M' A

Même pas peur !

— Par Roland Sabra —

not_afraid« Not Afraid » disaient les neufs panneaux lumineux qui deux heures durant ont tourné autour de la République. Même pas peur en quelque sorte comme le disent les enfants pour défier leur adversaire. Pas sûr que cela renvoie à une réalité vraie. Sur la place flotte un parfum de dénégation, cette révélation d’une vérité gisant au creux de sa négation. Des milliers, nous étions des milliers sur la place de la République, autour de la République, graves, silencieux, ne reprenant pas, ou faiblement les slogans de la poignée de jeunes agrippés aux jupes de Marianne, plus exactement sur le socle d’où elle se dresse et qui mettait en valeur une phrase : « Nous sommes CHARLIE ». Cette phrase on la retrouvait déclinée à la première personne du singulier en affiche, lettres blanches et grises sur fond noir, sur la poitrine de quelques centaines de personnes. « Je suis CHARLIE ». Sentiment de solitude dans la foule. On se parle peu. On est venu seul, en couple, à trois ou quatre, rarement plus nombreux. Un groupe plus étoffé, parle un peu plus fort en italien de la situation….

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Attaque de Charlie Hebdo

Au moins 12 personnes dont Charb, Cabu, Tignous et Wolinski sont mortes ce mercredi matin dans l’attaque contre l’hebdomadaire. L’économiste Bernard Maris fait également partie des victimes.

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Deux ou trois hommes armés ont pénétré ce mercredi matin vers 11h30 dans les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dans le XIe arrondissement de Paris et ont ouvert le feu. Selon plusieurs témoins, la fusillade aurait duré une dizaine de minutes. Puis les assaillants ont pris la fuite, au cours de laquelle ils ont tiré sur des policiers. Le bilan s’élève à douze morts dont deux policiers, quatre personnes sont dans une situation d’«urgence absolue». C’est l’attentat le plus meurtrier qu’ait jamais connu la France.

Selon un témoignage recueilli sur place par une journaliste de Libération, les hommes encagoulés auraient d’abord pénétré dans un immeuble voisin, ils auraient ouvert le feu et demandé comment entrer dans les locaux de l’hebdo, qui étaient protégés par la police après de précédentes attaques et menaces dont l’hebdo avait fait l’objet, notamment après avoir publié des caricatures du prophète en 2011.

croyants_incroyantsSelon une source policière interrogée par Libération, Charb, directeur de la publication, et Cabu, font partie des victimes.

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L’économie entre catholicisme et marxisme

— Par Pierre Ivorra —

eco_humaine« Vers une économie «humaine«  ? Desroche, Lebret, Lefebvre, Mounier, Perroux au prisme de notre temps, sous la direction de Laurent Loty, Jean-Louis Perrault 
et Ràmon Tortajada. Éditions Hermann, 616 pages, 34 euros. L’ouvrage collectif entend révéler l’actualité des débats entre des pensées économiques issues des cultures religieuse et philosophique.

L’ouvrage rassemble les contributions de trente-huit intervenants, universitaires pour la plupart, à l’occasion d’un colloque international qui a eu lieu en 2012. Les recherches et l’action de cinq intellectuels du XXe siècle – Henri Desroche, Louis-Joseph Lebret, Emmanuel Mounier, François Perroux, Henri Lefebvre – sont ainsi mises en perspective, et en débat. Leur modernité, leur dissidence par rapport aux pensées officielles sont interrogées. Si les quatre premiers de ce club des cinq « participent d’une logique issue de la catholicité », Henri Lefebvre, lui, inscrit son action en tant que militant et philosophe dans le cadre d’un Parti communiste français dont il a été longtemps membre et qui l’a « suspendu » en 1958 après la révélation du rapport Khrouchtchev avant qu’il en parte de lui-même.

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Recyclage artistique d’objets perdus

— Par Lise Guéhenneux —

produits_fatalsComment les objets questionnent sur le statut de l’œuvre d’art, 
se demandent Reist et Faulon

Depuis plus de dix années, Delphine Reist et Laurent Faulon travaillent à mettre à nu la production et les systèmes de conditionnement qu’elle engendre dans des lieux emblématiques du changement de paradigme qui régit une société où le néolibéralisme, la plus grande idéologie depuis la réforme, règne sans partage. Le centre d’art de Saint-Fons et la BF15, une galerie associative à la programmation très exigeante, leur ont permis de réaliser un projet commun, une opportunité plutôt rare en France. L’ensemble de l’opération se trouve réuni sous l’énoncé « Produits fatals », qui sert à nommer les produits ratés du fait de la mise en route ou de l’arrêt d’une production à la chaîne. Ils répondent toujours d’un intérêt pour les lieux où ils sont invités à intervenir, non pas pour en faire l’illustration ou la représentation factice, mais par un retour sur le réel banal de l’usage qui interroge cette multiplication absurde de l’offre en même temps que la production esthétique des œuvres d’art.

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« Mon amie Victoria » : la lutte des classes en Noirs et Blancs (2)

— Par Roland Sabra —

mon_amie_victoriaSynopsis : Victoria, fillette noire de milieu modeste, n’a jamais oublié la nuit passée dans une famille bourgeoise, à Paris, chez le petit Thomas. Des années plus tard, elle croise de nouveau celui-ci. De leur brève aventure naît Marie. Mais Victoria attend sept ans avant de révéler l’existence de l’enfant à Thomas et à sa famille, issue de la bonne bourgeoisie, généreuse et ouverte. Sous le charme de la petite fille, ils lui proposent alors de l’accueillir régulièrement. Peu à peu, Victoria se sent dépossédée de sa fille…

Pour son neuvième long métrage Jean-Paul Civeyrac adapte à l’écran une nouvelle de Doris Lessing « Victoria et les Staveney ». Le film en transposant la situation de Londres à Paris dresse avec une grande finesse, une belle distance et beaucoup de sensibilité le portrait de deux univers à travers deux générations. D’un coté une bourgeoisie blanche, ouverte, de « gôche » si tant est que le mot est encore un sens, possédant les codes culturels dominants et capables d’en jouer, très « bobo » en un mot, de l’autre un monde en marge qui regarde passer les trains de l’histoire sans jamais oser y monter si ce n’est comme soutier et qui se sent dépossédé non seulement des richesses matérielles mais plus encore des us et des coutumes incorporés par les possédants et que ceux-ci manient de façon presque « naturelle »⋅ Habitus dirait Pierre Bourdieu.

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Les dangers de l’eau du robinet

— Par Florent Grabin —

robinetC’est à partir du milieu du XIXe siècle que les entreprises spécialisées dans l’eau sont venues prêter  » main-forte  » aux communes ou à leur groupement en partageant leur(s) savoir(s) et leur savoir-faire dans le domaine. Si ces compagnies ont participé nettement aux progrès techniques liés au processus de production et de distribution de l’eau de boisson ainsi qu’à la collecte et à l’assainissement des eaux usées, elles ne sont pas pour autant propriétaires du réseau hydraulique français.

Actuellement, il existe plusieurs types de Délégation de Service Publique (DSP), pour répartir certaines tâches devenues trop complexes pour les collectivités. Cette gestion déléguée peut se scinder en 4 contrats : la concession, l’affermage, la gérance et la régie intéressée. Cela permettant au législateur de mettre un cadre pour border la gestion de ce précieux liquide. Ainsi, pour informer le consommateur, il existe la Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL) où P.U.M.A. siège avec d’autres associations, afin de participer aux différents débats et aviser la population.

L’EAU, ce don du ciel fait, au niveau local, un important objet de convoitise, du fait des sommes colossales qu’elle génère.

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« Shopping is cheaper than a psychologist »

— Par Anastasia Vécrin —
cadeauxConsommer peut être généreux, et contribuer à la beauté du monde : c’est la proposition iconoclaste du dernier numéro de «la Revue du Mauss», que le sociologue Alain Caillé a coordonné.

« Shopping is cheaper than a psychologist », (Le shopping coûte moins cher qu’un psychologue): ce slogan publicitaire, utilisé par une marque de prêt-à-porter féminin, en 2012, laisse à penser que le fait d’acheter quelque chose pourrait avoir des fonctions thérapeutiques et souligne le rapport passionnel et personnel que l’on peut entretenir avec la consommation. Qu’est-ce qui alimente le désir de consommer ?

Au-delà des critiques du capitalisme et de l’individualisme auxquelles l’analyse de la consommation est souvent liée, le dernier numéro de la Revue du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste dans les sciences sociales) intitulé Consommer, donner, s’adonner (1) s’intéresse à la dimension du don que revêt le fait d’acheter quelque chose, avec toutes ses ambivalences et ses ambiguïtés.

Pour Alain Caillé, sociologue et directeur de la publication de la revue, la consommation peut être aussi en lien avec le partage, avec l’expression d’une singularité voire avec une «dynamique de la vie».

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L’Amérique post-raciale n’était qu’une illusion

— Par Sylvie Laurent, américaniste (Sciences Po), auteure de Martin Luther King, une biographie, à paraître au Seuil au printemps 2015.—

usa_post-racialA ceux qui pensaient que la crise démocratique provoquée par le spectacle odieux de l’injustice raciale et de la brutalité policière quotidienne aux États-Unis était déjà derrière nous, la révélation cette semaine du meurtre d’un énième jeune Noir, Antonio Martin, par un policier blanc à quelques kilomètres de Ferguson, Missouri, tristement célèbre, offre un réveil brutal.

Elle suit pourtant de quelques jours à peine l’assassinat de deux policiers blancs à Brooklyn par un jeune Africain-Américain du nom d’Ismaaiyl Brinsley, qui prétendait « venger » Eric Garner et Michael Brown (tués par des officiers de police qui ne furent pas poursuivis). On ne sait à cette heure si ce dernier a véritablement voulu commettre un acte politique. Ni si, comme le prétend la police du Missouri, Martin était armé et menaçant. La machine politico-médiatique est pourtant déjà en marche, qui dépeignait hier Brinsley comme un « forcené », un « barbare » n’ayant été guidé que par sa propre folie, et aujourd’hui Martin comme un délinquant « sur le point de tirer ».

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La belle amour humaine…

— Par Jacques-Stephen Alexis —

bonne_annee_2015Ce très beau texte de Jacques-Stephen Alexis nous a été envoyé par Jean Durosier Desrivières, puis par d’autres. Qu’ils en soient remerciés.

La belle amour humaine 1957

 Heureuse année à mon ami l’Homme !

Heureuse année à ceux qui se cherchent et ne trouvent pas encore.

Heureuse année aussi à ceux qui ont trébuché dans le chemin difficile.

 Heureuse année quand même à ceux qui ne croient à rien pas même à eux-mêmes. Heureuse année, bien sûr, à tous ceux qui souffrent, luttent, espèrent et croient toujours.

 Heureuse année à tous mes frères, mes amis, à tous mes compagnons du spirituel qui combattent pour trouver la joie, la paix du cœur et le sentiment du devoir accompli.

 Quand j’eus écrit ces vœux sur la page blanche, carré blême et interrogateur, qui attendait de recevoir l’image de moi-même qu’avec mes pauvres mots je dois transmettre à mes compagnons de rêves et de galères, j’ai posé la plume et j’ai réfléchi un long instant. Que sont en effet des vœux s’ils n’ont pas un objet précis, possible, réalisable ?

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La première attaque contre le rouble a déjà échoué

— Par Giuseppe Masala —

roublesPendant des jours et des jours, les analystes mainstream nous ont dit et répété, du haut de leur pupitre télévisuel ou journalistique, que la fin du « régime » russe était proche. D’après eux, les fameux « marchés financiers » avaient décidé du haut de leur grandeur que cette nation était destinée à revivre les jours de pénurie de l’époque Boris Eltsine. Les marchés – nous expliquaient-ils – avaient émis leur sentence, et même la Russie devait, comme toutes les autres nations, s’incliner devant leur divine volonté.

Laissons de côté les doutes et les questionnements sur une telle stratégie ; le plus stupéfiant est de voir que cette affaire auparavant hypermédiatisée est aujourd’hui désertée par les grands médias italiens [et français – NdT] : c’est même le blackout total. Pourquoi donc ? Nous devrions poser la question aux journalistes qui en parlaient autant voilà quelques jours pourquoi soudain ils n’en parlent plus : d’après eux, le destin est-il déjà tout tracé, ou bien s’est-il passé quelque chose qu’il vaut mieux taire ? Une chose qui met à mal aussi bien la narration immédiate (“la Russie est en crise”), que la narration permanente, celle qui doit montrer l’aigle impérial américain toujours triomphant dans le monde entier ?

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« Lacan aux Antilles » de Charles Melman

Soirée de présentation du livre

— Par Victor Lina —
lac_antillesLe jeudi 6 novembre dernier, s’est tenue, à l’Atrium, une première présentation du livre récemment paru : Lacan aux Antilles de Charles MELMAN.
Le commentaire qui va suivre et qui n’engage que son auteur, n’a pas été soumis, avant publication, aux intervenants qui se sont exprimés lors de cette rencontre.
Cette manifestation à l’initiative de L’A.L.I.-Antilles (Association Lacanienne Internationale) a été réalisée avec le concours du G.A.R.E.F.P. (Groupe Antillais de Recherche d’Étude et de Formation Psychanalytique).
La soirée s’est déroulée à partir de l’argumentaire suivant :
L’ouvrage « Lacan aux Antilles » traite de questions qui ont toujours été posées dans notre société, entre autres, la colonisation esclavagiste et le bilinguisme français-créole. Des psychanalystes y proposent une lecture inédite de ces questions.
Les questions abordées : celle du sujet, celle du désir et du devenir homme et femme dans ces sociétés.
Jeanne WILTORD, psychanalyste, qui a présidé cette présentation a situé cet ouvrage dans le contexte d’une histoire.

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Aimé Césaire à Marseille : la diversité dans l’impasse…

—Par Kenjah —
cesaire-carteFace à la nécessité de changer de logiciel social, face aux défis de la mondialisation, du réchauffement climatique et des migrations de la misère, la France se réfugie dans un nationalisme ethnique annonciateur d’un retour vers le futur des crispations qui ont jalonné l’histoire du XXème siècle. La montée du Front National de Marine Le Pen en est l’indice le plus flagrant, Marseille et la Région PACA le laboratoire le plus pertinent. Pour l’heure, nous n’en sommes qu’aux prémices symboliques, mais le réveil sera dur pour ceux qui croient encore que le principe de laïcité protège leur droit à la différence dans la République. Car il faut le répéter, la conception laïque du FN est une conception ethnique, excluante et exclusive : parmi les Français non originaires d’Europe, seuls ceux qui acceptent de renier leur culture, de s’aliéner et de s’assimiler à la francité gallo-romaine, auront droit de cité. Stéphane Ravier, sénateur-maire FN du 14ème arrondissement de Marseille depuis quelques mois, vient d’en donner une énième illustration. Aimé Césaire, symbole parmi les symboles d’une autre conception de la France, en est le prétexte.

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« L’autre citoyen » L’idéal républicain et les Antilles après l’esclavage

La philosophe Silyane Larcher analyse la façon dont, après 1848, aux Antilles, l’égalité citoyenne des ex-esclaves a été niée.

abolition_gwadaEn 1848, l’abolition de l’esclavage, par la Seconde République, a libéré des chaînes plus de 250 000 esclaves. Par l’application du suffrage universel, ceux des Antilles, de la Guyane et de la Réunion ont, en théorie, été dotés des mêmes droits civils et électoraux que tous les citoyens (masculins) de la métropole. La réalité a été fort différente. Ces citoyens colonisés sont longtemps restés soumis à un régime d’exception. Au Parlement, à Paris, leurs députés votaient des lois qui ne leur étaient pas applicables ! Le pouvoir exécutif et les gouverneurs locaux s’occupaient de leur sort.
Comment, dans un pays construit sur une citoyenneté que l’on prétend universaliste et abstraite – et qui ne cesse de le répéter – a-t-on pu s’accommoder d’une telle contradiction ?
L’histoire que nous raconte ce livre est celle de luttes et de rapports de forces. Une histoire de violences dont les anciens esclaves sont les protagonistes anonymes. Dans une société française dite « postcoloniale », l’auteur invite à méditer les fondements complexes de l’articulation entre citoyenneté, question sociale, histoire et « race ».

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Partout les inégalités explosent. Fin de la théorie du ruissellement ?

— Par Benjamin König —

inegal_mondeAlors que la somme des richesses créées n’a jamais été aussi importante, 2014 s’affirme comme l’année de toutes les inégalités. Même des organismes aussi libéraux que le FMI et l’OCDE s’en alarment !
Si les financiers déposaient des cadeaux au pied de la corbeille de la Bourse de Paris, nul doute que le plus demandé au père Noël du capital serait… une action d’Axa, l’entreprise la plus généreuse en France avec 2,7 milliards distribués au deuxième trimestre (celui du versement principal). Mais le père Noël n’est pas capitaliste ; au reste, les actionnaires n’ont pas besoin de cadeau cette année, car 2014 a été celle de tous les records. Pensez : rien qu’en France, plus de 80 milliards d’euros distribués par les entreprises du CAC 40 – les oies ne sont pas les seules à être gavées. « Une juste rétribution des risques et de la création de richesses », chantent-ils en choeur. Mais comment expliquer qu’en 2014 les mêmes entreprises ont vu leurs profits baisser de 8 %, pour s’établir à 48 milliards d’euros, distribuant ainsi plus de dividendes qu’elles n’ont dégagé de bénéfices ?

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« La réunification des deux Corées » : l’amour ? Quelle connerie !

— Par Roland Sabra —

reunion_2_coreesLe titre est mystérieux, difficile à interpréter et c’est volontaire.. N’allez pas croire qu’il s’agit d’une pièce politique sur les sempiternelles négociations autour de la DMZ (demilitarized zone), ce no man’s land qui s’étend sur 250 km, d’une largeur de 4 km à la hauteur du 38ème parallèle et qui sert de ligne de démarcation entre les belligérants de la guerre de Corée depuis 1953. Deux ou trois indications peuvent, tirées par les cheveux, établir un très, très loin rapport entre la pièce de Pommerat et la DMZ. Premièrement la réunification semble impossible, deuxièmement plus on se parle moins l’on s’entend, troisièmement le dispositif scénique est lui aussi un couloir mais pas tout à fait démilitarisé puisque c’est là que les affrontements se déploient.
Reprenons. Après « Ma chambre froide » avec une scène ronde bordée de gradins, après «Cendrillon » avec une scène à l’italienne, voici « « La réunification des deux Corées » avec des gradins disposés des deux cotés d’un « chemin de vie ». De quoi est-il question ? Un emprunt à La Ronde et Rien qu’un rève de Schnitzler, une inspiration  du scénario de Scènes de la vie conjugale, de Bergman mêlés à un véritable travail d’enquête sociologique qui n’ose dire son nom parce qu’elle n’est pas une fin en soi mais un moyen, un instrument, un outil pour faire théâtre..

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« Timbuktu » : Islam le jour et Malboro la nuit

— Par Roland Sabra —

timbuktu-12012, dans nord-est du Mali, près de la frontière algérienne, dans la petite ville d’Aguelbok, une lapidation devant ses enfants d’un couple, uni par l’amour mais qui avait commis le crime de ne pas en référer à la mosquée.. L’assassinat filmé avec des instruments venus de l’Occident est diffusé sur les ondes des serviteurs de Satan : internet. Il n’échappe pas à l’attention vigilante d’Abderrahmane Sissako, ce cinéaste , d’origine mauritanienne et souvent considéré comme le plus grand des réalisateurs africains. On lui doit, entre autres, Bamako tourné en 2006 et projeté sur nos écrans en Martinique. Passeur d’une conscience collective révoltée il met son talent au service de la dénonciation des faits scandaleux  qui donnent une image déformée de l’Afrique ou qui, dans le cas présent, défigurent l’Islam. 2012 est aussi l’année de l’occupation de Tombouctou par des djihadistes venus du nord et l’exécution sur la place centrale de la ville d’un touareg éleveur de vaches qui dans le film que Sissako va construire occupe l’avant-scène, la lapidation du couple pourtant déclencheur du désir de témoigner passant au second plan.

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« Soungoula, le roi des piments » et ses pères Noël noirs, une belle idée cadeau

— Par Fara C —.
sounfoulaEn ce conte euro-mauricien édité par l’Harmattan, Per Sorensen poivre sa prose de critique sociale et d’humour.

Que vous le dévoriez en une fois ou que le savouriez ligne après ligne, page après page, « Soungoula, le roi des piments » vous réchauffera l’âme, au fur et à mesure qu’il embrasera votre imaginaire. L’auteur, Per Sorensen, y élabore un métissage rare, à la croisée des contes de son compatriote Andersen et de ceux, ancestraux, narrés lors des veillées dans l’Océan indien. On croit, par moments, y croiser les ombres de La Fontaine, Jacques Prévert ou de certains surréalistes. Cet ouvrage ravira les adultes qui aiment baguenauder hors des sentiers battus. Le lire par chapitres à des enfants, c’est comme ouvrir grand l’horizon à la fantaisie.

On y perçoit aussi une profonde conscience de classe. Per Sorensen poivre volontiers sa prose de critique sociale et de dérision.

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Sexe : nos fantasmes observés à la loupe

— Par Jérémie Bazart

fantasmeDans l’Humanité Dimanche : Les fantasmes sexuels « anormaux » existent-ils ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des chercheurs canadiens. L’enjeu, établir une norme pour aider à définir une pathologie et surtout éviter de qualifier de « déviants » des « comportements » bien plus communs qu’on ne le pense…

Le 18 mai 2013, vingt ans après la précédente, l’association américaine de psychiatrie (APA) publiait la cinquième édition du « Manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux » (DSM 5) (« HD » n° 438). On peut y trouver des tas de choses intéressantes (lire ci-contre), et une partie y est consacrée à la définition des fantasmes atypiques, appelés également paraphilie. Le DSM 5 parle de fantasmes « anormaux », alors que l’Organisation mondiale de la santé parle de fantasmes « inhabituels » pour définir ces paraphilies. Qu’en est-il exactement ? Et qu’est-ce qu’un fantasme sexuel normal ? Le « Journal of Sexual Medicine » a publié le mois dernier les résultats d’une étude canadienne sur la nature des fantasmes sexuels de la population générale, réalisée par des chercheurs de Montréal.

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Zone des 50 pas géométriques : solution ou complication ?

— Par Jean Maran* —

cinquante_pas_geoLe 31 décembre prochain expirera l’ultime délai accordé aux « occupants sans titre » de la zone concernée, pour établir et présenter leur dossier de régularisation de leur situation, auprès de la commission spéciale instituée à cet effet. Mais en dépit des mises en garde, exhortations et rappels pressants des pouvoirs publics relayés par les médias locaux, de nombreux dossiers attendus manqueraient toujours à l’appel à cette date, semble-t-il. Ce constat déconcertant, convenons-en, est aussi préjudiciable aux occupants en cause, que regrettable pour l’aboutissement positif de la procédure de « rattrapage » , mise en place en leur faveur. C’est pourquoi, à titre de contribution citoyenne à la résolution de cette problématique sensible, je m’autorise à formuler certaines observations ou suggestions, à délivrer une information dont chacun appréciera, à son gré, l’intérêt qu’il lui plaira de leur accorder, ainsi que les conséquences qu’il croira devoir en tirer. A titre de clarification nécessaire : car il faut s’interroger. Les réticences ou résistances, opposées par certains aux recommandations de la commission, ne résultent-elles pas du fait que ceux-là ne sont pas convaincus ou dûment renseignés de la singularité de leur situation domaniale ?

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Et si France-Guyane en profitait pour se remettre en cause ?

— Par René Ladouceur —

france-guyaneSur le quotidien France-Guyane, le vent a soufflé fort, très fort, mais les vagues qu’il a provoquées restent circonscrites à la Martinique. Le plan social mis en place pour juguler les pertes financières de France-Antilles Martinique ne frappe, en effet, que trois salariés à France-Guyane. A la rédaction cayennaise, on respire. Un peu. Mais pour combien de temps ?

Car depuis que le Tribunal mixte de commerce de Fort-de-France a placé France-Antilles Martinique en redressement judiciaire, France-Guyane et ses journalistes n’en finissent pas d’alimenter les discussions. Près d’un mois après la publication du plan social, le sujet est encore au centre de nombre de conversations Il faut dire que France-Guyane en Guyane, c’est le journal par excellence ; le journal dont l’histoire se confond avec celle de la Guyane contemporaine ; le journal qui a une valeur patrimoniale inestimable. Il a vu passer dans sa rédaction la quasi-totalité des journalistes guyanais âgés aujourd’hui de plus de 40 ans. France-Guyane, c’est un peu de nous-mêmes, enfoui dans les recoins de nos souvenirs les plus précieux.

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Bibliothèques et évolution institutionnelle

— Par Lucien Pavilla* —
En 2015, la Martinique va faire face à une évolution institutionnelle majeure, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) verra le jour. Cette collectivité cumulera les compétences du Conseil régional et du Conseil général, entre autres la lecture publique.
Si nous voulons atténuer la fracture numérique du « second degré » que subissent les populations et mettre en place un réseau de lecture publique dynamique, la question qui se pose et qui fait débat à laquelle les professionnels du livre et les pouvoirs publics devront répondre est de savoir comment les bibliothèques survivront dans cet environnement institutionnel.
La bibliothèque n’est plus uniquement un lieu de conservation du savoir, car l’inclusion numérique et le comportement des communautés agissantes bousculent les pratiques professionnelles. Elle a une mission fondamentale aujourd’hui qui est celle de l’apprentissage, de l’ouverture au monde et à la connaissance. Elle doit donc faciliter l’accès au savoir. Par conséquent, outil d’aide à la formation et à l’éducation, elle doit faire société et se placer comme levier du développement social de l’individu. Ainsi, après la famille et le travail, c’est le troisième lieu.

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Amadeo, Tania, Rafa et les autres… ou le déclin du rêve cubain

— Par Roland Sabra —

retour_a_ithaqueSix ans après Entre les murs , Palme d’or au Festival de Cannes en 2008, deux ans après Foxfire, confessions d’une bande de filles, Laurent Cantet nous offre avec Le Retour à Ithaque un petit bijou à l’ironie amère.
A l’occasion du retour d’Amadeo, un copain d’enfance, exilé à Madrid pendant 16 ans ses amis Tania, Eddy, Rafa, et Aldo organisent une petite fête sur les toits de La Havane. On pense très vite à « Vincent, François, Paul et les autres » (1974!) ou encore au film québécois «Le déclin de l’empire américain» (1986) pour découvrir tout autre chose. Laurent Cantet nous emmène loin des affres sentimentaux du film de Claude Sautet ou des tourments de la vie sexuelle de celui de Denys Arcand. Du moins si la nostalgie d’une adolescence est bien présente, elle l’est sur une toile de fond qui progressivement va prendre le pas sur la narration première et devenir le sujet même du film⋅ L’évocation des souvenirs de jeunesse, des amoures défaites à peine ébauchées, des exaltations vite évanouies va laisser place à une tension dramatique insoupçonnée⋅ Les héros ne sont pas ceux que l’on croît et il est des « salauds » tout à fait admirables.

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Journée mondiale de l’orgasme : 21 décembre 2014

Les femmes, pas toutes égales face à l’orgasme

— Par Quentin Girard —

Sondage
Si 93% ont déjà connu l’orgasme, elles ne sont que 32% a en avoir régulièrement, une fois par semaine ou plus.

Bonne nouvelle. Cette année, la journée mondiale de l’orgasme du 21 décembre tombe un dimanche. Si vous ne travaillez pas, vous avez toute la journée pour en avoir de multiples, seuls, à deux ou plusieurs. Pour l’occasion, l’IFOP1 publie une étude réalisée à la demande du site de webcam porno Cam42 sur les femmes et la jouissance.

Où il en ressort que, malheureusement, les femmes ne sont pas toutes égales face au plaisir. Si 93% ont déjà connu l’orgasme, elles ne sont que 32% a en avoir régulièrement, une fois par semaine ou plus. La religion et le célibat, sans surprise, ne favorisent pas le plaisir. 24% des catholiques pratiquantes n’ont jamais eu d’orgasme et 35% de celles qui n’ont jamais été en couple. L’âge aussi, a une influence, l’excitation venant peut-être avec l’expérience. 16% des femmes de 18 à 25 ans ne connaissent pas cette jouissance, pour seulement 4% des plus de 65 ans.

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NTIC : de l’esclavage à la liberté

— Par Robert Saé —

ntic_espionnage1 – Espionnage et manipulation

 Les révélations d’Edward   SNOWDEN ont fait l’effet d’une bombe pendant un temps et dans certains milieux. Mais l’immense majorité des utilisateurs des NTIC*  pas été interpellée par la gravité de la situation et le rouleau compresseur continue d’écraser les libertés. Partout et à chaque seconde persistent  le  pistage et le contrôle de masse de tous les individus ainsi que l’espionnage de toutes les organisations et de tous les gouvernements. La toile totalitariste s’étend sur toute la planète. L’objectif des maîtres des multinationales est double : établir une domination fasciste sur la population mondiale et optimiser les profits.   C’est une  guerre idéologique totale qui est menée.   Leur stratégie recouvre plusieurs aspects. Pour ceux qui sont aux commandes des NTIC, il s’agit de  manipuler  les mouvements populaires et  d’en dévier les perspectives  en cultivant le rejet de la politique et le refus de l’organisation pour  cantonner ceux-ci dans la spontanéité et l’improvisation. Ce qui laisse le champ libre aux agents du système et aux provocateurs.   Systématiquement, des campagnes massives de désinformation sont planifiées, des provocations sont menées, via le piratage des comptes entre autres, pour discréditer des associations ou des personnalités opposées à leur système.

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Irrésistibles afropolitains

— Par Catherine Simon —
adichie2Quel est le rapport entre un sparadrap « couleur chair », une soirée à la librairie parisienne L’Humeur vagabonde et une canne en bois, baptisée Mormegil, alias « noire-épée, dans la langue de Tolkien » ? La littérature, bien sûr. Plus précisément, une nouvelle vague made in diaspora, incarnée par de jeunes écrivains d’origine africaine, de langue anglaise le plus souvent, et qui vivent (presque) indifféremment, aux deux (ou trois) extrémités de la planète.

Née au Nigeria, Chimamanda Ngozi Adichie, 37 ans, partage son temps entre Chicago et Lagos ; natif du Ghana, Nii Ayikwei Parkes, 40 ans, navigue entre Londres et Accra ; quant à Olufemi Terry, 42 ans, né en Sierra Leone, il se trouve présentement en Allemagne, après avoir grandi au Nigeria, au Royaume-Uni et en Côte d’Ivoire. Le terme d’« afropolitain » (clin d’œil à leur éclectisme cosmopolite), inventé en 2005 par la romancière Taiye Selasi, leur va bien. Eux-mêmes s’en contrefichent. Comme on dirait ici, qu’importe le flacon…

Dans son nouveau roman, le formidable Americanah, à paraître début 2015 chez Gallimard, Chimamanda Ngozi Adichie met en scène une jeune émigrée nigériane de Philadelphie, Ifemelu, qui, entre autres activités, tient un blog.

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