Au Ciel… Hommage à Édouard Glissant

— par Malik Duranty —

 

Au Ciel, dit-on, se trouvent ceux qui montent au stade qui dépasse nos savoirs de vivant. Oh Ciel ! Crieront ceux qui voient l’autre, lui, monter sans que la rencontre ne s’oublie et que la relation ne s’efface.

Au Pays, voir les visages avec ou sans les masques de la distorsion monumentale de la réalité, celle des îles paradis dans l’archipel et dans l’infernal entre limitation et infinité. Oh Pays ! Au tant de visages affables de rencontres et de mises en relation, telle est le paysage de la marche. Celle qui est plurielle et, est porteuse de ses Uns qui sont des pas lancés ; non pas, dans l’anéantissement, mais lancés dans le mélange du faire, des savoirs, des êtres en façon et en manière.

Aux Mers et au Soleil, vos accords dans la mélodie du Vent, emportent le souffle de nos dires libres, pour aller vibrer nos méditations, dans le coeur des autres d’autres bords, d’autres lieux et d’autres côtés. D’outres bords, d’outres lieux et d’outres côtés. Oh Mer ! Oh Soleil ! Vos harmonies dans la mélodie du Vent emportent les succulences ou les démences de nos pensées libres, méditées à la face du Monde, depuis notre en-dedans démystifié de notre blés, cette douleur créatrice à la force du cri premier.

Entendons-le, lui, un chantre de notre philosophie qui n’a que faire des illusions barrières d’avec la spiritualité. Il est le sculpteur de la même pièce aux diverses facettes. L’Artisan d’une poétique, pour l’invention d’un langage, à l’esthétique fidèle au fond du coeur, béant et sensible, ouvert au Monde.

Monsieur Édouard Glissant, le grand frère qui explique, expose et propose notre relation au Monde.

Tourbillonnent en moi les mots de ces dires allégés du poids de leurs réalités conceptuelles. L’infidèle à l’orthodoxie a créé un savoir de nous regarder, de nous entendre et de nous dire, dans une poétique rafale de terre volcanique et explosive, d’une Pawòl libre dans la drive de notre idéal et de la bestialité de notre condition. Voilà, une lumière compacte qui fait de l’ombre aux néons occidentaux, à la pensée alambiquée d’une supériorité inventée.

La poétique positive se nourrit des faits vrais et denses de nos relations. Elle fait de nos lieux des espaces de rencontre sans frisson morbide. Là où, nous sommes alanguis de passion au partage. Partage de temps fondé et d’espace nommé, à l’esthétique métamorphosée d’une nouvelle ère de nous-mêmes… Née…

Édouard Glissant : le voilà le volcan d’une esthétique insulaire qui n’a pas de frontières et, dépasse la douleur vécue comme une misère. Lui de la poétique du Tout-Monde. Lui, il voit les visages pleins d’expressions d’un quotidien qui, prend de la dimension dans la pensée qui, le lance ou le plonge dans l’infini du présent. Alors que se créolise le Monde ! Qu’il soit libre de se construire libre au fait des gens libres. Que les cellules de l’humanité se créent, réelles dans les environnements du Monde. Qu’elles nomment ses lieux et ces lieux ! Qu’elles nomment ses ères et ces ères ! Qu’elles nomment ses savoirs et ces savoirs ! Qu’elles nomment ses visages et ces visages ! Qu’elles nomment ses genres et ces genres, ses façons et ces façons, ses manières et ces manières ! Qu’elles les disent dans les mots inventés pour nommer ce qui de nous périt et ce qui de nous survit.

Alors, du chaos, laissons l’intuition de la Pawòl créer le chaos à nouveau comme l’ancien et encore Un dans les divers.

Créer la poétique. Créer l’alentour et le dedans qui nous pénètrent d’une façon comme d’une autre, du biologiquement au psychiquement. Lui, il a créer le dire quelque chose de l’alentour et du dedans qui nous pénètre. Nous pénètre et nous fait naître : humain de nos visages à notre andidan, de notre histoire à nos conditions, et en créolisation de nos destins à notre présent. Alors, fulminent les pensées d’opprimés pour se dire, la révolution à-venir, de consciences positives prêtes, à la métamorphose au firmament de la Dignité Intégrale de l’Humanité.

Alors que l’altérité soit de nous-ici-et-ailleurs au miroir d’un lieu et d’un temps présent de nous. Que les fondements soient les découvertes des fruits et des poisons sur cette terre. Les découvertes des visages et expressions d’ici et d’ailleurs. Que cette dynamique permette la création de gestes fertiles qui figurent à notre entendement. Lui et nous créeront le langage… les Arts… les Arts du Langage… les langages d’Arts… Alors que se créolisent les dires… Que se créolisent les dispositions de nos mentalités dans le partage et la constitution d’un ensemble plus divers.

L’essentiel du fond des choses se trouve dans la matière et dans leur signifiance. Et par notre drivance historique, culturelle, coutumière et langagière, la diversité nous touche, nous pétrit, nous nourrit en force dans notre création, navigation et méditation vers le sens. Construisons l’évidence même de nos rencontres prolongées en relations. Car, il nous sera possible, de cette philosophie, de créer une poétique signifiante du Monde Total et Global. Cette création de laquelle nous perçons la surface, par méditation, pour atteindre l’état naïf de création des profondeurs.

Édouard Glissant pour toi, l’imparfait des particuliers a suscité les relations entre eux. Par leur et notre naissance au Monde, le Tout-Monde est alors ouvert, perpétuel et continuel, dans la bouche du Poète bravant le temps des identités figées, fermées, pour annoncer l’avènement des identités mélangées en paix par le partage.

En lutte nous sommes pour l’Intégrale Dignité Humaine.

Ta méditation et ta position et ton mouvement Ne nous quitteront pas, ils nous servent de flambeaux Dans la mangrove de notre Archipel souffle du Beau Du mélange qui créé un autre Un en divers sens Dans la poétique et nos intentions dedans Celles de nos intuitions premières de naissance.

Merci Monsieur Édouard Glissant…
Le 10/02/2011