Marguerite Duras ne se sentait « pas féministe du tout », et pourtant, 25 ans après sa mort, l’écrivaine française passe finalement comme telle, à force d’avoir pourfendu dans son oeuvre le machisme de son siècle.
« Une féministe c’est à fuir. Ce n’est pas le bon moyen si l’on veut changer les choses (…) Je ne suis pas féministe du tout« , clamait-elle lors d’une émission sur la radio publique France Inter en 1987.
Se sent-elle décalée face à un féminisme plus radical apparu au début des années 1970, aux slogans choc, dans lequel elle ne se reconnaît pas? Refuse-t-elle cette étiquette, comme toutes les autres qu’on a voulu lui coller? Le terme, en tout cas, lui déplaît, même si elle a signé en 1971 le « manifeste des 343 salopes » pour le droit à l’avortement.
« Il me semble que non, l’engagement féministe n’a pas été déterminant pour elle« , estime Aurore Turbiau, doctorante en lettres qui fait ses recherches sur les écrivains féministes. En revanche, « il a éclairé sous un nouveau jour une partie de son oeuvre« .