— par Roland Tell —
N’est-ce pas qu’à la bonne heure, il faut savoir mourir ? Selon Saint-Paul, c’est là un privilège, que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, bien caché et enfoui dans les profondeurs de l’esprit humain. Mais qu’en est-il de l’esprit du monde, que l’homme n’a pas reçu ?
Certes, traîner son corps mortel, au temps du déclin, n’est-ce pas jouissance de vieillard ? Que reste-t-il à faire pour se surmonter à l’heure du grand oubli ? Certes, tel un estomac, le cerveau digère la maladie, mais l’esprit aussi décline, qui n’a plus appétence que pour l’attente espérée. Où donc traîner ce corps, sinon vers la mort, les yeux fermés, telle la fin qu’on espère ? Ah, miracle, plutôt ! Se faire enlever par Dieu, sans subir la mort. Saint-Paul ne dit-il pas qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent ? Qu’aura-t-on à lui donner en retour ? C’est par la foi, que l’on reçoit la faveur de se faire enlever par Dieu !
Mais le dé, dont dépend le destin, tombera-t-il comme on le souhaite ? Comment Dieu fera-il , sans toucher terre, pour que « des choses qui ne se voient pas, ce qui est visible a pris naissance ? » (Saint Paul). C’est par la foi, qu’on s’oublie soi-même, afin d’obtenir une meilleure résurrection.
Mais au fait, qu’en est-il de l’esprit du monde ? En écrivant ces lignes sur la foi, « substance de ce que nous espérons », selon Sain-Paul, comment ne pas penser aux évènements actuels, aux conflits mondiaux, aux migrations structurelles, à toutes ces mises à l’épreuve civiques et politiques, provoqués par le retour du tribalisme moderne, comme esprit de clocher, du côté de la Corée du Nord, et au Moyen Orient islamique, comme appel à un universalisme religieux ! Comment ne pas penser à ces hommes, dont la folie terroriste fait aujourd’hui des fils de perdition, deux fois qu’ils ne le sont eux-mêmes, selon Saint Mathieu ? Qu’apportent-ils comme dons à leur dieu, sinon la cruauté de leur âme ? Qui donc les a séduits, afin qu’ils pensent qu’ils retireront des biens éternels des flots de sang, des destructions, des souffrances et des douleurs, après les attentats perpétrés à Paris, Nice, Londres, Berlin, afin de domestiquer l’Europe sous des oragans de ténèbres ? Au prix de quelles hécatombes, leur foi sera-t-elle réalisée ? Ils se voilent l’âme dans la nuit, où ils sont entrés – nuit de désespoir, nuit de grand mépris pour la civilisation européenne, au sein de laquelle ils se sacrifient pour un Califat d’agonisants, du côté de Mossoul.
Mais depuis, le seuil de l’Apocalypse a abandonné les pays du Moyen-Orient. En effet, de luttes surnaturelles, l’esprit du monde a besoin ! Les surhommes présidentiels des Etats-Unis et de Corée du Nord, Donald TRUMP, d’un côté, KIM JONG-UN de l’autre, ont, en chacun d’eux, quelque chaos à engendrer. La Terre devient soudain plus fragile, sous le poids de leurs missiles balistiques à ogive nucléaire, de très grande portée. Inépuisables sont leurs blasphèmes sur la place publique du monde ! Du péril atomique, l’un et l’autre ont fait métier, et, face au monde incrédule, ils se promettent l’enfer !
Les choses de Dieu et les choses de César sont journellement dans leurs discours, pour la jubilation, les clameurs, et les envies des peuples concernés. Derrière les micros, la bouche de Washington parle de guerre juste pour l’île de Guam, la bouche de Pyongyang lui répond par des rires de glace. Déconcertante est la diplomatie mondiale, obscures les voies de Dieu ! Et pourtant si une guerre devait apparaître, c’est folie, s’il faut en référer à Saint-Paul, « car la figure de ce monde passe ». Aussi convient-il de se rapprocher avec assurance du « trône de la grâce », d’où viendra alors « la justification qui vivifie ».
Face à ces transgressions humaines, d’où viendra le salut ? Une lumière se lèvera-t-elle à l’ONU, pour inscrire de nouvelles valeurs de paix universelles ? Puisse la foi guider les diplomates, face à ce nouveau tribalisme mondial, traversant les frontières, avec son potentiel d’exportation, de contamination, d’expansion. Les divisions des tribus (américaine et coréenne) traverse la planète Terre, depuis l’île de Guam. D’où son universalisme.
« Notre paroisse, c’est le monde », selon la célèbre formule de John Wesley, le fondateur du méthodisme, doctrine de la perfection chrétienne, dont le fondement éthique est la conscience de l’autre, c’est-à-dire le respect inconditionnel de l’autre, selon la grande tradition biblique des migrations. L’Epître à Diogène ne dit-il pas à peu près que, certes, nous habitons la Terre, mais en réalité, nous y sommes comme des voyageurs. En réalité, notre vraie patrie est au Ciel. Une telle proclamation a-t-elle une portée universelle et normative, pour les Américains du Nord, comme pour les Coréens du Nord ? En ce sens, la Terre n’est donc plus l’objet d’une sacralisation, puisque c’est Dieu qui la donne. Mais les va-t-en guerre, ou en terrorisme, sont-ils en mesure d’entendre de telles références religieuses ? Tel est le prix de l’universalité concrète. En l’occurrence, seule la paix entre Américains et Coréens risque d’apparaître comme une victoire !
ROLAND TELL