— Par Robert Berrouët-Oriol —
En hommage fraternel et amical à Anthony Phelps, « Homme de vigie »,
qui vient de fêter ses 96 ans…
L’idée de rédiger le présent article provient d’un échange de correspondance entre Jean-Claude Nazon et moi relatif à la parution de L’« Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine / This Land, My Beloved : A Trilingual Anthology of Contemporary Haitian Poetry / Tè mwen renmen an : Yon antoloji trileng pwezi ayisyen kontanporen ». Éditée par Elizabeth Brunazzi, Denizé Lauture et Tontongi, cette « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » a été publiée le 28 octobre 2023 aux Éditions Trilingual Press, Cambridge, MA, USA. J’en ai fait par courriel une courte présentation indicative qui est pour l’essentiel reproduite dans le présent article. Détenteur d’un diplôme d’études supérieures en gestion administrative et financière de l’Université libre de Bruxelles et au Canada, passionné de musique classique et de littérature, friand d’opéra, Jean-Claude Nazon est, sur l’archipel fécond d’une vieille amitié, le lecteur critique de tous mes articles : qu’ils soient du domaine linguistique ou littéraire, je les lui soumets avant publication. Aujourd’hui Président de la SRDMH (la Société de recherche et de diffusion de la musique haïtienne –co-fondée par le réputé musicologue Claude Dauphin, professeur émérite au département de musique de l’Université du Québec à Montréal et auteur de l’ouvrage de référence « Histoire du style musical d’Haïti » (Éditions Mémoire d’encrier, 2014–, l’intérêt de Jean-Claude Nazon pour la littérature haïtienne ne s’est jamais démenti. C’est donc tout naturellement qu’il m’a suggéré, au creux d’un échange, de rédiger un inventaire des anthologies consacrées au fil des ans à la poésie haïtienne.
Le présent relevé-inventaire des anthologies de poésie, élaboré à partir d’une longue recherche documentaire, s’intitule à dessein « AnthologieS de la poésie haïtienne : arpentage documentaire, datation, voix plurielles ». Il ne constitue pas une étude détaillée des œuvres des poètes et il ne vise pas la présentation analytique du contenu thématique de l’œuvre des poètes regroupés selon diverses approches éditoriales dans différentes sortes d’anthologies. Je donne plutôt à voir et à mesurer, par un relevé-inventaire daté des titres, que la catégorie éditoriale « Anthologie de poésie » est une catégorie plus que centenaire dans le champ littéraire haïtien. Le lecteur est ainsi renseigné, il est en mesure d’apprécier, entre autres, qu’en 1925 est parue une « Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne, 1817-1925, avec une étude sur la muse haïtienne d’expression française et une étude sur la muse haïtienne d’expression créole ». Daté de 1925, cet ouvrage est l’œuvre de Louis Morpeau et il comprend une préface plus contemporaine de l’historien de la littérature Fortunat Strowski datée de 2022. J’ai également élaboré ce relevé-inventaire daté des anthologies de poésie dans le but de permettre au lecteur de mesurer l’étendue d’une production littéraire bicentenaire relevant de la catégorie éditoriale « Anthologie de poésie », le terme « anthologie » recouvrant ici le sens général de « recueil de textes littéraires choisis » (Ortolang, Centre national de ressources textuelles et lexicales, CNRS, France).
Le présent relevé-inventaire des anthologies de poésie permet aussi d’introduire le lecteur à la dimension linguistique de la littérature haïtienne qui, comme le précise avec hauteur de vue la romancière Yanick Lahens, s’écrit désormais en quatre langues. La rétrospective documentaire que je présente dans le présent article éclaire donc une donnée historique de premier plan : d’une part la poésie haïtienne s’écrit dans les deux langues du patrimoine linguistique historique d’Haïti, le créole et le français, et, d’autre part, la réflexion théorique-analytique sur la poésie haïtienne est également appelée à s’écrire en créole –voir plus bas ma présentation de l’anthologie de Jean-Claude Bajeux, « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne ». Cette approche analytique de la littérature haïtienne aujourd’hui polyglotte est attestée dans une publication de premier plan ayant pour titre « Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter » : il s’agit de la leçon inaugurale de Yanick Lahens au Collège de France publiée aux Éditions Fayard en 2019. L’enseignement de Yanick Lahens au Collège de France, en 2018-2019, a inauguré la « Chaire Mondes francophones » créée en partenariat avec l’Agence universitaire de la francophonie. Romancière dotée d’un immense talent et auteure d’une œuvre majeure, Yanick Lahens a obtenu le prestigieux Prix Femina 2014 pour son roman « Bain de lune ». Elle est également essayiste comme en témoigne son essai « L’exil : entre l’ancrage et la fuite, l’écrivain haïtien » (Éditions Henri Deschamps, 1990). À propos de cet essai, le romancier et poète Louis-Philippe Dalembert nous enseigne qu’« En fait, nous explique Yanick Lahens […], si le thème de l’exil est devenu une constante de la littérature haïtienne, c’est parce qu’il correspond à la situation concrète que connaît l’écrivain tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. L’exil n’est donc pas lié au seul déplacement physique dans l’espace, volontairement ou non, du pays d’origine vers la terre étrangère. Il se traduit aussi dans l’isolement que vit l’écrivain dans son propre pays, brimé par un pouvoir hostile à toute littérature qui, de sucroît, prône un discours collectif » (revue Notre Librairie, 133, janvier-avril 1998).
Le devenir polyglotte de la littérature haïtienne se « faufile » déjà dans l’œuvre anthologique de Carlos Saint-Louis et Maurice Alcibiade Lubin, auteurs du « Panorama de la poésie haïtienne » (Éditions Henri Deschamps, 1950), ainsi que dans l’article de Félix Morisseau-Leroy, « La littérature haïtienne d’expression créole, son avenir » paru dans Présence africaine, 1957/6, no 17. L’on en trouve des traces plus marquées dans l’article du poète et éditeur Rodney Saint-Éloi, « La littérature haïtienne et ses espaces éclatés » (revue Québec français, 154, 2009). Pour sa part le poète, critique littéraire et dramaturge Jean-Durosier Desrivières propose un éclairage fort pertinent sur la littérature haïtienne d’expression créole dans son article « Brève exploration de la littérature en langue créole en Haïti, de ses balbutiements à son affirmation » (Madinin’Art, 25 décembre 2011). Actuellement en rédaction de thèse de doctorat en littérature comparée à l’Universisté des Antilles en Martinique, Jean-Durosier Desrivières est un spécialiste de l’œuvre bilingue français – créole du poète haïtien Georges Castera. Il analyse l’apport théorique original de Georges Castera sur la littérature haïtienne consigné dans son livre « Intention et invention chez Georges Castera. Étude de six compositions poétiques d’expression française » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017). La recherche doctorale de Jean-Durosier Desrivières s’éclaire d’une publication de premier plan de Georges Castera qui a pour titre « L’intelligence est inquiète. Textes critiques et théoriques » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017). Dans une longue étude à paraître bientôt dans la revue Études créoles, « Vers une esthétique franco-créole, entre verbe populaire et verve littéraire. Une lecture de Romancero aux étoiles de Jacques Stephen Alexis et Lémistè de Monchoachi » [poète Martiniquais], Jean-Durosier Desrivières examine « la modernité et la postmodernité respective de ces deux œuvres distinctes, ayant chacune un système énonciatif complexe, se référant à différents aspects de la culture populaire en prise avec le créole, le français et le langage inventif des auteurs. Ensuite, il interroge l’idéologie et la pensée régissant le discours de chacune des œuvres, liant parole littéraire et parole populaire en une esthétique franco-créole. Enfin, il analyse la manière de procéder des deux écrivains caribéens, projetant la vision d’une mythologie créole commune à divers lieux de l’archipel antillais et du continent américain ». Dans cette étude à paraître, Jean-Durosier Desrivières évoque Georges Castera, dont il scrute l’œuvre ailleurs, notamment dans sa thèse de doctorat en cours de rédaction. Georges Castera est l’auteur d’un article majeur que l’on doit (re)lire avec la meilleure attention, « De la difficulté d’écrire en créole » (revue Notre Librairie 143, janvier-mars 2001). Il est utile de rappeler les temps forts de ce texte majeur.
Georges Castera est certainement le poète haïtien qui nous a légué la plus ample réflexion théorique sur la dimension linguistique de la fiction poétique créole ainsi que sur les difficultés de l’écrit littéraire créole. Il a sur ce registre fait œuvre de pionnier-éclaireur et un tel apport mériterait à lui seul que l’on élabore une « Anthologie ‘’linguistique’’ de la poésie haïtienne ». Dans l’article « De la difficulté d’écrire en créole » (revue Notre librairie 143, janvier-mars 2001) que je cite longuement en raison de sa pertinence, Georges Castera nous enseigne qu’« Au plan lexical, faute d’un dictionnaire, l’investissement dans la langue est forcément partiel. L’écrivain ne fait appel qu’à l’usage quotidien de la langue et à la mémoire. En réalité, seuls des lexiques ont paru et continuent de paraître en Haïti et leurs auteurs ne répertorient qu’un nombre restreint de mots pour un usage limité. Les mots anciens se perdent, alors que ceux, nombreux, de création récente, continuent leur parcours et disparaissent à défaut d’avoir été fixés à l’écrit ou d’avoir pu trouver de nouveaux champs d’application. Les lexiques créoles sont plutôt conçus dans le but de faciliter l’apprentissage de la langue par des étrangers et non pour une connaissance réelle de la langue. (…) Au plan syntaxique, l’écrivain doit explorer à tout instant les possibilités intrinsèques du créole (verbes phrastiques, réduplication, notion de voix, aspect perfectif, etc.) et vérifier si les phrases qu’il imagine ne sont pas contaminées par le français – langue écrite d’Haïti à tous les niveaux du savoir. (…) Aujourd’hui, le plus grand défi pour l’écrivain qui écrit en créole, c’est ce que j’appellerais avec d’autres la décréolisation de la langue créole. Que s’est-il passé depuis la chute de Duvalier en 1986 ? Le créole haïtien s’est urbanisé rapidement. Les nouvelles pratiques auxquelles il doit faire face s’étendent de plus en plus : de la conversation courante à des discours sur le droit, les sciences, la littérature, la politique, etc. Un nouveau vocabulaire est en usage à l’état brut à partir d’emprunts du français à un rythme accéléré. Cette nouvelle appropriation de mots nouveaux, et surtout d’expressions toutes faites, se réalise dans un contexte où, primo, l’enseignement se dégrade; secundo, n’importe qui a libre accès aux médias sur n’importe quel sujet, quelques fois sans la compétence requise. Tout cela ébranle le système syntaxique, donc son fondement. (…) À propos de la création de mots nouveaux, il existe depuis quelque temps déjà une approche unanimement critiquée et qui a vite suscité la moquerie. Je veux parler des nouveautés lexicales de la « Sosyete Koukouy » (Société Luciole) dont les membres vivent prioritairement ou exclusivement à Miami et à Montréal. Les membres de cette « société » pensant bouleverser le lexique créole lui inoculent des néologismes tout en miroitant des théories populistes sur la poétique créole. Ils proposent aux créolophones de remplacer, par exemple, le mot ekriven (écrivain) par ekritè, le mot entèvyou (interview) par palandwou, le mot oralite (oralité) par dyòlite, le mot sans (sens) par sanste, etc. L’écrivain doit éviter les formes de nationalisme primaire qui ne vont, en fait, rien résoudre ».
PREMIÈRE PARTIE / Relevé-inventaire des anthologies de poésie haïtienne assorti de quelques commentaires introductifs ou descriptifs lorsqu’ils sont fournis par les auteurs ou par les éditeurs
Le présent relevé-inventaire, issu d’une ample recherche documentaire à large spectre, rassemble des ouvrages portant ou non le titre générique « anthologie » publiés sur plus d’un siècle et qui ont été élaborés selon diverses approches éditoriales dans différents types d’anthologies. Ce relevé-inventaire comprend également plusieurs articles et quelques titres d’ouvrages appartenant au générique « littérature haïtienne » puisque ces ouvrages comportent tous des études consacrées à la poésie (exemple : les manuels de littérature de Pradel Pompilus et de Ghislain Gouraige). Il y a lieu toutefois de préciser qu’un tel relevé-inventaire ne saurait prétendre à une totale exhaustivité dans la mesure où des titres éventuellement pertinents pour mon propos sont difficilement accessibles. Sur le plan de la taxonomie, les documents sont identifiés selon l’ordre alphabétique des titres et non pas, de manière chronologique, selon l’année d’édition.
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Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne, 1817-1925, avec une étude sur la muse haïtienne d’expression française et une étude sur la muse haïtienne d’expression créole ».
Par Louis Morpeau.
Préface de Fortunat Strowski. (1925) [2022]. Anthologie parue en France aux Éditions Bossard en 1925.
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Anthologie de la littérature haïtienne. Un siècle de poésie. 1901-2001.
Sous la direction de Georges Castera, Claude Pierre, Rodney Saint-Éloi, Lyonel Trouillot.
Éditions Mémoire d’encrier, décembre 1998.
Cet ouvrage présente « 102 poètes : voix anciennes, voix nouvelles. Dissidence, révolte, brisure. Enchantement, opacité, fluidité. Parcours d’auteurs, textes connus, méconnus ou oubliés ».
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Anthologie de poésie haïtienne contemporaine : 73 poètes.
Par Rodney Saint-Éloi et James Noël.
Éditeur : Points, novembre 2015.
« Le peuple haïtien est un peuple de poètes, dit-on souvent pour faire vite. Un peuple aux rêves d’épopée avec des traces qui n’en finissent pas. Nous avons demandé aux « poètes vivants » de nous livrer leurs cinq plus beaux poèmes. Ils se sont attelés à cette tâche périlleuse de rendre rapport d’écriture… en état de poésie. La singularité de cette anthologie tient au fait qu’elle forme un tapis volant de subjectivités éclatées. Un brassage de tempéraments passionnants qui rassemble quatre générations ouvertes et poreuses aux… »
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Anthologie bilingue de la poésie créole haïtienne de 1986 à nos jours .
Sous la direction de Mehdi Chalmers, Chantal Kénol, Jean-Laurent Lhérisson et Lyonel Trouillot. Éditions Acte Sud / Atelier Jeudi soir, novembre 2015.
« Aujourd’hui, nombreux sont les auteurs qui sont originaires des milieux populaires, qui ont grandi dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince ou d’une autre ville, qui ont vécu la sale vie des rues qui ne dorment pas, des maisons surpeuplées, croisé les cadavres abandonnés des anonymes assassinés. Ils amènent à la littérature, à la poésie, un autre ressenti. Le ressenti de celles et de ceux qui n’ont pas grandi dans les bibliothèques, qui n’ont pas connu l’époque où des parents bienveillants et conservateurs disaient à leurs fils : « Mais pourquoi perdre ton temps à écrire en créole ? » Ils amènent à la littérature des amours qui ne sont pas nées dans les livres, des colères et des désespoirs, des espoirs aussi, qui sont leur ventre même, leurs plaies vives et leurs paris intimes. Ils amènent aussi un autre rapport à la langue. […]. Le créole réalise collectivement par la poésie depuis 1986 un geste de re-création de l’Être haïtien, de réappropriation de la parole profonde, vivante, en créant une langue, en créant la langue vulgaire, au sens de cette langue vulgaire italienne que Dante créa, en s’en saisissant et créant par là même sa langue littéraire : devenant comme l’un des phares, il montre l’horizon que devra conquérir chaque langue littéraire. » (Extrait de la préface)
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Anthologie de la nouvelle poésie haïtienne d’expression française : 60 poètes des années 70-80, le paysage politique et poétique sous la dictature.
Par Christophe Charles.
Centre de recherches littéraires et sociales / Éditions Choucoune, 1991.
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Anthologie haïtienne des poètes contemporains (1904-1920) comprenant les poètes qui ont continué ou commencé d’écrire après 1901.
Par Louis Morpeau.
Édition de 1920 [2022]. Éditeur non spécifié.
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Anthologie d’un siècle de poésie haïtienne, 1817-1925, avec une étude sur la muse haïtienne d’expression française et une étude sur la muse haïtienne d’expression créole. Par Louis Morpeau ; préface de Fortunat Strowski. (1925) [2022]. Éditeur non spécifié.
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Anthologie haïtienne des poètes contemporains (1904-1920) comprenant les poètes qui ont continué ou commencé d’écrire après 1904.
Par Louis Morpeau.
Publié à Port-au-Prince par Auguste A. Héraut, 1920.
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Anthologie de la poésie haïtienne d’expression créole.
Par Christophe Charles.
Éditions Choucoune, 1979.
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Anthologie de la nouvelle poésie haïtienne d’expression française : 60 poètes des années 70-80, le paysage politique et poétique sous la dictature.
Par Christophe Charles.
Éditions Choucoune, 1991.
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Anthologie de la poésie haïtienne contemporaine (1945-1999) : textes français et créoles.
Par Raymond Philoctète.
Éditions du Cidihca, 2000.
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Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine / This Land, My Beloved : A Trilingual Anthology of Contemporary Haitian Poetry / Tè mwen renmen an : Yon antoloji trileng pwezi ayisyen kontanporen ».
Éditeurs : Elizabeth Brunazzi, Denizé Lauture, Tontongi.
Trilingual Press, 2023.
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Ayiti cheri / Poésie haïtienne (1800-2015). Poesía haitiana (1800-2015) ».
Par Yasmina Tippenhauer.
Édition Casa de las Americas et Legs Éditions, 2017.
Anthologie trilingue français-créole-espagnol.
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Bibliographie des études littéraires haïtiennes : 1804-1984.
Par Léon-François Hoffmann.
Vanves : EDICEF, 1992.
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Brève exploration de la littérature en langue créole en Haïti, de ses balbutiements à son affirmation.
Par Jean-Durosier Desrivières.
Site Madinin’Art, 25 décembre 2011.
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Contributions à l’étude du réalisme merveilleux.
Par Maximilien Laroche.
Grelca, Université Laval, 1987.
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De la difficulté d’écrire en créole.
Par Georges Castera.
Revue Notre Librairie 143, janvier-mars 2001.
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Écrits d’Haïti – Perspectives sur la littérature haïtienne contemporaine (1986-2006).
Par Nadève Ménard.
Éditions Karthala, 2011.
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Esquisses critiques.
Par Max Dominique.
Port-au-Prince / Montréal, Éd. Mémoire / Cidihca, 1999.
Comprend deux articles consacrés à la poésie de Castera et un à Haïti littéraire.
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Haïti: couleurs, croyances, créole.
Par Léon-François Hoffmann.
Éditions du Cidihca, 1989.
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Haïti, une traversée littéraire.
Par Louis-Philippe Dalembert et Lyonel Trouillot (dir)
Port-au-Prince / Paris, Presses nationales d’Haïti / Culturesfrances éditions / Philippe Rey, 2010. Une « Anthologie », à la fin de l’ouvrage, réunit des textes de divers genres littéraires, en français et en créole, avec traduction en français de certains textes en créole.
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Histoire de la littérature haïtienne, ou « L’âme noire ».
Par Duraciné Vaval.
[1933]. Réédition, Nendeln : Kraus Reprint, 1971.
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Histoire de la littérature haïtienne illustrée par les textes.
Par Pradel Pompilus. En collaboration avec Raphaël Berrou.
Trois volumes. Port-au-Prince/Paris : Éditions Caraïbes/Éditions de l’école. Vol. 1 et vol 2, 1975 ; Vol 3, 1977.
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Histoire de la littérature haïtienne de l’indépendance à nos jours.
Par Ghislain Gouraige.
Éditions de l’Action sociale, 1960 [1982].
Slatkine reprints, Genève, 2003, 2004.
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Hommage aux lettres d’Haïti.
Collectif. Sous la direction de Jean Euphèle Milcé.
Nouvelle Revue française, numéro 576, janvier 2006.
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Initiation à la littérature haïtienne contemporaine.
Par Rachel Price Vorbe.
C3 Éditions, 2015.
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Intention et invention chez Georges Castera. Étude de six compositions poétiques d’expression française.
Par Jean-Durosier Desrivières.
Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017.
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La littérature haïtienne.
Notre librairie, n°48, avril-juin 1979.
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Littérature haïtienne, des origines à 1960.
Notre librairie, n° 132, octobre-décembre 1997.
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Littérature haïtienne, de 1960 à nos jours.
Notre librairie, n° 133, janvier-avril 1998.
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La littérature haïtienne: identité, langue, réalité.
Par Maximilien Laroche.
Les Éditions Leméac, 1981.
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La littérature haïtienne d’expression créole, son avenir.
Par Félix Morisseau-Leroy.
Présence africaine, 1957/6, no 17.
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La littérature haïtienne et ses espaces éclatés.
Par Rodney Saint-Éloi.
Revue Québec français, 154, 2009.
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Lamadèl, 100 poèmes créoles.
Collectif.
Revue franco-haïtienne de l’Institut français d’Haïti, numéros 195 et 196, juillet-août-septembre 1992. En majorité les poèmes sont traduits en français.
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La poésie haïtienne des origines à nos jours.
Article de Philippe Monneveux paru sur le site Sens public.
Essais — 2021/04/23.
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La Poésie féminine haïtienne : histoire et anthologie de Virginie Sampeur à nos jours.
Par Christophe Philippe Charles, et Virginie Sampeur.
Éditions Choucoune, 1980.
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L’intelligence est inquiète. Textes critiques et théoriques.
Par Georges Castera.
Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017.
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Literati oral.
Par Ernst Mirville.
Journal Le Nouvelliste, 11-12 mai 1974.
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Littérature d’Haïti.
Par Léon-François Hoffmann.
Vanves : Edicef / Aupelf, 1995.
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Littérature et oraliture fragmentaires d’Haïti : essai de bibliographie critique et
apologétique.
Par Pierre–Raymond Dumas.
Bibliothèque nationale d’Haïti, 2006.
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Littérature haïtienne 1980-2015.
Par Yves Chemla.
C3 Éditions, 2015.
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Littérature haïtienne : urgence(s) d’écrire, rêve(s) d’habiter.
Leçon inaugurale de Yanick Lahens au Collège de France
Éditions Fayard, 2019.
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Littérature haïtienne : problématiques.
Par Yanick Lahens.
Revue Notre Librairie 32, octobre-décembre, 1997. Paris : A.D.P.F.
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Manuel de littérature haïtienne.
Par Léila Lhérisson.
s. é., 1955.
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Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne.
Par Pradel Pompilus. En collaboration avec les Frères de l’Instruction chrétienne.
Éditions Henri Deschamps, 1961.
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Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne.
Par Jean-Claude Bajeux.
Éditions Antilia, 1999.
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Open gate. An Anthology of Haitian Creole Poetry.
Par Paul Laraque et Jack Hirschman (édit).
Curbstone Press, First Edition, 2001.
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Optique. Revue culturelle et littéraire d’Haïti.
Port-au-Prince, n°5 (1954), 19, 20 (1955), 23, 25, 27, 29, 31 (1956). Tous ces numéros sont consacrés ou contiennent de la poésie de plusieurs auteurs. Le numéro 5 est consacré au créole, langue et poésie.
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Panorama de la poésie haïtienne.
Par Carlos Saint-Louis et Maurice Alcibiade Lubin.
Éditions Henri Deschamps, 1950.
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Panorama de la littérature haïtienne de la diaspora.
Par Pierre-Raymond Dumas.
Éditions l’Imprimeur II, 1996 et 2000.
- Poésie haïtienne contemporaine (Anthologie).
Par Saint-John Kauss.
Éditions Passerelle, 2009, 2011.
« Une anthologie de la poésie haïtienne contemporaine, proposée par Saint-John Kauss, regroupant les textes incontournables de poètes de diverses générations, et qui ont marqué cette littérature par la singularité et l’originalité de leurs poèmes. Cette seconde édition de Poésie haïtienne contemporaine, présentée par Saint-John Kauss, et mettant en oeuvre des poètes haïtiens de générations diverses, nous interpelle, à plus d’un titre, par la profondeur des textes. Pour ces poètes, issus de l’exil pour la plupart, la poétique de l’aisance prend une place symbolique dans une écriture à l’affût de la nouveauté et de l’originalité. Un chant fluide émane de ces poèmes, une affectivité qui permet de situer le poète dans un monde en perpétuel changement, une certaine transparence dans l’écriture, imprégnée d’une conception nouvelle de l’art qui nous transporte dans l’âme d’un peuple, et sa littérature, épanchée dans la quête d’une identité qui puise dans la revitalisation de la parole, du lyrisme et de la liberté. »
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Randevou – Antoloji powezi kreyòl d Ayiti.
Par Claude Pierre.
Éditions Pleine Plage et Éditions du Cidihca, 1999.
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Relire l’histoire et le littéraire haïtiens.
Collectif. Actes du colloque réalisé conjointement du 2 au 5 décembre 2004 par le ministère de la Culture et de la communication, l’Association des écrivains haïtiens, le Département d’études françaises de l’Université de Montréal et le Département d’études françaises de l’Université de Guelph.
Presses nationales d’Haïti, 2007.
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Terre de femmes – 150 ans de poésie féminine en Haïti ».
Sous la direction de Bruno Doucey.
Éditions Bruno Doucey, 2010.
Élaborée par Bruno Doucey, cette anthologie réunit trente-cinq voix venues d’Haïti, des États-Unis, du Québec et de France.
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135 poètes créoles d’Haïti de 1750 à 2011 : anthologie.
Par Christophe Charles.
Éditions Choucoune, 2011.
DEUXIÈME PARTIE / L’anthologie bilingue créole-français de Jean-Claude Bajeux, un modèle de rigueur méthodologique et analytique
À bien mettre en perspective le fait attesté que la catégorie éditoriale « Anthologie de poésie » est une catégorie plus que centenaire dans le champ littéraire haïtien, à bien prendre en compte que cette catégorie éditoriale met en œuvre une diversité d’approches anthologiques en écho-miroir aux œuvres elles-mêmes, l’on peut encore en mesurer l’amplitude dans la monumentale anthologie de Jean-Claude Bajeux, « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne » (Éditions Antilia, 1999).
Sur le plan méthodologique et quant à son contenu, cet ouvrage de 449 pages constitue la plus rigoureuse anthologie de la littérature créole haïtienne publiée jusqu’ici. L’une des originalités de cet ouvrage est d’exposer à chaque page, sur deux colonnes, le texte créole (colonne de gauche) et le texte français (colonne de droite). Ce parti-pris, à la fois discursif et herméneutique, vaut à l’auteur d’exposer sa pensée dans les deux langues à la fois et de les placer ainsi sur un pied d’égalité. Sans fanfare ni trompettes, Jean-Claude Bajeux démontre de la sorte l’inanité d’un préjugé têtu affligeant le créole, à savoir que cette langue ne peut « produire de la pensée » ni élaborer une pensée analytique ou abstraite. L’auteur déconstruit également le mantra pavlovien selon lequel le concept fourre-tout de diglossie permettrait une intellection adéquate de la littérature haïtienne (voir l’article de Maximilien Laroche, « La diglossie littéraire dans Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain : termes de couleur et conflit de langues », revue Études littéraires 13.2 (août 1980) – La Littérature haïtienne, Éditions Leméac, 1981).
L’examen attentif des 18 chapitres de l’anthologie de Jean-Claude Bajeux (9 chapitres en créole et 9 chapitres en français) montre bien que nous ne sommes certainement pas en présence –dans la catégorie éditoriale d’une anthologie bilingue–, d’un texte traduit d’une langue source (le français) vers une langue cible (le créole). Nous sommes plutôt en présence d’un ouvrage rédigé simultanément en créole et en français dans sa partie théorique et d’un ouvrage dans lequel est mis en œuvre un dispositif rédactionnel relevant de la traduction littéraire bilingue créole-français (pages I-XII, et pages 1 à 448).
L’une des plus remarquables caractéristiques de l’anthologie de Jean-Claude Bajeux consiste en la qualité de l’étude historique de « L’émergence d’une littérature » [créole] / « Istwa tèks ki ekri an kreyòl » (pages i à xii). Il précise entre autres au chapitre II, « Les chemins de la textualité », que « De l’époque coloniale, il nous reste les textes des proclamations et quelques bribes de chansons et de poèmes recueillis par les colons. Il faudra attendre Oswald Durand, en 1896, pour nous offrir, en fin de la deuxième partie de Rires et pleurs, intitulée « Contes créoles », deux textes en créole : une fable, « Le lion et la bourrique » (p. 216), et « Choucoune » (p. 222). Georges Sylvain, en 1901, présente dans Cric ! Crac! Fables de La Fontaine le premier livre en créole haïtien : le titre indique la relation que Sylvain établit entre le contes traditionnels et l’œuvre de La Fontaine. [Le souligné en italiques et gras est de RBO] L’étude historique de « L’émergence d’une littérature » [créole] / « Istwa tèks ki ekri an kreyòl » est également assortie de repères chronologiques. Ainsi, « Malgré l’appel de Jean Price-Mars aux lettrés haïtiens de se mettre à l’étude de la culture vernaculaire, l’École indigéniste ne nous donnera aucune œuvre qui pourrait se comparer avec le Atipa, le roman guyanais de Alfred Parépou publié en 1885. Mais en 1936 paraît la thèse sur le créole de Suzanne Sylvain, qui est le premier effort scientifique, en Haïti, pour analyser le créole. Cette même année, Suzanne Sylvain, suivant l’exemple donné en 1931 par Elsa Clews Parsons, publie aux États-Unis, en 1936, un corpus de contes créoles que l’on n’a pas encore édité en Haïti ».
Sur le plan du contenu de l’anthologie bilingue créole-français, au chapitre « Tèks ki pi ansyen / Premiers textes » (pages 3 à 30), l’ouvrage de Jean-Claude Bajeux, « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne » (Éditions Antilia, 1999), est particulièrement riche de données documentaires. L’auteur répertorie 24 textes, de « Lisette quitté la plaine » / « La chanson de Lisette », Duvivier de la Mahautière, 1750 (?) d’après Moreau de Saint-Méry, à « Moin ape pale en créole » / « Un discours de Salomon » (1er mai 1888), à « Choucoune », d’Oswald Durand (1884). Le relevé de ces 24 textes est suivi de leur transcription en créole et en français, sur deux colonnes par page, et de la mention précise de toutes le sources attestant l’historicité de l’information anthologique. C’est incontestablement, là encore, une expression de la haute qualité de l’ouvrage.
Le chapitre « Littérature orale » / « Pawòl kil an bouch tout moun » (pages 33 à 83) répertorie et comprend, transcrites en versions créole et française sur deux pages, des proverbes, des devinettes, des contes, des chansons populaires et des textes de publicité. Quant à lui, le long chapitre « Poésie » / « Pwezi » (pages 87 à 196) répertorie et comprend, transcrites en versions créole et française sur deux pages, 112 textes, de « Rat lavil ak rat andeyò » (1901) de Georges Sylvain à « Machann Pòtoprens » de Jean-Claude Martineau (1982). Les chapitres suivants, « Théâtre », « Romans et récits », « Essais », « Textes liturgiques et religieux », sont construits sur le même modèle : ils répertorient et comprennent, transcrites en versions créole et française sur deux pages, l’ensemble des titres qu’annoncent les titres assortis des textes. Et chaque texte est suivi de la mention précise de toutes le sources attestant l’historicité de l’information anthologique. C’est incontestablement, là encore, une expression de la haute qualité de l’ouvrage.
Les enseignants, les étudiants, les journalistes et opérateurs culturels et tous ceux qui s’intéressent à la littérature haïtienne trouveront au chapitre « Bibliographie » (pages 419 à 438) une information documentaire riche, variée et pertinente. Cette bibliographie se subdivise en « Premiers textes en créole », « Littérature populaire (contes et proverbes) », « Poésie », « Romans et récits », « Essais », « Textes liturgiques et religieux », « Matériel pédagogique en créole – Dictionnaires – Manuels d’enseignement ». Cette section répertorie des titres peu connus ou peu diffusés, entre autres le livre de Christian Beaulieu, camarade de combat de Jacques Roumain, « Pou l’écoles rurales ak l’écoles mi-temps (l’école réelle) », Imprimerie de l’État, 1939. Elle comprend également l’ouvrage « Matématik – Konsey pou koré konésans matématik », Yves Dejean (trad.), New York, Albany : SUNY, State Education Department, 1980. La « Bibliographie » répertorie 21 titres d’ouvrages élaborés par l’Institut pédagogique national en appui à la réforme Bernard de 1979 : c’est bien la première et la seule fois où j’ai enfin pu accéder à ces précieux titres. Il est souhaitable que des chercheurs en didactique créole et en didactisation créole, à la Faculté de linguistique appliquée et à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti, entreprennent de retracer ces documents en vue d’en faire une présentation analytique et d’en tirer les enseignements. L’ouvrage comprend également une section intitulée « Ouvrages de référence » qui se subdivise en « Bibliographies », « Revues et journaux », « Études sur la littérature créole haïtienne » et « Anthologies ». La section « Ouvrages de référence » répertorie des titres rares ou peu connus, notamment l’« Anthologie de la poésie haïtienne indigène », Port-au-Prince : La Revue indigène, vol. I, 1928.
TROISIÈME PARTIE / Les lourdes lacunes conceptuelles et méthodologiques de l’« Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine / This Land, My Beloved : A Trilingual Anthology of Contemporary Haitian Poetry / Tè mwen renmen an : Yon antoloji trileng pwezi ayisyen kontanporen »
Éditée par Elizabeth Brunazzi, Denizé Lauture et Tontongi, cette « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » a été publiée le 28 octobre 2023 aux Éditions Trilingual Press, Cambridge, MA, USA. Elle comprend la sélection des auteurs suivants :
Coutechève Lavoie Aupont, Karine Belizar, Franz Benjamin, Roseny Blanca, Vilvalex Calice, Marie-Ange Claude, Louis-Philippe Dalembert, Gary S. Daniel, Ewald Delva, Berthony Dupont, Patrick Etienne, Christ Falin-Oralus, André Fouad, Danielle Legros Georges, Lenous Guillaume- Suprice, Michel-Ange Hyppolite, Dary Jean-Charles, Jean-Dany Joachim, Gary Klang, Doumafis Lafontant, Fred Lafortune, Alex Laguerre, Denizé Lauture, Charlot Lucien, Mario Malivert, Jan Mapou, Michèle Voltaire Marcelin, Jean-Claude Martineau, Iléus Papillon, Marilène Phipps, Gahston Saint-Fleur, Jean Saint-Vil, Elsie Suréna, Patrick Sylvain, Janine Tavernier, Tontongi (Eddy Toussaint), Emmanuella “Ella” Turenne, Emmanuel Védrine, Jean-Robert Christian Victoria, Isaac Volcy, Frantz Kiki Wainwright.
Les auteurs sélectionnés, en majorité, ne sont pas connus au bataillon des poètes ou ont éventuellement publié leurs livres à discret compte d’auteur ou dans des circuits quasi clandestins : Karine Belizar, Roseny Blanca, Vilvalex Calice, Marie-Ange Claude, Gary S. Daniel, Ewald Delva, Berthony Dupont, Patrick Etienne, Christ Falin-Oralus, Michel-Ange Hyppolite, Jean-Dany Joachim, Doumafis Lafontant, Fred Lafortune, Alex Laguerre, Marilène Phipps, Gahston Saint-Fleur, Jean Saint-Vil, Elsie Suréna, Patrick Sylvain, Emmanuella “Ella” Turenne, Emmanuel Védrine, Jean-Robert Christian Victoria. La mention « livres publiés à discret compte d’auteur ou dans des circuits quasi clandestins » n’a ici qu’une fonction indicative et nullement une fonction analytique.
Frantz Benjamin est l’auteur d’une poésie de haute voilure polyvocale et Lenous Suprice élabore avec constance et depuis plusieurs années une talentueuse et riche poésie de l’intime : les institutions littéraires québécoises tardent pourtant encore à récompenser leurs talents. Hormis Gary Klang et Jean Saint-Vil, les poètes haïtiens ayant vécu ou vivant au Canada et qui sont, de l’avis amplement motivé de la critique québécoise, des poètes majeurs, ne figurent pas dans ce qui est présenté comme une « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » : Anthony Phelps, Serge Legagneur, Jean-Richard Laforest, Roland Morisseau, Émile Ollivier, Joël Des Rosiers, Marie-Célie Agnant, Stéphane Martelly, Robert Berrouët-Oriol, etc. Plusieurs de ces poètes vivant au Canada ont obtenu de prestigieux prix littéraires tant au Canada qu’à à l’international (Anthony Phelps, Joël Des Rosiers, Robert Berrouët-Oriol). Plusieurs d’entre eux ont été traduits en plusieurs langues (anglais : Phelps, Berrouët-Oriol, Agnant, Des Rosiers) ; espagnol et catalan : Berrouët-Oriol ; catalan, allemand, espagnol, italien, japonais, ukrainien et russe : Phelps ; catalan, anglais, espagnol, italien, néerlandais et portugais : Marie-Céile Agnant). Mais ces données ne semblent pas avoir retenu l’attention des auteurs de cette anthologie de poésie haïtienne contemporaine…
Je précise qu’en 2023 j’ai écrit à l’un des éditeurs de l’ouvrage pour lui demander de m’informer des critères de sélection des poètes retenus. En septembre 2024, je n’ai toujours pas reçu sa réponse…
L’on observe de manière générale qu’une « Anthologie », entendue au sens de « recueil de textes littéraires choisis » (Ortolang, Centre national de ressources textuelles et lexicales, CNRS, France), est une entreprise de sélection de textes qui en discrimine certains et en choisit d’autres. Une « Anthologie » ne peut donc comprendre la totalité des œuvres d’un champ littéraire. Toutefois, parce qu’elle est en amont un processus mettant en œuvre des choix, l’« Anthologie » procède nécessairement de principes justifiant et guidant ces choix. L’auteur de l’« Anthologie » a donc l’obligation de présenter les critères d’établissement de ses choix sans quoi l’œuvre s’expose à un lourd déficit de crédibilité aussi bien lors de sa rédaction que dans la sphère de sa réception publique.
Par ailleurs une fort instructive recension de cette « Anthologie trilingue de la poésie haïtienne contemporaine » a été publiée par l’universitaire Frenand Léger dans l’hebdomadaire Haïti Liberté du 28 octobre 2023 et sur le site Potomitan en décembre 2023. En raison de ses grandes qualités analytiques, j’en recommande la lecture attentive. Je note toutefois que la dimension « essayiste » chez l’un et l’autre poète, concomitante à l’œuvre poétique elle-même, a complètement échappé à Frenand Léger. Cette dimension « poésie + réflexion théorique » est avérée chez Joël Des Rosiers auteur de « Théories caraïbes » (Éditions Triptyque, 1996, 2009) et de Métaspora. Essai sur les patries intimes » (Éditions Triptyque, 2013). Elle est aussi présente chez Stéphane Martelly auteure de « Le sujet opaque, une lecture de l’oeuvre poétique de Magloire-Saint-Aude » (Éditions L’Harmattan, 2001) ; de « Les jeux du dissemblable – Folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaine » (Éditions Nota Bene, 2016) ; et de « Marges et Mémoires – Poésie haïtienne et québécoise » (en cours d’édition). Le livre « Les jeux du dissemblable – Folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaine » est issu de la thèse de doctorat de Stéphane Martelly. J’en ai fait un compte-rendu analytique paru le 5 décembre 2016 en Martinique sur le site Madinin’Art (titre de l’article : « Les jeux du dissemblable – Folie, marge et féminin en littérature haïtienne contemporaine – Un livre majeur et de grande érudition de Stéphane Martelly »). La dimension « poésie + réflexion théorique » est également avérée chez Robert Berrouët-Oriol auteur de « L’émergence des écritures migrantes et métisses au Québec ». Cette longue étude a d’abord été publiée à Toronto puis aux États-Unis (revue Québec Studies (Ohio, n° 14, 1992). Depuis que je l’ai conceptualisée, la notion d’« écritures migrantes » est enseignée dans plusieurs universités au Québec, au Canada, en Italie, en Suisse, etc. Elle figure également dans des articles et des ouvrages de référence publiés par des universitaires de renom, notamment dans « L’écologie du réel » de Pierre Nepveu (Éditions du Boréal, 1999) ; dans « Ces étrangers du dedans – Une histoire de l’écriture migrante au Québec (1937-1997) de Clément Moisan et Renate Hildebrand (Éditions Nota bene, 2001) ; dans « Les passages obligés de l’écriture migrante » de Simon Harel (XYZ éditeur, 2005) ; dans « Redessiner la cartographie des écritures migrantes » de Gilles Dupuis paru dans Globe – Revue internationale d’études québécoises, (vol. 10, n° 1, 2007).
Pour une herméneutique de l’anthologie de la poésie haïtienne
Au terme du présent relevé-inventaire des anthologies de poésie haïtienne, une perspective s’impose, qui devra à l’avenir être l’objet d’une réflexion aussi rigoureuse que soutenue : il est nécessaire d’élaborer une véritable herméneutique de l’anthologie de la poésie haïtienne. Cette perspective peut déjà prendre appui sur le dispositif analytique de l’ouvrage phare de Jean-Claude Bajeux, « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne » (Éditions Antilia, 1999) : j’en ai fait une présentation-synthèse à mi-chemin du déroulé de cet article. NOTE – J’entends par « herméneutique » la théorie de la lecture, de l’explication et de l’interprétation des textes. Voir Christian Berner, et Denis Thouard, « Sens et interprétation – Pour une introduction à l’herméneutique », Presses universitaires du Septentrion, 2008.
Certains chercheurs exposent que l’anthologie littéraire est un « genre didactique citationnel » axé sur l’apprentissage en milieu scolaire ou universitaire, d’autres qu’elle est élaborée dans le but de remplir une « fonction éditoriale », notamment celle de la « préservation/transmission » du patrimoine littéraire d’un groupe de locuteurs ou d’une nation. Cela illustre le fait qu’il existe différentes acceptions de l’anthologie littéraire en lien avec l’Histoire, avec la configuration des instances de légitimation littéraire dans un pays donné, en lien également avec le contexte et la position éditoriale adoptée en amont de sa rédaction. Il faudra tenir compte de tous ces facteurs dans l’élaboration d’une herméneutique de l’anthologie de la poésie haïtienne. Ces facteurs sont pris en compte comme suit par Michele Mastroianni, docteur en littérature française du XVIIe siècle de l’université Jean-Moulin – Lyon III :
« Qu’est-ce qu’une anthologie ? Une modalité d’agencement de textes ? Une forme ? Un « objet éditorial » ? Un genre littéraire ? (…) L’anthologie est (…) considérée comme par essence seconde, vouée à collecter des textes, à les enregistrer et à les publier de manière relativement neutre (…). Comment différencier dans cette optique l’anthologie des autres modes de compilation, comme le recueil ? (…) L’anthologie ne se contente pas d’entreposer les textes et de les répertorier ; il ne s’agit là que de la première phase du travail qu’elle accomplit. (…). Leur mise en forme et en espace au sein d’un projet unificateur est fondamentale (…). Néanmoins, on peut aussi parler de geste innovant, puisque citer des textes non réédités depuis le xviie siècle équivaut par exemple à la « première mondiale » d’un opéra jamais rejoué à l’époque moderne. Il y a donc en quelque sorte une nouveauté de l’ancien, qui est à comprendre comme l’expression d’une actualité ou d’une redécouverte la suscitant : on publie des textes pour suivre ou créer une mode, pour répondre aux attentes des contemporains ou pour profiter de la dynamique lancée par le goût de la curiosité, qui transforme radicalement l’objet étudié. Ces considérations justifient une conception de l’anthologie comme réénonciation : « changer ce qui était ancien » et « ajouter plusieurs choses nouvelles » sont deux actions qui traduisent son mouvement même, en ce qu’elle recompose en profondeur son objet pour l’adapter au temps présent » (Maxime Cartron, « L’invention du Baroque. Les anthologies de poésie française du premier XVIIe siècle », Paris, Classiques Garnier, 2021 : cité par Michele Mastroianni dans l’article « L’anthologie comme détermination historiographique. Pour une approche critique des florilèges de Jean-Baptiste Chassignet », revue Studi Francesi, 197 (LXVI | II) | 2022).
Par ailleurs, l’on observe qu’il n’existe qu’une seule anthologie de poésie haïtienne entièrement rédigée en créole, celle de Claude Pierre, « Randevou – Antoloji powezi kreyòl d Ayiti » (Éditions Pleine Plage et Éditions du Cidihca, 1999). Or le travail élaboré par Jean-Claude Bajeux dans son « Mosochwazi pawòl ki ekri an kreyòl ayisyen / Anthologie de la littérature créole haïtienne » démontre avec clarté qu’une réflexion théorique et herméneutique peut être conduite en créole sur l’écrit poétique créole. D’autre part, l’on observe que dans nombre de cas les anthologies répertoriées dans mon relevé-inventaire n’ont pas été élaborées par des professionnels du champ littéraire –notamment des enseignants-chercheurs en littérature et des historiens de la littérature. Dans le champ littéraire comme d’ailleurs en lexicographie créole et en terminologie créole, il arrive que des auteurs, armés de leur seule bonne foi, se croient compétents pour rédiger des anthologies littéraires bilingues créole-français du seul fait qu’ils sont francocréolophones. L’enseignement dispensé à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti devra donc contribuer, à l’avenir, à l’extinction de cette (im)posture et instituer la professionnalisation des métiers du champ littéraire, notamment celui d’anthologiste.
Une réflexion théorique et herméneutique précédant et accompagnant l’élaboration d’anthologies de la poésie haïtienne pourra s’inspirer amplement du cadre conceptuel et méthodologique consigné dans l’ouvrage de référence « L’ANTHOLOGIE – Histoire et enjeux d’une forme éditoriale du Moyen Âge au XXIe siècle » paru en 2014 sous la direction de Céline Bohnert et Françoise Gevrey (ÉPURE – Éditions et Presses universitaires de Reims). Le cadre méthodologique exposé dans cet ouvrage se décline en 5 temps –ce qui n’est pas sans rappeler la démarche en lexicographie professionnelle :
(1) « Assembler, collecter » ;
(2) « Conserver, remodeler » ;
(3) « Instituer, consacrer » ;
(4) « Éditer et traduire ;
(5) « Lire et se dire ».
Comme en lexicographie professionnelle, « Assembler, collecter » consistera à circonscrire le corpus de référence ; « Conserver, remodeler » reviendra à déterminer la nomenclature des ouvrages retenus ; « Instituer, consacrer » consistera à définir la politique éditoriale, le projet d’anthologie comme tel, à identifier ses cibles et à présenter la méthodologie guidant l’élaboration de l’ouvrage ; « Éditer et traduire » reviendra à situer les œuvres dans le temps et dans un contexte donné, à rédiger les rubriques et articles de présentation des livres retenus à l’étape de la confection de la nomenclature et à en analyser le contenu ; « Lire et se dire » consistera à diffuser l’ouvrage auprès de ses publics-cible.
Montréal, le 12 septembre 2024