Le secrétaire général de l’ONU a rencontré le Premier ministre Ariel Henry et des membres du Conseil de la transition, des acteurs politiques et de la société civile, lors de sa visite, samedi en Haïti. Des échanges francs, selon Antonio Guterres, autour de la grave crise qui sévit dans le pays depuis quelque temps.
Avec [la] correspondante de RFi à Port-au-Prince, Marie-André Bélange
La visite du secrétaire général de l’ONU aura duré quelques heures. Comme pour donner chair à cette solidarité qu’il vient exprimer au peuple haïtien, Antonio Guterres a débuté son intervention en créole lors d’une conférence de presse au salon diplomatique de l’aéroport.
« La guerre des gangs a exacerbé la vulnérabilité des Haïtiens. La situation en Haïti est préoccupante », constate Antonio Guterres. « Une personne sur deux en Haïti vit dans une extrême pauvreté et est confrontée à la faim, n’ayant pas un accès régulier à l’eau potable. »
Il faut de l’aide
Haïti ne peut pas s’en sortir toute seule, il lui faut de l’aide. À Port-au-Prince, le secrétaire général de l’ONU a donc réitéré ses appels à l’endroit de la communauté internationale. « Je continue d’exorter le Conseil de sécurité à autoriser le déploiement immédiat d’une force de sécurité internationale robuste qui viendrait assister la police nationale d’Haïti dans la lutte contre les gangs. »
C’est aux Haïtiens de trouver une solution à la crise, a-t-il également souligné. Il faut une entente politique pour mettre fin à la crise. Un dépassement d’intérêts personnels, des concessions et une vision commune, c’est que prône le patron de l’ONU pour atteindre cet objectif.
Haïti: visite du secrétaire général des Nations unies sur fond de guerre des gangs
En Haïti, la situation n’a jamais été aussi mauvaise, a dit cette semaine la directrice de l’Unicef : enfants recrutés par les gangs, maisons brûlées, jeunes filles violées. Depuis des mois, les gangs kidnappent, violent et pillent, dans un pays qu’ils contrôlent en grande partie. C’est dans ce contexte que débarque sur l’île le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ce samedi 1er juillet. L’expert indépendant de l’ONU pour les droits humains, William O’Neill, avait déjà dressé un tableau sombre de la situation.
Antonio Guterres doit s’entretenir avec des acteurs haïtiens autour de la crise qui gangrène le pays, écrit notre correspondante, Marie-André Bélange. C’est la deuxième visite du patron de l’organisation des Nations-Unies en Haïti. La venue du patron de l’ONU ne va rien apporter selon plusieurs Haïtiens.
« J’aurai tellement aimé une solution locale »
Le syndicaliste Dominique Saint-Eloi n’attend rien de cette visite : « Nous, à la Centrale nationale des ouvriers Haïtiens, on considère la visite de monsieur Guterres sur le territoire haïtien comme un affront. Car l’ONU et le Core Group sont complices de la situation d’insécurité en Haïti. Et il ne vient pas pour résoudre la situation. »
De nombreux Haïtiens se demandent si ce déplacement est lié au projet de l’envoi d’une force étrangère dans le pays. C’est le cas de cette jeune professionnelle qui veut garder l’anonymat, même si elle ne souhaite pas d’intervention militaire : « J’aurais tellement aimé que les acteurs politiques haïtiens arrivent à trouver une solution locale qui s’inscrit dans une stratégie de développement durable. »
Entre-temps, l’ambassade américaine à Port-au-Prince a émis une alerte concernant l’intensification des activités de gang pour le mois de juillet dans la zone de Tabarre, où plusieurs cas de kidnapping ont été enregistrés ces dernières semaines.
Déjà mieux que le Canada
Frantz Duval est le rédacteur en chef du journal haïtien Le Nouvelliste. Pour lui, cette visite c’est déjà mieux que ce que fait le Canada, qui tente de trouver des solutions pour aider le pays sans pour autant prendre la tête d’une force de la paix, comme le lui demande Washington, dit-il à Anne Cantener : « Le Canada parle beaucoup, fait beaucoup de déclarations sur Haïti, mais le Premier ministre canadien ne s’est jamais invité en Haïti. Il n’est jamais venu. Le secrétaire général des Nations unies, c’est sa deuxième visite en Haïti. »
« Là, il arrive à quinze jours du renouvellement du mandat du bureau intégré des Nations unies en Haïti et aussi pendant que l’ONU et ses agents sont en train de chercher de l’argent pour aider. Alors, il y a beaucoup de demandes qui ont été formulées, mais pour le moment, les fonds ne suivent pas les demandes », lance encore Frantz Duval.