Dans ma communication précédente intitulée Souffrance et jouissance aux Antilles, une contribution à l’analyse du désastre, je soulignais ceci : Ma thèse est qu’une société qui accorde trop à l’entropie, qui fait excès de concession au désordre, crée sa propre fragilité. Elle devient vulnérable et sa jeunesse avec elle.
Et pourtant une partie de notre jeunesse connaît la réussite scolaire, allant même jusqu’à l’accès aux grandes écoles et une autre prend l’initiative de fonder des entreprises, y compris afin que notre pays sorte de ce système d’économie de comptoir : acheter pour revendre en ignorant la possibilité d’avoir une production diversifiée. Mais il y a aussi ceux qui souffrent de l’échec scolaire et du chômage. Certains d’entre eux ont le sentiment d’être déclassés ou de subir la relégation sociale.
Leur énergie sociale compulsive participe d’une frustration, en particulier chez certains groupes de jeunes qui manifestent sur les ronds-points. Elle s’exprime aussi bien en souffrance qu’en jouissance. On sent bien chez eux l’objet du manque qui produit la souffrance : toute l’inhibition qui résulte des incapacités à acquérir des objets par lesquels le système consumériste exerce une constante séduction.