Le Noël des enfants
— Par Selim Lander —
Le père Timkat a perdu les cadeaux qu’il a fabriqués pour tous les enfants de la terre. Ou plutôt on les lui a volés. C’est le méchant Diabolo qui a fait ça. Or Noël approche. Alors il faut faire vite appel à deux petits malins, Tijan et son Kompè Gamba, pour les retrouver. Et aux enfants présents dans la salle, bien sûr, qui seront sollicités pour dénoncer les menteurs, corriger les comportements anti-écologiques et, surtout, indiquer le bon chemin aux deux amis.
On ne peut que s’émerveiller de la qualité des spectacles jeune public qui sont produits aujourd’hui et sur les moyens mis en œuvre (en l’occurrence onze comédiens, sept membres d’un groupe folklorique, quatre musiciens). Et se réjouir que les petits enfants auxquels ce spectacle est destiné aient répondu présents, avec leurs parents. Il y a eu à cet égard un changement énorme par rapport à l’époque, bien lointaine, où nous étions parent d’enfants en bas âge, a fortiori enfant nous même (juste après la deuxième guerre mondiale !). Nous n’avons pas le souvenir d’avoir eu la moindre occasion d’assister alors à un événement comme celui-ci. C’est un signe, parmi d’autres, de l’enrichissement de notre pays dont on doit se féliciter.
L’intégration des préoccupations écologiques dans le théâtre jeune public est un autre fait dont il convient de se réjouir, pas seulement que les artistes se sentent investis de cette mission mais surtout que les enfants répondent avec pertinence quand on les interroge sur le sujet. L’école, à cet égard au moins, ne faillit pas. Et si les enfants d’aujourd’hui n’oublient pas, en grandissant, tout ce qu’on leur aura appris, alors on peut espérer que la Martinique sera débarrassée à l’avenir des bouteilles de plastique vides, des emballages de pizzas, des VHU (véhicules hors d’usage), etc. qui polluent notre environnement quotidien.
Les costumes (de Karl Galim et Rosita Gommard) sont un point fort de ce spectacle. Ceux qui évoquent des animaux (colibri, manicou) autant que ceux revêtus par les humains de la fable. En particulier, les grosses bouilles dont sont affublés Tijan et Gamba les rendent tout de suite sympathiques. Encore faut-il ajouter que les deux comédiens cachés derrière ces énormes masques se montrent très à l’aise dans leurs personnages, contrairement à d’autres plus maladroits.
On a apprécié également les apparitions du conteur pour ouvrir et fermer le spectacle, les accessoires ultra-simplifiés (chevaux, avion), les jeux de lumière intervenant aux moments cruciaux et… la discrétion de l’orchestre. On a moins aimé l’intervention du groupe folklorique qui n’ajoutait rien au spectacle, sinon peut-être par le comique involontaire d’un grand gaillard à la démarche embarrassée qui semblait se demander ce qu’il faisait sur le plateau. Et l’amplification des voix laissait souvent à désirer.
Quoi qu’il en soit, Au royaume des mille cadeaux écrit et mis en scène par Tafari Toutanyonn fait honneur à la production martiniquaise même si on peut lui reprocher de s’étirer un peu trop, au risque de lasser son public. Une heure pour un spectacle destiné à de jeunes enfants, c’est beaucoup, surtout lorsque l’action connaît peu de rebondissements.
Tropiques-Atrium, 20 décembre 2017.