— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
La problématique linguistique haïtienne, il faut encore le souligner, est débattue depuis de nombreuses années sous toutes les coutures par des linguistes, par des enseignants et par des intellectuels haïtiens d’horizons divers souvent porteurs d’une indispensable réflexion citoyenne en écho aux travaux de la créolistique. Ainsi, le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot s’est exprimé à voix haute dans un texte courageux, lucide et percutant paru dans Le Nouvelliste du 7 juillet 2005, « Ki politik lengwistik pou Ayiti ? », auquel le linguiste Renauld Govain a répondu dans un article de grande amplitude et fort éclairant, « Pour une politique linguistique en Haïti aujourd’hui » (Le Nouvelliste, 29 juillet 2005). Ces deux articles méritent d’être relus avec attention tant la réflexion, qui aborde des questions de fond, ratisse large.
Dans son article, Lyonel Trouillot précise ce qui suit : « La tentation facile de considérer le français comme une langue étrangère comme une autre, l’anglais par exemple, me semble un refus délibéré de tenir compte d’une donnée fondamentale : la nécessité de préserver la spécificité culturelle de notre état nation dont l’une des composantes est le patrimoine linguistique.