— Par Sarha Fauré —
La semaine Kalinago est un événement majeur célébré chaque année en Dominique, particulièrement sur le territoire Kalinago, une réserve de 15 km² dédiée aux descendants des premiers habitants de la Caraïbe. Créée pour préserver la culture et les traditions du peuple Kalinago, cette célébration, qui remonte au 19 septembre 1930, est devenue un symbole de résilience, de fierté et d’unité pour cette communauté.
La commémoration de la guerre de 1930, qui marque un tournant dans l’histoire des Kalinagos, honore leur lutte contre l’oppression et rappelle la mémoire des hommes tombés lors de ces affrontements tragiques. Depuis 1981, chaque année, des événements comme des débats, des hommages aux anciens, ainsi que des concours, tels que Miss Kalinago et Princess Natari, sont organisés pour renforcer les liens entre les membres de la communauté.
En 2024, cet événement a pris une tournure historique avec l’installation d’Anette Sanford comme première femme cheffe du peuple Kalinago. Lors d’une cérémonie marquante sous le grand Karbay, en présence de figures politiques dominicaines, Sanford a prononcé un discours puissant. En saluant ses invités par le mot amérindien « Mabrika », elle a rappelé l’esprit de résilience et de détermination de son peuple face à des siècles de colonialisme, de génocides et d’oppression.
Echos d'éco
Super-héritages : le jackpot fiscal des ultra-riches
Tandis que 80% des Français∙es ne reçoivent aucune donation du vivant et que parmi celles et ceux qui héritent, 9 sur 10 touchent moins de 100 000€ au cours de leur vie, Oxfam France publie un nouveau rapport alertant sur l’émergence d’une minorité d’ultra-riches touchant des super-héritages insuffisamment taxés.
Ce rapport montre notamment que le top 0,1% des héritiers ne paye qu’environ 10% de droits de succession – contre 45% en théorie – et met en lumière un système de taxation des successions opaque et inadapté.
Super-héritages : les chiffres-clés
-
Les super-héritier∙es français∙es, soit le top 0,1% des héritier∙es, reçoivent environ 13 millions d’euros – soit 180 fois l’héritage médian – et ne paient, en moyenne, que 10% d’impôt dessus.
-
Dans les 30 prochaines années, 25 milliardaires français transmettront à leurs héritier∙es plus de 460 milliards d’euros de super-héritages sur lesquels l’Etat risque de perdre 160 milliards en raison des niches fiscales existantes, si rien n’est fait.
-
Les parents fortunés peuvent transmettre plus d’un demi-million d’euros tous les 15 ans à leurs héritier∙es sans payer le moindre impôt.
-
7 des 9 Français∙es devenu∙es milliardaires en 2024 sont des super-héritier∙es.
Politiques, Sociologie
Impasse des négociations à EDF-PEI : la Guadeloupe plongée dans des délestages massifs
Les négociations entre EDF Production Électrique Insulaire (EDF-PEI) et le syndicat FE-CGTG sont dans l’impasse à la centrale de Pointe Jarry, située à Baie-Mahault, en Guadeloupe. Malgré la médiation de la Direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), les discussions peinent à avancer. Ce blocage est survenu après une interview radiophonique de la directrice d’EDF-PEI, Gaëlle Paygambar, qui a suscité l’indignation des grévistes. Lors de cette intervention, la directrice a évoqué une indemnité de transport de « 1000 euros en moyenne » versée à chaque agent, une déclaration vivement contestée par la FE-CGTG, qui exige un démenti avant toute reprise des pourparlers.
Pendant ce temps, la situation électrique sur l’île se dégrade. Depuis le début de la grève, le 16 septembre 2024, huit des douze moteurs de la centrale de Pointe Jarry sont à l’arrêt, entraînant un déficit de production. Ce manque a des répercussions directes sur la distribution d’électricité, avec des délestages qui s’intensifient au fil des jours. Ce mardi 17 septembre, EDF Archipel Guadeloupe signalait que 12 300 foyers, principalement situés aux Abymes, à Trois-Rivières, à Morne-à-l’Eau et au Moule, étaient privés de courant dès l’après-midi.
Politiques
Sabotage massif : des bipeurs piégés frappent le Hezbollah et révèlent l’infiltration israélienne
Un incident d’une ampleur inédite a frappé le Hezbollah ce mardi 17 septembre, provoquant la mort de neuf membres et blessant près de 2800 personnes. À la source de cette tragédie, un élément inattendu : l’explosion simultanée de milliers de bipeurs utilisés par les membres de cette organisation pro-iranienne. Ces petits appareils de communication, tombés en désuétude depuis l’avènement des téléphones portables, avaient été réintroduits par le Hezbollah comme une alternative discrète aux smartphones, espérant ainsi échapper à la surveillance israélienne. Mais ce qui devait être un outil de communication sécurisé s’est transformé en véritable bombe à retardement.
Une attaque coordonnée à grande échelle
Les faits sont survenus à 15h30, lorsque des milliers de bipeurs ont explosé en même temps, provoquant une onde de choc au sein de la milice libanaise. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent les membres du Hezbollah prenant leurs bipeurs en main, juste avant que les déflagrations ne se produisent. Les explosions ont été si synchronisées que les experts s’accordent sur l’hypothèse d’une attaque hautement coordonnée, visant à frapper plusieurs cibles à la fois.
Les bipeurs, un outil obsolète devenu mortel
Les bipeurs, connus pour être des récepteurs passifs de messages courts, avaient été réadoptés par le Hezbollah dans le but d’échapper à la surveillance électronique israélienne.
Les chroniques de Jean-Marie Nol
La vie chère en Martinique : un prétexte éminemment politique ou la goutte de trop ?
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
La question de la vie chère est sans conteste un des éléments déclencheurs de cette explosion de violence dans certains quartiers, mais elle ne saurait à elle seule expliquer la profondeur de la crise martiniquaise.
Mais que cache la violence exacerbée de certains jeunes en Martinique sous le prétexte de la vie chère ?
Le problème des prix élevés touche l’ensemble des territoires ultramarins, y compris la Guadeloupe, la Guyane ou encore La Réunion, mais seule la Martinique semble actuellement en ébullition. Cette singularité martiniquaise peut s’expliquer par un malaise identitaire et social plus profond que dans les autres DROM, lié certes à l’histoire coloniale de l’île, mais avec au surplus une quête identitaire jamais assouvie, et à tort ou à raison un sentiment d’abandon des autorités politiques locales et nationales. A mon avis le fil rouge à suivre dans cette affaire est la question récurrente et prégnante de l’autonomie et de l’indépendance. Ce sont incontestablement des revendications politiques anciennes portés par la majorité des partis politiques de la Martinique, mais qui à ce jour ne connaissent pas d’aboutissement au grand désarroi d’une frange de la population, d’où une certaine incompréhension et une frustration.
Echos d'éco, Ecologie
Pêche illégale en Guyane : une menace croissante pour l’écosystème et l’économie locale
— Par Sabrina Solar & Jean Samblé —
La pêche illégale en Guyane française constitue une crise écologique et économique grandissante, qui, au cours de la dernière décennie, a atteint des niveaux sans précédent. D’après un rapport publié le 16 septembre par le WWF, le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) et l’Ifremer, cette pratique illicite, largement dominée par des pêcheurs étrangers, a doublé en intensité depuis 2011. Le constat est alarmant : la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) menace non seulement la durabilité des ressources halieutiques locales, mais aussi l’ensemble de l’écosystème marin guyanais, tout en ébranlant les bases économiques d’un secteur déjà fragile.
L’ampleur de la pêche illégale en Guyane
Le rapport indique qu’entre 2019 et 2023, l’effort de pêche INN dans les eaux territoriales guyanaises a atteint 10 914 jours en mer, soit près de deux fois plus qu’au cours de la période 2009-2011, où 5 536 jours avaient été recensés. Cette intensification de l’activité illégale est principalement due aux incursions de pêcheurs artisanaux venus des pays voisins, principalement du Brésil, du Suriname et du Guyana.
Littératures, Politiques
Algérie, ce pays presque mien
— Par Gary Klang —
Lorsque mon ami-frère Karim Akouche m’incita à écrire un texte sur l’Algérie, j’ai tout de suite accepté car ce pays presque mien me tient autant à cœur qu’Haïti, la France ou le Canada.
Je suis né en Haïti. Ma mère et mes grands-parents maternels sont eux aussi nés dans cette île, ce qui fait de moi un vrai natif natal, comme on dit là-bas. Tandis que mon grand-père paternel a vu le jour à Bône (Annaba) en Algérie, le 6 septembre 1883. La guerre de 1870 chassa Napoléon le Petit, mais aussi mon arrière-grand-père de Metz, en Alsace-Lorraine. Voici ce qu’en dit mon grand-père, Charles Klang, dans ses Mémoires :
« Pieds nus dans la neige et sous la rigueur du froid en hiver, c’est ainsi qu’il (son père Louis-Arthur) s’est battu. A la reddition de Metz, où il se trouvait alors, les Allemands lui offrirent le choix : ou demeurer à Metz et devenir Allemand, ou laisser la ville dans les 24 heures. Avec plusieurs compatriotes, il décida, abandonnant tous ses intérêts, de partir pour l’Algérie.
Expositions
Exposition « Taïnos et Kalinagos des Antilles » au Musée du Quai Branly
Redécouvrir les premiers habitants des caraïbes
Jusqu’au 13 octobre, le Musée du Quai Branly – Jacques Chirac présente « Taïnos et Kalinagos des Antilles », une exposition exceptionnelle qui célèbre les civilisations amérindiennes des Caraïbes, les Taïnos et les Kalinagos, deux peuples qui ont marqué l’histoire des Antilles bien avant l’arrivée des Européens. Cette exposition rend également hommage à une première manifestation tenue il y a 30 ans au Petit Palais, sous l’égide de Jacques Chirac, alors maire de Paris. L’exposition de 1994, dirigée par le collectionneur Jacques Kerchache, fut un succès majeur, contribuant à changer le regard porté sur les arts non-occidentaux et à poser les bases de la création du musée du Quai Branly.
Un voyage dans l’histoire des Antilles
Les Taïnos des Grandes Antilles et les Kalinagos des Petites Antilles étaient les premiers peuples à vivre dans les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb en 1492. Leurs sociétés florissantes furent les témoins directs de la première rencontre entre le Nouveau Monde et l’Europe, une rencontre qui allait bouleverser leur existence. L’exposition retrace cette histoire tragique, marquée par la colonisation, les guerres, et les maladies qui ont décimé ces peuples.
Expositions
Mathieu Jean Gensin : une quête artistique entre héritage et modernité
— Par Sarha Fauré —
L’exposition « À la quête de mes origines : entre initiations et transmissions », présentée au Musée des Cultures Contemporaines Adama Toungara (MuCAT) et à la Galerie Eureka, célèbre l’œuvre et le parcours unique de Mathieu Jean Gensin, un artiste martiniquais profondément ancré en Côte d’Ivoire depuis plus de six décennies. Ce projet met en lumière son exploration des racines culturelles et de la transmission artistique, thèmes qui traversent toute sa carrière.
À 90 ans, Gensin demeure une figure majeure de l’art négro-caraïbe et ivoirien. Né en Martinique, il a étudié les Beaux-Arts à Paris avant de s’installer en Côte d’Ivoire en 1960, année marquant l’indépendance du pays. Installé à Adjamé, dans le quartier Dallas, il fonde le mouvement négro-caraïbe, qui fusionne les traditions artistiques des Antilles avec celles de l’Afrique de l’Ouest. À travers ses œuvres, Gensin revisite ses origines tout en s’appropriant les rituels et symboles mystiques ivoiriens. Sa toile « Rituels » en est un exemple frappant, où il dépeint un personnage entouré de fétiches dans une scène de consultation, symbolisant l’interaction entre le visible et l’invisible.
Politiques, Sociologie
Où va la Martinique ?
— Par Jean-Pierre Maurice —
En cette rentrée de septembre, dans cette crise de la vie chère que connaît notre île aujourd’hui, une question se pose : où va la Martinique ?
Car trop d’abus, trop d’irrégularités gangrènent notre société martiniquaise : telles sont, en vérité, les raisons principales du mouvement actuel qui secoue la Martinique au nom de la lutte contre la vie chère.
Un mouvement que personne n’avait vu venir, animé par une nouvelle génération. Un mouvement qui traduit en réalité une certaine souffrance de la société martiniquaise à la recherche de moyens de lutter contre l’injustice et l’anarchie ambiantes.
Anarchie des transports, anarchie de la santé, anarchie de la décentralisation, anarchie des services publics, anarchie dans le domaine de l’environnement, anarchie des terres volées, anarchie des constructions illégales, anarchie de la vie chère… : le désordre est partout, l’intérêt collectif nulle part, dans l’indifférence de l’État, de ses services publics et des élus locaux.
Juste un exemple : un récent rapport de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a dénoncé, en ce mois de septembre 2024, des « défaillances » en matière de radioprotection dans les services de radiothérapie et de médecine nucléaire de Martinique.
Les chroniques de Jean-Marie Nol
La politique de rigueur risque de frapper très fort , mais inconscience et ignorance sont encore de mise au sein du peuple !
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
La situation des finances publiques françaises, marquée par des années de dérive de la dette, atteint aujourd’hui un point critique, et les conséquences de cette dégradation risquent de se faire sentir lourdement, tant sur l’Hexagone que sur ses territoires d’outre-mer. Le budget 2025 nécessitera de faire des économies importantes, malgré une Assemblée nationale fragmentée comme jamais. C’est bien un casse tête budgétaire qui est en vue pour le prochain gouvernement ,car osons le dire c’est la rigueur qui apparaît nécessaire en France pour retrouver l’équilibre de nos finances publiques . Au détour d’une phrase , le premier ministre Michel Barnier a lâché le gros mot : « rigueur ».
Les annonces des difficultés de finances publiques sont récurrentes et les nombreuses alertes de la Cour des comptes nous y préparent fréquemment. Le respect des
engagements européens appelle à court terme des décisions inévitablement douloureuses. D’après l’économiste Eric Heyer : « On se dirige vers un budget d’austérité qui va réduire la croissance économique » Au-delà de la France hexagonale , sortir des difficultés récurrentes de trésorerie nécessitera des réponses plus structurelles en outre-mer.
Expositions, Peinture
« Surécriture » : exposition de Chantal Charron jusqu’au 27 octobre à la Fondation Clément
Pourquoi donc les choses nous font elles signe en attente d’être nommées, écrites ? Le monde, en effet, est déjà une sorte d’écriture première qu’il nous appartient de déchiffrer.
— Par Philippe Charvein —
L’écriture est précisément ce qui relie les choses dans une sorte de totalité ; une manière de montrer en quoi leur juxtaposition est signifiante.
Dire l’humanité dans sa volonté d’être, d’exister, de surgir de l’informel et d’affirmer ainsi son identité et sa matérialité. Telle est la philosophie de cette exposition de Chantal Charron intitulée : « Surécriture ».
« Surécriture », en effet, évoquant cette nouvelle écriture dont la finalité, selon le vœu de l’artiste, est précisément de mettre en avant cette humanité – la nôtre – en quête d’elle-même ; en quête de sens… une humanité qui tisse et retisse en permanence les liens qui assurent son mouvement, son expansion et ses interrogations.
Médium incontournable dans la mise au jour de cette épopée humaine : le bogolan, ce textile naturel africain permettant à l’artiste peintre de restituer cette humanité en mouvement dans sa quête de sens ; une humanité saisie souvent dans son surgissement ; une humanité au contact des choses naturelles, ajoutant à cette réalité des significations nouvelles par le travail artistique.
Les chroniques de Jean-Marie Nol
Crise du BTP et de l’immobilier en Guadeloupe et Martinique : il y a urgence à agir !
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
La crise qui secoue actuellement le secteur du BTP en Guadeloupe atteint des proportions inquiétantes. Le BTP voit chuter les appels d’offres (-29,8 %), et des ventes de matériaux de construction. Les prévisions pour le troisième trimestre s’annoncent sombres, les entreprises anticipent une baisse d’activité au trimestre suivant. À tel point que les professionnels du bâtiment, pourtant habitués aux fluctuations de leur marché, lancent un véritable cri d’alarme.
En Martinique, la situation du BTP semble encore plus degradee, car la Fédération régionale du BTP Martinique lance un nouveau cri de détresse. La baisse des commandes publiques et privées, ainsi que les retards de paiement affectent lourdement les entreprises. Toute la profession est mobilisée et dans leur viseur, notamment, la Collectivité territoriale de Martinique (CTM), qu’ils accusent de n’offrir aucune perspective en termes de grands chantiers. La baisse de la commande publique et les retards de paiement impactent lourdement les entreprises du secteur.
Mais,loin de se résigner, ils tentent malgré tout de rester constructifs et de proposer des solutions pour redresser un secteur clé de l’économie locale.
Cinéma
La Noire de… Un film d’Ousmane Sembène
Mercredi 18 septembre – 18h30 à Tropiques-Atrium
Avec Mbissine Thérèse Diop, Anne-Marie Jelinek, Robert Fontaine
France / Sénégal | 1966 | 1h | Horreur | Prix Jean Vigo 1966 | Version restaurée 4K – Sortie le 9 octobre 2024
Synopsis :
Une jeune nourrice sénégalaise rejoint ses patrons français à Antibes. Elle espère découvrir la France et veut la visiter, elle comprend vite que sa patronne ne l’a fait venir que pour servir de bonne à tout faire, sans aucun répit.
L’incantation silencieuse d’une révolte contre le néocolonialisme
— Par Hélène Lemoine —
Ousmane Sembène, figure majeure du cinéma africain, marque une rupture essentielle dans l’histoire du cinéma avec son premier long métrage, *La Noire de…*. Ce film de 65 minutes, conçu dans un format nécessaire pour obtenir l’aval du CNC, reflète les débuts d’un cinéaste qui se détache des codes esthétiques occidentaux pour offrir un cinéma profondément engagé. Avant *La Noire de…*, Sembène avait déjà esquissé ses talents de conteur et de critique sociale avec *Borom Sarrett* (1962), un court métrage néoréaliste. Cependant, *La Noire de…* pousse cette critique à un niveau supérieur, en devenant un jalon incontournable dans l’histoire du cinéma africain.
Politiques
« Outre-mer » : l’urgence d’une nouvelle ère politique et institutionnelle
— Par Jean Samblé —
Les territoires d’Outre-mer français sont depuis plusieurs décennies au cœur de tensions politiques, sociales et économiques qui s’intensifient. Alors que le nouveau gouvernement de Michel Barnier s’installe, la question de la gouvernance des Outre-mer revient en force, suscitant des attentes considérables de la part des élus ultramarins. Ces derniers, confrontés à des difficultés multiples allant du chômage endémique à l’inflation galopante, réclament un retour à un ministère de plein droit dédié aux Outre-mer, jugé indispensable pour une gestion plus efficace et plus respectueuse des particularités de ces territoires.
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017, pas moins de six ministres se sont succédé pour gérer les problématiques spécifiques des 2,8 millions d’habitants de ces territoires éloignés, du Pacifique à l’océan Indien en passant par les Caraïbes. Cette instabilité ministérielle a contribué à un sentiment d’abandon parmi les populations concernées, exacerbant des crises sociales déjà profondes. La gestion des Outre-mer, reléguée au second plan des priorités gouvernementales depuis 2022, est perçue comme inefficace et inadaptée aux réalités locales, créant un fossé entre la métropole et ces régions ultramarines.
Ecologie
« Écologie décoloniale » : repenser la fracture coloniale et environnementale à travers le prisme caribéen
— Par Sabrina Solar —
L’ouvrage de Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale, n’aborde pas spécifiquement le XIXe siècle, mais propose une analyse profonde des fractures coloniales et environnementales, en les réarticulant depuis ce que l’auteur désigne comme le « nœud colonial de 1492 » jusqu’à nos jours. Ce livre, récompensé par la Fondation de l’écologie politique et issu de la thèse de Ferdinand, se situe à la croisée de la théorie politique, de l’écocritique et de l’histoire, offrant ainsi une perspective particulièrement précieuse pour les historien.nes, notamment par l’originalité de ses ambitions conceptuelles.
Dès l’introduction, l’auteur énonce clairement sa thèse : l’histoire coloniale ne peut être dissociée des causes profondes des ravages environnementaux actuels. Il s’agit ainsi de repenser ensemble la double fracture coloniale et environnementale, longtemps perçue de manière isolée. Ferdinand explore cette démarche depuis l’espace caribéen, qui constitue un point d’observation crucial pour analyser l’assise économique des empires européens et les conséquences écologiques de la colonisation. L’auteur se positionne dans une démarche cosmopolitique, celle d’un « monde commun » fondé sur des actions politiques pluriverselles, défiant les conceptions traditionnelles qui réduisent la planète à un simple « oikos », un espace à gérer de manière restreinte et exclusive.
Education Formation
Le Pass Culture en question : inefficacité, inégalités et propositions d’amélioration
— Par Sarha Fauré —
Le Problème du Pass Culture : Depuis sa création en 2021, le Pass Culture a été critiqué pour ne pas atteindre ses objectifs. Un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles indique qu’il est souvent contre-productif et amplifie les inégalités.
1. Critères d’éligibilité et utilisation : Le Pass Culture offre 300 euros aux jeunes de 18 ans et moins pour dépenser dans des activités culturelles via une application. Cependant, les jeunes les plus aisés en bénéficient davantage, et l’argent est souvent dépensé pour des œuvres populaires plutôt que pour la découverte culturelle.
2. Impact économique et social : Le Pass Culture est coûteux (260 millions d’euros) et son efficacité est remise en question. Il finance principalement des producteurs privés et étrangers, et crée des opportunités de trafic, ce qui nuit à son objectif de soutien aux œuvres et lieux subventionnés par l’État.
3. Critique et alternatives : La mesure est critiquée pour ne pas combler les fractures culturelles et pour remplacer des initiatives telles que l’ouverture des bibliothèques publiques. Un second Pass Culture, collectif, introduit en 2022 dans les écoles, semble plus prometteur mais nécessite une évaluation plus poussée.
Ecologie
Phénomènes extrêmes : quand le climat se transforme sous nos yeux
— Par Simon H. Lee, Hayley J. Fowler, Paul Davies(*) —
Les phénomènes météorologiques extrêmes sont, par définition, rares sur notre planète. Les orages violents, les vagues de chaleur caniculaire ou encore de froid mordant illustrent ce dont le climat est capable dans ses pires moments. Mais ce qui peut être considéré comme normal ou non est en train de changer. Comme le climat de la Terre se réchauffe rapidement, surtout du fait de la combustion d’énergies fossiles, l’éventail des conditions météorologiques possibles, y compris les conditions extrêmes, est en train de changer.
Les scientifiques définissent le « climat » comme la distribution des événements météorologiques qui peuvent être observés sur une période donnée, par exemple à travers les températures minimales et maximales, les précipitations totales ou le nombre d’heures d’ensoleillement. Ils en déduisent des mesures statistiques, telles que la température moyenne (ou normale).
S’adapter face à un climat qui évolue de plus en plus vite
Comme le temps peut s’appréhender à plusieurs échelle, de la seconde à la décennie, plus la période sur laquelle le climat est analysé est longue, plus ces analyses capturent avec précision l’éventail infini des configurations possibles de l’atmosphère.
Poésies
Tiédeurs de Minuit.
— Par Myrna Nérovique —
L’antre de mon bonheur,
M’intime cette tiédeur.
L’amour à la Sardou,
Te rend doucement fou.
La vie me semble impossible,
Dans mes passions où tout drible.
La bonté de mes yeux doux,
S’irrite de l’immensité du roux.
La rigueur de nos ardeurs,
Fane allègrement ces fleurs.
Je t’aimerai toujours à la folie,
Dieu le sait, comme le dit Sophie.
Myrna Nérovique
Cinéma
« MaXXXine », un film de Ti West
Vendredi 20 septembre à 19h à Madiana
31 juillet 2024 en salle | 1h 44min | Epouvante-horreur
Synopsis :
Interdit – 12 ans
Los Angeles, dans les années 80. Star de films pour adultes et aspirante actrice, Maxine Minx décroche enfin le rôle de ses rêves. Mais alors qu’un mystérieux tueur traque les starlettes d’Hollywood, des indices sanglants menacent de dévoiler le sombre passé de Maxine.
La presse en parle :
Mad Movies par Gilles Esposito
Une étonnante descente aux enfers, portée par une narration retorse et par le portrait d’une héroïne d’exception, dont l »insolence se situe au-delà de toute morale.
20 Minutes par Caroline Vié
Mia Goth et le réalisateur Ti West se retrouvent pour la troisième fois avec le flippant et sexy MaXXXine qui dose parfaitement les ingrédients d’un succès sulfureux.
Cahiers du Cinéma par Vincent Malausa
S’il embrasse en un étrange équilibre de cynisme et de romantisme toute une contre-histoire sinistre de Hollywood et de ses starlettes aux destins broyés (on songe notamment au magnifique The Canyons de Schrader), MaXXXine n’en demeure pas moins irradié d’une malice et d’une légèreté vénéneuses et jubilatoires.
Education Formation, Politiques
Service National Universel : projet ambitieux, mais inefficace et coûteux
— Par Jean Samblé —
Le Service national universel (SNU), instauré en 2019 sous l’impulsion du président Emmanuel Macron, est aujourd’hui au cœur des débats sur son efficacité et son avenir. Conçu pour renforcer la cohésion nationale et développer un esprit civique chez les jeunes de 15 à 17 ans, le SNU n’a toutefois pas encore rencontré l’adhésion massive attendue. Son ambition de généralisation à toute une classe d’âge d’ici 2026 soulève des critiques croissantes, tant sur ses objectifs flous que sur ses contraintes logistiques et financières.
Selon un rapport récent de la Cour des comptes, le dispositif actuel ne répond pas pleinement à ses ambitions, notamment en matière de mixité sociale et d’engagement. La composition sociologique des participants, marquée par une surreprésentation de jeunes issus de milieux favorisés et de familles liées aux corps en uniforme, limite l’objectif d’inclusion. En outre, malgré un objectif initial de participation de 800 000 jeunes par an, ce nombre n’a jamais été atteint.
Un autre point de discorde concerne le coût du SNU. Estimé par le gouvernement à 2 milliards d’euros, ce chiffre a été jugé largement sous-évalué par la Cour des comptes, qui avance un coût réel se situant entre 3,5 et 5 milliards d’euros par an pour sa généralisation.
Cinéma
« Septembre sans attendre », un film dee Jonás Trueba
Lundi 16 sept. à 19h | Vendredi 20 sept. à 14h | Mardi 24 sept. à 14h | À Madiana
Par Jonás Trueba, Itsaso Arana
Avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Andrés Gertrudix
Titre original Volveréis `| 28 août 2024 en salle | 1h 54min | Comédie dramatique
Synopsis :
Tout public
Après 14 ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle : organiser une fête pour célébrer leur séparation. Si cette annonce laisse leurs proches perplexes, le couple semble certain de sa décision. Mais l’est-il vraiment ?
La presse en parle :
Le Monde par Cl. F.
D’autres matériaux nourrissent la fibre mélancolique de l’œuvre – car on défie quiconque de ne pas être ému. Tel ce faux flash-back d’Alex incrusté dans le récit, en fait une vidéo de l’acteur Vito Sanz jeune, filmé dans la vraie vie par une amie et découvrant Paris, que Trueba transforme en archive des temps heureux.
Les Inrockuptibles par Jacky Goldberg
Jonás Trueba compose une comédie de (peut-être) remariage absolument enchanteresse, aussi retorse que limpide en apparence, agissant comme un courant profond qui vous emporte sans crier gare au large.
Echos d'éco
Retraites minimales : deuxième vague du versement des augmentations à l’automne
Environ 850 000 personnes vont recevoir cet automne l’augmentation liée à la revalorisation de leur « petite pension ». Cette mesure, prévue par la réforme des retraites, concerne les retraités relevant du régime général qui perçoivent une retraite minimale. Une première vague de versement avait été effectuée dès septembre 2023 mais une partie des allocataires ne l’avait pas encore perçue et est donc concernée par ce versement. Celui-ci inclut un rattrapage des sommes dues depuis un an, date de l’entrée en vigueur de la réforme.
Si votre retraite est calculée au taux maximum et que son montant est faible, elle peut être majorée pour atteindre une « retraite minimale », aussi appelée « minimum contributif ». Vous devez avoir cotisé au moins 120 trimestres, tous régimes de base confondus, pour y avoir droit.
La réforme des retraites de 2023 prévoit une augmentation de la retraite minimale, pour atteindre 85 % du Smic net, prise en compte automatiquement dans le calcul de votre retraite.
Pour en bénéficier, les conditions sont les suivantes :
- avoir une retraite calculée au taux maximum ;
- justifier d’une durée de cotisation tous régimes de 120 trimestres ou plus ;
- percevoir une retraite de base ne dépassant pas 847,57 € par mois (augmentation comprise) ;
- la somme de toutes vos retraites (de base et complémentaires) ne doit pas dépasser un certain plafond : 1 352,23 € par mois (augmentation comprise).
Les chroniques de Jean-Marie Nol
Lutte contre la vie chère en Martinique : Attention à l’impasse stratégique sur le plan économique et politique !
— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Les évènements actuels en Martinique , depuis plus d’une semaine, ne sont que le résultat de décennies de déni de la question de la vie chère qui, loin de guérir le problème, n’a fait que le rendre plus explosif. Les spécialistes antillais d’histoire politique ont peu écrit sur les émotions, concentrant leur intérêt sur des sujets plus durs, plus rigoureux tels que l’esclavage et la colonisation . Pourtant les émotions sont la clef de la vie politique actuelle de la Martinique et de la Guadeloupe, et elles y ont eu une grande importance dans la façon de façonner la neuropsycho-généalogie des Antillais ,car les émotions servent alors de révélateur des discriminations et de levier vers la critique sociale et politique de la gouvernance dans les anciennes colonies. Alors quelles sont les véritables intentions des activistes au delà du caractère émotionnel en quittant la table des négociations, sachant que la résolution finale de cette problématique de vie chère ne leur appartient nullement, mais relève en grande partie de l’État français et aussi revient à la CTM qui annonce le projet sous certaines conditions de supprimer l’Octroi de Mer sur 54 familles de produits ?
Education Formation
Crise de l’eau au Lycée de Croix-Rivail : une rentrée scolaire paralysée et des élèves en détresse
— Par Sarha Fauré —
Depuis plusieurs mois, le Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole (LEGTA) de Croix-Rivail, à Ducos, subit de fréquentes coupures d’eau, une situation qui perturbe gravement le quotidien des élèves et du personnel éducatif. Ce problème, déjà alarmant en mai 2024, a atteint son paroxysme lors de la rentrée de septembre, qui n’a tout simplement pas pu se tenir. Les coupures d’eau incessantes, associées à une absence de réponse durable de la part des autorités, ont conduit à une paralysie totale de l’établissement, empêchant les élèves de débuter leur année scolaire.
Dès le mois de mai, les lycéens avaient déjà exprimé leur ras-le-bol en bloquant l’accès à l’établissement pour protester contre la dégradation de leurs conditions de vie et d’étude. Les coupures d’eau récurrentes avaient rendu le maintien des cours difficile, affectant directement la préparation des repas, l’hygiène des élèves et l’organisation des examens. Face à cette situation, les élèves avaient dénoncé l’inaction des autorités et leur incapacité à fournir une solution pérenne. En réponse à cette mobilisation, une citerne d’eau avait été livrée en urgence, offrant un répit temporaire.