M' A

Derek Chauvin coupable. George Floyd et nous

— Par Yves Boisvert —
Croyez-en vos yeux, avait dit le procureur de l’État. Et le jury a cru ce qu’il a vu, et que le monde entier a vu : un policier posant son genou sur le cou d’un homme qui n’a menacé personne, un homme menotté qui supplie, qui crie manquer d’air, qui appelle sa mère.
Mardi, le président Joe Biden a dit que ce verdict allait changer les choses pour toujours, dans les relations entre la police et les minorités.
Peut-être. Peut-être pas.
C’est vrai : à plus d’un titre, le verdict de culpabilité du policier Derek Chauvin pour le meurtre au deuxième degré de George Floyd est historique.
Mais songez au degré de perfection de la preuve qu’il a fallu pour faire condamner l’agent Chauvin. Des vidéos dans tous les angles. Des passants, bouleversés, qui voient cet homme mourir sous leurs yeux, qui demandent aux policiers de le laisser respirer. Des experts nombreux, magnifiques, qui établissent la cause de la mort : asphyxie. Et, peut-être au-delà de tout le reste : une enfilade de policiers d’expérience de son propre corps de police venus témoigner contre Chauvin.

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Arrêtons de faire des histoires avec l’histoire respectons et écrivons l’histoire d’aujourd’hui avec un grand « H » pour demain

— Par Christian Dachir —

Les statues de personnages qui ont fait malgré tout l’histoire en bien ou en mal, font tout de même partie de notre histoire à tous… La culture, le savoir et l’instruction donnent le pouvoir, la liberté et l’indépendance… Cela évite d’être manipuler et d’être l’instrument des autres!

La destruction systématique sans aucune perspective de construction ne conduit à rien… Le fond du mécontentement, je le partage totalement, mais la forme, je la rejette complètement.

En effet, ces actes non réfléchis, montrent bien et très bien, le manque de connaissances et de réflexion…

Une statue est une œuvre artistique d’une valeur de 180 000 euros à 230 000 euros, donc une perte garantie… C’est le travail d’artistes, donc le non respect de ces derniers… C’est gommer l’histoire, donc refus de la voir en face…

C’est agir exactement comme le colon, donc effacer l’histoire… Par contre, il faut utiliser cette histoire pour nous, il faut la retourner à notre avantage, en faisant évoluer la révolte de nos ancêtres, respecter leurs mémoires en avançant avec notre siècle et non pas refaire l’histoire…

La solution pourrait être de créer un parc paysager payant, où les statues seraient placées avec des plaques explicatives de leur vie vis à vis de nos ancêtres, et utiliser les recettes aux profits des artistes.

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Volkan Sézè (Dorsal bosal)

— Par Daniel M. Berté —

I ni dé volkan ki ka mò
I ni dé volkan ki ka rété
I ni dé volkan ki la selman pou van-an
I ni dé volkan fou
I ni dé volkan boulé an sann
I ni dé volkan ki ka viv an bann ek ka rodé
I ni dé volkan ki ka pwenté djol-yo anlè dlo detanzantan
vré chien lanmè
I ni dé volkan ki ka séré fidji-yo
toulong dan lé niyaj
I ni dé volkan lonjé kon rinoséros fatidjé
dontokel yo pé taté poch galaktik-yo
I ni dé volkan kwayan ki ka fè moniman
pou gloriyé pep ki disparet
I ni dé volkan véyatif
I ni dé volkan ka japé,
an montan lagad an palapot kay lépep ki ka dòmi
I ni dé volkan avous ki ka paret ek disparet
(sa sé jes makak)
I fo pa bliyé sa ki pa lé pli piti
lé volkan pies dòwsal pa janmen lokalizé
ek dontotjel lé rantjin ka konstwi lannuit
I ni dé volkan dontotjel djol-yo ka miziré kantékant
épi déchiraj antan-lontan-a.

Mofwazaj Dorsale bossale de Aimé Césaire ki paret dan Moi, laminaire
Daniel M.

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La lucidité-oxygène de Patrick Chamoiseau (1/2)

« L’heure Bleue » de Laure Adler : 54 minutes

 

En 1992, il se voit décerner le prix Goncourt pour son roman “Texaco”. Près de trente ans plus tard, c’est en Martinique que Laure Adler part à la rencontre de l’écrivain Patrick Chamoiseau, pour tracer avec lui les contours d’une “lucidité nouvelle” précipitée par la pandémie.

Il est devenu muet lorsqu’il a découvert, en entrant à l’école à Fort-de-France, qu’on ne parlait pas créole mais français. Aujourd’hui, il cite son ami et complice Edouard Glissant qui écrivait “en présence de toutes les langues du monde”. 

Auteur de dizaines de romans et d’essais et créateur de mots et de sens, Patrick Chamoiseau a bel et bien fait du langage un allié dans sa lutte contre les absolus – une langue, une couleur de peau, une religion, un imaginaire – sur lesquels le colonialisme a fondé sa domination. 

À écouter  Patrick Chamoiseau avec « La matière de l’absence » aux Editions du Seuil

53 min

René Char a dit : “La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil » : à l’opposé d’une lucidité amère, c’est une lucidité fertile, qu’il appelle “lucidité-oxygène”, que cherche à penser Patrick Chamoiseau.

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En Martinique, l’éducation mérite mieux que des faux-semblants et des cache-misère(s)

— Par Yvon Joseph-Henri, Président de A3C —

Depuis la rentrée en confinement des établissements scolaires de la Martinique, où le présentiel est maintenu mais sans cantine pour la plupart et en alternance de groupes, c’est à un désordre important que sont confrontés parents d’élèves et élèves déjà ébranlés après le changement radical des études lycéennes du fait de la réforme anxiogène des lycées.

L’école est obligatoire, nous l’avons déjà dit. Or, faute d’éviter aux élèves et aux parents des allers-retours intempestifs, sur des temps courts qui interdisent aux parents de pouvoir travailler et aux élèves de se poser, le système mis en place bafoue et l’obligation scolaire, et le principe d’égalité. En début de semaine, les lycées du triangle Schoelcher, Bellevue, Gaillard s’étaient vidés d’élèves à l’appel de certains de leurs camarades. Seuls les professeurs semblaient présents, tandis qu’un ou deux élèves arrivaient, subrepticement déposés par leurs parents. Notre jeunesse ne supporte pas, à juste titre, l’injustice des adultes ; elle n’aime pas plus se sentir prise en otage et se sentir les dindons de la farce, et, là aussi, on les comprend.

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Cinquante ans après la mort de « Papa Doc », Haïti toujours dans l’impasse

Port-au-Prince – Cinq décennies se sont écoulées depuis la mort du dictateur François Duvalier, dit « Papa Doc », mais Haïti, minée par l’insécurité et l’instabilité politique, peine encore à effacer les cicatrices laissées par le régime et à sortir d’une interminable crise récemment illustrée par l’enlèvement de religieux.

Le kidnapping, le 11 avril dernier, de dix personnes, dont sept religieux, a mis en évidence la dérive de ce pays des Caraïbes et provoqué la colère de la population, forçant le président Jovenel Moïse à remanier le gouvernement la semaine dernière. 

L’Eglise catholique, qui occupe une place centrale dans ce pays très religieux, a dénoncé « l’inaction » du gouvernement face à la « violence des bandes armées« , et initié un mouvement d’arrêt de travail largement suivi. 

L’emprise des gangs sur les quartiers les plus pauvres, si elle s’est accrue ces derniers mois, n’est pas nouvelle. Ignorés par la classe politique, ils sont depuis des années laissés aux mains des bandes armées. 

Un stigmate parmi d’autres de la crise que traverse Haïti, nation la plus pauvre du continent américain, qui, cinquante ans après la mort du dictateur François Duvalier, le 21 avril 1971, n’a pas fini de panser ses plaies. 

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L’aménagement du créole en Haïti et les droits linguistiques au regard du projet de « Constitution » néoduvaliériste du PHTK : les sables mouvants d’une dérive totalitaire

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Mirlande X, enseignante dans un lycée de Port-au-Prince et lectrice assidue de nos chroniques linguistiques depuis plusieurs années, nous demande dans un récent courriel si les droits linguistiques figurent dans le projet de « Constitution » que l’ex-président Jovenel Moïse –dont le mandat a expiré le 7 février 2021 selon la Fédération des barreaux d’Haïti, mais qui s’accroche au pouvoir dans un climat politique marqué par la régression des droits citoyens et l’emprise grandissante des gangs armés sur le territoire national–, s’est mis en tête de faire adopter par référendum en juin prochain. Pertinente, la question de Mirlande X renvoie à la nécessité de garantir, notamment dans un texte constitutionnel, l’efficience des droits linguistiques inscrits dans la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996. Et comme nous l’avons auparavant explicitement formulé à travers la vision de l’aménagement linguistique en Haïti que nous offrons en partage dans nos articles et dans nos livres, les droits linguistiques sont un droit premier.

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Littératures: nouveautés du 21 avril 2021

Le mot littérature, issu du latin litteratura dérivé de littera (la lettre), apparaît au début du XIIe siècle avec un sens technique de « chose écrite » puis évolue à la fin du Moyen Âge vers le sens de « savoir tiré des livres », avant d’atteindre aux XVIIe – XVIIIe siècles son sens principal actuel : ensemble des œuvres écrites ou orales comportant une dimension esthétique (ex. : « C’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise littérature » André Gide) ou activité participant à leur élaboration (ex. : « Se consacrer à la littérature »).

La littérature se définit en effet comme un aspect particulier de la communication verbale — orale ou écrite — qui met en jeu une exploitation des ressources de la langue pour multiplier les effets sur le destinataire, qu’il soit lecteur ou auditeur. La littérature — dont les frontières sont nécessairement floues et variables selon les appréciations personnelles — se caractérise donc, non par ses supports et ses genres, mais par sa fonction esthétique : la mise en forme du message l’emporte sur le contenu, dépassant ainsi la communication utilitaire limitée à la transmission d’informations même complexes.

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Sciences sociales : nouveautés du 21 avril 2021

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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5G: « pas de risques nouveaux » pour la santé selon les données disponibles, estime l’Anses

Paris – La nouvelle génération de réseaux mobiles 5G en cours de déploiement ne présente « pas de risques nouveaux » pour la santé, au vu des données actuellement disponibles, a estimé mardi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), dans un avis très attendu sur cette technologie controversée.

L’Anses recommande toutefois de poursuivre les études sur l’exposition aux ondes dans les fréquences actuellement déployées (3,5 GHz) et indique ne pas disposer de données suffisantes pour « conclure » sur d’éventuels effets sanitaires des fréquences 26 GHz, également utilisées pour la 5G mais pas encore attribuées en France. 

L’agence souligne le manque d’études scientifiques sur les effets sanitaires éventuels des nouvelles fréquences. Mais en s’appuyant notamment sur des travaux réalisés sur les fréquences utilisées pour les précédentes générations de téléphonie (700 MHz à 2,5 GHz), et qui servent également pour la 5G, elle estime « peu vraisemblable à ce stade que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquence autour de 3,5 GHz constitue un nouveau risque pour la santé« . 

Concernant l’exposition à la bande des 26 GHz, pas encore attribuée en France, l’Anses souligne que « à l’heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires« . 

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Mouvement lycéen contre les incohérences politiques en Martinique

—- Communiqué du SNUEP-FSU Martinique —

Depuis la reprise, nous voyons fleurir toute sorte de propositions farfelues, pour essayer de justifier l’irresponsable : Ouvrir les établissements scolaires et davantage, le champ des contaminations.

La dernière en date ? Supprimer la restauration scolaire, car, « les établissements scolaires sont un haut lieu de contamination ». [sic].

Un jour, Pascal le recteur, et l’ARS nous affirment qu’il y a peu de cas dans les écoles. Le lendemain, Stanislas le préfet, dit le contraire.

A cause de ces responsables, flanqués d’une cohorte de personnes qui n’évolue pas dans les établissements scolaires, nous arrivons ce jour à la situation inadmissible dans laquelle l’Ecole est plongée : Le chaos !

Les chefs d’établissements ont beau se démener : Dans les établissements qui fonctionnent en demi-journée car il n’y a pas de possibilités de restauration, ce sont des centaines d’élèves qui se retrouvent seuls et abandonnés à leur sort, sans personne pour les ramener à la maison, le ventre vide.

Le préfet et le recteur d’académie doivent cesser l’amateurisme et prendre l’attache de la CTM et de Martinique Transport.

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Le jardin des sculptures – entretiens d’artistes : Luz Severino

— Propos recueillis par Matilde dos Santos Ferreira, critique d’art et curateur indépendant —

Et on arrive à la fin de la série d’entretiens avec les créateurs des œuvres du jardin des sculptures de la Fondation Clément. Transcription d’un entretien avec l’artiste Luz Severino (République dominicaine), à la Fondation Clément en juillet 2019.

Luz Severino en cinq dates. Quels sont pour toi les événements et/ou rencontres qui ont le plus impacté ta destinée ou ton œuvre ?

La naissance de mon fils, en 2002 en Martinique.

Ma date de fin d’études des beaux-arts car dès que j’ai fini l’école j’ai participé à la biennale d’art de Santo Domingo, et j’ai eu le prix d’honneur pour la gravure du Centro Léon, alors que je sortais tout juste de l’école.

L’exposition Salir del hoyo en 2007 à Santo Domingo qui marquait mes dix ans de carrière.

2001, venir vivre en Martinique.

Et des rencontres, c’est le plus important dans une vie. Une rencontre est directement liée à Avançons tous ensemble et au fait qu’elle est aujourd’hui dans le jardin des sculptures :

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Le prix Vaclav-Havel décerné à la militante féministe saoudienne Loujain al-Hathloul

Strasbourg – Le Prix des droits de l’Homme Vaclav-Havel 2020 du Conseil de l’Europe a été décerné à la militante féministe saoudienne Loujain al-Hathloul, longtemps emprisonnée dans son pays, a annoncé lundi l’institution paneuropéenne.

Loujain al-Hathloul, 31 ans, est présentée par le Conseil de l’Europe comme « l’une des cheffes de file du mouvement féministe saoudien« . 

« Elle a milité pour mettre fin au système de tutelle masculine, ainsi qu’à l’interdiction faite aux femmes de conduire, et pour une meilleure protection des femmes victimes d’abus dans le Royaume« , souligne l’organisation paneuropéenne. 

Loujain al-Hathloul « a passé 1.001 jours en prison en raison de ses prises de position et n’a été libérée qu’en février 2020, bien qu’elle soit toujours soumise à une assignation à résidence et à d’autres restrictions dans son pays« , ajoute le Conseil de l’Europe. 

Sa soeur Lina al-Hathloul, qui a reçu lundi le prix au nom de sa soeur, a souligné par visioconférence que le soutien international était « la seule manière pour nous d’exposer les injustices dans mon pays et de protéger les victimes.

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À propos du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte

Par Marie-Hélène Léotin

Lorsque la République française, et donc l’Etat français, célèbrent le Bicentenaire de la mort de Napoléon 1er, ils ne célèbrent pas Austerlitz, le sacre du 2 décembre 1804, le décret rétablissant l’esclavage dans les colonies (1802), ils ne célèbrent surtout pas le dos et le tres de Mayo en Espagne, ils ne célèbrent pas le conquérant, le général, le Premier Consul ou l’Empereur.

Ils célèbrent un personnage de l’Histoire de France qui a su parfaire et consolider un processus commencé depuis 10 ans, en apportant la Paix (Traité d’Amiens de mars 1802), le retour à la prospérité (Banque de France en 1800, Franc Germinal en 1803 donc monnaie consolidée et stabilisée), apportant la stabilisation de la société (Code civil en 1804, restauration d’une administration moderne, création des lycées et des grandes écoles en 1802 pour assurer ce que le sociologue Bourdieu appelle la reproduction) ; Napoléon Bonaparte apporte l’idée de la promotion au mérite selon son travail (Légion d’Honneur) et non pas par droit de « sang ». Les roturiers accèdent aux titres et aux honneurs de la Nation.

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Il y a 60 ans, un putsch de généraux pour l' »Algérie française »

Paris – Dans la nuit du 21 au 22 avril 1961, quatre généraux français opposés à l’indépendance de l’Algérie font sédition et s’emparent d’Alger avec des légionnaires et parachutistes, défiant le général de Gaulle au pouvoir.

Le putsch des généraux Maurice Challe, Edmond Jouhaud, André Zeller, en liaison avec le général Raoul Salan qui les rejoint le 23 depuis l’Espagne, sera bref, à peine cinq jours, et il échouera.  

L’histoire est en effet en marche: le 16 septembre 1959 de Gaulle a admis le droit des Algériens à l’autodétermination et, le 8 janvier 1961, les Français ont voté à 75% en sa faveur lors d’un référendum ouvrant la voie à l’indépendance du pays colonisé par la France.  

Pour une partie des cadres de l’armée française, déjà humiliés par la défaite en Indochine, c’est une trahison insupportable du pouvoir, incarnée par le général de Gaulle devenu président de la République, et qui vient d’évoquer, le 11 avril, un « Etat souverain » en Algérie. 

Les quatre putschistes ne seront pas seuls, d’autres généraux au rang moins prestigieux les suivront, mais sans un basculement total de la haute hiérarchie militaire et sans les soldats de l’armée de conscription.

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Celui qui se réfugia dans la montagne. Monchoachi.

— Par Widad Amra

S’il est des personnages qui avancent dans la vie, entourés d’un halo de mystère, par leur rapport à l’existence, par ce qu’ils donnent peu à voir, peu à entendre, mais tellement à comprendre, il en est un qui incarne cette alchimie mystérieuse, le poète Monchoachi.

Dans le film d’Arlette Pacquit : « La Parole Sovaj », présenté en avant-première à Tropiques – Atrium le 30 mars dernier et en première diffusion sur Martinique la 1ère, le 6 avril, André-Pierre Louis, alias Monchoachi, nous est présenté dans toute sa complexité et toute sa clarté. Chose étonnante, l’homme solitaire est descendu de la montagne du Vauclin, lui qui refuse tout projecteur, cultive l’absence plus que la présence. Il nous est apparu dans sa simplicité, son apparente fragilité, son sourire malicieux, sa modestie, son élégance.

Ce documentaire d’une belle poésie, est un voyage qui brise les codes habituels pour offrir ce que la poésie a de plus éclaté et de plus rassemblé, de plus libre, de plus primitif, voire subversif, dans ce qu’elle offre à voir de ce qu’est la beauté.

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Un palace à la Pointe du Bout : le rêve devient réalité

Par Dominique Celma

Récemment les médias se sont faits l’écho : «  Bientôt un palace aux Trois-Ilets ! «. 

Autrement dit la Martinique aura enfin ‘’son Palace’’. Un rêve !

Considérant le quartier Anse-Mitan/Pointe du Bout berceau du projet, je dirais même que nous vivons un conte de fées car cette réalité en a bien l’air.

Ce site, moteur de l’industrie touristique en Martinique au début des années 70, avait été choisi en fin des années 60 par un état planificateur pour développer le tourisme. A l’instar des projets réalisés en France métropolitaine et dans l’urgence d’assurer l’emploi aux nouvelles générations qui arrivaient sur le marché du travail, le projet, sous la houlette de l’état, en raison des avantages incontestables des lieux,  avait fédéré des investisseurs privés tant extérieurs que locaux. Ainsi fut construit un ensemble intégré constitué d’hôtels de différentes catégories, de logements et bien sûr d’une marina et de commerces. Tout ceci, comme dans l’hexagone, avait vocation à se développer de façon structurée.

Comme dans un conte, il semble qu’une mauvaise fée ait jeté un sort sur la station balnéaire, à peine avait-elle révélée ses promesses. 

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Guyane: difficile combat contre le variant brésilien, devenu majoritaire

Cayenne – Le variant brésilien ? « Aucune idée de ce que c’est, il n’y a que les scientifiques qui le savent », sourit Gui, Guyanais de 84 ans. Contrairement à la population, les autorités locales s’inquiètent, ont renforcé les restrictions et étendu la vaccination aux plus de 30 ans.

En Guyane, département qui partage une frontière fluviale et terrestre de 730 kilomètres avec le Brésil, « Le variant P1, dit brésilien, représente aujourd’hui plus de 84% des prélèvements positifs« , a indiqué cette semaine le préfet Thierry Queffelec. 

Selon les autorités sanitaires, « la couverture vaccinale de 5,32% en Guyane reste trop limitée pour protéger le territoire« , elles ont donc annoncé élargir la cible vaccinale aux personnes de plus de 30 ans, dans cette région où une personne sur deux a moins de 25 ans. 

Pourtant, au centre de vaccination de l’Encre, le seul de Guyane, les patients venus recevoir leur injection ne semblent pas tous s’en inquiéter.  

Outre Gui, l’octogénaire, qui se dit, en souriant, pas du tout effrayé par le variant brésilien, Thomas, 32 ans, se montre tout aussi décontracté.

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« Printemps noir »: il y a 20 ans, la Kabylie défiait le pouvoir dans la rue

Alger – Il y a vingt ans éclatait le « Printemps noir » en Kabylie, des émeutes nées de la mort d’un lycéen dans une gendarmerie, réprimées dans le sang par le régime. Une révolte au nom de l’identité berbère, pionnière de la contestation dans la rue.

Le 18 avril 2001, Massinissa Guermah, 18 ans, est grièvement blessé par une rafale de kalachnikov dans la gendarmerie de Béni-Douala, un bourg montagneux près de Tizi Ouzou, à l’est d’Alger.  

Le lycéen avait été interpellé après une banale altercation entre jeunes et gendarmes. Deux jours après, il meurt dans un hôpital à Alger. 

La Kabylie, qui s’apprêtait à célébrer le 21e anniversaire du « Printemps berbère » d’avril 1980 — des manifestations en faveur de la reconnaissance de la culture berbère — se soulève après les obsèques du jeune homme. 

Un peu partout, les habitants descendent dans les rues des bourgs et des villages pour réclamer la fermeture de toutes les brigades de gendarmerie de la région. 

Les manifestations tournent à l’affrontement avec les forces de l’ordre qui tirent à balles réelles.

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Respectons les principes fondamentaux de l’école publique, mixte et laïque de Martinique

L’école publique et laïque, une institution singulière par ses origines, en Martinique

Par Yvon Joseph-Henri —

L’école en France, et donc en Martinique en particulier, est gratuite, obligatoire et ouverte à tous selon la loi Mitterrand de 1989 qui n’est qu’un prolongement de l’école de Jules Ferry.

En Martinique, l’école est issue de luttes importantes à Saint Pierre pour obtenir de descendants d’esclaves noirs, la création d’écoles privées laïques malgré les résistances violentes des fiefs religieux comme le couvent de Cluny, et les frères de Ploërmel. Par la suite, à Fort-de-France, avec la reconstruction du lycée Schoelcher détruit à Saint Pierre par l’éruption de la Montagne Pelée, mais aussi par la mise en place du Pensionnat colonial, et même une formation juridique, l’école publique, plébiscitée par Joseph ZOBEL, a connu son heure de gloire.

C’est dire l’importance de l’école publique pour les Martiniquais, à la fois source d’émancipation de nos esclaves libérés, mais aussi source d’aspiration à la liberté, l’égalité, la fraternité.

Fallait-il remettre en cause les principes fondamentaux de l’école et de la République ?

Aujourd’hui, c’est gravement que monsieur le Recteur et monsieur le Préfet, vous détruisez ce pacte.

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Marlène Schiappa annonce des « États généraux de la laïcité »

Paris – La ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé dimanche la tenue d' »Etats généraux de la laïcité » qui donneront notamment lieu à une « grande consultation » auprès des jeunes sur ce sujet clivant.

Le coup d’envoi de ces Etats généraux sera donné mardi au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Paris « avec une conférence de haut niveau entre des intellectuels de toutes les sensibilités«  , précise-t-elle dans un entretien au Journal du Dimanche, citant entre autres l’académicienne Barbara Cassin, l’essayiste Caroline Fourest et le philosophe Gaspard Koenig. 

Jusqu’à l’été, « des tables rondes et des groupes de travail sur la liberté d’expression la recherche, la jeunesse, l’intégration citoyenne » seront organisées, ajoute-t-elle, assurant qu’elle laissera aussi « carte blanche » à des associations et à des syndicats. 

Une « grande consultation avec Make.org » sera enfin lancée « auprès de 50.000 jeunes« , ajoute Mme Schiappa, pour qui l’ensemble des échanges doit « être l’occasion de nous rassembler autour de la laïcité à la française« . 

« C’est un sujet de passion.

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« J’ai pour moi la beauté et la vertu, qui n’ont jamais été noires » : l’argument esthétique dans le racisme coloriste

— Par Jean-Luc Bonniol, anthropologue —

Article paru initialement dans The Conversation

Dans son Histoire générale des Antilles habitées par les François (1667-1671), le Révérend Père Jean‑Baptiste Du Tertre, missionnaire dominicain et botaniste affecté aux Antilles, écrivait ces lignes :

« On ne saurait mieux vérifier le proverbe qui dit que l’amour est aveugle que dans la passion déréglée de quelques-uns de nos Français qui se portent à aimer leurs Négresses malgré la noirceur de leurs visages, qui les rend hideuses, et l’odeur insupportable qu’elles exhalent, qui devrait à mon avis éteindre l’ardeur de leur feu criminel. »

Le 8 février 2021, le Rapport sur la diversité à l’Opéra National de Paris, signé Pap Ndiaye et Constance Rivière, a été rendu public. Il y est question du corps de ballet de l’institution ; ses auteurs prônent plus de diversité dans le recrutement et l’aménagement de certaines traditions esthétiques valorisant la blancheur.

Plus de trois siècles séparent ces deux fragments d’histoire, qui illustrent la pérennité d’une représentation valorisée de la couleur blanche de l’épiderme partagée par l’ensemble des nations occidentales, et d’une dépréciation de la couleur noire.

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À Saint-Vincent, l’aide s’organise face au volcan et à la cendre

Kingstown (Saint-Vincent-et-les-Grenadines) – Depuis une semaine, l’île de Saint-Vincent, dans les Caraïbes, vit au rythme des explosions du volcan de la Soufrière, entré en éruption le 9 avril. Sur place, l’aide s’organise. Avec un ennemi principal: la cendre qui s’infiltre partout.

Au total, 20.000 personnes ont été évacuées de la « zone rouge » dans le nord de l’île, la plus proche du volcan, laissant parfois tout derrière elles dans l’espoir de pouvoir regagner un jour leur domicile. 

Mais en attendant, le volcan, qui n’avait pas connu d’éruption depuis 1979, gronde toujours. Et recrache, à chaque explosion, des milliers de tonnes de cendres qui retombent en pluie sur tout le territoire et commence à toucher les îles voisines: la Barbade toute proche et la Martinique. 

A Saint-Vincent, île d’environ 110.000 habitants, ce sont en partie des prisonniers qui sortent la nettoyer avant de retourner dans leur cellule à la nuit tombée. 

Car les conséquences de ce déversement de cendre ne sont pas anodines. Comme elle pollue les rivières, l’alimentation en eau a été coupée en grande partie et la population n’a plus que 20% de ses ressources habituelles en eau. 

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« Il y a comme une impuissance notoire de la part de nos autorités… », dénonce le cardinal Chibly Langlois

— Par Robenson Geffrard —

Tel un « Wake-up-call », l’Église catholique a mis toute la population debout contre l’insécurité et le kidnapping le jeudi 15 avril. Même le secteur privé des affaires qui, pendant longtemps s’était enfermé dans un silence assourdissant, est monté au créneau pour dénoncer ce mal commun. «…le peuple  est totalement fatigué avec les actes de kidnapping. Nous n’en pouvons plus vraiment. C’en est trop ! Il y a comme une impuissance notoire de la part de nos autorités…  », a fulminé le cardinal Chibly Langlois dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste et à l’AFP.

La journée du jeudi 15 avril dernier est allée au-delà de la décision de l’Eglise catholique d’observer un arrêt de travail. C’est tout le pays qui était à l’arrêt pour dénoncer l’insécurité et le kidnapping. « Ce support exprime que cette manière pour l’Église catholique de protester contre le kidnapping est partagée par tous ces secteurs. Ceux-ci s’y retrouvent et en profitent, sachant que l’union fait la force », a affirmé le cardinal Chibly Langlois.

Cette décision de l’Église catholique d’observer cet arrêt de travail, selon l’évêque des Cayes, est arrivée au moment où « tout le peuple est totalement fatigué avec les actes de kidnapping.

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«Dieu Gou, le retour d’une statue» ou comment sortir d’un débat de spécialistes?

— Par Siegfried Forster —

Lorsqu’on regarde l’histoire de l’exploitation coloniale, on oublie souvent la spoliation des œuvres d’art. « Dieu Gou, le retour d’une statue », le documentaire de Laurent Védrine, programmé au Festival Vues d’Afriques au Canada, se concentre sur une pièce unique, la sculpture du dieu Gou, chef-d’œuvre de l’art africain, côté symbolique « comparable à l’armure de Jeanne d’Arc », et qui ne fait pas partie des 26 pièces que la France va restituer au Bénin. Autrement dit : même par rapport au Bénin, la France accuse un très grand retard.

Lorsque votre enquête, du Pavillon des Cessions du Louvre où se trouve actuellement cette statue du dieu Gou jadis admiré par Picasso et Apollinaire, jusqu’au Bénin, avez-vous rencontré des difficultés de recueillir la parole ?

Laurent Védrine : Nous n’avons rencontré aucune difficulté au Bénin. Les gens ont déjà des avis différents. Il y a l’avis du gouvernement, l’avis des militants, l’avis des historiens, l’avis des gens qui sont directement concernés par leur histoire familiale ou par l’histoire de leur groupe social. En France, on nous a refusé un entretien au ministère de la Culture ainsi qu’au musée du Quai Branly.

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