— Par Rosita Boisseau —
Angelin Preljocaj débarque de New York, évoque sa tournée au Kazakhstan. Il se pointe par surprise au Palais Garnier, où se joue Le Parc (la pièce y était à l’affiche jusqu’au 31 décembre), prépare une exposition au Théâtre de Chaillot, avant de repartir pour Aix-en-Provence, où il dirige le Centre chorégraphique national. Il ne semble pas avoir le tournis, dissimule le jet-lag des artistes qui vivent avec leur valise, arrive toujours à l’heure aux rendez-vous.
Preljocaj, figure de premier plan de la danse contemporaine française depuis le milieu des années 1980, vedette à l’international, a le chic de rester simple. Il répète actuellement « la saison 3 » de sa « série » autour du compositeur américain John Cage intitulée Empty Moves III, qui sera à l’affiche du festival Montpellier Danse, en juin. Décryptage du succès d’une star qui brille sans faillir ni faiblir.
RACINES
Angelin Preljocaj se garde bien d’oublier d’où il vient. Il est né de parents albanais, réfugiés politiques en France en 1957. Son père était fermier et deviendra menuisier. Sa mère le portait dans son ventre lorsqu’elle traversa à pied la frontière de son pays. Installée à Champigny (Val-de-Marne), la famille comptera bientôt cinq enfants dont quatre filles. Angelin est l’aîné et sera élevé dans cette « culture ancestrale fondatrice ». Il la sublimera dans son spectacle Noces (1989), inspiré par la tradition albanaise du mariage vécu comme un rapt.
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« La pensée très forte qui l’anime vient du fait qu’il a toujours les pieds dans ses racines, commente la directrice de la danse de l’Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre, qui le connaît depuis ses débuts. C’est ce qui me touche beaucoup chez lui, cette force qu’on pourrait dire paysanne, viscérale. » A la maison, Angelin Preljocaj parle albanais, apprend le français, confie qu’il « n’était pas très bon à l’école ». Lorsqu’en 1994 il va pour la première fois présenter un spectacle à Tirana (Albanie), il emmène ses parents, pour lesquels le président de la République de l’époque, Sali Berisha, affréta un hélicoptère pour qu’ils rendent visite à leurs cousins, dans les montagnes. « Mes parents étaient sur une liste noire, ils sont revenus invités à l’Opéra », résume-t-il.
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