A propos de Richard-Viktor Sainsily Cayol
— Par Maryse Condé —
Richard-Viktor Sainsily Cayol, créateur-protéiforme, tantôt peintre, tantôt sculpteur, est lié à moi écrivain par le fil d’une parabole magique. Nous caressons tous les deux le même grand vieux rêve qui a hanté tant d’artistes caribéens au cours de plusieurs années. Nous voudrions que la création soit plurielle, pluridimensionnelle, c’est-à-dire que plusieurs arts s’épanouissent dans l’intimité du même individu et se traduisent presque malgré lui par des
expressions diverses et différentes.
Nous nous sommes rencontrés à deux reprises mémorables. D’abord, alors que je le connaissais très peu, il s’est emparé de l’héroïne d’un de mes romans, Tituba, mi-femme, mi-sorcière, que je croyais solidement ancré dans la seule tradition littéraire. Il lui a donné des formes plastiques et par conséquent une vie nouvelle, indépendante de moi. Ensuite nous nous sommes rencontrés à la Désirade, Désirada, l’îlot cher au cœur des marins de Christophe Colomb qui voyaient se lever une nouvelle aube d’espoir et qui est aujourd’hui un lieu secret et préservé. C’est lui qui a sculpté La Liseuse, statue qui orne la cour du collège qui porte mon nom.