— Par Jacky Dahomay —
Nous traversons une crise grave. Celle-ci est mondiale, européenne, française et, inévitablement, a et aura encore plus des répercussions en Guadeloupe. Cette crise n’est pas seulement économique : elle est aussi politique, sociétale, culturelle, sociale.
La république française, à laquelle nous appartenons jusqu’à nouvel ordre, connaît aujourd’hui un délitement incontestable. La crise économique s’aggrave et la croissance est nulle. Les effets désastreux au plan social se font déjà sentir. Le nombre de chômeurs et de laissés-pour- compte augmente. La désespérance sociale devient une manifestation de la vie quotidienne. L’avenir semble bouché. La crise politique est la plus grave que connaît la V° république. Les partis dits de gouvernement perdent toute crédibilité. Le parti d’extrême droite, le FN, est donné premier dans les sondages pour les prochaines élections. La fonction présidentielle a perdu toute sa dimension symbolique. A la crise des partis s’ajoute la crise de l’Etat. Le chef de l’Etat, tout comme le roi, est totalement nu. Certains parlent même de l’urgence d’une sixième république.
Ce qui interpelle le plus, c’est qu’au-delà de la crise des partis et de la représentation politique, c’est la politique en tant que telle qui peine à faire sens pour la communauté des citoyens. Un peu partout dans le monde, c’est le lien social politique qui se délite et entraîne des reflux vers des liens sociaux pré-politiques ou antipolitiques, à des replis identitaires ethniques, à la xénophobie et au racisme, à la montée des fascismes divers, à des régimes théocratiques, autant de formes de liens communautaires profondément mortifères. Freud, à la veille de la seconde guerre mondiale, diagnostiquait dans ces formes de mouvements sociaux, la montée de l’instinct de mort. De surcroit, les désastres écologiques risquent de rendre la vie sur terre plus problématique. Le seul horizon de sens qui nous est proposé dans ce triomphe du capitalisme mondialisé, c’est le modèle consumériste comme s’il n’y avait pas d’autre manière de donner sens au vivre ensemble.
Il appartient donc à la société de faire valoir sa parole et ses droits. Ceci est vrai pour bien des régions du monde. Mais celui-ci est ravagé avec partout des bruits de bottes, des génocides, des horreurs de toute nature.
La Guadeloupe n’est pas isolée du monde et encore moins de la France. En conséquence, dans cette aggravation de la crise qui vient, notre pays sera immanquablement touché. Avec une classe politique qui, pour des raisons historiques, a une conception souvent politicienne et gestionnaire des affaires publiques, avec une société qui connaît une faiblesse de la conscience citoyenne, un délitement des valeurs, une classe moyenne essentiellement préoccupée par sa jouissance, un chômage endémique –toutes choses qui laissent présager une flambée de la violence- Il nous appartient donc, à nous collectif de la société civile, d’être extrêmement vigilants pour les temps présents et à venir. Nous ne sommes ni un parti politique ni un syndicat. Si ces organisations sont importantes dans toute démocratie digne de ce nom, il est nécessaire aussi que d’autres composantes de la société civile se rassemblent, discutent, échangent, dans le sens du bien commun.
En ces temps de crise, on ne peut tout attendre de l’Etat. Il appartient à la société civile, seul lieu de refondation possible de la politique, de se mobiliser. Prenons donc l’habitude de nourrir un dialogue fructueux entre toutes les composantes de notre société. Ce peut être un premier pas vers une mise en commun de nos paroles et de nos actes.
Pour toutes ces raisons, notre collectif invite tous ses adhérents et ses sympathisants et tous ceux qui, quelles que soient leurs organisations ou leurs options idéologiques, veulent échanger avec nous, à une réunion générale le jeudi 11 septembre 2014 à 19 heures à la Casa del tango, 621 Rue Alfred Lumière à Jarry.