— Par Thomas Guénolé —
Exiger spécifiquement des musulmans de France qu’ils condamnent cet acte, c’est enfermer ces Français dans un étiquetage religieux. C’est donc poser sur eux un regard qui n’est pas républicain.
Quand le Ku Klux Klan pendait des Noirs au nom de la suprématie chrétienne blanche, nul n’exigeait que les clergés chrétiens américains s’en désolidarisent. Au fil des trente années d’attentats de la Fraction armée rouge en Allemagne, nul ne réclama que la gauche allemande réaffirme son attachement à la démocratie. De même, plus près de nous, dans la France des années 1980, personne ne songea à soupçonner l’extrême gauche de ne pas assez rejeter les attentats d’Action directe. Pourquoi ? Parce que dans tous ces cas, considérer les seconds comme a priori suspects de sympathie pour les premiers, c’eût été absurde, ridicule, et pour tout dire idiot⋅
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Par conséquent, comment se fait-il que depuis l’attentat contre Charlie Hebdo, tant de voix s’élèvent pour sommer spécifiquement les dirigeants de l’islam français, et plus largement les musulmans de France, de condamner l’acte et de s’en désolidariser ?