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Yael Naim, en pleine conscience

— Par Charlotte Pons —

yael_naim-400L’expression ne serait pas si galvaudée et le titre de l’album si explicite, on dirait volontiers que Older est l’opus de la maturité. Question de puissance, de sincérité, de don de soi. Mais pour les raisons sus-citées, on préférera dire que le nouvel album de Yael Naim et David Donatien est celui d’une femme et d’un homme arrivés à un point de leur vie où ils savent qui ils sont et ce qu’ils veulent, celui d’artistes maîtrisant suffisamment leurs outils pour faire oeuvre de leurs émotions.

En fait, plus que de la maturité, Older est sans doute l’album de l’accomplissement, celui dont on jouit, que l’on savoure, parce qu’il est en pleine conscience – et à ce titre, la (magnifique) pochette de l’album sur laquelle la moitié de chacun des visages des deux artistes est mangée par un hibou, symbole de clairvoyance, n’est pas anodine.

Le cycle de la vie

Compagnons à la ville comme en studio, tous deux jouent comme d’autres marchent ou respirent. À l’origine de l’album, il y a donc la recherche de sonorités nouvelles.

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Racisme et militarisation : la face cachée de la police américaine

— Par Charlotte Recoquillon. Infographie : Marianne Boyer.—

police_usLa scène a été filmée par un témoin. « Je ne peux plus respirer », répète Eric Garner, au sol, alors qu’un policier lui serre la gorge. Ce seront les derniers mots de cet homme noir accusé de vendre des cigarettes de contrebande. Le policier, lui, n’a pas été inculpé ; ainsi en a décidé un grand jury, mercredi 3 décembre. Une décision qui a fait descendre des centaines de New Yorkais dans la rue pour protester contre ce qu’ils estiment être une énième bavure policière impunie.

En août, c’était un adolescent, noir lui aussi, qui avait été abattu par un policier à Ferguson, dans le Missouri. La mort de Michael Brown avait suscité de violentes confrontations entre les manifestants et les forces de l’ordre, tout comme la décision du grand jury de ne pas poursuivre le policier auteur des tirs. Et à Cleveland, la semaine passée, c’est un enfant de douze ans, Tamir Rice, qui a été tué par la police.

Trois éléments sont utiles pour comprendre l’indignation et l’émotion suscitées par ces évènements.

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« Le Papalagui » : Le théâtre encore, pour vivre et survivre

Marin (Auditorium) : mercredi 8 avril 19 heures
Prêcheur (Salle Félix-Grélet) : jeudi 9 avril à 19 heures

le_papalagui-3— Par Janine Bailly —
En cette fin de mois, le nouveau directeur de l’EPCC-Atrium nous offre avant l’heure de bien jolies fêtes pascales : samedi, nous avons grâce à lui vibré au spectacle de The Island (lire sur ce journal l’article de Roland Sabra). Ce lundi, c’est à un spectacle gratuit que Hassane Kassi Kouyaté nous a conviés à l’Université des Antilles, dans le cadre d’une opération lancée sous l’appellation de Territoires en cultures, opération de décentralisation des spectacles, présentement en partenariat avec la ville et l’université de Schœlcher.
En ce qui concerne The Island, j’aimerais juste partager ces deux moments d’émotion forte qui furent les miens.Tout d’abord, au récit de la traversée qui mena les prisonniers à l’île, comment ne pas songer au destin tragique que connurent les passagers des tristement célèbres bateaux négriers de la traite ? Ensuite, comment ne pas comprendre que, enfermés dans cette cellule, on ne peut continuer à vivre et s’échapper que par l’imaginaire : dans un rituel quotidien, l’un des détenus ramasse une timbale et passe un appel à sa famille ou à ses amis, son monologue s’interrompant brusquement, et l’on peut lire alors sur le visage de l’acteur, redevenu étrangement silencieux, toute la détresse d’un retour à une trop cruelle réalité.

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Mumia Abu-Jamal : très légère amélioration de l’état de santé

mumia_abu-jamal_famillyL’amélioration de l’état de santé de Mumia n’est que très légère si l’on en juge par les très grandes difficultés à sortir de son fauteuil roulant et à se déplacer en marchant.
Les soutiens américains à Mumia se sont à nouveau rendus hier à la prison de Frackville afin d’exiger que l’administration pénitentiaire autorise des médecins spécialistes et indépendants à consulter Mumia. A cette occasion, Johanna Fernandez, Pam Africa et Abdul Jon ont rencontré Mumia. Toujours très faible, il semblait cependant être mieux que lors des visites précédentes en raison sans doute de l’injection d’insuline dont il avait bénéficié juste avant la visite. Il n’a toutefois toujours pas eu la possibilité de consulter des spécialistes, ni pour son diabète, ni pour l’excéma. L’amélioration de son état n’est que très légère si l’on en juge par les très grandes difficultés à sortir de son fauteuil roulant et à se déplacer en marchant. Il a en toutefois tenu à ce que des photos soient prises en position debout. Mumia a exprimé à ses visiteurs qu’il vivait mal le fait d’être diminué physiquement et mentalement.

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États-Unis : un policier tue un homme noir de huit balles dans le dos

— Par Valérie Samson —assassinat_dun_noir

Un officier de police a été arrêté et inculpé pour meurtre, mardi, en Caroline du Sud, après la diffusion d’une vidéo le montrant abattre un homme, apparemment non armé, qui prenait la fuite.

Selon le Washington Post et plusieurs médias américains, un officier de police de North Charleston, en Caroline du Sud, a été arrêté et inculpé mardi après-midi pour le meurtre de Walter Scott, un homme noir d’une cinquantaine d’années, qu’il aurait tué de huit balles tirées dans le dos.

L’annonce a fait l’objet d’une conférence de presse conjointe du maire et du chef de la police de la ville. Ce dernier, Eddie Driggers, a conclu par ces mots graves: «C’est un jour tragique pour nombre d’entre nous. Un jour tragique.»

Plusieurs médias américains diffusaient mardi des images extraites d’une séquence vidéo de la scène. Celle-ci se déroule dans un jardin public. On y voit un officier blanc, identifié comme étant Michael Thomas Slager, immobile, mettre en joue et ajuster son tir, alors que Walter Scott, en jogging noir et T-shirt vert, s’éloigne de lui en courant.

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Découvrir la Guadeloupe à travers un guide pratique, insolite et engagé

gwada_taoGuide Tao Guadeloupe originale et durable

Le tourisme durable, qu’est-ce que c’est ?

Le tourisme durable est un tourisme positif, écologique et solidaire, qui conserve la beauté des paysages et la qualité de l’environnement et des ressources naturelles et qui préserve l’équilibre de l’économie, de la société et de la culture locale.

Près de 200 adresses hédonistes, insolites et engagées dans une démarche durable, pour découvrir la Guadeloupe autrement, hors des sentiers battus :

Se reposer : des chambres d’hôte de charme, des petits hôtels, des gîtes insolites et d’autres surprises pour sortir des sentiers battus.

Se régaler : des restaurants avec une cuisine locale de produits frais, de saison et cultivés sur l’île, des tables mettant en valeur les racines asiatiques, africaines ou américaines de la cuisine guadeloupéenne, des idées pour manger des spécialités locales comme l’ouassou, le bokit ou des grillades locales, des boutiques où acheter de bons produits, des producteurs qui font visiter leur exploitation de café, etc.

Rencontrer : des visites par les habitants, des producteurs qui partagent leur passion, des guides qui vous emmènent sur des chemins cachés, des lieux où faire la fête avec les Guadeloupéens…

Se balader : des itinéraires originaux dans toute la région, des balades à pied, à cheval, en canoë, des randonnées sous-marines ou en altitude…

Se cultiver : galeries, visite d’un cimetière d’esclave, découverte de villes d’Art et d’Histoire et de nombreux articles culturels sur l’environnement ou l’histoire.

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J-F Niort : La LDH Guadeloupe dénonce xénophobie, racisme et obscurantisme

ldh_gwada-2La polémique autour de la publication du dernier ouvrage de Jean-François Niort, « Le Code Noir. Idées reçues sur un texte symbolique »,   prend de l’ampleur. Aux nombreuses réaction déjà exprimées s’ajoute celle de la Ligue des Droits de l’Homme de Guadeloupe dont on lira le communiqué ci-après.

Après avoir, récemment, dû prendre position pour dénoncer les propos racistes tenus par un Guadeloupéen à l’endroit d’un autre Guadeloupéen, à Rivières Sens, la Ligue des Droits de l’Homme de la Guadeloupe se voit contrainte de rédiger un nouveau communiqué.
Ce qui l’interpelle aujourd’hui est, sans commune mesure, beaucoup plus grave que l’incident de Rivière Sens, il s’agissait là d’une altercation provoquée par un individu. Aujourd’hui, c’est tout autre chose.
Depuis quelques jours, l’historien du droit et des institutions, Jean-François NIORT, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences juridiques et économiques de la Guadeloupe, est au cœur d’une vive polémique initiée par les signataires (COSE, LKP, CIPN, MIR, FKNG) d’un tract le stigmatisant comme un révisionniste de l’histoire, aux motifs qu’il aurait mis en avant « le bon côté du Code Noir » et « l’humanité de l’esclavage », niant ainsi leur monstruosité.

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Éducation: le prix du privé

— Par Emmanuel Davidenkoff —

ecole_priveeL’école est le creuset de la nation, et non un simple dispositif de pacification sociale visant à légitimer par les diplômes la persistance des inégalités de naissance.

La question est non pas de savoir si le libéralisme fera irruption dans le secteur éducatif, mais dans quel délai et avec quelle ampleur.
Dans la plupart des secteurs où public et privé sont en concurrence prévaut un relatif équilibre : l’Etat garantit à tous les usagers l’égal accès à un service, y compris aux plus démunis, via divers dispositifs de solidarité ; ceux qui font le choix du privé paient le prix fort pour accéder à une prestation sur mesure, mais ils ne peuvent se prévaloir, en cas de problème, des garanties offertes par l’Etat ni ne bénéficient des investissements lourds que seule peut consentir la collectivité. Un domaine fait exception, et non des moindres, puisqu’il conditionne notre avenir : l’éducation et l’enseignement supérieur.

Le caractère « libre » du privé, largement théorique

Ici, la ressource privée peut être massivement mobilisée tout en continuant à profiter de la bienveillante protection de l’Etat.

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Pour l’exercice de la culture

— Par Isabelle Alfandary, Gisèle Berkman et Sylvie Gouttebaron —

cultures-1Il importe que les mots de transmission, de culture, d’humanités, soient plus et autre chose que des mantras pour technocrates, ou de cyniques «éléments de langage»…

Nous voici à l’heure d’un malaise dans la culture sans précédent, dont la grève actuelle à Radio France est l’un des symptômes. Au moment où les salariés d’un lieu éminent de la culture refusent de laisser entamer leur mission par les coupes claires d’un «plan social» visant à éradiquer jusqu’à 300 postes, à l’heure où l’Éducation nationale, pour sa part, peine à se relever de la politique désastreuse du précédent quinquennat, il importe que les mots de transmission, de culture, d’humanités, soient plus et autre chose que des mantras pour technocrates, ou de cyniques «éléments de langage» substituant les «compétences» aux savoirs, la «visibilité» à la complexité…

Le fatalisme, là encore, n’est qu’une réponse faible. Sans doute le temps est-il venu, pour des institutions porteuses de ce que Kant naguère appelait une «bonne volonté», de se fédérer et travailler ensemble à préserver et transmettre ce plaisir de penser et d’élaborer ensemble sans quoi rien n’est possible.

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A propos de la destruction de la stèle de Sainte-Rose.

Dimanche, la stèle, érigée sur le site de la Pointe Allègre, à Sainte-Rose, en hommage à l’arrivée des premiers colons en Guadeloupe, a été renversée, puis brûlée pendant des heures. De nombreux Guadeloupéens étaient hostiles à l’installation de ce monument et sont venus le dire. Le Liyannaj kont pwòfitasyon avait appelé à la mobilisation, considérant cette stèle comme « un acte raciste, un profond mépris vis-à-vis des Guadeloupéens d’origine indienne et africaine, Respèkté gwadloupéyen! » , a affirmé Élie Domota, porte-parole du LKP.
Le cercle Auguste Lacour, réunissant la communauté des blancs créoles, est à l’origine du projet de stèle en mémoire aux premiers colons qui ont débarqué sur l’île. Un projet qui a reçu l’autorisation du tribunal administratif car « les inscriptions ne contiennent aucun propos portant atteinte au respect des valeurs et principes de la déclaration des droits de l’Homme » . ( F-A  Gwada)

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La stèle de Sainte-Rose, pourquoi je suis deux fois contre.

Par Errol Nuissier

Lors de l’érection de cette stèle, j’ai eu le sentiment qu’elle avait été faite de manière précipitée.

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Les tontons macoutes de la culture

totons_macoutes_cultureLes ayatollahs de la mémoire.

Par Jacky Dahomay

Je n’ai jamais autant entendu parler en Guadeloupe de Nègres, de Blancs, de racisme, d’esclavage, de mémoire ! Que se passe-t-il ? Est-on passé de la lutte de classes à la lutte de races ? Parce qu’un jeune blanc majeur et écervelé, qui porte le nom de Chaulet, dans une dispute avec un jeune noir prononce selon certains témoins des propos racistes –chose que nous avons fermement condamnée- et voilà qu’on fait monter la pression, que déferlent sur le net des propos tout à fait insensés. La famille Chaulet est sommée de se justifier. On oublie cependant que Philippe Chaulet –qui n’est pas du tout de ma famille politique- est le seul homme politique de droite ayant accepté de signer un tract exigeant la libération de Luc Reinette quand il était emprisonné, suite à des attentats ayant fait beaucoup de bruit à l’époque. Une amie, professeure de philosophie et mulâtresse, m’informe qu’hier, attendant dans le cabinet d’un médecin je ne sais plus quel papier, s’est faite agresser verbalement par une patiente incriminant la couleur de sa peau.

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Polémique autour du dernier ouvrage de J-F Niort

code_noir_jf_n_trueLe Texte de Danik Zandronis

 Salut JF

Mon avis est que tu « vends »  et ‘expose » très mal tes recherches, l’impression qui subsiste dans le « mouvement », est que tu as opéré un changement d’optique et que tu te rapproche consciemment ou non  des  thèses   » borderline » de Regent..

Ta (re) lecture  au XX1e siècle du Code Noir ne peut pas être seulement neutre et « scientifique », car tu semble oublier que le Code Noir , l’esclavage sont encore des blessures vives dans notre mémoire active.. 

 Dans le contexte actuel ( Stèle, affaire Chaulet) ton discours relativement maladroit dans l’expression ( Cf ton émission à    Guadeloupe  1ere et  avec moi a CANAL) peut laisser penser que tu  essaie de donner  ( je reprends tes mots) de l’humanité » a un texte qui est une  horreur.

Cela est d’autant plus mal ressenti, que  les offensives des « blancs créoles d’une  justification de la colonisation rejoignent OBJECTIVEMENT ces  travaux sur le Code Noir.. 

Comment vivant  en Guadeloupe, pouvais  tu me dire ( Canal IO) ne  « rien savoir » de l’affaire  de la stèle, alors que depuis des semaines, TOUT le monde  en  parlait, que  toutes les organisation anti colonialistes avaient pris position..et

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« Le Code Noir. Idées reçues sur un texte symbolique » de J-F Niort

code_noir_jf_niortPrésentation éditeur
Texte fondateur du droit colonial français, le Code Noir a suscité beaucoup de confusions et d’erreurs, à commencer par son nom lui-même… Code Noir ou Édit de mars 1685? Écrit par Colbert? Dont il n’existerait qu’une seule version? Qui aurait réduit les esclaves à l’état de chose? …

Présentant les acquis des recherches historiques récentes, cet ouvrage corrige un certain nombre d’idée s reçues sur le Code Noir dont on n’a d’ailleurs toujours pas retrouvé à ce jour l’original aux Archives nationales.
Auteur
Jean-François Niort , historien du droit colonial et spécialiste du Code Noir, est maître de conférence HDR en Histoire du droit, à la Faculté des Sciences juridiques et économiques de la Guadeloupe.

Sommaire
Avant-propos de Myriam Cottias
Préface de Marcel Dorigny
Introduction
« Le Code Noir a été écrit par Colbert. »
« Le Code Noir est le véritable nom de l’Edit de mars 1685. »
« Le Code Noir existe en une seule version. »
« Le Code Noir ne concerne que les esclaves. »
« Le Code Noir fait de l’esclave une chose. »
« L’esclave dans le Code Noir n’a pas de personnalité juridique.

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Ah ! Hissons les couleurs !

— Par Dany Joseph Ducosson —

hissons_les_couleursCes derniers jours, nous sommes sollicités sur internet quasi exclusivement sur la question de la couleur… de peau. Je savais cette trace du corps particulièrement pesante car elle fait partie de notre « batterie minimale de signifiants à la naissance » (Jacques André)… Fanon insiste sur le trop de réalité qui empêche toute intériorisation de cette problématique (Peau noire, masques blancs)..Mais je n’avais pas mesuré à quel point elle était un empêchement à penser, une petite réserve permanente de haine ordinaire.

Tout ça a commencé parce que Mme Ursull a écrit une lettre de colère à Mr Hollande lui disant en gros : monsieur le président vous préférez les juifs aux nègres puisque vous placez leur génocide à la première place des mémoires douloureuses. Alors quoi, il importe de savoir qui a été plus génocidé les juifs ou les nègres ?
Mme Georges Pau Langevin a essayé d’argumenter raisonnablement, et avancé des arguments historiques pour sortir des réactions épidermiques en rappelant que le projet d’Hitler était l’extermination des juifs en tant que juifs, les camps de travail étant un simple passage dont on pouvait tirer profit et travestissement de la vérité des camps d’extermination.

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La Martinique au Salon du Livre du Québec

salon_du_livre-2015_quebecVolet international – L’Espace de la diversité

Créé par Rodney Saint-Éloi, éditeur de Mémoire d’encrier, l’Espace de la diversité est devenu un incontournable du Salon international du livre de Québec qui se tiendra du 8 au 12 avril 2015 au Centre des congrès de Québec. Fréquenté par des milliers de visiteurs chaque année, il demeure un centre de diffusion névralgique des enjeux de la littérature contemporaine. Il souhaite mettre en valeur les thèmes de l’identité et des origines, en saluant les œuvres d’auteurs caribéens, africains, européens et, bien sûr, québécois. Tout en encourageant la coédition et la traduction des ouvrages, l’Espace de la diversité stimule les échanges entre auteurs de tous les horizons. À titre d’exemple, en plus des auteurs ivoiriens et congolais, les visiteurs pourront échanger avec Alfred Alexandre, Nadia Chonville et Jean-Marc Rosier de la Martinique, Yanick Lahens, récipiendaire du Prix Femina 2014 et Emmelie Prophète d’Haïti, ainsi que de nombreux auteurs des Premières Nations et québécois.

L’Espace de la diversité…

Établir la relation pour vaincre les solitudes qui nous ont signés.

Que les voix du monde soient carrefours, rencontres, serrements de mains et de cœurs.

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« Un obus dans le coeur » de Wajdi Mouawad

obus_ds_coeurb-400« Un jour, ma mère s’est mise à avoir un visage autre. C’est peut-être ça le début de mon histoire.« 

Wahab est réveillé en pleine nuit par un coup de téléphone lui apprenant que sa mère, malade d’un cancer, agonise. En s’acheminant vers l’hôpital, Wahab se prépare à dompter la mort, à nouveau, la dernière fois il avait 7 ans. Tout le mène à ce face à face avec la mort, avec sa peur d’enfant, qu’il doit terrasser pour enfin se libérer. Le chemin de Wahab est un chemin douloureux, où se côtoient l’innocence, la colère, l’incompréhension, la tendresse et aussi l’humour.

Ma mère meurt, elle meurt, la salope, et elle ne me fera plus chier !

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La salle est petite, nous sommes près, tout près du comédien. Mise en scène discrète et efficace, gros travail des lumières qui créent diverses atmosphères, la rue, la nuit et l’hopital, décor léger, deux chaises, nous sommes vraiment avec lui, Wahab, un jeune homme en colère. Wahab vient d’apprendre au téléphone qu’il doit se rendre au chevet de sa mère, mourante. Et durant le trajet, il exprime tout ce qui lui passe par la tête.

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Quelques bribes d’Edwy Plenel sur l’île

—  Par Janine Bailly & Paul Chéneau —
plenel_en_ileLa récente « tournée » sur l’île d’Edwy Plenel, ce presqu’enfant du pays, dans le cadre de la semaine de la presse dont le thème était « La liberté d’expression, ça s’apprend », a déjà fait couler beaucoup d’encre. Nous aimerions cependant rendre compte ici de quelques-uns des moments privilégiés qu’il a partagés avec la jeunesse martiniquaise, d’autant que selon son propre aveu, ce sont ces moments d’échange qu’il gardera plus particulièrement en mémoire.
Nous l’avons vu et entendu, à la Bibliothèque Universitaire de Schœlcher, répondre avec sa verve coutumière, non dénuée d’humour, aux questions judicieuses préparées par un petit groupe d’étudiants.
Interrogé sur ce qu’est Mediapart, il répond que le journal-papier reste un milieu clos, et que ses collaborateurs et lui-même se sont saisis de la révolution internet pour créer ce journal numérique et y défendre le meilleur de leur tradition. Il s’agit d’aller chercher les informations cachées, sans pour autant faire la course au scoop, il s’agit d’être le laboratoire d’une nouvelle presse du XXIe siècle, il s’agit encore d’être le journal d’une France multi-culturelle.

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« Que l’école devienne une marchandise est inadmissible »

—Entretien réalisé par Sylvie Ducatteau —

ecole_marchand3Kishore Singh, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’éducation, dénonce l’explosion de la privatisation de l’éducation dans les pays en voie de développement. Un phénomène qui aggrave les inégalités et développe un enseignement très utilitariste.

Comment expliquer cette explosion de la privatisation de l’éducation dans les pays en voie de développement ?

Singh : Lors du Forum mondial sur l’éducation de Dakar, en 2000, les États et la société civile internationale se sont engagés à permettre l’accès de tous les enfants à un niveau scolaire équivalent à l’école primaire d’ici à 2015. Cette ambition repose sur un droit de l’homme fondamental, celui du droit à l’éducation. Que constate-t-on quinze ans plus tard ? Des disparités grandissantes et des dépenses publiques pour l’éducation en diminution dans de nombreux pays. Dans un monde en pleine mutation, l’école publique fonctionne parfois sans aucune norme, les enseignants ne sont pas ou peu formés, les enfants disposent peu de manuels et le niveau de leur acquis reste faible. Dans ce contexte, qui semble s’aggraver, la privatisation explose.

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Les branleurs, ces grands subversifs

— Par Ludovic Perrin —
voyage_autour_de_mon_sexeLE LIVRE DE LA SEMAINE – En retraçant l’histoire de la masturbation dans Voyage autour de mon sexe, Thibault de Montaigu revient sur cet acte, sorte de « signature érotique sur son propre corps ».

« C’est en Arabie Saoudite que j’ai redécouvert, il y a quelques années, le charme discret de la masturbation. J’avais vingt-six ans et à cette époque de ma vie, ma principale ambition dans l’existence était de coucher avec des filles. Beaucoup de filles. Toutes sortes de filles. Le seul problème est que les filles en question partageaient rarement la même ambition que moi et je me retrouvais le plus souvent – à la fermeture des boîtes alors que je titubais seul sur la piste en me demandant où tout le monde était passé ou bondissant sur mon portable pour découvrir que le texto que je venais de recevoir n’était pas signé Laure ou Victoria comme je l’espérais mais Jean-Jacques, votre opticien Lissac – avec la triste impression de faire partie d’un fan-club dont j’aurais été le seul et unique membre. Il arrivait parfois que mes efforts fussent couronnés de succès mais plus qu’à mes talents de séducteur, je le devais à cette étrange loi mathématique selon laquelle plus on se prend de vestes, plus nos chances de choper augmentent.

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Foxcatcher : lutte et chute dans l’ère trouble du vide

— Par Roland Sabra —

foxcatcher

Vu à Madiana.

« Avec le temps, avec le temps va… » On connait la chanson. Pour les films c’est du pareil au même. Le souvenir s’amenuise et on oublie. Pas toujours pourtant. Il y en a, peu il est vrai, qui parcourt le chemin inverse ils grandissent avec le temps qui passe. Ils font retour, ils insistent, intranquilles et obsédants. Ils ne nous lâchent pas. Ils ont des choses à nous dire et ils nous le font savoir. « Les chiens errants » le film de Tsai Ming-liang qu’une toute petite une poignée de spectateurs a pu voir le 03 juin 2014 à Madiana est de ceux-là. Foxcatcher aussi, sans doute. Le film s’inspire d’une histoire vraie. John Éleuthère Irénée du Pont de Nemours, est l’héritier d’une famille aristocratique française qui fuyant la Révolution a fondé aux Etats-Unis un empire dans la poudre à canon puis dans l’industrie chimique. Il s’intéresse vivement à un sport de combat : la lutte. Il propose à Mark Schultz médaille d’or aux J.O de Los Angeles de 1984 de le prendre sous son aile, en vue de le préparer aux prochains jeux qui se dérouleront à Séoul en 1988.

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Éric Sadin : « Le techno-capitalisme cherche à exploiter chaque séquence de l’existence »

— Entretien réalisé par Pierric Marissal —
capitalisme_technoÉric Sadin, écrivain et philosophe, analyse comment les corps, les rapports aux autres,
la ville jusqu’à l’habitat sont désormais quantifiés, évalués en temps réel et optimisés à l’aide d’algorithmes, pour enfin être monétisés. Face à cet assistanat robotisé, il appelle à mettre 
en crise ce système dominant en réintroduisant de l’imprévu dans notre relation au monde.

On dit souvent que les algorithmes sont à l’informatique ce que les recettes sont à la cuisine. Quelle serait votre définition ?

Éric Sadin On doit comprendre l’algorithme comme un réglage spécifique destiné à exécuter des opérations sur des données numériques en fonction d’une fin déterminée. Pour ma part, je distingue deux types d’algorithme. Un premier conçu en vue de seulement répondre à une tâche univoque. Par exemple, lorsque nous cliquons sur une image perçue sur un écran et qu’elle s’agrandit aussitôt, c’est le résultat de suites d’opérations qui rendent possible la réalisation de cette commande relativement simple. Un second type d’algorithme, massivement apparu depuis le début du XXIe siècle, consiste à le doter de facultés d’interprétation des situations, de suggestion de solutions en fonction de résultats, voire d’une prise de décision de façon autonome.

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« La grève à Radio France est d’utilité publique »

— Par les grévistes de Radio France —

radio_france-400Depuis dix-sept jours, à Radio France, les irresponsables ne sont pas ceux que l’on croit. Depuis dix-sept jours, les salariés en grève, qui échangent et se battent pour la défense de vos antennes, ont une douloureuse conscience de ce qui se joue pour l’avenir de la radio de service public. Mais cela fait bien plus de dix-sept jours que nous réclamons à notre PDG un vrai projet stratégique. Dix mois déjà que nous attendons des réponses, qu’on ne nous parle que de formats et non de contenus, de marques et non d’identité d’antennes, d’argent et non de richesses.

L’homme invisible de la Maison de la radio préfère courir les plateaux télé pour minorer honteusement le nombre de grévistes* et répéter en boucle que Radio France est le « problème ».
Une grande maison de l’artisanat

Non, nous ne sommes pas un problème mais une ressource, et donc une solution. Nous ne sommes pas un frein à la modernité mais au contraire, des acteurs de notre transformation, vigilants et éclairés. Contrairement aux clichés les plus faciles, nous ne sommes pas contre les réformes, nous réclamons une gestion honnête et efficace de notre entreprise.

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«Beau et con à la fois…»

— Par Natacha Polony —
narcisse-dessinD’après un sondage pour le Parisien, 58 % des jeunes de 18 à 24 ans se trouvent beaux. Natacha Polony regrette que dans la société contemporaine de l’apparence et de l’immédiateté, le narcissisme prime sur l’effort et l’humilité.

La croissance se fait encore attendre, la France se désindustrialise à une vitesse dramatique, des professions artisanales sont en voie de disparition faute de relève, mais une nouvelle est venue le 1er avril (sans la moindre ironie) illuminer ce sombre horizon.

«l’estime de soi progresse» alors que «l’humilité primait» dans l’éducation des générations précédentes.

Ce jour-là, Le Parisien publiait les résultats d’un sondage qui balaie soudain les analyses sociologiques les plus pessimistes: 58 % des jeunes de 18 à 24 ans se trouvent beaux. Oublions les mauvais coucheurs qui feront remarquer l’absurdité abyssale d’un sondage sur ce thème; les révélations sont là: 58 %, donc, contre 39 % pour les plus de 65 ans. Analyse d’un sociologue: «l’estime de soi progresse» alors que «l’humilité primait» dans l’éducation des générations précédentes.

Une telle information a de quoi surprendre. On nous explique depuis des années à grands renforts de livres, de tribunes d’universitaires et de préconisations ministérielles que l’éducation à la française, en particulier à travers son école, humilie les enfants et ne se soucie nullement de développer l’estime qu’ils peuvent avoir d’eux-mêmes.

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Il y a 47 ans, le 4 avril 1968, Martin Luther King était assassiné

— Par Hélène Harter —
martin_luther_king_360Le 4 avril 1968, les Américains apprennent avec stupéfaction que Martin Luther King vient d’être assassiné. Alors qu’il discutait avec quelques proches sur le balcon du motel Lorraine dans le quartier noir de Memphis (Tennessee), il a été abattu par un tireur embusqué. Il n’avait que 39 ans. L’émotion est immense aux Etats-Unis, mais également dans le reste du monde. Les Américains pleurent l’homme qui incarne la lutte pour les droits civiques. Ils sont bouleversés par cet assassinat politique qui intervient moins de cinq ans après la mort du président Kennedy.[…]

De la lutte pour les droits civiques au combat pour l’égalité économique

En à peine quelques années, Martin Luther King Jr est devenu le leader du combat des Noirs américains pour les droits civiques. C’est en 1955 qu’il est devenu une figure nationale. Jeune pasteur à Montgomery (Alabama), il s’investit dans la campagne de boycottage des bus organisée par les associations locales de lutte pour les droits civiques. M. L. King a bien compris qu’à l’heure de la télévision il fallait mener des opérations spectaculaires pour attirer l’attention des médias et de l’opinion et faire évoluer les choses.

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« La machine à beauté » ou l’éloge de la différence

Machine à beauté2— Par Roland Sabra —

Catou Clin d’oeil, photographe, lors de l’inauguration de son studio rue de lent a Trapéziste, annonce qu’elle offrira gratuitement de prendre en photo quiconque se présentera à son magasin. Aussitôt dit, aussitôt fait voilà hommes et femmes devant leurs portraits sur lesquels ils ne relèvent que leurs défauts. Ils se voient plutôt laids. Arrive alors un scientifique, Arsène Clou, qui leur propose de passer dans une » « machine à »beauté » de son invention pour les embellir, ce qu’ils acceptent. Mais voilà la machine n’offre qu’un type de beauté par sexe, modèle unique qui transforme les villageois en clônes d’un modèle abstrait enfermé dans la machine. Domine alors le monde du même, de l’identique. On l’aura compris la machine à beauté est en réalité une machine à fabriquer de l’uniforme. Une machine diabolique et mortifère qui traque la singularité. Pauline le chef policier emprisonne son subordonné Jean Betterave dont elle pense qu’il s’agit d’un imposteur ayant enfilé les habits du véritable Jean Betterave. Joséphat Pavillon, le Maire, ne reconnait plus la chapelière Zézette qui est pourtant son épouse.

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