— Par Dominique Daeschler —
Il faudra dix ans à Koltès, musicien émérite, égaré un temps dans une école de journalisme puis repéré par Robert Gignoux ( TNS ) pour faire entendre son écriture. En 1977, alors que se joue à Lyon sa pièce Sallinger commandée et mise en scène par Bruno Boeglin, il crée, pour Yves Ferry, acteur au TNS « la nuit juste avant les forêts » au festival d’Avignon ( off). C’est un succès, le milieu théâtral s’ouvre à l’écriture de celui qui fera un long compagnonnage avec Chéreau.
Comme toujours chez Koltès, le lieu est interlope ( pont d’autoroute, parking, , quais…). Ici les verticales des piliers vont aider à tracer un parcours, un jeu de cache- cache qui introduit le trouble, les tensions, le goût du secret. Cruciani semble jeter dans ce décor l’acteur Jean Christophe Folly : à lui d’y introduire fiction et réel. L’homme anonyme s’y débat, et débat : son monologue est de fait un soliloque, un face à face où seul un interlocuteur parle. Jean Christophe Folly empoigne la poésie sombre de Koltès à bras le corps, dispersant les énergies , laissant rebondir sa parole sur le silence.