Les arrestations et procès se multiplient, alors que le quotidien reprend son cours après les marches de protestation du 11 juillet.
— Par Lydia Corso(La Havane, envoyée spéciale) —
« Nous allons devenir un peuple de migrants et de prisonniers. Mais, au moins, on ne pourra plus dire que les Cubains n’ont rien fait pour se libérer de ce régime. » La voix chevrotante et les yeux humides, Lucia (le nom a été changé), productrice artistique de 29 ans, enchaîne les cigarettes avec nervosité sur sa terrasse du quartier du Vedado à La Havane, dans la chaleur moite et écrasante de ce lundi 19 juillet. Depuis des jours, dans la capitale cubaine, les opposants au régime vivent la peur au ventre.
Les manifestations inédites du dimanche 11 juillet, qui ont vu sortir spontanément des milliers de personnes dans les rues de l’île au cri de « Nous avons faim » et « A bas la dictature », ont été suivies d’une vague de répression. Si le président communiste, Miguel Diaz-Canel, a reconnu un mort et des dizaines de blessés parmi les manifestants, l’ONG de défense des droits de l’homme Cubalex a recensé de son côté plus de 600 arrestations et disparitions, lors des protestations puis les jours suivants, la police allant chercher à leur domicile des dissidents supposés.