— Par Isabelle Alfandary, Gisèle Berkman et Sylvie Gouttebaron —
Il importe que les mots de transmission, de culture, d’humanités, soient plus et autre chose que des mantras pour technocrates, ou de cyniques «éléments de langage»…
Nous voici à l’heure d’un malaise dans la culture sans précédent, dont la grève actuelle à Radio France est l’un des symptômes. Au moment où les salariés d’un lieu éminent de la culture refusent de laisser entamer leur mission par les coupes claires d’un «plan social» visant à éradiquer jusqu’à 300 postes, à l’heure où l’Éducation nationale, pour sa part, peine à se relever de la politique désastreuse du précédent quinquennat, il importe que les mots de transmission, de culture, d’humanités, soient plus et autre chose que des mantras pour technocrates, ou de cyniques «éléments de langage» substituant les «compétences» aux savoirs, la «visibilité» à la complexité…
Le fatalisme, là encore, n’est qu’une réponse faible. Sans doute le temps est-il venu, pour des institutions porteuses de ce que Kant naguère appelait une «bonne volonté», de se fédérer et travailler ensemble à préserver et transmettre ce plaisir de penser et d’élaborer ensemble sans quoi rien n’est possible.