventaire du patrimoine dispersé. « On estime entre 15 et 20.000 œuvres kanaks disséminées dans 160 musées dans le monde, dont 80 en France, note Emmanuel Kasarhérou, le commissaire. Cela remonte à 1850, quand l’anthropologie était en vogue. À l’époque, on moulait les visages, on mesurait les individus sous toutes les coutures, on pillait les cimetières. Et on rassemblait des ustensiles, des haches, des masques… Pour acquérir une meilleure compréhension de l’homme. »

Aujourd’hui, une délégation de trente chefs kanak va inaugurer cet espace qui abrite les prestigieux témoignages de leur culture ancestrale. À l’entrée, ils procéderont à des salutations rituelles.

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Pourquoi Patrice Chéreau était « inimitable »

— Par  Daniel Barenboïm (Directeur de la Scala de Milan)—

patrice_chereau-2En 1976, à l’occasion du centenaire du Festival de Bayreuth, Patrice Chéreau mit en scène le Ring des Nibelungen, dirigé par Pierre Boulez. Aujourd’hui, ce Ring du centenaire est entré dans la légende. Toutefois, l’année de sa création, cette production provoqua un scandale retentissant, chose que l’on a facilement tendance à oublier.

Ce que Patrice Chéreau donna alors à voir sur la scène du Festspielhaus était totalement nouveau, sans précédent d’aucune sorte. Il situa l’action à l’époque de la première de l’opéra, à la fin du XIXe siècle et s’inscrivit, dans sa direction d’acteurs, en rupture avec toutes les précédentes mises en scène. Subitement, des humains se trouvaient au coeur de l’opéra wagnérien !

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Choisir entre l’école de la République et ses parents!

–Par Olivier Dartigolles*—

leonarda_dechiree-2En proposant à la jeune Léonarda un « accueil à elle et à elle seule », le président de la République vient de demander à une enfant de 15 ans de choisir entre la France et sa famille. De choisir entre l’école de la République et ses parents. Cet affront aux valeurs républicaines se double aujourd’hui d’un insupportable manquement à la convention internationale des droit de l’enfant, dont la France est signataire.

En réponse à l’immense émotion provoquée par l’expulsion de Léonarda, François Hollande rappelle le cadre légal et le « respect de la loi »,propose une accélération des procédures d’expulsion tout en souhaitant que « l’école soit protégée ». La ligne Valls, dans la continuité du sarkozysme, est confortée alors qu’il faut changer la loi et mettre fin sans délai à toutes les expulsions de jeunes étrangers scolarisées.

Nous attendions une parole présidentielle forte, claire. Le président Hollande pouvait, face aux tensions, aux stigmatisations, en appeler au sursaut républicain. Plus qu’une occasion manquée, il s’agit bel et bien d’une grave faute politique et morale car on ne peut jamais proposer la liberté et l’égalité sans la fraternité.

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« Mwen ni on loto nèf »

« Quelques mots écrits  pour dire psy »

—Par Victor Lina—

auto_jouetUne jeune femme ayant fait l’achat d’une voiture neuve avait mis en vente celle qu’elle utilisait jusqu’alors. A quelques détails près la voiture usagée avait gardé une belle allure, c’est ainsi que nous en fîmes l’acquisition comme une bonne affaire. Quelques années après nous avons croisé par hasard l’ancienne propriétaire le temps d’un salut réciproque et elle trouva opportun de nous faire le reproche d’avoir réduit en lambeau ou presque l’automobile qu’elle m’avait vendue. Demeuré interdit un instant nous étions désolé de lui avoir causé un tel sentiment avant qu’elle ne continua son chemin. Cette personne n’ignore pas qu’elle n’est plus propriétaire de cette automobile et pourtant elle fait montre d’un intérêt voire même d’un dol personnel au regard de ce qu’elle perçoit de l’état apparent du véhicule. Un détail nous revint en mémoire, cette voiture lui avait été offerte par son père et c’est donc avec regret qu’elle avait concédé à la vente de ce véhicule-cadeau.
Peut-être s’en voulait-elle d’avoir mis en vente un objet dont une partie de la valeur demeurait inestimable si l’on considère qu’elle l’associait à l’amour dont avait fait preuve son père à son égard ?

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Ce populisme liquide qui se propage à tout l’échiquier politique

— Par Raphaël Liogier Professeur des universités, IEP d’Aix-en-Provence, directeur de l’Observatoire du religieux-Cherpa, responsable du master religions et société —

 
egoutLe populiste n’est pas un démagogue ordinaire qui tente de séduire le plus grand nombre d’électeurs, mais il est possédé, presque au sens mystique, par la vérité incritiquable du peuple, par sa bouche s’exprime le bon sens populaire qu’aucun argument rationnel ne peut contredire. Le populisme est fondé sur l’émotion, et il ne fonctionne que lorsqu’une société connaît une rupture de récit collectif, autrement dit lorsqu’elle ne réussit plus à se raconter positivement. C’est une telle rupture de récit qui touche à mon sens les sociétés européennes, et pas seulement la France, depuis le début des années 2000. La plupart des sondages laissent apparaître ce sentiment de déclin mêlé au rejet de la mondialisation, autrement dit du monde tel qu’il est. Le populiste par son discours radicalement antisystème, sans programme clairement défini, ni de droite ni de gauche, capte, se nourrit et alimente cette angoisse collective. Mais la mondialisation est trop impersonnelle, il lui faut personnaliser la peur, désigner des cibles concrètes à sa portée.

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« La dernière scène », texte et mise-en-scène d’Alain Foix

 A l’Atrium les 17 & 18 octobre 2013

— Par M’A—

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Écrivain, philosophe et dramaturge, Alain Foix, né en Guadeloupe, est un homme dérangeant. Et c’est tant mieux. Son théâtre « existentiel et humaniste » s’impose un impératif catégoriel, celui de ne jamais verser dans la facilité mais toujours s’imposer de penser avec une exigence éthique. Dans le combat entre existentialisme et essentialisme il est clairement du côté du premier terme. Il a d’ailleurs écrit dans Libération en 2001 un papier qui a fait date, notamment par les réactions d’incompréhension qu’il a suscité. Le titre était « Adieu négritude ». Fin lecteur de Sartre il déclare « la négritude [est] un concept opératoire qui a pour fin sa propre fin. La négritude ne peut pas exister au-delà du dépassement de cette condition-là, sinon, c’est l’essentialisme dans lequel tout est possible et d’abord le racisme. »

On trouvera l’illustration la plus récente de ce positionnent éthique dans l’écriture de la pièce qu’il nous est donnée à voir à Fort-de-France, « La dernière scène ». Dés les premières lignes il précise « « L’auteur prend, dans tout cet ouvrage, le parti, à l’encontre de la convention, d’écrire blanc ou noir, lorsqu’il s’agit de personnes, avec des minuscules.

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Avec les Roms, refaire la France

—Par Cyril LEMIEUX, Sociologue, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS).—
expulsion_romsVous avez aimé le racisme biologisant ? Vous adorerez le culturalisme naturalisant. C’est une manière beaucoup plus subtile d’exclure celles et ceux dont les façons d’être, de s’habiller, de parler et d’agir nous déplaisent. Jadis, des savants ont voulu attribuer à l’hérédité et à la physionomie (la forme du crâne, la couleur de la peau…) le fait d’avoir des instincts criminels, une tendance à la paresse ou le goût du lucre. Aujourd’hui, tout le monde, ou presque, a compris que ça ne tenait pas la route scientifiquement, et surtout, que ça pouvait vous faire mal voir, dans une démocratie digne de ce nom. D’où l’idée, née à l’extrême droite et qui a ensuite essaimé jusqu’au cœur de la gauche, de changer de référentiel : aux sciences sociales de prendre le relais des sciences de la nature, et à Mère Culture, plutôt qu’à Dame Nature, d’expliquer les comportements déviants et «antisociaux» des indésirables. Il faut reconnaître que c’est plus finaud, moins immédiatement suspect, mais tout aussi efficace pour exclure l’Autre : «Bien entendu que ce n’est pas dans les gènes des Arabes ou des Noirs subsahariens d’être violents !

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Plus de la moitié des retraités des DOM en-dessous du seuil de pauvreté !

—Par Michel Branchi, économiste —

Résumé de l’intervention de Michel Branchi au 23ème rencontres gérontologiques de l’Amdor 2000 des 3 et 4 octobre 2013 (Hôtet Bâtelière)
retraites_cotisL’Association Martiniquaise pour la Promotion de l’âge d’or(AMDOR 2000) a organisé les 3 et 4 octobre 2013 ses 23èmes Rencontres gérontologiques sur le thème particulièrement judicieux « Personnes âgées et Nouvelles pauvretés-Nouveaux défis ». Michel Branchi, économiste et ex-Commissaire de la Concurrence et de la Consommation, a fait une communication ayant pour objet : «  Eléments sur le pouvoir d’achat des retraités des DOM-Le cas de la Martinique ». Nous en publions ci-après un résumé.
Eléments sur le pouvoir d’achat des retraités dans les DOM- Le cas de la Martinique : Plus de la moitié au moins des retraités des DOM en-dessous du seuil de pauvreté !
La loi sur les retraites de 1945 s’est appliquée avec retard dans les DOM et n’a atteint son régime de croisière qu’à partir des années 1960, estime-t-on notamment à l’Institut national des études démographiques (INED).
Le chômage, la pauvreté  et la précarité sont élevés dans ces pays et d’un niveau beaucoup plus important qu’en France.

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Le pays où l’on croit que les hyènes guérissent les troubles mentaux

hyeneLes cages ne sont pas bien grandes, le béton verdi par l’humidité. A l’intérieur, une hyène et une personne enchaînée atteinte de troubles psychiatriques. Nous sommes en Somalie, l’un des pays le plus touché par le handicap mental. Dans cette patrie ravagée par des décennies de guerre, l’absence de système de santé empêche toute prise en charge pour les personnes touchées par de tels handicaps. En 2011, l’Organisation mondiale de la santé estimait qu’un Somalien sur trois souffrait d’une forme de maladie mentale, généralement liée au traumatisme de la guerre. Les situations personnelles sont en outre souvent aggravées par la consommation de drogues, notamment le qat, cet arbuste dont les feuilles, mâchées, délivrent une substance hallucinogène proche de l’amphétamine.

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Léonarda, 15 ans, arrêtée et expulsée pendant une sortie scolaire

 —  Par RESF —

leonardaMme Dibrani et ses 6 enfants ont été expulsés  mercredi  9 octobre au matin vers le Kosovo. Ils habitaient un appartement à Levier (Doubs) qu’ils occupaient dans le cadre de la prise en charge des demandeurs d’asile du DLHD.

M. Dibrani était depuis fin août retenu au centre de rétention de Strasbourg. Assigné à résidence, il a été arrêté à Mulhouse. Son expulsion programmée 2 fois a été repoussée jusqu’à mardi 8 octobre au matin.

Après cette expulsion, le mardi soir Mme Dibrani a réaffirmé son vœu de rester en France pour l’avenir de ses enfants malgré l’angoisse qu’elle ressentait à l’idée d’être seule avec sa famille. Les enfants qui ont entre 5 et 17 ans étaient scolarisés depuis plus de 3 ans, ils étaient en France depuis presque 5 ans (4 ans et 10 mois), autrement dit, dans deux mois, ils entraient de plein droit dans le cadre dela circulaire Valls et pouvaient être régularisés. Le mardi soir avant l’expulsion la mère était perdue, les enfants attendaient et Hasan, l’avant dernier âgé de 5 ans, recopiait des lettres apprises à l’école agenouillé au-dessus d’un carton.

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Les poilus martiniquais

Le Bataillon créole, par Raphael Confiant, Mercure de France, 320 p, 19,80 euros
A l’approche du centenaire de la Grande Guerre, Raphaël Confiant rappelle, dans un beau roman, le prix payé par la jeunesse antillaise.
—par Jérôme Garcin —

poilu_martiniquaisPas une commune des Antilles françaises où ne se dresse un monument aux morts de la Grande Guerre. Brillant sous un soleil plus généreux qu’en métropole, la liste gravée des poilus martiniquais tombés au champ d’honneur compte près de 1900 noms. Si on y ajoute les victimes guadeloupéennes et guyanaises, on mesure le lourd tribut qu’ont payé, à la boucherie de 14-18, les îles lointaines. Si lointaines dans l’espace et le temps qu’elles ont disparu de l’abondante littérature déjà suscité par l’imminent centenaire.

Heureusement, il y a Raphaël Confiant. On peut en effet lui faire confiance pour réparer les outils et les ingratitudes. Né au Lorrain (ça ne s’invente pas), ce militant de la créolité donne enfin la parole, dans un roman puissant et terrifiant comme un orgue, à tous les jeunes Martiniquais passés de la plage volcanique de Saint-Pierre à la boue de Verdun, ainsi qu’aux mères, femmes, sœurs, qui les ont attendus dans le port de Fort-de-France où les bateaux ramenèrent, par vagues successives, des gueules cassées, des corps amputés et des cercueils.

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Trente millions d’esclaves dans le monde

L’ONG Walk Free publie ce jeudi un classement des pays pratiquant l’esclavage moderne, crime méconnu et multiforme.

esclavage_maliTravail forcé, enfants vendus, jeunes femmes mariées de force, servitude pour dette, enfants soldats… L’esclavage existe encore. Dans sa version dite «moderne», il concerne près 30 millions de personnes dans le monde, selon une enquête d’une nouvelle ONG basée en Australie, Walk Free. Cet esclavage aux formes multiples est mal connu, pas toujours facile à identifier et encore moins à mesurer. Il demeure loin des regards, derrière les murs des maisons, des communautés, des usines. C’est un crime caché. Mais toutes ses victimes, souligne l’ONG, ont en commun d’être «utilisées et dominées par quelqu’un d’autre pour en tirer profit, exploitation sexuelle ou simple jouissance de domination».

C’est la première fois que cette organisation publie un classement des pays en fonction de la «prévalence de l’esclavage». L’indice a été établi en combinant trois facteurs : la prévalence estimée de l’esclavage dans chaque pays rapporté à sa population, le mariage des enfants, et les données relatives au trafic d’êtres humains.
En rouge, les pays où l’esclavage est le plus répandu.

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Honte à vous, Monsieur le Ministre.

— Par Jacky Dahomay—

la_honteMonsieur le Ministre Manuel Valls,

Vous mettez ce soir les pieds dans notre île, la Guadeloupe, qui souffre d’une désespérance grave,  qui est en train de perdre le sens même du vivre ensemble et qui connaît le taux le plus élevé de criminalité de France. Vous allez  sans doute –et on ne peut vous le reprocher- annoncer quelques mesures supplémentaires concernant le dispositif policier pour lutter contre la délinquance. Certains  élus  vous demanderont allègrement  de renforcer la lutte contre  l’immigration même  si l’écrasante majorité des  crimes  commis ici sont  le  fait de Guadeloupéens. Vous allez sans doute   repartir, fier de vous et de votre mission –on ne sait trop laquelle- accomplie. Mais une chose est sûre : vous n’aurez pas communiqué l’idée d’une politique pouvant donner sens à l’existence collective ni l’espoir  qu’un autre monde soit possible, plus humain, avec des valeurs véritablement universalistes. Car vous symbolisez une France et une Europe se nourrissant de la haine de l’autre, une France et une Europe qui ont rendu possible la tragédie de Lampedusa, véritable gouffre où ont fait  naufrage les valeurs humanistes les plus élémentaires d’une Europe où ne clignote plus le sémaphore de ses lumières.

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Pour le droit à l’errance

Petit rappel, en guise de non-salut à M. Manuel VALLS

— Par Patrick CHAMOISEAU —

expulsion_romsDe la création d’un ministère de l’identité nationale et de l’immigration, en passant par les nationalités révocables et le bannissement collectif des Rom, se dessine en France un effondrement éthique d’une ampleur sidérante.
Une indécence majeure qu’aucun bénéfice politicien ne saurait justifier.
De très vieilles ombres sont de retour et nous fixent sans trembler.

Dès lors, il ne s’agit même plus d’administrer une identité nationale, il faut maintenant lui infliger une purification, d’où ces déchéances de nationalité qui viennent parachever les charters, les camps de rétention et les procédures expéditives où les juges, garants des libertés, se font indésirables.

Si le présent que nous vivons n’interroge pas l’oubli, s’il n’est pas effervescent d’amour, de respect, de dignité, et d’une éthique vivante, notre futur peut se retrouver envahi de passé. L’éthique vivante n’est pas cette morale bien commode qui pose des à-priori de valeurs que l’on peut déposer en marge de sa conscience pour servir d’alibi à la dérive de nos actions. L’éthique vivante est faite de relation à l’Autre, elle est en relation à l’Autre.

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La drogue, ce phénomène qui permet de mieux comprendre l’explosion des violences en Guadeloupe

— Interview de André Lucrèce—

cannabisAvec 38 morts, la Guadeloupe détient le taux le plus important d’homicides en France volant ainsi le titre à la Corse et Marseille. Un bien triste record qui a ses particularités locales tant dans les origines que dans la forme

Atlantico : Avec 38 morts (31 en Guadeloupe, 7 sur l’île de Saint-Martin) depuis le début de l’année, la Guadeloupe détient le taux le plus important d’homicides en France, avant la Corse et avant Marseille. Trafic et usage de drogue, vols contre la population, violence de rue sous l’emprise de l’alcool, règlements de compte entre bandes… Quelles sont les vraies raisons de la violence en Guadeloupe ?

André Lucrèce : Les raisons sont multiples. Elles sont d’abord profondément sociales. Cette jeunesse qui est à la fois actrice et victime de cette violence vit dans monde qui n’a rien à voir avec les générations précédentes. Les jeunes, qui ont vu dans les quartiers pauvres leurs parents les préserver de la misère et leur assurer une dignité grâce à des systèmes hors marché – coups de main (travaux collectifs pour planter ou construire des petites maisons), sou-sou (mutuelles spontanées en cas de coup dur) jardin créole, élevage domestique de volaille, de mouton, de porc etc.

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Grands projets pour la Martinique : femmes soyons présentes !

— Par Union des Femmes de Martinique—

ufm_325Notre Martinique est actuellement dans une période charnière.
Des échéances importantes auront lieu en 2014, qui se préparent en ce moment : D’un côté les élections municipales, qui vont modeler les politiques communales et intercommunales pour 6 ans, de l’autre la préparation du PADM (Plan d’Actions de Développement de la Martinique), dont l’objectif est de « créer les conditions d’une Martinique solide », de mettre en place un projet de développement pour le territoire, donc à long terme.
Les orientations issues de ces deux démarches, l’une élective, l’autre en mode projet, influeront de façon importante et durable sur notre pays, son organisation, notre devenir donc.

Dans ce contexte, nous nous posons une question : mais où sont donc les femmes ?
Bon, nous voyons déjà les haussements d’épaules et les yeux au ciel que cela suscitera, mais les faits sont là.

Les élections municipales : où sont les femmes ?
Pour les municipales, certes, la loi prévoit la parité, les femmes seront donc présentes, mais où ?
Les résultats des précédentes municipales, malgré quelques progrès, ont montré que la parité s’arrêtait pour beaucoup aux exigences de la loi : combien de femmes deuxièmes sur les listes électorales se sont retrouvées descendues au xième rang des adjoints au maires, chargées des questions traditionnellement dévolues aux femmes : la petite enfance, les écoles, l’action sociale, les personnes âgées… ?

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Notes sur les Noirs, les Métis et la discrimination raciale à Cuba

— Par Rolando López del Amo —

cubain_noirSi nous acceptons que le poème épique Espejo de paciencia  ait été écrit en 1608 et qu’il soit la première œuvre littéraire écrite à Cuba, avec un thème local, notre premier héros créole était un noir, Salvador Golomon, le nom de celui qui a tué le pirate (ou boucanier) français Gilberto Girón, qui avait séquestré l´évêque de la ville de Bayamo. L´auteur de Espejo de paciencia, le Canarien Silvestre de Balboa, appelle Salvador « un créole noir honnête » et « un Éthiopien digne de louange ».

Le gouvernement colonial espagnol n´a pas hésité à organiser des bataillons de combat de pardos (mulâtres) et de morenos (noirs) libres, qui ont réalisé des missions hors de Cuba, en Floride, qui était alors sous la juridiction du gouvernement de La Havane au XVIIIe siècle. On dit que ces troupes ont contribué à la lutte pour l´indépendance des treize colonies nord-américaines qui formaient le noyau initial des Etats-Unis d’Amérique du Nord actuel. Là était José Antonio Aponte, qui a ensuite dirigé la première conspiration nationale en 1812, non seulement pour l´abolition de l´esclavage, mais pour l´indépendance de l´île.

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