Le second tour de l’élection présidentielle et des législatives n’a finalement pas eu lieu ce dimanche en Haïti, reporté à la dernière minute pour des raisons de sécurité. Si l’opposition, qui refusait de participer à ce qu’elle considère comme « un coup d’Etat électoral » fomenté par le pouvoir en place, s’en réjouit et réclame le départ immédiat du président Michel Martelly, les partisans du candidat du pouvoir, Jovenel Moïse, sont déçus et en colère. Ils estiment avoir été privés de leur droit de vote.
Les passants se frayent un chemin entre les fruits et légumes des marchandes de Jalousie. Dans ce bidonville, la crise électorale est sur toutes les lèvres. « Je ne suis pas satisfait du report des élections. Nous, le peuple haïtien, nous savons qu’un président élu doit être remplacé par un autre président élu, souligne cet homme. J’étais disposé à aller voter ce dimanche. J’ai l’habitude de remplir ce devoir de citoyen. J’ai voté au premier tour pour mon candidat préféré et là, je ne suis pas d’accord que l’on reporte le second tour. »
Un peu plus loin, Montreuil Kenan porte fièrement le bracelet rose de Tet Kale, le parti de son champion, Jovenel Moïse, le candidat du parti au pouvoir, arrivé en tête au premier tour. « Nous sommes les sympathisants de Jovenel, explique-t-il. Nous savons que c’est lui qui peut apporter le changement, qui peut empêcher la violence, empêcher que des pneus brûlent et que des pare-brise de véhicules soient cassés. Il est contre le désordre. Il nous a dit de rester mobilisés, de ne pas participer à des actes de violence, de rester tranquilles, de ne pas manifester. »
Pour ses sympathisants, c’est une évidence : le prochain président de la République d’Haïti s’appellera Jovenel Moïse. Et ce, peu importe la date pour le second tour de ce scrutin déjà reporté à deux reprises.
« Si on ne peut pas voter, Martelly doit partir » …
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Avec nos envoyés spéciaux, Stefanie Schüler et Bertrand Haeckler, et notre correspondante à Port-au-Prince, Amélie Baron