— Par François Bonnet —
L’euro a accouché d’un monstre politique. L’humiliant accord imposé à Alexis Tsipras le démontre une fois encore: il n’est pas de marges de manœuvre politiques possibles dans une zone monétaire devenue l’otage des idéologues du libéralisme.
Depuis dimanche soir, le hashstag #ThisIsaCoup est l’un des plus suivis sur Twitter. De l’économiste Prix Nobel Paul Krugman à l’ancien ministre grec Yanis Varoufakis, en passant par le souverainiste français Nicolas Dupont-Aignant, le #CestUnCoup canalise les indignations contre l’accord imposé par les Européens à la Grèce en échange de son sauvetage financier.
Coup d’Etat? L’expression peut cristalliser les désaccords mais une chose n’est guère contestable: les «institutions européennes» ont bel et bien décidé de prendre le pouvoir en Grèce. La proposition du socialiste allemand Martin Schulz, président du parlement européen, d’installer «un gouvernement de technocrates» à Athènes s’est ainsi réalisée de fait, au terme d’un week end de négociations qui a vu l’Allemagne imposer de bout en bout sa ligne.
C’est la vraie démonstration de ce week end: la zone euro et ses présumés critères de gestion ont accouché d’un monstre politique.