Au 29 avril 2015, les autorités brésiliennes rapportaient plus de 6800 personnes touchées par cette nouvelle épidémie qui devrait arriver en Martinique dans les semaines qui viennent, quelques mois tout au plus. Moins dangereux que la dehnghe ou le chikungunya il a la particularité de se transmettre aussi sexuellement et de se manifester par des symptômes difficiles à distinguer de ceux de la denghe!
Le virus Zika (ZIKV) est un arbovirus membre de la famille des Flaviviridae et du genre Flavivirus, responsable de la fièvre Zika. Il tire son nom d’une forêt en Ouganda où il a été identifié pour la première fois en 1947. Répandu dans les régions tropicales d’Asie et d’Afrique, il est responsable en 2007 d’une épidémie sur les îles Yap, en Micronésie, où il infecte près des trois quarts des habitants de l’île. Il est, depuis cet épisode, considéré comme émergent.
Transmis par la piqûre d’un moustique infecté, il peut entraîner un syndrome proche des autres arboviroses, avec fièvre, éruption cutanée, céphalée et douleurs articulaires, spontanément résolutif. C’est par ailleurs le seul arbovirus pour lequel une transmission sexuelle a été mise en évidence.
Le virus est détecté la première fois en avril 1947 chez un singe macaque rhésus utilisé comme sentinelle lors d’une étude de la fièvre jaune dans la forêt Zika, au bord du lac Victoria sur la presqu’île d’Entebbe. Il est à nouveau isolé dans la même forêt en 1948 chez un moustique Aedes africanus. La transmission vectorielle par un moustique du genre Aedes est par ailleurs prouvée artificiellement au laboratoire en 19561.
Le premier cas humain est décrit en 1964. Quatre années plus tard, en 1968, puis à nouveau entre 1971 et 1975, le virus est isolé chez l’Homme au Nigeria. Entre 1951 et 1981, des preuves d’infections, par isolement de virus ou par la recherche de traces sérologiques chez l’Homme, sont détectées dans plusieurs pays africains (Ouganda, Tanzanie, Égypte, République centrafricaine, Sierra Leone, Gabon et Sénégal) et asiatiques (Inde, Malaisie, Philippines, Thaïlande, Viêt Nam et Indonésie). Le virus est séquencé pour la première fois en 20062.
Au début du mois d’avril 2007, une épidémie touche les îles Yap en Micronésie. Elle culmine au mois de mai, puis régresse, avec des cas décrits jusqu’en juillet. Ce sont près de 900 cas qui sont probablement attribuables au virus Zika, dont 99 cas confirmés. Une étude sérologique montre que près des trois-quarts des habitants l’île ont été infectés, mais aucune hospitalisation ni aucun décès liés ne sont recensés. Le virus gagne également d’autres îles proches, comme Ulithi, Fais, Eauripik, Woleai et Ifalik. En 2008, deux scientifiques américains sont infectés au Sénégal, et l’un deux transmet la maladie à sa femme de retour aux États-Unis, probablement par voie sexuelle, mode de transmission inédit pour une arbovirose.
Fin 2013, les services sanitaires de Polynésie française estiment que 55 000 personnes ont été touchées par le Zika sur une période d’environ 3 mois, soit un cinquième de la population totale. Cette épidémie du Zika touche pour la première fois un territoire européen, provoquant ainsi un intérêt accru de la communauté scientifique, d’autant plus que la Polynésie Française dispose d’un réseau hospitalier et des structures permettant d’observer la propagation de ce virus et son impact sur une population. Fin décembre 2013, 19 cas de complication en syndrome de Guillain-Barré sont enregistrés.
Épidémiologie
Transmission
Le moustique Aedes aegypti est impliqué dans la transmission du virus Zika.
Le virus Zika est transmis à l’Homme par la piqûre d’un moustique infecté, qui lui-même s’infecte lors d’un repas sanguin sur un Homme ou autre vertébré infecté. Ainsi, comme l’ensemble des arbovirus, le virus Zika est maintenu dans la nature par un cycle de transmission impliquant un ou plusieurs vecteurs arthropodes et un ou plusieurs hôtes vertébrés. Plusieurs épizooties observées chez les singes en Ouganda suggèrent que le virus Zika serait principalement maintenu par un cycle selvatique, impliquant une transmission entre primates non humains et moustiques. Dans ce type de cycle de transmission se déroulant au cœur de la forêt tropicale, l’Homme est un hôte accidentel. Dans le cas d’épidémies dans les zones sans primates non humains, comme dans les cas de l’épidémie des îles Yap, les humains peuvent être des hôtes d’amplification voire réservoirs du virus, si la virémie est suffisante dans le temps et en magnitude. Des traces sérologiques d’infection ont par ailleurs été mises en évidence chez d’autres animaux vertébrés, dont des buffles d’eau, des éléphants, des chèvres, des hippopotames, des impalas, des bubales roux, des lions, des moutons, des rongeurs, des gnous et des zèbres.
De nombreuses espèces de moustiques ont été identifiées comme vecteurs du virus Zika. En Afrique, le vecteur principal serait Aedes furcifer11 ou Aedes africanus. Le virus a également été retrouvé chez d’autres moustiques des genres Aedes, Anopheles, Mansonia, Eretmapodites. Parmi eux, Aedes aegypti, principal vecteur de nombreuses arboviroses, serait responsable des transmissions hors de la forêt tropicale africaine6. Lors de l’épidémie des îles Yap en 2007, c’est le moustique Aedes hensilli qui fut identifié comme le principal vecteur1. Par ailleurs, une étude expérimentale a montré que le moustique tigre Aedes albopictus, abondamment réparti dans le monde, est également capable de transmettre le virus Zika.
Un cas de transmission sexuelle a également été décrit. L’importance de ce mode de transmission, inédit pour une arbovirose, reste en 2013 mal documentée.