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« Les Amis de Christiane Eda-Pierre »

Deux artistes lyriques lancent la 1ère association en souvenir de Christiane Eda Pierre, ce 24 mars, jour de sa naissance :

Ce 24 Mars 2021, Christiane Eda-Pierre, première artiste lyrique martiniquaise à la car-rière internationale, aurait fêté ses 89 ans. Son décès est survenu le 6 septembre 2020.

En lui rendant hommage le 7 Septembre 2020, le Festival d’Aix-en-Provence notait que Christiane Eda-Pierre était « l’une des plus belles voix de la seconde moitié du XXe siècle, et la première diva noire française de notoriété internationale… ». « Son répertoire n’aura cessé de s’élargir, allant du baroque (Monteverdi, Rameau) à la création contemporaine (Chaynes, Messiaen) en passant par le bel canto (Bellini, Donizetti) et l’opéra français du XIXe siècle (notamment Berlioz), suivant l’épanouissement naturel d’une voix radieuse mais étoffée, de plus en plus lyrique sans jamais perdre sa colorature, sa ligne de chant et sa musicalité hors pair. Parmi les jalons importants de cette carrière prestigieuse et éclec-tique, on peut notamment citer sa participation aux Contes d’Hoffmann mis en scène par Patrice Chéreau à l’Opéra Garnier en 1974 (Antonia), au Rigoletto avec Luciano Pavarotti donné à Central Park devant 250 000 personnes en 1976 (Gilda), ou à la création du Saint François d’Assise de Messiaen en 1983 (l’Ange)… »

Source : le 7 septembre 2020, HOMMAGE À LA SOPRANO FRANÇAISE CHRISTIANE EDA-PIERRE (1932-2020), Festival d’Aix-en-Provence

Afin d’entretenir son souvenir et valoriser son parcours exceptionnel de femme engagée, d’artiste et de pédagogue, deux artistes lyriques, Cécile Achille, sa petite-cousine et Marie Claude Bottius, son ancienne élève et amie, ont eu l’idée de créer l’association « Les Amis de Christiane Eda-Pierre ».

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Non aux tentatives d’intimidation, non aux violences policières, non aux comportements de domination

 

La répression atteint un niveau inacceptable en Martinique. En effet, alors que deux jeunes femmes manifestaient devant le commissariat, l’une d’elle aurait été emmenée, enfermée et brutalisée dans le garage du commissariat par des policiers avant d’être dirigée dans un bureau dédié.
Notre association féministe martiniquaise Culture Egalité dénonce encore une fois les tentatives d’intimidation, les violences policières sans discernement et les comportements de domination à la fois étatique et masculine.
Elle exige que la lumière soit faite sur d’éventuels agissements contraires à la loi de la part des forces de l’ordre et que les droits des militant.es inquiété.es soient intégralement respectés.

Fort-de-France, le 24 mars 2021

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En Guadeloupe, la directrice du Mémorial des victimes de l’esclavage suspendue de ses fonctions

Laurella Rinçon, directrice générale du musée national de l’esclavage en Guadeloupe, le Mémorial ACTe, a été suspendue de ses fonctions en raison d’irrégularités financières, dont des frais de taxis, a indiqué Georges Brédent, le président du conseil d’administration, à l’AFP mardi 23 mars. La suspension de Laurella Rinçon de ses fonctions à titre conservatoire, qui lui a été notifiée mardi par lettre d’huissier, est justifiée par «des irrégularités financières liées à des déplacements entre le domicile de la directrice et son lieu de travail», ainsi que par un «durcissement des relations entre la direction et les salariés, rendant impossible le fonctionnement de l’établissement», a précisé le président.

Pas de permis de conduire

Lors de sa prise de poste, en octobre 2019, la directrice générale était dépourvue de permis de conduire, ce qui l’aurait contrainte à prendre le taxi qu’elle facturait au mémorial. Elle avait eu, pour ce faire, l’accord initial du conseil d’administration. Mais «cette prise en charge devait être temporaire», assure M. Brédent qui explique également «ne pas avoir été informé du recrutement d’un chauffeur en 2020».

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Moi dispositif Venus de et avec Adeline Flaun : peut encore mieux faire

— Par Selim Lander —

Adeline Flaun est une comédienne d’origine martiniquaise de retour d’Espagne où elle a tourné dans plusieurs films. A quarante ans, elle a éprouvé le besoin de créer une œuvre qui combine une fiction à peine futuriste avec une peinture crue de la condition féminine hic et nunc.

Cette pièce coproduite par Tropiques Atrium a bénéficié de la compétence en numérique de Saïdou Bernabé et de Parallel 14, de Yannis Sainte-Rose pour la vidéo, deux médiums d’aujourd’hui qui loin de paraître artificiels comme si souvent au théâtre participent ici pleinement au spectacle, le premier en particulier puisqu’il est question de relations sexuelles virtuelles sur internet. Les silhouettes fantasmatiques des femmes aux formes trop parfaites projetées sur un écran géant, la manière dont elles sont animées (quelques mouvements ou gestes stéréotypés) en font des partenaires à part entière qui font contrepoids au côté très cru de ce qui est dit et montré par la comédienne en chair et en os. Idem pour les personnages en ombre chinoise, également plus grands que nature qui apparaissent sur le fond de scène à la fin de la pièce.

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De « Moi dispositif Vénus » et de « Moi, Kadhafi » au Festival des Petites Formes 2021

— Par Roland Sabra —

D’Adeline Flaun, nous avons déjà vu en Martinique, la mise en scène de «Pas vu pas pris, qui ne dit mot consent et autres croyances populaires » une  libre interprétation de Liars Club de l’auteur américain Neil LaBute . Un an auparavant, en 2017 elle avait collaboré avec Arielle Bloesch, à la direction d’actrice d’ Aliénation(s) qui avait révélé au grand public Françoise Dô. De son travail théâtral nous n’aurons été privés, ici à Fort-de-France, que de sa mise en scène d’« Un parfum de Mongolfière » du stéphanois Alberto Lombardo. Dans « Moi dispositif Vénus », texte, m.e.s. et interprétation par elle-même, elle reprend la thématique qui semble être le fil d’Ariane de son travail, celui de l’exacerbation du désir, de la sexualité et de ses avatars, comme blessure et comme substitut à une demande d’amour qui faute de pouvoir se dire reste sans réponse, comme portée sur le vide.

Soit une île imaginaire dans laquelle la classe dominante de PK (péké,?) change son fusil d’épaule, abandonne, à la suite d’une crise systémique son monopole dans le domaine alimentaire (la canne ?,

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Un tableau de Banksy vendu près de 20 millions d’euros au profit des soignants britanniques

— Par Rania Hoballah avec AFP —

C’est une œuvre chargée d’histoire. « Game Changer » (« Voilà qui a changé la donne »), le célèbre tableau, que Banksy avait donné à l’hôpital de Southampton (sud de l’Angleterre) en mai 2020 pendant la première vague de l’épidémie de Covid-19, a été vendu 16,75 millions de livres, ce mardi, lors d’une vente aux enchères organisée par Christie’s. La toile était estimée entre 2,5 et 3,5 millions de livres (2,9 et 4 millions d’euros). Cette œuvre en noir et blanc représente un petit garçon qui, après avoir jeté à la poubelle ses figurines de Batman et Superman, joue avec une poupée d’infirmière portant un masque et une cape. 

L’œuvre, dont une reproduction restera à l’hôpital, a été mise aux enchères dans le cadre d’une vente plus large consacrée aux artistes du XXe siècle, où l’on trouve entre autres un autoportrait du peintre américain Jean-Michel Basquiat, ainsi que des toiles des artistes français Pierre Soulages et Jean Dubuffet. 

Le Game Changer de Banksy a représenté une lumière d’espoir pour le personnel et les patients de l’hôpital de Southampton- Katharine Arnold

« Le Game Changer de Banksy a représenté une lumière d’espoir pour le personnel et les patients de l’hôpital de Southampton et l’artiste a souhaité le vendre aux enchères au profit du NHS », le service national de santé britannique, a expliqué Katharine Arnold, codirectrice, chargée de l’art d’après-guerre et contemporain en Europe chez Christie’s.

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«L’antiracisme ne peut jamais être une guerre des races mais doit toujours être une guerre contre la notion de race»

— Par Dominique Sopo, Président de SOS Racisme —

Evoquant les « réunions non mixtes racisées » au sein de l’UNEF, le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, rappelle dans une tribune au « Monde » que le combat contre le racisme ne peut jamais se fonder sur une séparation.

Le 17 mars 2021, Mélanie Luce présidente de l’UNEF, lors d’une interview sur Europe 1, admettait la tenue de « réunions non mixtes racisées » au sein de l’organisation étudiante, s’attirant des critiques venues de la droite et de l’extrême droite sur le fait de séparer les personnes en fonction de leurs origines ou couleur de peau.

Laissons d’emblée de côté l’extrême droite, dont les élus du Rassemblement national (RN) qui la représentent sont les membres d’un parti fondé sur le racisme et dont la chef participa naguère à Vienne à un bal organisé par des corporations étudiantes interdites aux juifs et aux femmes.

Pour le reste, les commentaires outrés sur une information déjà révélée il y a plus de trois ans ne doivent impressionner quiconque. D’autant moins lorsque leurs auteurs, dont plusieurs ont ces dernières années activement participé à l’ethnicisation du lien social et ne sont jamais perturbés d’évoluer dans des assemblées ou des espaces ségrégés, consacrent souvent l’essentiel de leurs efforts privés à vivre ou à scolariser leurs enfants dans des endroits exempts de pauvres et d’Arabes.

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« Mémoires de la plantation. Épisodes de racisme ordinaire. » un essai de Grada Kilomba

Ce livre a été publié il y a 13 ans à Berlin, ville où j’habite encore aujourd’hui. À cette époque, j’ai eu la chance – ou le destin – de bénéficier d’une des bourses de doctorat les plus prestigieuses du gouvernement allemand. Je venais de terminer mes études à Lisbonne où, pendant plusieurs années, dans un grand isolement, j’avais été la seule étudiante noire du département de psychologie clinique et de psychanalyse. Dans les hôpitaux où j’ai travaillé, pendant et après mes études, j’étais fréquemment prise pour la femme de ménage, parfois les patient·es ne voulaient pas que je les examine, ou refusaient même d’entrer dans la même salle et de rester seul·es avec moi. J’ai quitté Lisbonne, ville où je suis née et où j’ai grandi, avec un grand soulagement.

Je ressentais une immense urgence à partir, pour pouvoir apprendre une nouvelle langue. Un nouveau vocabulaire, dans lequel je pourrais finalement me trouver. Dans lequel je pourrais être moi.

Je suis arrivée à Berlin, où l’histoire coloniale allemande et la dictature impériale fasciste ont également laissé des marques inimaginables. Et, pourtant, il me semblait y avoir une petite différence : alors que je venais d’un lieu de négation, voire de glorification de l’histoire coloniale, j’habitais désormais un autre lieu où l’histoire provoquait la culpabilité, voire la honte.

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Département d’Outre-Mer : la plasticité d’un statut de 75 ans

Par Yves-Léopold Monthieux —

Alors que les résultats de l’assimilation sont dévorés à pleine dents dans un consensus à peine écorné, un soin jaloux est apporté à effacer son symbole, le département, comme pour faire juste un écart à la phrase de Musset : « peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ». En l’occurrence il s’agissait carrément de jeter le flacon-image, ce qui fut fait après la consultation de 2010 par le remplacement du vocable « département » par « collectivité territoriale ». En effet, dans ce pays où les commémorations et célébrations annuelles se bousculent, c’est toujours avec une gêne non dissimulée qu’est évoquée la date de création du département d’Outre-Mer.

Deux dates de commémoration me reviennent, d’autres ont pu m’échapper. En 1976, le 30ème anniversaire m’avait permis d’assister à un très beau débat public entre le député Victor Sablé, partisan du département et Edouard Delépine qui était encore un leader indépendantiste affûté. Il s’était déroulé à l’Institut Vizioz, l’ancêtre de l’UAG, où les opinions opposées pouvaient encore s’exprimer. Trente ans plus tard, un entretien entre Aimé Césaire et Paul Vergès ne fut possible qu’en visioconférence et diffusé qu’à la Réunion, où il eut fête.

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« Non à la dissolution de l’UNEF »

Plus de 250 anciens dirigeants de toutes tendances du syndicat étudiant dénoncent les propos de Jean-Michel Blanquer sur une prétendue dérive fasciste de l’organisation, et les appels de certains députés à sa dissolution.

Tribune. Il y a quelques jours, des parlementaires de droite demandaient la dissolution de l’UNEF [Union nationale des ­étudiants de France]. Désormais, c’est le ministre de l’éducation nationale qui parle de pente fasciste pour qualifier son activité.

Quels seraient les actes justifiant ces attaques ? L’organisation de quelques groupes de parole non mixtes pour les étudiantes et étudiants victimes de discriminations. Cette pratique intéresse, interroge, inquiète. Elle bouscule et fait débat.

Nous ne pouvons accepter que des députés proposent la dissolution de cette organisation. Nous ne pouvons encore moins admettre l’idée que l’UNEF soit renvoyée dos à dos avec un groupuscule d’extrême droite, condamné pour incitation à la haine raciale. Nous ne pouvons tolérer les propos d’un ministre qui banalisent le fascisme et participent ainsi à la confusion idéologique ambiante.

Idéal émancipateur
Militantes et militants, dirigeantes et dirigeants avec des diversités de parcours, nous avons été par le passé des acteurs et actrices engagés de cette organisation.

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Le tableau « Warrior » de Basquiat adjugé 35 millions d’euros à Hong Kong

Adjugé après « une bataille d’enchères intense de dix minutes entre Hong Kong et New York« , le tableau devient l’œuvre d’art occidentale la plus chère jamais vendue en Asie. 

Le tableau Warrior de Jean-Michel Basquiat a été adjugé mardi 23 mars à 41,8 millions de dollars (35 millions d’euros) lors d’une vente aux enchères de Christie’s à Hong-Kong et diffusée en direct sur internet, devenant l’oeuvre d’art occidentale la plus chère jamais vendue en Asie, selon la maison d’enchères.

Le prix de vente final de cette oeuvre de 1982 est supérieur aux estimations, qui l’avaient fixé entre 31 et 41 millions de dollars. Le tableau, peint à l’acrylique et à la bombe sur un panneau de bois, est considéré dans le monde de l’art comme une oeuvre phare de l’artiste américain.

Une bataille d’enchères intense

Elle a été vendue après « une bataille d’enchères intense de dix minutes entre Hong Kong et New York« , a indiqué Christie’s dans un communiqué. Le tableau a été interprété comme une œuvre semi-autobiographique de Basquiat, qui mettait l’accent sur les inégalités dans la société et l’absence de représentation des noirs dans le monde de l’art. 

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Nos vies, leurs stocks et leurs profits

— Par Max Dorléans, GRS —

S’il y a une chose qui compte en général chez tout capitaliste, ici comme ailleurs, c’est le profit. Et cela, sans souci particulier pour les dommages collatéraux que sa recherche peut occasionner.

De ce point de vue, les dégâts écologiques multiples faits à la planète à l’échelle mondiale pour les intérêts des multinationales, comme la déforestation de l’Amazonie pour les industries de l’élevage ou l’agriculture intensive au détriment des populations indigènes, ou encore l’extractivisme concernant le pétrole, les gaz de schiste, l’or en Guyane…sont une parfaite illustration en ce sens.

Et ce qui vaut à l’échelle internationale, vaut également chez nous même. Ainsi l’exemple fourni ces jours derniers par le Groupe Bernard Hayot (GBH), avec son besoin d’écouler (pour ne pas perdre un seul euro) ses derniers stocks de bouteilles de rhum portant encore des effigies à la gloire de la période coloniale (écusson aux 4 serpents…), indépendamment de la douleur et de la blessure que celles-ci peuvent coûter à la mémoire et à la conscience populaire martiniquaise.

Une vérité confirmée par l’un de ses représentants, Charles Larcher, pour lequel l’écoulement des stocks reste une priorité, malgré une situation sociale où la question de l’esclavage et de ses symboles est d’une actualité brulante, qui préoccupe une importante fraction de la population.

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Le cimetière de Caracas, refuge des sans toits et proie des pilleurs de tombes

Caracas – Tirant un rat mort attaché à une cordelette, Jendry, 11 ans, court un seul patin à roulette au pied, entre les tombes profanées dans le Cimetière général du Sud de Caracas.

Ce décor morbide jonchés d’ossements humains, cercueils éventrés, il ne le voit plus vraiment, il y réside depuis des années. Toujours en service, le cimetière historique de Caracas avec des tombes datant notamment du XIXe accueille de nombreuses familles démunies sans toit qui doivent cohabiter avec les morts mais aussi des pilleurs de tombes. 

– Cuisiner sur les tombes – 

Jendry et sa soeur Wineisis, 9 ans, qui vivent de la mendicité avec leur mère alcoolique et absente, font partie de ces habitants.  

La soeur aînée de Jendry, Winifer, 17 ans, s’est installée avec son époux Jackson, 19 ans, et leur fille de 5 mois, dans une sorte de chapelle accueillant 4 tombes.  

« On peut dire que j’ai vécu toute ma vie ici au cimetière« , confie la jeune femme qui ne sait ni lire ni écrire. 

Certains se sont aménagé des cabanes autour de concessions, posant leur matelas sur les tombes ou coupant le manioc à même les dalles, entreposant sacs et affaires entre les sépultures.

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« Soi-même comme un roi. Essai sur les dérives identitaires. », d’Elisabeth Roudinesco

Elisabeth Roudinesco est historienne et directrice de recherche à l’UFR GHES. Experte en histoire de la psychanalyse, elles est l’auteure de plusieurs ouvrages qui ont fait date, notamment Histoire de la psychanalyse en France, Jacques Lacan. Esquisse d’une vie, histoire d’un système de pensée, Dictionnaire de la psychanalyse et Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Prix Décembre, 2014).

Le déboulonnage des statues au nom de la lutte contre le racisme déconcerte. La violence avec laquelle la détestation des hommes s’affiche au coeur du combat féministe interroge. Que s’est-il donc passé pour que les engagements émancipateurs d’autrefois, les luttes anticoloniales et féministes notamment, opèrent un tel repli sur soi ? Le phénomène d' » assignation identitaire  » monte en puissance depuis une vingtaine d’années, au point d’impliquer la société tout entière.

En témoignent l’évolution de la notion de genre et les métamorphoses de l’idée de race. Dans les deux cas, des instruments de pensée d’une formidable richesse – issus des œuvres de Sartre, Beauvoir, Lacan, Césaire, Said, Fanon, Foucault, Deleuze ou Derrida – ont été réinterprétés jusqu’à l’outrance afin de conforter les idéaux d’un nouveau conformisme dont on trouve la trace autant chez certains adeptes du transgenrisme queer que du côté des Indigènes de la République et autres mouvements immergés dans la quête d’une politique racisée.

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« Les Statues de la discorde », un essai de l’historienne Jacqueline Lalouette

Le 22 mai 2020, deux statues martiniquaises de Victor Schœlcher furent brisées. Mais le bruit provoqué par ces destructions fut vite couvert par le fracas médiatique suscité par la mort de l’Afro-Américain George Floyd tué à Minneapolis, par la police, le 25 mai. Les images de son agonie agirent comme un catalyseur et déchaînèrent dans le monde des actes iconoclastes contre les statues glorifiant de « grands hommes » blancs, dont l’action est condamnée à divers titres (esclavagisme, colonialisme, racisme).

Comme d’autres pays, la France, où tout avait donc commencé un peu plus tôt, fut touchée. Pour mieux comprendre la réalité et les enjeux du débat, et après avoir rendu compte de la situation sur plusieurs continents, Jacqueline Lalouette étudie le cas de la France ultramarine et continentale, où diverses statues liées à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation furent contestées, vandalisées et, pour certaines, détruites. L’auteur s’interroge ensuite sur les solutions préconisées, de leur retrait à la réalisation de statues de nouveaux héros. Elle donne au final les clés de compréhension de ce débat passionné, en lui-même révélateur des oppositions mémorielles, parfois violentes, qui traversent la France.

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Le DDF, « Dictionnaire des francophones »

Un monumental répertoire lexicographique de 400 000 termes et expressions accessible gratuitement sur Internet

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Lancé officiellement à Paris le 16 mars 2021 à l’occasion de la semaine de la langue française et de la Francophonie, le DDF, « Dictionnaire des francophones », est sans conteste l’un des événements dictionnairiques les plus marquants de l’histoire des dictionnaires de langue française depuis l’apparition au XVIIe siècle des premières grandes œuvres lexicographiques de Pierre Richelet (1631 – 1694), d’Antoine Furetière (1620 – 1688) et, en 1694, de la première édition du « Dictionnaire de l’Académie française » (2 vol.). Pierre Richelet a publié en 1680 le premier dictionnaire monolingue de langue française, le « Dictionnaire français contenant les mots et les choses » (2 vol.), tandis qu’Antoine Furetière est l’auteur du « Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots françois tant vieux que modernes et les termes de toutes les sciences et des arts » (2 vol., œuvre posthume parue en 1690). Le « Dictionnaire des francophones » est un monumental répertoire lexicographique de plus de 400 000 mots et expressions pour plus de 600 000 définitions et il est accessible gratuitement sur Internet à partir d’un ordinateur, d’une tablette numérique ou d’un téléphone intelligent à l’adresse www.dictionnairedesfrancophones.org

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Littératures : nouveautés du 23 mars 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Sciences sociales : noiveautés du 23 mars 2021

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Le jardin des sculptures – entretiens d’artistes : Vladimir Skoda

— Propos recueillis par Matilde dos Santos Ferreira, critique d’art et curateur indépendant —

J’ai rencontré Vladimir Skoda à la Fondation Clément en décembre 2018, lorsqu’il est venu finir l’installation de sa pièce « Ciel de sphères, sphères de ciel ». Immense artiste et charmant au possible. Il portait un costume de couleur claire, et un chapeau, une longue barbe blanche aussi. Nous avons discuté pendant des heures, sur le banc face à son œuvre, en parlant de l’œuvre que ses aides installaient, de son enfance, de son fils qui est au Canada, du jardin, des fleurs boulets de canon qu’on y trouve et qui l’avaient enchanté, de Prague, où il a grandi. J’ai beaucoup ri quand il m’a raconté qu’après avoir été considéré dissident pour être parti étudier à Paris avant le printemps de Prague, et n’être jamais revenu au pays, il lui était interdit d’y revenir. Mais un jour, ses parents étant très âgés, il a voulu y aller quand même et pour éviter qu’on lui retienne sur place, il avait organisé un voyage d’études avec ses élèves d’une école d’art.

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75 ans de succès de la départementalisation sociale, mais quid d’un véritable développement ?

— Par Jean- Marie Nol, économiste —

“ Celui dont la pensée ne va pas loin verra ses ennuis de près.”

Confucius

Voici maintenant 75 ans, le 19 mars 1946, le Journal officiel publiait la loi transformant les quatre vieilles colonies de Guadeloupe, Martinique, Guyane et la Réunion en départements. l’égalité des droits était une revendication ancienne, née à la fin de l’époque esclavagiste. La départementalisation est la traduction juridique de cette aspiration. Pourtant, une certaine confusion est constatée dans les années suivantes. Deux dynamiques s’opposent : la création de nouvelles institutions, souhaitée par les élus et le peuple et l’égalisation à marche forcée, souhaitée par l’administration.

Soixante-quinze plus tard, la question reste posée de savoir si nos prédécesseurs de 1946 devaient choisir entre la revendication de l’égalité des droits et la lutte pour l’émancipation. Les possessions britanniques prennent le chemin de l’autonomie puis de l’indépendance. Les possessions françaises renforcent les liens avec l’ancienne métropole. Et c’est ce point aujourd’hui qui constitue la pierre angulaire du débat politique et sociétal en Martinique et Guadeloupe.

Depuis quelques temps, les tensions identitaires, sociales, raciales, sont palpables aux Antilles et en Guyane, et ce alors même que la situation économique dégradée dans nos régions , et catastrophique dans l’ensemble de la Caraïbe, risque de provoquer une grande pauvreté.

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L’écrivaine Nawal al-Saadawi, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, est morte

Médecin, elle a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans lesquels elle se prononçait contre la polygamie, le port du voile, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90% des Égyptiennes.

L’écrivaine Nawal al-Saadawi, 89 ans, figure égyptienne de l’émancipation des femmes dans le monde arabe, est décédée dimanche 21 mars, a annoncé le journal d’Etat Al-Ahram.

Née le 27 octobre 1931, elle est notamment l’auteur de deux livres féministes de référence « Au début, il y avait la femme » et « La femme et le sexe ». Elle a longtemps lutté pour les droits des femmes et contre le patriarcat dans le monde arabe.

En résidence pendant trois ans en Caroline du Nord

Médecin, elle a écrit plus d’une cinquantaine d’ouvrages dans lesquels elle se prononçait contre la polygamie, le port du voile, l’inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l’excision, qui concerne plus de 90% des Égyptiennes.

Dans les années 1990, l’apparition de son nom sur une liste de personnalités à abattre, dressée par des milieux extrémistes islamistes, l’avait poussée à s’installer aux Etats-Unis de 1993 à 1996, où elle enseigna alors à l’université de Dukes. Elle

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Un dessin du Bernin vendu au prix record de 1,9 million d’euros aux enchères

Lille – Un rare dessin du XVIIe siècle réalisé par le sculpteur italien Le Bernin a été vendu samedi aux enchères à 1,9 million d’euros à Compiègne (Oise), pulvérisant « un record mondial pour un dessin » de cet artiste, selon la maison de ventes.

Mise aux enchères entre 30.000 et 50.000 euros, l’oeuvre, une sanguine réalisée entre 1630 et 1640, a finalement été adjugée à 1,3 million d’euros samedi après-midi lors d’une vente en ligne organisée par la maison Actéon, pour un prix total de 1.937.500 euros avec les frais d’achat.  

« Le record mondial pour un dessin du Bernin (établi à 139.000 euros en 2014, ndlr) est pulvérisé. Nous sommes extrêmement heureux d’avoir joué notre rôle de révélateur d’oeuvre d’art« , a réagi auprès de l’AFP Dominique Le Coënt, commissaire priseur. 

L’identité de l’acquéreur – qui était représenté – n’a pas encore été révélée mais « il s’agit probablement d’un achat anglo-saxon« , a précisé M. Le Coënt, pour qui l’oeuvre va « quitter la France« . 

Ce dessin d’académie, représentant un homme assis dans un décor végétal, est « une expression typique de l’art baroque et du génie du Bernin« , a-t-il ajouté.

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Prendre du recul et faire le bilan

Par Marie-Laurence Delor —

Pour mémoire – puisque c’est la « mémoire » qui le plus souvent manque à ceux qui disent en faire un devoir – je livre à nouveau à la lecture ou à la relecture des uns et des autres mon « Mot du jour » du vendredi 29 janvier  2021. Il s’intitulait « Les insurgés fêtards ou des paradoxes rouges, vert, noir » :

« Que disent sur nous même ces vidées qui jouent à la dissidence? Car, c’est bien cela l’essentiel: notre capacité à prendre du recul sur ce que nous croyons être, sur notre culture et nos traditions. Ces « vréyé-monté et ces raché-pwèl hautement militant » confirment, d’une part, le délitement rouge, vert, noir: la même bannière qu’on brandit pour exiger réparation pour le désastre écologique, sanitaire et social de la chlordécone flotte au dessus des « insurgés fêtards » qui essaiment allègrement le covid 19 et ses variants. Ces vidées soi-disant dissidents témoignent, d’autre part, de notre égoïsme festif et de notre  faible inclination à l’effort pour le bien commun. Cet hédonisme englué dans l’instant traduit quant au fond une vision désespérée de l’avenir, de notre capacité à faire peuple….

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La Finlande et l’Europe du Nord en tête des pays les plus heureux du monde

Helsinki – La Finlande a été désignée vendredi « pays le plus heureux du monde » pour la quatrième année consécutive, dans un classement du bonheur dominé par les pays européens où l’impact du Covid-19 a été étonnamment contrasté.

Avec une note de 7,84 sur 10, le pays nordique devance le Danemark, la Suisse, l’Islande et les Pays-Bas, nouveaux venus dans le top 5 de la dernière édition du « World Happiness Report« , une étude annuelle sponsorisée par les Nations Unies. 

L’étude, publiée depuis 2012, utilise principalement des sondages Gallup demandant aux habitants leur propre niveau de bonheur, croisé avec le PIB et des évaluations concernant le niveau de solidarité, de liberté individuelle et de corruption, pour aboutir à une note sur dix points. 

L’Allemagne pointe à la 13e place, le Canada arrive 14e, le Royaume-Uni 17e, les Etats-Unis 19e, la France 21e. Parmi les grandes puissances, le Brésil est en 35e position, le Japon 56e, la Russie 76e et la Chine 84e, selon le classement officiel d’environ 150 pays, qui pondère les données des trois dernières années. 

L’Europe domine très largement le top 10, qui inclut également la Norvège, la Suède, le Luxembourg et l’Autriche.

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« J’ai vécu ma vie comme une guerrière »: ce jour où Eva Thomas a brisé le tabou de l’inceste

Grenoble – Elle fut l’une des premières victimes d’inceste à témoigner à visage découvert à la télévision: Eva Thomas raconte à l’AFP son combat vers la paix intérieure, retrouvée après s’être battue « comme une guerrière » dans un « sursaut de survie ».

En septembre 1986, les téléspectateurs d’Antenne 2 et des « Dossiers de l’écran » s’émeuvent en direct devant le récit du viol dont cette psychopédagogue a été victime trois décennies plus tôt. « J’ai témoigné comme on se jette dans le vide. Mais j’étais déterminée à briser le silence« , souligne Eva Thomas, aujourd’hui octogénaire. 

Dans son appartement niché sous les toits de Grenoble, elle explique avoir voulu « tendre la main » à toutes les victimes qui, comme elle, avaient expérimenté « la solitude la plus absolue« . « Je n’ai pas vécu ma vie comme une victime, mais comme une guerrière« . 

Un soir d’été 1957, Eva Thomas est violée par son père alors qu’elle vient d’obtenir son brevet. Dès lors, elle s’emploie à fuir ce jardinier « doux et calme » qui n’avait jamais élevé la voix et endossé pour ses enfants le rôle « de la tendresse« . 

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