— Par Patrice Dalencour —
En me lisant, certains, conditionnés par de vieux réflexes, fulmineront des anathèmes. Je ne m’y arrêterai pas, réservant mon écoute à ceux qui par le poids de leurs arguments pourraient ébranler une position mûrement réfléchie et douloureusement adoptée. Et plus encore, je serai touché par la sincérité des voix qui annonceront joindre l’acte au radicalisme nationaliste verbal, soit en restant sur notre sol avec toute leur famille, soit en organisant des vols charter pour rentrer y vivre ou y mourir solidairement à nos côtés. C’est ce témoignage qu’ont donné des Ukrainiennes et des Ukrainiens regagnant leur patrie pour y combattre l’envahisseur.
Bref, nous approchons de la vingt-quatrième heure, celle qui précède les lendemains qui déchantent. Donc il est grand temps de parler clair et de parler vrai. Grand temps de choisir d’être chair ou poisson. Grand temps, sans fioritures de style, d’assumer le rejet de toute forme de présence militaire étrangère sur notre territoire, en proposant réponse alternative préservant des suites catastrophiques et mortifères, si ce n’est génocidaires et suicidaires, de l’effondrement de l’État haïtien. Mais il est aussi temps, si l’on pense différemment, de se résigner à cette aide militaire et de le dire, même les yeux embués de larmes, tout en prévoyant sa gestion afin de réduire ses effets négatifs et de maximiser les bénéfices possibles de ce « mal nécessaire ».