Les Antilles font partie des îles les plus menacées. » Virginie Duval, professeure de géographie à l’université de La Rochelle, qui a participé à la rédaction du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), dirige aux Antilles une étude de terrain avec son équipe. Et ses craintes sont importantes : la submersion marine menace et, d’ici à 2040, certaines zones de Guadeloupe et de Martinique pourraient devenir inhabitables. Avec son équipe, elle s’attache à « des projets de solutions à l’érosion fondées sur la nature » pour déjouer les impacts du dérèglement climatique.
« Les impacts seront multiples, alerte-t-elle. D’abord, les cyclones seront plus intenses. Les îles connaîtront des pics de destructions, comme en 2017 à Saint-Martin. L’érosion côtière questionnera l’usage des littoraux, qui abritent des zones d’habitation, des activités touristiques et les infrastructures, comme les enrochements. » La scientifique confirme que, pour ce qui est de la submersion marine, les Antilles font partie des îles les plus menacées. « Avec l’élévation du niveau de la mer, que désormais on ne peut plus arrêter, et comme pour le phénomène d’érosion, on connaîtra des épisodes de submersion comme ceux de fin avril en Guadeloupe, en cas de pluie et de marée haute combinées », estime-t-elle.
Manque d’eau et de ressources alimentaires
Virginie Duval insiste donc sur la nécessité de « mettre en place maintenant des plans d’adaptation au changement climatique ». Elle explique : « Nous travaillons ici, avec mon laboratoire de recherche, sur des projets de solutions à l’érosion fondées sur la nature (…), sur les écosystèmes pour atténuer l’impact du dérèglement climatique. Mais il faut bien comprendre que replanter des coraux, restaurer la mangrove, etc. ne suffira pas si l’on ne cesse pas de polluer. Il faut régler le problème des déchets, de l’assainissement : au grand port maritime, les coraux replantés « crèvent » à cause des pressions humaines. Cela pose aussi la question des moyens que les acteurs publics, notamment l’État, sont prêts à mettre sur l’adaptation au changement climatique, et ce n’est pas à la hauteur des enjeux. »
Selon le dernier rapport du Giec, « certaines parties de ces îles deviendront inhabitables, certaines zones seront submergées ». « À d’autres endroits, on manquera d’eau et, à moins de savoir dessaler l’eau de mer, les territoires perdront une ressource vitale, alerte-t-elle. À compter de 2040, les pouvoirs publics devront mettre en place des relocalisations, le déplacement de personnes ou d’activités dans des zones sûres, comme c’est le cas à Petit-Bourg. »
Enfin, les conséquences s’annoncent lourdes pour les ressources alimentaires locales. « L’agriculture va faire face à des défis, notamment celui de se relever après des cyclones intenses, explique Virginie Duval. Les récifs coralliens périclitant, la pêche côtière ne sera plus possible. Il faudra s’adapter avec des pratiques climato-compatibles pour tout, tout le temps, et il faut l’anticiper maintenant. »
Source : AFP / Msn.com