— Par Monchoachi —
Habiter un corps est le propre des humains. L’homme habite un corps comme une demeure où il accueille ses expériences du temps et de l’espace, et plus que tout, la parole, toutes choses qui vont lui permettre de se projeter pour s’accomplir. Cependant, tous les hommes n’ont pas, sur le même mode et avec la même intensité, ce sentiment d’habiter un corps car l’épreuve du temps, les traces dont il imprègne le corps et qui vont animer la langue, n’est pas la même pour tous.
Ainsi, nous, Antillais et Guyanais habitons un espace qui porte un passé dont la présence ne peut être reléguée, puisqu’elle marque le début des Temps modernes, et que c’est dans cet espace que l’Occident a ancré et dévoilé son projet de mainmise sur la terre entière. Cet espace que nous habitons porte donc cette empreinte particulière et déterminante, et il va continument accuser cet effluve et le propager en toutes ces vibrations. Le temps qui nous porte est aussi chargé de nos expériences propres et surtout de notre épreuve singulière s’agissant du corps.