« Les cinq fois où j’ai vu mon père », texte et m.e.s. de Guy Régis Jr
— Par Roland Sabra —
Le nom du père Guy Régis Jr le porte plutôt deux fois qu’une et c’est sans doute pourquoi « Les cinq fois où j’ai vu mon père » est certainement le texte le plus intime de Guy Régis Jr. Le pré-nom annonce ce qui doit advenir, ce qui n’est pas encore, avant même de différencier les individus au sein de la famille. L’ adjonction de Jr au nom du père le souligne avec évidence en supposant une re-production forcément imparfaite de ce qui est déjà. C’est une pratique usuelle aux États-Unis mais aussi dans certaines sociétés arabes dans lesquelles le pré-nom porte la mention « fils de » ( Ben…). Si le père n’existe que par ses actes, l’enfant n’est donc, dans ce cas, que le prolongement d’un des actes du père.
L’auteur le dit très clairement dans son « travail, depuis des années, mère, père, fils, fille, défilent, s’entrechoquent indéfiniment.» Il pose la famille comme «clef du problème humain.»