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Blade MC AliMbaye, ou le rap slam conscient

— Par Fara C —

blade_mr_alimbayeAvec son CD Bleu : point zéro, le rappeur afro-français dénonce l’oppression, toutes les oppressions. Sa poésie fait la peau à la médiocrité. Assurément, un disque phare de l’année.

Rappeur, auteur, compositeur, comédien, Blade MC AliMbaye envoie voltiger les p’tites cases, les p’tits calculs, les p’tits clichés. Et, avec Bleu : point zéro – Acte 1/3, il balance un grand album. Une poésie qui fait la peau à la médiocrité, une musique qui embrasse d’un même élan tradition et modernité. On l’a remarqué comme acteur dans Brooklyn, de Pascal Tessaud, rare film positif sur la banlieue, ou encore dans des créations de Montalvo, D’de Kabal, Patrick Chamoiseau… Dans le premier acte du triptyque discographique Bleu : point zéro, on perçoit la richesse de son expérience autant que l’intransigeance de son approche artistique. À la langue de Blade, qui rappe, fredonne, percute, se combine la voix grave du comédien Jean-Michel Martial, si juste dans le ton et dans le rythme. Des mots neufs, des métaphores flamboyantes, pour dire l’oppression, toutes les oppressions.

Lui, qui a « la peau corbeau » et l’âme grêlée d’ecchymoses, célèbre la négritude, Aimé Césaire, Marcus Garvey, Cheich Anta Diop, l’abbé Pierre, Sankara (« Un homme intègre peut valoir cent carats », dans « l’Ombre d’un rêve panafricain »)… Il dénonce l’hypocrisie des commémorations non suivies d’actes concrets, dénonce « les pensions miettes de pain » concédées aux tirailleurs qui ont versé leur sang pour la France…

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« L’identité, c’est la guerre », de Roger Martelli

roger_martelliEéditions Les liens qui libèrent, 205 pages, 18,50 euros.

Sur tout le continent européen, l’extrême droite a imposé l’idée que l’identité serait l’enjeu crucial des sociétés contemporaines. Le mouvement des hommes, stimulé par l’actuelle mondialisation, serait en train de bouleverser l’équilibre des cultures installées. La nation, l’Occident, la chrétienté, nous dit-on, sont menacées : il nous faut donc désormais défendre notre identité, ou la retrouver si nous estimons qu’elle est perdue. « Nous ne sommes plus chez nous » devient un credo de plus en plus lancinant. Et quand on n’est plus chez soi on finit par ne plus savoir qui on est…

La peur de l’autre est en passe de devenir le pivot exclusif de nos imaginaires. À quoi s’ajoute une autre conviction, qui veut que les sociétés occidentales soient en « état de guerre ». Le choc des civilisations opposant l’Occident et l’Islam avait été annoncé dès le début des années 1990. Après l’attentat du World Trade Centre, il est devenu une guerre contre le terrorisme, qui justifie les mesures les plus sévères, aux confins de l’état d’exception. La crainte de l’identité perdue et la hantise de la menace se conjuguent ainsi, au risque de toutes les clôtures et de tous les affrontements.

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Les Nouveaux Maîtres de la parole créole

les_nvx_maitres_parole_creoleSous la direction de Diana Ramassamy
Photographies de Anne Chopin

De génération en génération, la parole ravive le conte, le sublime, et lui permet de perdurer sans jamais s’essouffler. Les conteurs de Martinique, de Guadeloupe et de Guyane sont les témoins d’un genre littéraire toujours vivant et encore très répandu dans les sociétés créoles. S’inscrivant dans la tradition orale, le conte est un art qui mêle poésie, théâtre et un peu de magie..

Les Nouveaux Maîtres de la parole créole font écho à l’ouvrage de Raphaël Confiant, Les Maîtres de la parole créole, publié il y a une quinzaine d’années aux éditions Gallimard. Ce dernier ouvrage avait recueilli les voix de conteurs traditionnels, le plus souvent créolophones unilingues et donc peu ou pas du tout alphabétisés, La plupart d’entre eux étant à l’époque septuagénaires ou octogénaires.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle génération de conteurs qui prend la relève et assure la transmission de cette tradition. Diana Ramassamy et la photographe Anne Chopin sont allées à leur rencontre pour saisir leurs voix et leurs gestes, qui fascinent tant leur public et le transportent dans un temps hors du réel.

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« Pour la démocratie martiniquaise » : décapant, amusant et instructif

cla_3_courants_ploitiquesChristian Louise-Alexandrine, que des générations d’élèves connaissent bien pour avoir suivi des cours de Sciences Economiques et Sociales et que quiconcque s’interesse un tant soit peu à la vie politique de la Martinique connait pour ses engagements, publie une contribution au débat qui s’intitule « Pour la démocratie martiniquaise ». Après un très rapide apperçu de ce qu’a été la vie politique ces dernières années, il propose un schéma synthétique des différents positionnements possibles à partir des de ce qu’il identifie comme étant les trois courants qui structurent la vie politique du pays. Economiste de formation il reprend le célèbre schéma de Freyssinet du « halo du chômage »et substitue aux notions initiales celles d’intégrationnistes, autonomistes et indépendantistes. On obtient donc sept positionnements politiques qui vont des plus tranchés aux plus flous. Le résultat est d’autant plus intéressant qu’au-delà du positionnement individuel au moment d’aujourd’hui on peut se poser la question de ce qu’il en était lors des scrutins précédents et reconstruire ainsi un parcours poilitique.
Mais là où l’ouvrage de Christian Louise-Alexandrine devient jubilatoire c’est quand il applique ce schéma au personnel politique de la Martinique.

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Les traditions culturelles sont-elles un obstacle à l’égalité femmes/hommes ?

Vendredi 8 avril à 18h à la Maison des femmes & des hommes

tradition_&_sexisme* Quelles sont les idées et représentations des femmes et des hommes transmises dans notre culture ? objets, arts, récits, cérémonies, danses, .etc …

* L’héritage de notre passé, transmis de génération en génération, est-il encore très fort ? comment évolue t’il ?
* Trahissons-nous notre héritage en remettant en cause certaines traditions ?

Venez échanger, discuter en toute liberté et en toute simplicité dans un espace convivial, parole libre et agréable, pour évoquer nos préoccupations, nos questionnements, nos envies de comprendre et d’agir…

Ensemble nous partagerons le pot de la solidarité : ce que chacune et chacun aura amené en toute simplicité, à boire ou à manger !

SOUTENEZ-NOUS !

L’Union des Femmes de Martinique se bat au quotidien pour l’égalité, la dignité et le respect envers les femmes. Avec toute l’énergie de ses militant-es bénévoles !.
Vous partagez nos idées ? Vous pouvez adhérer à notre association (35€ pour l’année), ou nous aider en faisant un don (à partir de 35€).

Espace Jane Lero – Espace d’Ecoute, d’Information et d’Accompagnement
17 rue Lamartine – 97200 Fort de France
tél : 0596 71 26 26 – mail : u.femmesmartinique@wanadoo.fr

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La Traversée Invasion !

— Par Michèle Bigot —

la_traverseeAutour de la figure féminine noire, l’Afropéenne Eva Doumbia avec sa
compagnie La Part du Pauvre / Nina Triban, envahit le théâtre autour de
trois spectacles et trois grands textes.
Insulaires (création) de Jamaïca Kincaid, Fabienne Kanor
La vie sans fards (précédé de) Ségou d’après Maryse Condé
La grande chambre de Fabienne Kanor

L’afropéenne Eva Dumbia, metteure en scène et sa compagnie  La part du pauvre/ Nina Triban et le théâtre de la Criée à Marseille nous proposent une traversée depuis les rivages africains de Sedou jusqu’au port négrier du Havre, en passant par les Antilles. Eva Dumbia présente ici trois spectacles et cinq grands textes, qu’elle revisite, adapte ou met en scène. Il s’agit de Insulaires ou Seul l’impossible pourra m’apaiser, spectacle créé à la Criée d’après des textes de Jamaïca Kincaid et Fabienne Kanor, La Vie sans fards précédé de Ségou d’après le récit autobiographique et le roman de Maryse Condé, et enfin La Grande Chambre mise en scène d’un texte de Fabienne Kanor (A Small Place).

Les trois volets du triptyque ont en commun d’articuler des destins et des paroles de femmes Noires.

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« Feu Tante Amélie » une comédie de Dominique Eulalie

 Samedi 9 avril 2016 à 19 h au T.O.M.

pkvs_feu_tante_amelie(Téat Otonom Mawon) à la Croix-Mission Fort-de-France par la Troupe PVKS ( Pa Vini Kon Sa) de Trinité

Feu Tante Amélie une comédie en quatre actes de Dominique Eulalie à la Salle Miroir du Vert-Pré
avec Joëlle Agricole, Rose Séjean, Iris Ramathon, Marlène Martot, Hervé Poilvé, Justin Amar.

La compagnie amateure « Pa Vini Kon Sa » (PKVS) reprend « Feu Tante Amélie » qu’elle avait présentée en 2013 au Festival de Trinité et qui avait reçu deux « Sucre »  d’interprétation celui d’or et d’argent. Rappelons que ce festival était le seul en Martinique à décerner des prix avec le concours de l’usine du Galion, les fameux « Sucre » d’or, d’argent, de bronze et d’orge. La compagnie PKVS fête cette année ses dix ans d’existence. Créée au moment ou Bérard Bourdon s’éloignait de Trinité, elle a depuis initié et développé un travail de quartier avec une exigence de qualité. Chaque mois de janvier elle offre une représentation de son travail de l’année précédente aux malades hospitalisés pour une longue durée à Trinité.

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« Au temps des isles à sucre » de Patrick Baucelin : parmi les 26 meilleurs documentaires du monde entier!

au_temps_des_iles_a_sucreLe cinéaste martiniquais, Patrick Baucelin, a présenté son dernier film des Caraïbes intitulé « Au temps des isles à sucre »

Les quarante minutes du documentaire dépeignent les diverses plantations de sucre qui existaient dans les Caraïbes au temps de l’esclavage, ainsi que la vie des esclaves sur les plantations.

Ce film, qui a été présenté à Roseau au bureau du Comité  du Festival de la Dominique  le mardi 29 Mars 2016, fait partie d’un ensemble que Patrick Baucelin consacre à la Caraïbe.

Prenant la parole lors du lancement du film, Patrick Baucelin il a déclaré:  » «Mon travail ne se fait pas dans une optique commerciale parce que je pense que cela est très important pour les jeunes et les gens des Caraïbes en général et dans le monde de connaître l’histoire« .

Et c’est avec une certaine fierté justifié qu’il ajoute : « Ce documentaire a été nominé au Festival du film de New York et a nommé à Hollywood comme l’un des 26 meilleurs documentaires du monde entier. »

Le documentaire rappelle que les Portugais ont établi plusieurs usines à sucre dans la CaraIbe et présente les différents moulins à sucre, moulins à vent qui existaient autrefois, notamment à la Barbade,  Saint-Kitts, St Croix, Antigua, Guadeloupe, Marie Galante, et un moulin à eau en Dominique.

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A la Nuit Debout, la jeunesse s’est «conscientisée»

nuit_debout

REPORTAGE – Depuis jeudi dernier, les manifestants contre la loi Travail passent une partie de la nuit à République. Près des bougies laissées en mémoire des attentats, ils s’organisent avec le carré rouge en feutrine comme emblème.

Hier soir place de la République à Paris, ils étaient environ un millier à s’être rassemblé pour une nouvelle #NuitDebout, mouvement né au soir du 31 mars pour continuer la lutte contre la loi El Khomri. En l’occurence, ils étaient assis en assemblée générale pour écouter attentivement une bonne partie de la soirée les différents membres des commissions qui se sont créées depuis jeudi, et voter les résolutions à main levée. Des mesures terre à terre comme «Délocaliser la bouffe» (faire partir les vendeurs de merguez), «ne plus vendre d’alcool», «organiser le service sérénité de nuit» (un service de sécurité pour ceux qui dorment sur place) côtoient des plus ambitieuses comme: «écrire la Constitution de la République sociale», «demander un référendum sur les traités européens», ou carrément «détruire le capitalisme»!

REPORTAGE – Depuis jeudi dernier, les manifestants contre la loi Travail passent une partie de la nuit à République.

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Et voilà Laurence Rossignol !

— Par Gilbert Pago —

laurence_rossignol-2Laurence Rossignol ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes juge utile de répondre à une interview sur les vêtements de mode islamique mis en vente par des grandes marques européennes. Nous n’avons pas à redire de son droit de s’exprimer encore qu’il existe en ce temps de crise sociale et de matraquage du droit du travail, des thèmes bien plus immédiats à aborder dans les atteintes aux droits des femmes.

Elle monte en première ligne contre les longues robes, le voile, les foulards, le burkini, en justifiant cela par le refus « du contrôle social sur les corps des femmes » et la dénonciation de « l’enfermement du corps des femmes ». Elle veut nous faire accroire que ce sont dans leurs habits que les « franco-musulmanes » (sic !) font le plus de mal à la cause féministe dans ce monde qu’elle et son gouvernement livrent à la sujétion du capitalisme mais aussi dans bien des aspects au patriarcat.

L’interviewer l’interroge alors sur les femmes qui choisissent seule de porter le voile, Laurence Rossignol s’insurge : « Il y avait aussi des nègres afric… et des nègres américains qui étaient pour l’esclavage… ».

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Le procès du coq de Ti Sonson, Cocorico!

 Au T.A.C. le 9 avril 2016 à 19h 30

proces_coq_ti-sonson— Par Christian Antourel —

A la manière du Théâtre de boulevard, image à peine grossi d’une entreprise de pur divertissement, avec une dimension littéraire et esthétique bien déterminée pour une critique sociale réinventée.

Puisque les spectateurs ont aimé et en redemandent la troupe « Sa Se Nou » propose donc une nouvelle mouture revue et corrigée de ce spectacle joué en 2011 dans la plus pure tradition du théâtre populaire martiniquais. A peine rentré au pays, de métropole où il a vécu plusieurs année d’une longue carrière ; Ti-Sonson s’occupe d’élever des coqs de combat. Sa voisine de son coté élève des poules « bien éduquées » dont elle prend soin comme de ses propres filles. Elle refuse catégoriquement les germes des coqs dans les œufs de ses poules. Le tribunal jugera un procès humoristique, avec des rebondissements en cascades et malentendus qui rythment la pièce d’une agitation burlesque. Rire et humour seront au programme et s’enchaineront sans répit pour les spectateurs. Ici l’homme tranquille, dans un monde du bon sens se retrouve dans la personne du brave Ti-Sonson, l’exact contraire de la dame aux poules imbue de sa personne et fière de ses poules.

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« Un long silence », histoire d’une fratrie dépossédée

— Par Marie-Laure Delorme —
gilmore_un_lg_silenceIl y a quarante ans, Gary Gilmore devenait l’un des condamnés à mort les plus célèbres des États-Unis. Une occasion de redécouvrir les Mémoires de son frère, chef-d’œuvre de la non-fiction.

L’histoire a fait les gros titres, partout dans le monde, durant plusieurs mois. Un Américain de 35 ans, Gary Gilmore, a assassiné dans l’Utah deux jeunes mormons durant deux nuits consécutives de juillet 1976. La Cour suprême des États-Unis venait alors d’ouvrir la voie au rétablissement de la peine capitale et l’Utah de la restaurer. Gary Gilmore est la première personne, depuis dix ans, à subir la peine de mort. Il a volontairement mis fin à ses recours judiciaires. Le débat a enflammé le pays : un condamné exigeait d’être exécuté sans attendre.

Le romancier ­Norman Mailer racontera l’histoire, dans Le Chant du bourreau en 1979, de sa libération en 1976 à son exécution en 1977. Le benjamin de la fratrie, Mikal Gilmore, a écrit Un long silence (Sonatine, 2011) de février à octobre 1993. Il cherche à répondre à une question : pourquoi et comment son frère est-il devenu un meurtrier?

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Mésiézédanm bien bonswè !

— Par Roger EBION, lors de la soirée d’ouverture des Rencontres pour le lendemain —monchoachi-2

« Le poète est celui qui par la parole, les mots, déploie le monde dans sa présence et nous le rend proche. S’ouvrir au monde, ce n’est pas comme on veut le faire croire, s’ouvrir aux quatre coins de la planète : le monde est là où nous sommes, et s’ouvrir au monde, c’est s’ouvrir à sa présence ici et maintenant. Je ne vois pas d’autre façon que celle-là d’aller sur le chemin de la poésie. »

Mi sa Monchoachi di adan « Lakouzémi retour à la parole sauvage, page 11, novembre 2008 ». É sé pou sa, mwen la, pou di poutji poézi Monchoachi, sé sa i di nou a. Pou mwen poézi sé sa.

Mwen ba zot pawol Monchoachi pou zot konprann sé poézi ki fè mwen isi-a oswè-a … Anlè chimen poézi Monchoachi, i ni Lémistè ki paret lanné 2012. Daprè mwen, pa ni anpil matinitjé ki sav i paret, ek sel an ti lech moun li déotwa mòso adan. Moun andéwò pran wotè travay Monchaochi.

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En Guyane, la descente aux enfers d’une prison ingérable

— Par Michaël Hajdenberg —
prison_guyaneLa Guyane abrite une prison hors de contrôle. Homicides réguliers, tabassages de détenus, mutineries et surveillants en roue libre accusant le directeur de l’établissement de néocolonialisme : Mediapart a eu accès à un rapport d’inspection des services judiciaires qui décrit un cocktail explosif.
Cette prison est une poudrière. À Rémire-Montjoly (Guyane), la violence entre détenus dépasse ce que peuvent connaître les autres établissements de France. En quelques mois, en août et février derniers, deux détenus sont morts, tués par des codétenus.

Mais ce n’est pas tout : le directeur de la prison, qui va être muté, a dû faire face à une mutinerie ainsi qu’aux accusations d’une violence inouïe portées par des surveillants à son encontre, notamment de néocolonialisme. Quant aux relations entre surveillants et détenus, elles sont tantôt empreintes d’une grande violence, dont la justice a été saisie à la suite de tabassages, tantôt marquées par une grande proximité, amicale ou familiale, qui permet toutes les dérives. Mediapart a eu accès à un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires, qui livre un état des lieux dramatique.

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La révolution Dada a 100 ans et toutes ses dents

— Par Jean-Jacques Régibier —

C’est en février 1916, en violente réaction contre les horreurs de la guerre, que surgit dans un cabaret de Zurich le mouvement Dada. Internationaliste dès son origine – des dizaines d’artistes du monde entier y participeront – le dadaïsme s’affiche d’emblée comme une contestation radicale de toute la culture dominante jugée complice du massacre, mais aussi de tout l’ordre social qui l’a rendu possible. Il inspirera de nombreux courants artistiques du XXème siècle, comme le surréalisme et le Pop Art. Toute l’année, la ville de Zurich fête la révolution Dada.

Faut-il n’y voir qu’une coïncidence ? C’est dans la même rue malfamée du vieux Zurich que des artistes exilés fondèrent le mouvement Dada, à quelques mètres seulement de l’appartement où avait trouvé refuge, au même moment, un autre exilé qui allait lui aussi devenir célèbre, Lénine. Un des fondateurs de Dada, Marcel Jacno, se souvient même l’avoir vu dans le cabaret improvisé qui servira de base au groupe : « Dans la fumée épaisse, au milieu du bruit des déclamations ou d’une chanson populaire, il y eut des apparitions soudaines comme celle de l’impressionnante figure mongole de Lénine, encadré d’un groupe.

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Seydou Keita dans la lumière du Grand Palais

— Par Alexis Campion —
seydou_keita_photosLe photographe malien Seydou Keita, célèbre pour ses portraits noir et blanc réalisés avant l’indépendance de son pays, est exposé aux Galeries nationales. Une première.

« C’est la première fois que le Grand Palais consacre un photographe africain. Seydou Keïta représente une génération élevée sous la colonisation et faisant le lien avec l’indépendance. » Pour Yves Aupetitallot, commissaire général de la rétrospective Seydou Keïta, pas de doute, l’exposition qui s’ouvre au Grand Palais, à Paris, a une valeur symbolique forte car elle rend hommage non seulement à un grand artiste, mais à celui qui fut un pionnier de l’art photographique de son pays, le Mali, avant même l’indépendance, en 1960.
« Seydou était un parfait businessman »

Les oeuvres montrées, pas moins de 300 photographies en tout, parmi lesquelles ses clichés les plus anciens et les plus rares, reflètent une période tout à fait singulière dans l’Afrique de l’Ouest, courant de 1948 à 1959, parcourant ainsi les dernières années de la domination coloniale française. Sous forme de portraits posés, très nets et cadrés avec le plus grand soin, ces images révèlent les multiples visages et aspirations d’une population désireuse de se montrer prospère, élégante, moderne et pourquoi pas bourgeoise.

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« 37% des natifs des Dom vivant en métropole disent ne pas être vus comme des Français à part entière »

— Propos recueillis par Max Pierre-Fanfan —

domiensL’enquête de l’INED, « Trajectoires et origines » mesure pour la première fois les discriminations et racisme dont sont victimes les « Domiens » et leurs descendants vivant dans l’Hexagone.

Quelle est la composition du panel des « Domiens » (terme employé par les experts de l’INED pour désigner les populations venant de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, la Réunion) interrogés dans le cadre de l’enquête TeO?

Jean-Luc Primon: Il ne s’agit pas exactement d’un panel, en ce sens que nous ne suivons pas une cohorte sur plusieurs années qui serait interrogée périodiquement. Il est plutôt question d’un échantillon de natifs vivant en métropole. Ces groupes n’ont été interrogés qu’une seule fois, fin 2008. Au total, 650 descendants ayant au moins un parent nés dans les départements de l’outre-mer(DOM sans Mayotte) et 700 natifs ont été enquêtés.

Quel l’objectif de cette enquête? En quelle année a-t-elle été publiée?

Stéphanie Condon: L’enquête TeO est thématique (école, emploi, logement, famille, etc.). Elle est représentative de la population générale de France métropolitaine mais qui s’intéresse plus particulièrement aux trajectoires et aux conditions de vie des immigrés et de leurs descendants ainsi qu’aux natifs des DOM de métropole et à leurs descendants.

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Merci Madame la Ministre pour votre colère à propos de la mode islamique !

mode_islamiqueLettre ouverte à Madame Laurence Rossignol

Les associations signataires se réjouissent que vous ayez réagi avec force et indignation face à la banalisation du port du voile islamique, qui veut se faire beau et élégant à travers des défilés de mode visant un immense et juteux marché mondial.
L’image qui vous est venue à l’esprit est celle de l’esclavage, car c’est bien ce que symbolise le voile, par l’invisibilité, paradoxalement voyante, du corps des femmes dans l’espace public. Une sorte de rappel humiliant de la claustration des femmes, une façon d’afficher la ségrégation entre les sexes.
Ni l’élégance, ni la couleur, ni la taille, ni la richesse des tissus, ni leur texture, ne sauraient changer le sens de ce symbole..
Les sociétés humaines sont construites sur des symboles : le drapeau, l’hymne, le patronyme, la grammaire…

Le système patriarcal se reproduit à travers certains d’entre eux. Nous devons savoir les reconnaitre. Ce combat-là n’est pas secondaire. Hélas, les opprimé.e.s, sont souvent les complices de cette perpétuation.
Vous avez eu raison, en tant que Ministre des droits des femmes, de vous indigner.

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Appels & SMS : suppression des frais d’itinérance vers la France le 30/04/2016

 itinerance-2La réforme a été adoptée en octobre 2015, dans le projet de loi relatif à la modernisation du droit de l’Outre-Mer.

Initialement, les frais devaient disparaître au 1er janvier 2016 mais, comme toujours, le gouvernement a accepté la demande des opérateurs : la date a été repoussée au 1er mai 2016.
Il faudra donc attendre encore un peu pour ne plus avoir à payer plus, mais c’est déjà ça.
Toutefois, attention : le roaming (frais d’itinérance) ne sera supprimé que pour les appels et les SMS.

Or la quasi totalité des forfaits mobiles incluent la possibilité d’un volume de téléchargement permettant d’aller sur internet pour faire une recherche sur Google, consulter ses mails, regarder une vidéo… Le terme « data » signifie en anglais « données » et les forfaits data précisent donc  le volume maximal de données que l’on peut télécharger. Petit cadeau supplémentaire aux opérateurs le gouvernement n’a pas prévu d’inclure dans le régime transitoire du 30 avril 2016 les données téléchargées ( data).

Pour ces données internet ( data, en 3G ou 4G), les frais d’itinérance resteront donc en vigueur.

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Les gens ordinaires, les vulgaires et les voyous, les extraordinaires ou les inaccoutumés

— Par Pierre Pastel —

gens_extra« Quand le luscinia et des millions,
voire des milliards de prétentieux comme lui,
à travers le monde, dérapent par réflexes conditionnés,
leurs trilles ne sauraient être des calmants antidouleur. »

 

Les gens ordinaires

L’écrasante majorité de nos contemporains sont des gens ordinaires.

Ils pensent pour eux-mêmes, pour leurs intérêts. Ils boivent, mangent, rient, pleurent. Ils disent la vérité, ils sont sincères, ils mentent. Ils cherchent à vivre, à bien vivre. Ils savent qu’ils ne sont pas seuls sur l’échiquier de la vie, ils essaient de faire attention aux autres, ni plus ni moins. Autant que faire se peut, ils évitent de ne pas trop incommoder le monde autour d’eux, ils respectent ou ne respectent pas les lois. Ils se marient, divorcent, restent d’éternels célibataires. Ils sont bons ici, méchants là, égoïstes par ici, altruistes par-là. Ils sont courageux, lâches, volontaires. Ils couvrent une vie affective équilibrée, débridée, ou terne. Ils sont cultivés, incultes, glandeurs, resquilleurs, fainéants, travailleurs, voleurs, protecteurs, consciencieux. Respectueux, impertinents, honnêtes, riches, moins riches, pauvres ils le sont aussi. Ils sont aigris, ils s’amusent, ils sont dépressifs, joyeux, sereins, discrets, taquins, jaloux, manipulateurs, ils le sont encore… Bref, il faudrait toute une vie pour décrire les gens ordinaires, disons qu’ils sont comme nous, vous et moi, des êtres communs.

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A Paris, la première «Nuit debout» tient jusqu’au petit matin

« Rester debout » : c’est le mot d’ordre qui a conduit des milliers de personnes à rejoindre la place de la République à l’issue de la manifestation du 31 mars contre la loi travail. Délogés par la police à 5h du matin, ils sont revenus en nombre ce vendredi soir pour jeter les bases d’un mouvement citoyen profond et durable de résistance aux attaques contre les droits de salariés.

Le collectif « Convergences des luttes » à l’origine de cette initiative, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes jusqu’au petit matin place de la République à Paris, a appelé à renouveler l’opération ce vendredi soir.

Jeudi, à l’issue de la manifestation parisienne, plusieurs centaines de personnes avaient rallié la place de la République pour prolonger le mouvement, « résister et créer », autour notamment d’une assemblée citoyenne, de débats et de concerts.

Les derniers irréductibles ont été « invités à quitter les lieux » vers 05H00, selon la source policière. Cette opération « Nuit Debout » s’est déroulée dans une vingtaine de villes en France.

L’occupation de la place de la République doit durer jusqu’à samedi, en vertu d’une autorisation en préfecture qui la protège théoriquement d’une intervention de la police.

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Le poisson d’avril

poisson_avrilLes origines du poisson d’avril restent obscures mais la tradition festive de personnes qui sont l’objet de farces ou de satires existe dans plusieurs cultures depuis l’Antiquité et le Moyen Âge : fêtes religieuses romaines des Hilaria célébrées le 25 mars ; la Holi, fête des couleurs hindouiste ; Sizdah bedar, fête persane ; Pourim, fête juive ; fête des Fous médiévale en Europe.
Un poisson d’avril très élaboré à Copenhague en 2001.

Les écrits folkloristes proposent de nombreuses origines mais il ne s’agit que de « vagues conjectures ».
Une première explication relie le poisson d’avril à la Pâques qui marque la fin du jeûne du carême, le poisson prenant une place alimentaire importante à cette période. De plus, l’ichthus chrétien, symbole graphique représentant un poisson, est un acronyme du nom de Jésus utilisé du Ier siècle au IVe siècle et le mot poisson serait une corruption du mot Passion.

Une autre hypothèse, couramment reprise par les médias, relie la date du 1er avril à la réforme calendaire au XVIe siècle. Au Moyen-Âge, dans plusieurs villes et régions européennes, l’année commençait à des dates variées (Noël, 1er mars, 25 mars) et correspondait selon le calendrier julien au Jour de l’an.

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Question publique à la ministre Rossignol

— Par Ali Babar Kenjah —

le_negre_vs_enmerdeC’est le blanc qui crée le nègre.
Mais c’est le nègre qui crée la négritude.
A l’offensive colonialiste autour du voile,
le colonisé oppose le culte du voile.
Frantz FANON, L’Algérie se dévoile, 1959

Madame la ministre,

Sachez Madame qu’il y a des mots que l’honneur et la décence vous interdisent. Que le verdict de l’Histoire a scellé la honteuse ignominie de toute bouche de domination proférant le mot nègre. Vous avez parlé comme parlent les colons des Antilles, comme parlaient les colons en Algérie. Vos mots sont parole d’État, d’un État qui mène la guerre à une partie de sa population. Sachez, Madame, que la seule légitimité du mot nègre, sa seule humanité, appartient à ceux qui ont retourné l’offense et le sang en négritude.

Sachez Madame que la simple expérience de vivre dans un quartier populaire suffit à dénoncer la volonté de nuisance et la délation pernicieuse de votre entreprise de ségrégation. Que vos propos constituent une insulte de plus à ces milliers de femmes voilées d’origine maghrébine, africaine ou européenne qui apportent la vie et la joie dans nos quartiers, qui incarnent le dévouement et la solidarité pour les plus précaires… qui sont l’âme, la main et le cœur d’un tissus associatif qui maintient la société là où ceux de votre société ne vivent plus…

Sachez, Madame, que le rôle que vous jouez en agitant vos fantasmes coloniaux, a déjà été, dans notre histoire, interprété par d’autres sur lesquels la morale universelle a ensuite craché avec mépris.

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Certaines causes portent en elles l’épreuve de vérité…

… sur ce que valent les valeurs qui nous relient.

taubira_chris— Par Christiane Taubira —

Il est des annonces qui, plus que les couleurs et saveurs printanières, promettent, pardon, permettent de retrouver l’urgence des combats qui vaillent. Maintenant que se ferme la parenthèse d’un douloureux égarement, que la Constitution va demeurer la résidence de nos valeurs, des principes qui régissent la République, des symboles qui nous font tenir ensemble, de nos droits et de nos libertés imprescriptibles, des règles qui s’imposent à chacun d’entre nous pour rendre possible la vie commune, bref maintenant que la Loi fondamentale redevient le cadre de notre appartenance, nous revoilà libres ensemble. Libres de renouer avec la Politique d’abord, cette obligation et cette ardeur à penser la manière de partager un destin. Renouer avec la Gauche ensuite, autour de cette idée extraordinairement moderne de l’égalité, de l’exigence d’une citoyenneté accomplie, d’où découlent nos libertés, nos droits, nos obligations. Renouer aussi avec ce qui fait la force de la France, par ses terroirs qui attestent un génie millénaire dans la vie matérielle comme dans la créativité immatérielle à travers ses langues, ses musiques, chants et danses, ses spécialités et sa gastronomie, ses architectures, ses arts, ses artisanats… Avec cette force aussi qu’elle tient de celles et ceux qui lui offrent sa présence dans le monde, sa présence au monde.

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Réforme constitutionnelle : amère victoire !

ref_constituLe président de la République feint de découvrir aujourd’hui l’échec cuisant de la réforme constitutionnelle. Il en profite subrepticement pour jeter le bébé -l’indépendance de la justice – avec l’eau saumâtre du bain sécuritaire : l’état d’urgence et la déchéance de nationalité.

A grand renfort de communication, le président de la République annonce la fin du processus constitutionnel. Sa posture victimaire ne trompera personne : l’échec était inévitable tant le projet constitutionnel dit de protection de la nation portait atteinte à nos principes démocratiques.

La déchéance de nationalité, jadis obsession de la droite décomplexée, était une réponse honteuse aux dramatiques attentats de novembre 2015. Révélant les failles idéologiques d’une partie de la représentation nationale, prompte à jongler avec la nationalité et l’apatridie, cette mesure inefficace et stigmatisante n’a pas résisté à une opposition déterminée.
La constitutionnalisation de l’état d’urgence, combattue ardemment par citoyens, militants et juristes, en a heureusement fait les frais. Le gouvernement est freiné dans sa fuite en avant sécuritaire : l’enracinement de cet état d’exception dans notre constitution aurait porté un coup supplémentaire à l’Etat de droit.

Le retrait est salutaire mais ne doit pas faire illusion : il ne signe pas la fin de l’érosion des libertés, qui se joue en catimini dans les débats parlementaires expédiés sur le projet de loi Urvoas « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement, et améliorant l’efficacité et les garanties de la procédure pénale », qui introduit dans le droit commun assignations à résidence et retenues administratives directement inspirées de l’état d’urgence.

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