19, 20 & 21 mai 2016 à 19 h 30 au T.A.C.
—Par Christian Antourel —
Comment ? Se taper Andromaque et ses 1648 alexandrins ? Pas possible et surtout pas gagné ! Pari tenu, pourtant, avec cette mise en scène originale, truffée de trouvailles en forme de mise en bouche. Fi du rébarbatif et du classique soporifique ! Au contraire les acteurs réussissent même le tour de force de nous faire aborder la tragédie et son cortège se noirceurs sous un angle quelque peu ludique, voire légèrement festif, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes.
Car « mus par le désir de partager et de rendre concret un texte d’une grande richesse en cherchant les ponts qui relient notre quotidien à celui de ce monde en apparence si éloigné de nos codes et nos valeurs »
Le Collectif La Palmera sous la houlette du metteur en scène Néry
s’empare d’Andromaque, une des grandes pièces écrites au XVII ème siècle par Racine, qui subit l’impact d’un modernisme énergique et décomplexé mais conserve à ce classique l’élégance et la poésie des vers en alexandrins. Donc toute l’ambiance voulue par Racine. Ce théâtre quoi que tragique reste frais et léger dans sa forme et dans son écriture, gouleyant et appétissant à souhait.
Deux acteurs à l’énergie débordante
C’est l’histoire d’une chaine amoureuse sans issue, qui fonctionne malheureusement à sens unique. Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector….qui est mort. L’ensemble des personnages qui n’ont qu’une obsession celle d’assouvir leur désir est jouée par deux acteurs à l’énergie débordante. Huit pour la pièce de Racine. Ils passent de l’un à l’autre avec une aisance remarquable et réussissent pour chacun d’eux à habiter avec densité les différents personnages, féminins ou masculins avec leurs conflits et destinés tragiques. Cela apporte ainsi une cadence extrêmement juste et de façon détournée une dimension chorégraphique. De Fait quand le rideau s’ouvre tous les éléments de l’étau de cette tragédie revisitée sont déjà là prêts à se refermer sur les personnages prisonniers de leurs promesses. Leur perte est inéluctable. Racine orchestre avec délectation leurs débats impuissants, leurs actions désespérées et leur terrible fin.
Citation express
« Mon Dieu, des vers s’agitent devant vous et vous menacent :
Faut-il s’en débarrasser et par quel bout les prendre ?
Ne prenez pas peur, Madame, restez là, Monsieur et n’en faites pas une tragédie. Laissez-nous faire ! »
Pratique :
D’après « Andromaque » de Jean Racine
Spectacle écrit et proposé par le Collectif La Palmera
Au Théâtre Aimé Césaire
Jeudi 19, vendredi 20, samedi 21
19h30
Tarifs : 20 et 15 euros
Scolaires :
Jeudi19 et vendredi 20 à 9h30.
Avec :
Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen
Collaboration à la mise en scène : Néry.
Musique originale
Nicolas Cloche
Collaboration artistique :
Claudie Kermarrec, Loïc Constantin
Julien Bony, Damien Richard, Edith Christophe
Et Claire Dereeper
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Réservation : 05. 96.59.43.29.
Texte paru dans Le Magazine France Antilles.
Christian Antourel
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