— Le n° 328 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
La polémique est partie dans toutes les directions.
Le président du Bénin en visite en Martinique :
Qui devait le recevoir ? Où devait–il aller ? Où ne devait–il pas aller ? Quel est son objectif ? Qu’il y a-t’il à gagner ou à perdre dans ce passage chez nous ? Était–ce un honneur ? Une indignité ? Les plumes et les micros s’affolent encore ! Les boussoles aussi !
L’affront suprême à notre dignité serait que l’exposition d’art africain que ledit président allait inaugurer, se trouvait sur l’habitation Clément, haut lieu, dit–on, de l’abomination esclavagiste. On est tout de même contraint de s’interroger : dans un pays qui a vécu deux siècles sous la férule, existe-t’il un lieu où le claquement du fouet n’a pas résonné, ne s’est pas gravé dans la mémoire historique ?
Le président césairiste de la CTM évoque les principes et la morale pour ne pas fricoter avec Bernard Hayot et « son » exposition en un lieu aussi symbolique de la souffrance des aïeux.
Mais, Serge Letchimy ignore–t’il que l’on vient à peine de démonter une belle exposition consacrée à Aimé Césaire et à son combat, dans ce même lieu ? En tout cas, il n’a pas oublié le « courbaril de la réconciliation » planté par le chantre de la négritude en compagnie du béké maître des lieux, puisqu’il a lui, célébré en grande pompe, l’anniversaire de cet événement historique avec le même compagnonnage, le 17 décembre 2001 ! Et surtout, une question subsidiaire très concrète nous monte à l’esprit : depuis quand et… pour combien de temps, Bernard Hayot sent-il à ce point le soufre pour le leader du PPM ?
Quand on voit le nombre de grands dirigeants politiques de ce pays qui ont placé le sieur Hayot au cœur de leur projet politico-économique, et s’en sont même vanté, on reste rêveur devant l’unanimité de ces retournements de façade.
Et puis, il y a « l’autocrate du Bénin » … Son illustre présence sur notre sol peut–elle faire oublier que, beauté et intérêt de l’art ou pas, la bourgeoisie et les privilégiés africains n’ont jamais été que les relais du colonialisme, du premier jour de la traite à aujourd’hui ? Les supplétifs africains du système esclavagiste sont-ils plus ou moins condamnables que les profiteurs européens de la traite des deux côtés de l’Atlantique ? L’intérêt d’une telle question est anecdotique.
Hier comme aujourd’hui, les opprimés sont du même côté de la barrière. Notre ambition est de continuer leurs luttes souvent héroïques. Et en face, il y a les héritiers des protagonistes d’hier, de toutes les couleurs. En février 1976, lors du passage très fêté de Senghor en Martinique, le GRS en avait choqué quelques–uns en publiant une brochure critique sur le personnage.
Aujourd’hui, ce qui fait problème, plus que le lieu d’une exposition, c’est bien le pouvoir économique, et donc politique d’un Hayot et de quelques autres. Pourquoi est–il visiblement seul capable de posséder un espace pouvant abriter des expositions de cet acabit, alors que la CTM a capitulé en ne se donnant pas les moyens d’avoir son projet de « centre des civilisations caribéennes », en réclamant au besoin les aides nécessaires ? L’État français exonère les grosses fortunes, comme celle d’Hayot, de l’impôt et donc ruine la culture, ruine l’université. Cela permet au grand seigneur de jouer au mécène du haut de sa fortune.
Les collectivités démunies peuvent, à tel ou tel moment, pousser un cri pour être fidèle à l’air du temps, faire dans le clinquant et le symbolique à bon compte. Mais, elles ont à la patte un fil trop puissant pour oser poser le vrai problème de l’organisation coloniale capitaliste de la société, des inégalités qu’elle génère, de l’impuissance qui en découle pour celles et ceux d’en bas.
L’amitié entre les peuples des Caraïbes et les peuples africains, ne passe pas par les hochets, les gadgets, les faux–semblants. Elle passe par la volonté commune d’engager le fer contre l’ordre injuste du monde, de s’appuyer sur les intérêts communs des peuples exploités, sur la conscience renouvelée des luttes d’hier, le souvenir des martyrs, sans se laisser distraire de l’objectif émancipateur commun.
Que les masses populaires et leurs représentant·e·s s’emparent réellement de ce programme, et alors, les questions de visites présidentielles, de choix de lieux pour expositions prestigieuses, se poseront tout autrement.
Au delà des remerciements à … Zandronis
RCI et son directeur de Guadeloupe se sont couverts de ridicule et de honte en sanctionnant une journaliste coupable d’avoir à la fois une conscience et du métier. Les soutiens qu’elle a reçus sont légitimes. Cela relève de l’évidence.
À partir de ce cas particulier bien des questions se posent.
1) Que le sieur Bardella, que certains chez nous n’hésitaient pas à trouver « brillant », se déclare agressé, et insulte une journaliste, simplement parce que celle–ci a traîné son museau dans le caca de ses contradictions et mensonges, parce qu’elle a tenu tête en revenant sur la vérité, voilà qui en dit long sur l’habitude qu’il a de se trouver face à des journalistes twèl a pié, larbins de l’ordre dominant.
2) On imagine mal en France un·e politique s’en prenant aussi grossièrement à une journaliste sans encourir ipso facto les hurlements de la meute. Il suffit de demander aux porte-paroles de la F.I. !
3) Qu’un directeur de média vole ainsi au secours d’un chef du RN en réprimant une journaliste de son propre média, voilà qui nous prouve qu’on est aux colonies où tout va plus loin en matière de prévention, d’auto censure, de soumission au désir réel ou supposé du maître !
4) Il est heureux que ce lamentable épisode ait si vite franchi l’océan pour parvenir dans les rédactions, quand même éberluées de tant de zèle. Comme quoi le directeur concerné a juste perdu une occasion de la boucler !
Les syndicats de Palestine appellent à la solidarité !
La Fédération générale palestinienne des syndicats de Gaza, la Fédération générale palestinienne des syndicats, le Syndicat général des enseignants palestiniens, l’union générale des femmes palestiniennes, le Syndicat des journalistes Palestiniens ont lancé un appel au mouvement ouvrier international afin « d’agir contre l’injustice, comme les syndicats l’ont fait historiquement ».