— Entretien réalisé par Dominique Widemann —
Photo Lee Yi-Cheng, Lee Yi-Chieh, Shi Chen
Tsai Ming-liang est l’un des grands cinéastes. La Cinémathèque française lui rend hommage par une rétrospective au moment où son film les Chiens errants sort en salles.
Comme à chacun de vos films, vous remettez en scène l’acteur Lee Kang-sheng, que vous avez filmé pour la première fois encore adolescent. Le voilà dans les Chiens errants père de deux enfants et dépossédé de tout. Que représente ce comédien qui prend de l’âge devant votre caméra ?
Tsai Ming-liang. Je crois que je suis impatient de continuer à le voir vieillir. Nous ne tournons pas énormément de films. Depuis Visage, le précédent, quatre ans ont passé. Les traits de Lee Kang-sheng, sa démarche se sont modifiés. Je montre cela à l’écran sans rien épargner, parfois en très gros plans. Dans la vie également je le vois évoluer comme être humain. Il poursuit une performance de marche au ralenti entamée en 2011 et que je souhaitais d’abord destiner à la scène. Il m’a tellement bouleversé que cela a donné lieu au tournage d’une série de courts métrages, des « expéditions au ralenti » réalisées dans différentes villes et qui associent cinéma et installations artistiques.