— Par Jérôme Talpin —
Archéologues et historiens étudient les vestiges d’une « colonie pénitentiaire agricole » où, au XIXe siècle, les mineurs vagabonds et les petits voleurs étaient envoyés afin d’être « redressés » par des prêtres qui les exploitaient.
Enfoui dans une végétation tropicale dévorante, un ensemble de murs moussus et de ruines de bâtiments apparaît, vestige de la colonie pénitentiaire d’Ilet à Guillaume qui, entre 1864 et 1879, a accueilli entre 3 000 et 4 000 mineurs incarcérés. Le site est perdu sur les hauteurs de Saint-Denis, à plus de deux heures et demie de marche du village de Saint-Bernard. Depuis l’unique sentier d’accès, on le distingue grâce à sa forme en triangle. Niché à 700 mètres d’altitude, ce petit plateau est posé sur une crête et cerné par de vertigineux remparts au fond desquels coulent la rivière Saint-Denis et le Bras Guillaume.
« Une prison sans barreaux tant les évasions étaient rendues difficiles », décrit Pascale Moignoux, autrice de Graine de Bagnard. Ce roman, paru en 2006 (Surya éditions), a sorti de l’oubli ce pénitencier pour enfants fondé par les missionnaires de la Congrégation du Saint-Esprit et du Saint-Cœur de Marie, sur le modèle de celui ouvert à Saint-Ilan, en Bretagne, en 1843.