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« Nous construisons avec toutes ces lois sécuritaires les outils de notre asservissement de demain »

Dans un entretien au « Monde », l’avocat Patrice Spinosi dénonce une accumulation sans précédent de mesures sécuritaires et un déséquilibre institutionnel.

— Propos recueillis par Jean-Baptiste Jacquin —

Avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation, Me Patrice Spinosi dénonce une accumulation sans précédent de mesures sécuritaires. Il y voit un point de bascule menaçant l’équilibre démocratique. Selon lui, « un Trump à la française » élu en 2022 aurait à sa disposition, sans avoir besoin de changer la loi, « tous les outils juridiques lui permettant de surveiller la population et de contrôler ses opposants politiques ».

Depuis le traumatisme de l’élection présidentielle de 2002, tous les gouvernements ont fait voter des lois sécuritaires. En quoi estimez-vous la situation différente aujourd’hui ?

Nous avons atteint un point de bascule pour deux raisons. D’abord, depuis la rentrée, on observe une inflation sans précédent de législations sécuritaires avec le schéma national de maintien de l’ordre, le renouvellement de l’état d’urgence sanitaire, les projets de loi sur le séparatisme et la sécurité globale. Ensuite, en raison du confinement, les Français touchent du doigt la réalité quotidienne des restrictions de liberté.

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« On a oublié le rôle de l’humiliation dans l’Histoire », par Olivier Abel

TRIBUNE. Pour le philosophe, « en sacralisant les caricatures, nous sommes devenus incapables de percevoir ce que les Grecs anciens désignaient par le tragique ».

— Par Olivier Abel (Philosophe) —

(Arrestations à Mantes-la-Jolie, face au lycée Saint-Exupéry (DR))

Quel rapport entre les crimes abjects des djihadistes, le danger que représentent à certains égards les « réseaux sociaux » pour la démocratie et la civilité, la question de la liberté d’expression et du blasphème, le durcissement quasi-guerrier de la laïcité, les gilets jaunes, les majorités dangereuses qui ont porté Trump ou Erdogan au pouvoir, et qui poussent à nos portes ? Nous ne comprenons pas ce qui nous arrive, ces colères qui montent en miroir sans plus rien chercher à comprendre, nous ne savons et sentons plus ce que nous faisons. Je voudrais proposer ici une hypothèse.

Nous avons globalement fait fausse route. Le drame des caricatures n’est que la partie visible d’un énorme problème. Nous nous sommes enfoncés dans le déni de l’humiliation, de son importance, de sa gravité, de son existence même. Nous sommes sensibles aux violences, comme aux inégalités, mais insensibles à l’humiliation qui les empoisonne.

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« Solitude la flamboyante » de Paula Anacaona

Découvrez l’histoire de Solitude, héroïne de la lutte contre l’esclavage 

Années 1780, Guadeloupe. La jeune métisse Solitude est demoiselle de compagnie. Relativement favorisée, elle ne remet pas en question l’ordre colonial et esclavagiste jusqu’à ce que des rencontres décisives lui fassent rejoindre la lutte pour l’abolition de l’esclavage.
Car un vent de révolte souffle dans les Caraïbes… Entre les Neg’ Marrons qui s’enfuient et s’organisent collectivement, les insurgés de Saint-Domingue, et la Révolution en France, l’Histoire est en marche. En 1789, tous les hommes sont proclamés libres et égaux en droits. Mais la France des Lumières oublie une partie de l’humanité : dans les colonies, l’esclavage est maintenu… Solitude se bat pour la liberté générale avec ses sœurs et frères révolutionnaires, avec succès : l’esclavage est enfin aboli en 1794. Mais l’euphorie est de courte durée. Lassée de la violence de cette société prédatrice et exploitatrice, Solitude crée alors une communauté utopiste clandestine, basée sur la sororité et l’entraide – qui ne survivra cependant pas au rétablissement de l’esclavage par Bonaparte en 1802.
Librement inspiré de la vie de cette grande héroïne guadeloupéenne, ce roman révèle une Solitude bienveillante et généreuse.

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« Les mille et une nuits » par la Compagnie Tabasco

Les 1001 nuitsS’inspirant d’un des contes des Mille et une Nuits, la Compagnie Tabasco nous raconte avec humour l’histoire d’une famille sur trois générations.
Dans ce spectacle éminemment visuel, les personnages sont incarnés tour à tour par les trois comédiens, des marionnettes ou des ombres.
La magie du conte réenchante notre vision de l’Orient et y rapporte imaginaire et merveilleux.
Au rythme de sonorités orientales interprétées à l’accordéon, le réel se mêle au fantastique pour créer un univers à la fois burlesque et poétique.
 » Drôle, absurde et poétique, cette adaptation est une véritable réussite !  »
– Eklektike –
+ Bande annonce : https://vimeo.com/273194899
+ Site de la compagnie : https://www.compagnietabasco.com

La presse en parle :

EKLEKTIKE :  » Drôle, absurde et poétique, cette adaptation est une véritable réussite !  »
LA CRITIQUERIE :  » Une création raffinée qui fait vivre le Moyen-Orient d’antan. »
ARTISTIKREZO :  » Le réel se mêle au fantastique pour créer un univers à la fois burlesque et poétique. »
LA GALERIE DU SPECTACLE :  » Les comédiens filent la légende, sans oublier jamais de nous dire qu’elle nous touche, nous qui sommes de l’ici et du maintenant. 

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Confinement : ce qu’il faut retenir des nouvelles mesures pour lutter contre le Covid-19 à la Martinique

Sans grandes annonces, Stanislas Cazelles a précisé, ce mercredi 25 novembre, les grandes orientations déjà énoncées la veille, dont la principale, la réouverture des petits commerces. Le prochain rendez-vous est fixé à dans 15 jours.

Après le statu quo annoncé vendredi, Stanislas Cazelles a confirmé, ce mercredi, le discours du président de la République et les annonces tardives des ministres (Santé et Outre-Mer), sur la réouverture des commerces.

Dès aujourd’hui, les commerces dits non essentiels ont ainsi pu rouvrir leurs portes, sous réserve d’appliquer le protocole sanitaire demandé. Le préfet a ainsi précisé que la nouvelle jauge pour accueillir le public est fixée à 8m2 par client. « Si vraiment ils sont trop petits, nous étudierons les choses pour que ces établissements puissent quand même accueillir du public.

En gros, a résumé Stanislas Cazelles, « toutes les activités avec masques sont ouvertes et celles sans masque, seront fermées : débits de boissons, restaurants, salles de sport… La seule grosse différence avec l’Hexagone, c’est qu’une clause de revoyure a été fixée à dans 15 jours. Si la baisse de l’épidémie continue, ces mesures restrictives pourraient être levées, voir allégées.

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Harcèlements, insultes, humiliations, coups, agressions, viols, féminicides : Nou Ni Asé !

Nous les dénoncerons tant qu’il le faudra !

Novembre 2020 a marqué hélas le 30e féminicide en Martinique depuis 1998 : le 9 novembre, Camille était tuée d’un coup de fusil chez nous. Nous voulons dédier cette journée du 25 novembre 2020 :

à toutes les femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint (30 depuis 1998… et toutes celles d’avant…) ;

à toutes les survivantes passées et présentes de ces violences, et souvent cumulées (coups, mépris, brimades, menaces, harcèlement physique, téléphonique, sexuel, viol, destructions de biens, isolement, dépendance économique …) ;

qui ont dû dépenser tant d’énergie pour sortir de ces terribles situations de domination, d’emprise, et se sauvegarder elles et leurs enfants ; qui luttent chaque jour pour préserver leur dignité et faire face comme elles le peuvent avec le souhait de s’en sortir…

Notre solidarité et notre empathie collectives et citoyennes doivent se poursuivre résolument !

Les chiffres de l’enquête Virage1 en Martinique sont terribles :

1 femme/5 victime de violences conjugales ;

Plus d’1 femme/4 victime de violences au travail ;

1 femme/10 dans l’espace public ;

8 % des femmes ont vécu des violences simultanément dans leur couple, au travail, dans l’espace public.

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« Nous, féministes universalistes et laïques »

« Nous appelons à lutter sans relâche pour l’éradication des violences à l’encontre des femmes et pour l’égalité des droits« 

— Par Tribune collective —

À l’occasion du 25 novembre, Journée Internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, plusieurs féministes universalistes et laïques françaises, belges et québécoises dénoncent les violences, notamment religieuses, qui pèsent sur les femmes.

Les limitations du droit à l’avortement en Pologne, suivies des imposantes manifestations du mouvement « Grève nationale des femmes » pour rejeter cette énième tentative de restriction qui concerne, cette fois-ci, de graves malformations de l’embryon, illustrent bien l’intensité du combat des femmes en Europe et dans le monde. Ceci est encore plus vrai avec l’héritage laissé par Donald Trump aux États-Unis. D’un côté, des ultrareligieux portés par des courants politiques conservateurs ou d’extrême droite qui prennent les femmes en otage, quitte à fermer les yeux sur les drames des avortements clandestins, et de l’autre côté, une société en mouvement, libre, faisant preuve comme en Pologne d’un courage et d’une ténacité exemplaires qui ne se laisse rien imposer. Lorsque le parlement est bloqué, les femmes investissent la rue.

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«Résidences d’Artistes à la Maison», visite de l’atelier de Natusha Croes (ARUBA)

Une des jeunes artistes lauréates de la bourse CATAPULT – SHAR.

— Par Matilde dos Santos, historienne, critique d’art et curateur indépendant —

Consciente de l’impact de la COVID-19 sur le secteur des arts, l’Open Society Fondation a octroyé un fonds de 320 000 USD à l’American Friends of Jamaica, en collaboration avec Kingston Creative et The Fresh Milk Art Plateform, afin d’apporter un soutien aux artistes, créatifs et praticiens culturels de la région des Caraïbes.  Ces fonds constituent le programme CATAPULT qui, à travers six différentes initiatives, fournit directement, pendant cinq mois, un soutien financier à plus de 1000 artistes caribéens travaillant sur les thèmes de la culture, des droits de l’homme, du genre, des LGBTQIA + et de la justice climatique.

Une de ces initiatives est la Résidence d’artiste à la maison (Stay at Home Art Residency – SHAR). Ce sont vingt-quatre artistes lauréats, sur treize territoires distincts, touchant les quatre aires linguistiques de la région (Anglais, Espagnol, Français et Néerlandais). J’ai eu l’honneur de faire partie des curateurs-visitants pour six des artistes en résidence.

Ma première visite virtuelle était dans l’atelier de l’artiste Natusha Croes.

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Non au masque de la censure sur les violences policières !

Déclaration

La loi visant en fait à interdire de filmer les violences policières fait l’objet d’une vive et légitime opposition en France. À dire vrai, si l’article le plus contesté de ce projet de loi entrait dans les faits ce serait, même avec les amendements tactiques discutés, l’une des atteintes aux libertés les plus graves depuis la guerre d’Algérie.

Cette loi a une apparence. Elle serait une mesure destinée à protéger les membres des forces de l’ordre des appels à la vindicte populaire.

Elle a une réalité plus sinistre. Empêcher la diffusion de vidéos sur des violences policières qui n’ont cessé d’émailler les derniers mois dans l’hexagone comme aux colonies.

Dans ces dernières, il est de notoriété publique que la lumière jetée sur les méfaits de la répression est l’instrument principal de lutte contre l’impunité qui a trop souvent bénéficié à leurs auteurs.

L’hypocrisie de l’argument officiel n’a échappé à personne. L’arsenal juridique permettant de punir les éventuelles mises en danger de l’intégrité des policiers est trop abondant pour qu’on puisse croire à la nécessité de le compléter.

Sortir de la vue de la population les hauts faits de la répression, réduire à néant les affaires de brutalités contre Keziah, les gilets jaunes éborgnés leurs mains arrachées, les Adama Traore et Chouviat torturés à mort : tel est le but poursuivi.

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Le Tricentenaire du rattachement des Antilles à la France 1935-1936, ou le triomphe de l’assimilation

— Par Christelle Lozère, Maître de conférences en Histoire de l’Art —

D’octobre 1935 à mars 1936, les Antilles françaises commémorent les trois cents ans de leurs rattachements à la France1. Le Tricentenaire s’inscrit dans la logique de la propagande assimilationniste des « vieilles colonies » marquant ainsi de manière spectaculaire et festive leurs appartenances à la Mère Patrie. La célébration est initiée par Henry Bérenger (1867-1952), ambassadeur de France et sénateur de la Guadeloupe au côté de Gratien Candace (1873-1953), député de la Guadeloupe ou encore Henry Lémery (1874-1972), sénateur de la Martinique. Une délégation, dirigée par le bordelais Albert Sarraut (1872-1962), ancien ministre des Colonies, se rend depuis le Havre, à bord du paquebot « Le Colombie », dans la Caraïbe francophone – Martinique, Guadeloupe, Haïti – pour officialiser les festivités. Des manifestations sont célébrées pour l’occasion partout dans l’hexagone, particulièrement dans la Capitale (Bibliothèque Nationale, Musée de la France d’outre-mer, Opéra) ainsi que dans les principaux ports français dont l’histoire coloniale avec les Antilles est alors revendiquée.

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L’aménagement simultané du créole et du français en Haïti

Une perspective constitutionnelle et rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), la perspective de l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique national, est largement soutenue par nos interlocuteurs, y compris par des enseignants de disciplines diverses oeuvrant dans le système éducatif national ainsi que par nombre de défenseurs non sectaires du créole. Toutefois, nos fréquents échanges avec des interlocuteurs d’horizons divers ont montré, au fil des ans, que la question centrale de l’aménagement linguistique au pays est diversement comprise et qu’elle mérite un constant éclairage, un plaidoyer rassembleur réitéré pour mieux en situer les enjeux et le rôle central que l’État et la société civile sont appelés à jouer dans ce domaine. Il faut donc en amont prendre toute la mesure que l’aménagement linguistique, qui doit être mis en œuvre au périmètre des droits linguistiques de l’ensemble des locuteurs en Haïti, concerne à la fois les individus qui en seront les bénéficiaires (défenseurs des droits humains, juristes, agriculteurs, entrepreneurs, journalistes, enseignants, politologues, magistrats, etc.)

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Les impasses des lendemains de l’abolition de l’esclavage.

— Par Marcel Luccin —

J’habite une blessure sacrée
J’habite des ancêtres imaginaires
J’habite un vouloir obscur
J’habite un long silence
J’habite une soif irrémédiable
J’habite un voyage de mille ans
J’habite une guerre de trois cents ans…

(Aimé Césaire).

Au début c’était l’entassement dans les cales des bateaux négriers pour des voyages du « non-retour ». C’était les préliminaires d’une vie de privations qui faisaient la part belle aux violences, à la terreur dans le sang et les pleurs pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants. C’était aussi le début d’une guerre de plusieurs siècles, envisagée sous l’angle économique, mettant en scène des guerriers armés de flèches végétales pour les uns et de poudre à canon pour les autres. Évidemment, les esclaves, les vaincus ne devaient avoir ni la possibilité de penser, ni de se gouverner eux-mêmes. Curieusement, les barbaries de cette guerre d’un genre particulier sont peu connues des citoyens communs et relativement débattues au sein des institutions de la République. Incontestablement, la combinaison de ces désagréments nous projette dans de multiples impasses. Si « habiter » est synonyme de sécurité, cette notion prend néanmoins des dimensions singulières dans l’imaginaire des afro descendants.

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Pour un Festival Off d’Avignon d’avenir pour le spectacle vivant

Lettre ouverte à Madame la Ministre de la Culture, Roselyne Bachelot.

Avignon, le 22 novembre 2020

Madame la Ministre,

Lors de votre intervention pendant les Etats Généraux des festivals que nous vous félicitons d’avoir organisés à Avignon les 3 et 4 octobre derniers, vous avez expressément affirmé votre volonté et celle de votre ministère d’accompagner toutes les structures culturelles du pays en adaptant systématiquement son action à la réalité des territoires et de leurs acteurs.

Vous avez usé à cette occasion, avec le sens de la formule qui vous caractérise, de la métaphore des « trous dans la raquette » que vous n’entendiez pas laisser s’imposer à la technostructure inhérente à votre administration et que, « quoi qu’il en coûte », vous veilleriez avec soin à ce que personne ne soit laissé sur le bord de la route et puisse être, justement et avec équité, accompagné par l’Etat pour faire face à cette crise.

Vous vous êtes alors engagée à faire du « cousu-main », de la « haute-couture » pour que les dispositifs généraux n’oublient aucun acteur culturel.

Aujourd’hui, Madame la Ministre, les théâtres indépendants d’Avignon vous interpellent et vous alertent sur deux points :

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Théâtre en direct, bandes-dessinées gratuites et podcasts : 12 idées pour s’évader sans sortir de chez soi

— Par Aude Le Gentil —

Face à la pandémie de coronavirus, les lieux publics « non indispensables à la vie du pays » comme les musées et salles de spectacles sont fermés. Voici donc une sélection d’autres activités à faire chez vous, pour se détendre et se cultiver en toute sécurité.

France Télévisions propose de regarder gratuitement « La Reine des Pommes », le premier film de Valérie Donzelli. (Shellac)

1/Au royaume des pharaons

Remontez le temps jusqu’en Egypte antique grâce au musée Granet d’Aix-en-Provence. Sur Facebook, l’établissement distille de passionnantes vidéos de l’exposition « Pharaon, Osiris et la momie », commentées par le conservateur Bruno Ely. Autre pépite proposée par le musée aixois : des haikus à compléter.

museegranet-aixenprovence.fr

2/En direct des planches

La Comédie-Française s’est lancé un défi : préparer une nouvelle pièce chaque semaine, en six jours seulement, avec une représentation le samedi à 20h30, retransmise en ligne. Samedi soir, vous pourrez regarder Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce. Profitez ensuite de lectures de Proust du mardi au vendredi.

comedie-francaise.fr

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Requiescat in pace Alexia

— Par Suzanne Dracius —
Requiescat in pace Alexia, incarnation du féminicide !

Elle a le droit de ne pas se faire « davaliser », vandaliser le vagin, carboniser, – post mortem heureusement mais non moins férocement.

Elle a le droit de ne pas se faire massacrer, défigurer, asphyxier par un quasi impuissant.

Un Quasimodo débarrassé de sa bosse devrait bénir le ciel de lui accorder la grâce de séduire malgré sa disgrâce.

Un Quasimodo rechapé doit s’estimer heureux d’avoir gagné les faveurs d’une femme intelligente et belle.

Jamais le vrai Quasimodo n’aurait levé la main sur Esmeralda, quoi qu’elle lui dise, quoiqu’elle le méprise.

Jamais un « vrai homme » ne saccage comme un sauvage un visage, même si cette figure l’humilie, lui crache qu’il n’est pas « un vrai homme ».

Le divorce n’est pas fait pour les chiens.

 

Suzanne Dracius

Dimanche 22 novembre 2020

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« Édouard Glissant, l’éclat et l’obscur »

Sous la direction de Dominique Aurélia, Alexandre Leupin & Jean-Pierre Sainton

Après avoir organisé en mars 2018 le premier colloque en Martinique, consacré à l’œuvre d’Édouard Glissant, les chercheurs Dominique Aurélia et Jean-Pierre Sainton de l’Université des Antilles en collaboration avec Alexandre Leupin de Louisiana State University (où Edouard Glissant a exercé en qualité de Distinguished Professor) publient l’ouvrage « Edouard Glissant, l’éclat et l’obscur » aux Presses de l’Université des Antilles.

Résumé

Au Diamant, face à la mer, Victor Anicet dit la signifiance de la tombe d’Édouard Glissant ; au morne Bezaudin, Josette Massolin se couche pour embrasser et bénir la terre où l’écrivain naquit. Le cercle de la vie et de la mort semble se clore, mais c’est seulement pour un instant. Car rien n’est vrai, tout est vivant, la mort n’est qu’une éclipse mensongère : l’œuvre vit intensément. Pour en témoigner, une centaine de critiques, d’intellectuels, de philosophes se sont réunis au campus de Schœlcher en mars 2018, autour du thème « Édouard Glissant : l’éclat et l’obscur ». Ce colloque international fut le premier jamais organisé en Martinique pour célébrer l’écrivain en sa terre natale.

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Sciences sociales : nouveautés du 22 novembre 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Littératures : nouveautés du 22 novembre 2020

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du xiie siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Pourquoi 80% des violences conjugales sont classées sans suite

— Par Ségolène Forgar —

Brigitte Grésy, la présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), a rappelé jeudi les dysfonctionnements de la justice et de la police en matière de violences contre les femmes.

Marquée par la crise sanitaire, l’année 2020 observe aussi une nette augmentation des violences conjugales. Comme le relève Public Sénat, un rapport publié en octobre fait état de 140.000 constatations de violences conjugales en 2020, contre 100.000 en 2018. «La hausse du chiffre est peut-être également le fait d’une plus grande dénonciation», a noté Brigitte Grésy, présidente du Haut conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), auditionnée jeudi 19 novembre par la délégation aux droits des femmes. «Toutefois nous voyons que seulement 18% des mains courantes donnent lieu à des investigations, et 80% des plaintes sont classées sans suite.»

Lire aussi : La 21e campagne pour l’élimination des violences faites aux femmes est lancée en Martinique

Mais la faute à qui ? À quoi ? Aux dysfonctionnements des systèmes judiciaire et policier, si l’on en croit un rapport commandé par le gouvernement à l’Inspection Générale de la Justice (IGJ) et rendu public en novembre 2019.

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Oscars : le film « Deux », l’histoire d’un amour lesbien, représentera la France

Le premier film de Filippo Meneghetti a été préféré par les sélectionneurs à « Mignonnes » de Maïmouna Doucouré, « ADN » de Maïwenn, et « Eté 85 » de François Ozon.

Ce premier film de Filippo Meneghetti, Deux, avec Léa Drucker, Barbara Sukova et Martine Chevallier, sur l’histoire d’amour entre deux femmes âgées, a été choisi pour représenter la France à la 93e cérémonie des Oscars prévue le 25 avril 2021 à Los Angeles, a annoncé jeudi 19 novembre le CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée).

Lire  :« DEUX », un premier long-métrage pour dire les amours différentes — par Janine Bailly —

Amour secret

Deux a été préféré à quatre autres films. Parmi eux, Mignonnes de Maïmouna Doucouré, qui avait fait l’objet de vives polémiques après sa diffusion sur la plateforme Netflix aux Etats-Unis. En pleine campagne présidentielle, les milieux conservateurs avaient accusé la cinéaste et Netflix de faire l’apologie de l’hypersexualisation des enfants, alors que le propos de sa réalisatrice est justement de la dénoncer.

Sorti en février, Deux raconte une histoire d’amour secrète entre deux voisines septuagénaires.

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Christian Boutant change de partition et quitte ses fonctions de délégué régional de la Sacem

— Par Peggy Pinel-Fereol —

C’est avec un petit message intitulé « Dernière note » que Christian Boutant a annoncé son départ de ses fonctions de délégué régional Sacem de Martinique et de Guyane après 35 ans de service. Seul antillais à ce poste, il a oeuvré pour le développement et la professionnalisation de la musique.

Son départ d’ici quelques jours, fin novembre 2020, Christian Boutant le vit « merveilleusement bien« . Dans son petit message qui a fait le tour des réseaux sociaux, c’est « à tous les auteurs, compositeurs, éditeurs, aux professionnels, à la presse et aux médias, à tous les amoureux et défenseurs de la musique » qu’il l’adresse. Il faut dire qu’en poste depuis 1985, l’homme a rencontré et travaillé avec beaucoup de monde. 

J’ai adoré ma fonction au service des artistes, de la création, de la culture. Mais j’ai un âge aujourd’hui et effectivement ça me fait du bien de prendre du recul.
Je devais déjà partir depuis le mois de mars et je suis resté.  C’est vrai qu’il y a cette crise, mais c’est aussi vrai que nous sommes de plus en plus centralisés et ça me fatigue aussi.

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« Le concept de religion est une invention chrétienne seulement pertinente dans un cadre occidental »

Dans un ouvrage iconoclaste, le spécialiste de l’histoire des religions Daniel Dubuisson montre comment l’aspect universel du concept de « religion » masque son appartenance à un univers de pensée résolument occidental.

— Propos recueillis par Youness Bousenna —

Les religions ne sont en rien un phénomène universel, seulement une invention occidentale plaquée sur le reste du monde. Voilà le cœur du propos stimulant de Daniel Dubuisson dans L’Invention des religions* (CNRS Editions), publié à la mi-octobre et dont la version anglaise (parue en 2019 chez Equinox Publishing) vient de se voir décerner un prix d’excellence par l’American Academy of Religion (AAR).

Avec ce nouvel ouvrage, le directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui dialogue depuis une vingtaine d’années avec la branche critique des religious studies (« études religieuses ») américaines, cherche à introduire ce courant méconnu en France pour déconstruire les présupposés dominants dans l’analyse des religions.

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« Nous voici à nouveau surpris »

Par José Nosel

En découvrant, à la télévision et sur des vidéos des réseaux sociaux, l’ampleur catastrophique des dégâts causés par l’épisode pluvieux de ce début novembre 2020, j’ai pensé à un autre épisode de pluie intense, celui de mai 2009, qui avait causé des dommages importants aux constructions et infrastructures du pays et qui m’avait inspiré une réflexion au sujet du risque d’inondations. J’en avais tiré un article publié dans la revue Antilla en juin 2009.

Je m’étais rendu compte que depuis au moins 3 décennies, où des efforts fructueux ont été portés sur la prévention des risques cycloniques et sismiques, c’étaient les risques de fortes pluies, et inondations, dans leurs conséquences, qui devenaient les risques naturels majeurs les plus fréquents de la Martinique.

Car autant ces risques de pluies et d’inondations ont des conséquences souvent catastrophiques, comme l’épisode en cours, voire parfois mortelles, autant ces risques, non seulement, nous ne les prenons pas suffisamment à la hauteur des enjeux en cause, mais encore, il me semble que, par nos comportements individuels et collectifs, nous les aggravons. En particulier, par une politique de constructions, qui pourrait être plus rigoureuse quant à leurs implantations.

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Stage obligatoire : en cas de report, la bourse étudiante est prolongée

Si vous êtes étudiant boursier et que vous avez dû effectuer le stage obligatoire de votre cursus de formation pour l’année universitaire 2019–2020 après le 31 août 2020 du fait de l’épidémie de Covid-19, vous pouvez bénéficier, à titre exceptionnel, du prolongement du versement de votre bourse grâce au dispositif RESO. Un arrêté paru au Journal officiel le 7 novembre 2020 en précise les modalités.

RESO est le dispositif d’aide mis en place en cas de report du stage obligatoire dans le contexte de crise sanitaire.

Les conditions pour en bénéficier

  • Votre établissement d’inscription en 2019-2020 doit avoir décidé de prolonger l’année universitaire 2019-2020 au-delà du 31 août 2020 en raison de la crise sanitaire ;
  • Le stage doit être obligatoire dans le cadre du cursus suivi au cours de l’année universitaire 2019-2020 ;
  • Le stage doit avoir été réalisé entre le 1er septembre et le 31 décembre 2020.

Le nombre de mensualités complémentaires accordées dépendra du nombre de mois de stages effectués sur la période allant de septembre à décembre 2020 (aucune mensualité complémentaire ne pourra être accordée au-delà du mois de décembre 2020).

Cette aide n’est pas cumulable avec une bourse sur critères sociaux au titre de l’année 2020-2021.

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Une nouvelle ambassadrice à l’APIPD : Saïna Manotte

Saïna Manotte est ce qu’on appelle une musicienne au grand cœur. Après avoir quitté sa Guyane natale pour la région parisienne, elle vient tout bonnement d’atterrir en douceur à l’Association Pour l’Information et la Prévention de la Drépanocytose (APIPD) dont elle devient ambassadrice.
En plus de son talent et de sa gentillesse, Saina va défendre les intérêts des drépanocytaires de métropole et d’ailleurs ; ce qui n’est pas une mince affaire pour cette femme qui sait ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle fait. Nous en sommes convaincus à l’APIPD, cette ambassadrice de choc sera la porte-parole de ceux que la vie a voulu laisser sur le bas-côté.
Il suffit d’écouter son « demain peut être meilleur » pour s’en convaincre ; elle n’est pas femme à s’en laisser compter. Elle est du genre « fonceuse » lorsqu’il y a péril en la demeure. Bienvenue dans nos rangs Saïna.

Qui est Saïna Manotte ?
C’est à l’école d’orgue de Guyane que Saïna Manotte découvre sa passion pour la musique. A l’âge de cinq ans, elle y découvre sa voix, l’explore et apprivoise parallèlement le piano, qui sous ses doigts, deviendra son plus fidèle confident.

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