— Par collectif —
Philippe DESCOLA Anthropologue, professeur au collège de France , Jean-Louis FABIANI Directeur d’études à l’EHESS , Irène THÉRY Directrice d’études à l’EHESS et Antoine LILTI Directeur d’études à l’EHESS
L’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) fête cette semaine ses quarante ans. L’occasion de rappeler que les sciences sociales constituent une arme sans égale dans un monde globalisé, tenté par le repli.
Plus que jamais, nous pensons que les sciences sociales sont nécessaires. Elles s’efforcent de comprendre le monde dans lequel nous vivons, parfois d’agir sur lui, en prenant une distance salutaire à l’égard du commentaire immédiat des médias comme des manifestes idéologiques, y compris lorsque ceux-ci se parent des signes extérieurs de la scientificité. Les sciences sociales n’ont pas pour vocation de distribuer des leçons de morale, mais de fournir aux citoyens des outils pour penser et agir dans un monde incertain.
Pour cela, nos disciplines doivent savoir résister à une double tentation. La première est de répondre à l’injonction qui leur est souvent faite de produire un savoir utilitaire, directement «valorisable». Or la façon dont est formulée une «question sociétale» est rarement, pour ne pas dire jamais, pertinente pour une analyse des dynamiques qui travaillent en profondeur les sociétés.