— Par Par Béatrice Mathieu —
Aux Antilles, la banane fait vivre une large partie de la population. Mais entre les pressions sur les prix imposés par la grande distribution et la concurrence des pays latino-américains, la filière se meurt. Enquête.
Aperte de vue, c’est un camaïeu de vert, comme un tableau pointilliste, qui s’étale et dégouline lentement vers le turquoise de l’océan Atlantique. Au loin, les îlets Métrente, Oscar, Thiery et Pelé crénellent l’horizon. Sous la caresse des alizés, les grandes feuilles molles des bananiers ondulent langoureusement. Ici et là, des citronniers, goyaviers et arbres à pain avec leurs fruits gros comme des boules de pétanque, cassent la verticalité des bananeraies. Joris Paviot a passé toute sa vie à travailler cette terre rouge sang. Comme ses parents et ses grands-parents. Depuis une vingtaine d’années, il a repris l’exploitation familiale. Un bout de paradis luxuriant de 5 hectares sur les hauteurs de la commune du François au centre-est de la Martinique.
« Aujourd’hui, on ne vit plus de la banane, on en crève, souffle ce quadragénaire. Ma femme me dit d’arrêter, mais je ne peux rien faire d’autre.