— Par Aude Mazoue —
Au lendemain des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie en France, les professionnels du secteur jettent un regard sans complaisance sur leur spécialité, passée de « pionnière et innovante » à moribonde. L’hégémonie américaine explique en partie ce déclin français.
Au cœur de la tourmente franco-américaine, le DSM, (abréviation de l’anglais : « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders »). Ce manuel, qui répertorie les troubles mentaux, les diagnostics et les statistiques, élaboré par les Américains s’est invité dans la psychiatrie française dans les années 1980. « Au fil du temps, les normes que ce manuel véhicule ont fini par prévaloir dans le champ de la psychiatrie française. »
L’ouvrage de référence, utilisé aux États-Unis par des cliniciens, des chercheurs, des compagnies d’assurances, des entreprises pharmaceutiques et les pouvoirs publics, est régulièrement actualisé en fonction des données collectées. Mais à l’occasion de sa dernière mise à jour en 2013, le document a suscité une grande défiance des praticiens français. Une majorité d’entre eux redoutent, en effet, que la classification américaine prive la psychiatrie de sa subjectivité.