« Andromaque » de Jean Racine

19, 20 21 mai 2016 à 19h 30 au T.A.C.

andromaque

Résumé d’Andromaque

Oreste, le fils d’Agamemnon, est envoyé par les Grecs à Buthrote pour demander à Pyrrhus, roi d’Épire, qu’il lui livre Astyanax, le fils de sa captive troyenne Andromaque. Or Pyrrhus aime Andromaque et délaisse sa fiancée Hermione, fille d’Hélène. Pour Oreste, qui n’a cessé d’aimer en vain Hermione, l’espoir renaît. Pyrrhus s’est opposé à la demande d’Oreste, mais exige d’Andromaque, pour prix de la sécurité de son fils, qu’elle l’épouse (Acte I). Hermione, à qui Oreste est venu déclarer la constance de son amour, le repousse, et, piquée du refus de Pyrrhus, demande à Oreste de renouveler sa requête. Pyrrhus a réfléchi et accepte de livrer Astyanax (Acte II). Oreste, voyant son espoir s’évanouir avec cette décision qui semble éloigner Pyrrhus d’Andromaque, projette d’enlever Hermione. Son ami Pylade l’y aidera. Hermione triomphe et éconduit Andromaque venue lui demander de sauver son fils. Celle-ci supplie alors Pyrrhus, qui renouvelle son ultimatum. Elle va se recueillir sur le tombeau de son époux Hector (Acte III). Elle se décide à épouser Pyrrhus mais se tuera juste après la cérémonie: Astyanax sera alors sauvé. Hermione, bafouée par Pyrrhus, exige d’Oreste comme preuve d’amour qu’il le tue (Acte IV). Oreste vient annoncer la mort de Pyrrhus à Hermione. Loin de lui accorder sa main, furieuse, elle le chasse et se suicide. L’apprenant, Oreste devient fou, laissant Andromaque prendre le royaume en main (Acte V). Lire ici  l’analyse

Tragédie et faux-semblants

Pour un spectateur, assister à une tragédie classique au théâtre peut rapidement être synonyme d’appréhension et d’ennui : la langue lui paraît une barrière infranchissable, il craint de ne pas tout comprendre et d’être perdu au bout de la première scène ; de plus, les personnages et les drames qu’ils traversent lui semblent trop éloignés de son quotidien.

C’est partant de ce constat que nous avons décidé de monter Andromaque de Racine. Mus par le désir de partager et de rendre concret un texte d’une grande richesse en cherchant les ponts qui relient notre quotidien à celui de ce monde en apparence si éloigné de nos codes et de nos valeurs, veillant toujours à conserver l’intensité de la langue portée par les alexandrins.

Nous avons donc exploré la pièce en l’éclairant de multiples façons pour finalement créer un spectacle original destiné au public averti comme moins préparé.

Jouer ce texte à deux comédiens fait aussi partie de l’enjeu, afin que le spectacle, léger dans sa forme, puisse se jouer presque partout et investir des lieux où une tragédie n’aurait pas nécessairement sa place.

De la distanciation à la catharsis

L’adaptation du texte s’articule autour des deux premiers actes, afin de coller au plus près à l’histoire et faire progressivement entrer le spectateur dans les situations qui vont donner naissance à la tragédie. Dès les premiers mots, les comédiens, en véritables guides en tragédie, exposent au public le contexte précédant le début de l’histoire : les rapports entre les personnages, leurs passions, leurs dilemmes, leurs devoirs. Comme des fenêtres s’ouvrant sur la pièce, les alexandrins surgissent dans l’exposé, préparant et habituant le spectateur à recevoir une langue qu’il n’a pas l’habitude d’entendre.

Aux actes I et II, les guides s’immiscent dans le cours de l’histoire, esquissent chaque protagoniste, et jaugent l’attention du public tout en précisant les enjeux de la pièce. Les comédiens usent de nombreux stratagèmes pour permettre aux spectateurs de comprendre les tenants et les aboutissants de chaque situation.

À l’acte III, une rupture se produit, car les personnages, dévorés par leur passion, n’ont plus qu’une obsession : satisfaire leur désir par tous les moyens. La tragédie peut alors se nouer. Cette rupture marque également le jeu des acteurs : quittant leur rôle de guide, ils deviennent l’incarnation de chaque personnage. Les mécanismes tragiques en place, le public suit alors le chemin tracé jusqu’à la folie finale.

Une scénographie épurée

La scène symbolise une salle du palais où vont se nouer les intrigues. Les interprètes se servent d’accessoires pour illustrer le début de la pièce : les personnages, auxquels ont été attribué un code de couleur, sont matérialisés dans l’espace par des seaux, des ballons et des tissus ; plus tard, des parures plus élaborées permettent d’incarner tour à tour chaque protagoniste.

La musique et les lumières très épurées mais présentes suivent pas à pas le chemin emprunté par les guides comédiens.

La presse en parle :

FRANCE CULTURE

Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort. Voilà la trame, et voilà aussi le titre d’une représentation réjouissante qui se donne dans le « Off » chaque jour à 16h30, et qui est amenée au galop par deux jeunes acteurs caméléons, Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen se partagent tous les rôles de la tragédie classique, et ils revisitent au pas de charge l’oeuvre de Racine, avec pour seuls accessoires des tentures de couleurs et des ballons gonflables. En 1h30, ils rejouent la guerre des Grecs et des Troyens en nous expliquant par le menu les aléas de ces passions souvent complexes, puis ils se lancent dans un extrait d’Andromaque, et on croirait voir surgir devant nous les figures raciniennes. Ce spectacle joyeux et alerte est une façon de dépoussiérer les classiques sans se prendre au sérieux, et aussi de démontrer qu’avec très peu d’argent mais beaucoup d’énergie et du talent, on peut parler l’alexandrin sans faire fuir les spectateurs.

LA PROVENCE

Le collectif La Palmera nous fait découvrir une autre manière d’apprécier ce « Racine » qui aime tant ces amours complexes. Une fois immergée dans l’histoire, finie la rigolade, place au drame antique. Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen revêtent leurs costumes et déclament d’un souffle clair et juste ces alexandrins qui nous sont chers. Cette dualité entre humour et classique est intelligemment menée. Nous sortons surpris, ravis. Pyrrhus, Hermione et Hector peuvent dormir en paix.

LES ECHOS

[…] Rien de tel que la proposition du collectif La Palmera. Deux jeunes comédiens établissent des ponts entre le monde de Racine et de son héroïne Andromaque, en apparence si éloigné de nos codes et de nos valeurs d’aujourd’hui. Au début, les acteurs explorent la pièce en l’éclairant de multiples façons, afin d’entraîner le public progressivement au plus près du texte original. Décryptant les passions, les dilemmes, des personnages, ils habituent peu à peu le spectateur à recevoir ces alexandrins qu’ils ne sont pas habitués à entendre.

 THÉÂTRE DU BLOG

[…] Ils passent donc de l’un à l’autre, avec une aisance remarquable, et réussissent pour chacun d’eux à « habiter » avec densité les différents personnages (féminins ou masculins) et leurs conflit et destinée tragiques.

Cela apporte ainsi au spectacle, une cadence extrêmement juste et, de façon détournée, une dimension chorégraphique. […] ce collectif réussit une prouesse : ne point nous éloigner du texte de Racine et capter avec tension et sensibilité, la conscience et le plaisir du spectateur.

Lire les critiques de Madinin’Art

Andromaque

D’APRÈS ANDROMAQUE DE JEAN RACINE
SPECTACLE ÉCRIT ET PROPOSÉ PAR
le Collectif La Palmera
AVEC
Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen
COLLABORATION À LA MISE EN SCÈNE
Néry
MUSIQUE ORIGINALE
Nicolas Cloche
COLLABORATION ARTISTIQUE
Claudie Kermarrec, Loïc Constantin,
Julien Bony, Damien Richard,
Édith Christophe et Claire Dereeper