—Tribune de Thierry Renard pour le Front de Gauche —
Le problème du transfert du lycée Schœlcher est arrivé maintenant au niveau étatique. Cette information nous a été donnée de façon si naturelle que l’on pense que cette ingérence est normale. Il n’en est rien.
Avant les élections de la CTM, il aurait été impossible aux représentants de l’État de s’immiscer dans les affaires relevant des compétences de la Région Martinique.
Depuis la loi de décentralisation de 1982, la compétence pour le bâti des lycées a été transférée aux Régions. Ce sont donc les Régions qui sont les seules habilitées à décider où elles veulent implanter des lycées, qu’ils soient de transit ou non. Alors, que se passe-t-il chez nous ?
Il faut savoir que depuis la loi du 27 juillet 2011 qui crée la CTM, on nous fait croire que nous aurons plus de pouvoir de décision. Décider nous même, pour nous même. C’est la base d’une certaine autonomie que l’on nous a vendu le 24 janvier 2010.
Or, ce que l’on a omis de dire à la population, c’est que dans le texte créant la CTM, on a donné au représentant de l’Etat, « Monsieur le Préfet », un pouvoir de Gouverneur. Le Préfet a aujourd’hui le droit de rejeter unilatéralement les décisions de la CTM, qu’elles soient sur les nouvelles compétences demandées mais aussi sur les compétences transférées du Conseil Général ou du Conseil Régional.
Le lycée Schœlcher nous permet aujourd’hui d’y voir plus clair. Ayant perdu les élections, le Président du PPM au bord de l’implosion a franchi le Rubicon. Il appelle « au secours le papa blanc ». Demandant l’intervention de l’Etat pour l’épineux dossier du transfert du lycée Schœlcher, le président autonomiste du PPM montre ainsi son déni pour la démocratie, s’abaissant à supplier pour avoir le soutien de l’Etat (Gouverneur) afin de sauver la face dans un combat perdu d’avance.
Cette demande d’intervention de l’Etat nous montre bien que nous avons reculé 60 ans en arrière pour revenir dans un état de quasi colonie, alors qu’Aimé Césaire a porté la départementalisation en 1946.
Le peuple Martiniquais doit comprendre que la démocratie est en péril ici bas. Les pouvoirs qui ont été remis aux mains d’un seul homme en dernier recours (le Préfet-Gouverneur), sont une reculade sans précédent pour nous. Nous devons interdire toutes interventions de l’État et retrouver le peu de souveraineté que nous avions jadis.
Le couperet est tombé. C’est le lycée Acajou 1 qui a été choisi pour accueillir le lycée Schœlcher. Qu’en pense la communauté scolaire ? Qu’en pensent les syndicats comme le SNES-FSU qui c’est battu pour défendre le lycée Acajou 1 dans un passé qui n’est pas si lointain ? Qu’en pensent les parents d’élèves qui ont scolarisé leurs enfants à Fort-de-France et qui se trouvent maintenant scolarisés au Lamentin ?
La décision de l’État a le mérite de mécontenter tout le monde. A croire que les événements en métropole sont des signaux non perçus par le gouvernement et que celui-ci cherche délibérément à créer un climat insurrectionnel en Martinique aussi.
Nous, le Front de Gauche, réclamons que la CTM reçoive les mêmes dotations à l’euro près, comme si nous étions un Département-Région.
Nous réclamons la non intervention de l’État dans les compétences régionales et départementales qui nous ont été transmises.
Que l’état veuille garder un droit de regard sur de nouvelles compétences demandées, oui. Qu’il nous mette en coupe réglée se gardant le dernier mot sur tout ce qui peut être décidé par la CTM, NON.
Car cela est pire que le 49.3, c’est de la dictature.
Pour le Front de Gauche
Le secrétaire Départemental du Parti de Gauche
Thierry Renard