— Par George Arnauld* —
Résistance et solidarité
Le dimanche 20 septembre, sur les hauteurs de Rivière Pilote, 9 associations dont 2 d’Haïti (le GARR et le RNDDF) se sont « unies » pour une cause commune : la lutte contre le racisme, contre les injustices et contre les discriminations. Elles ont rassemblé des femmes et des hommes désireux/ses de perpétuer les luttes des insurgé-e-s et avides de connaître leur histoire afin de prendre conscience des vieux démons qui sont si présents dans nos sociétés et de les combattre.
Une marche de commémoration sur les traces de Lumina Sophie donc, que nos invitées haïtiennes ont ouverte en se réjouissant de cette rencontre entre nos pays, et en reliant cette page d’histoire aux cas des expulsé-e-s de la République Dominicaine.
Pour débuter cette manifestation, Ymelda a chanté « Rasanbleman » ce chant haïtien si émouvant que nous a fait connaître Toto Bissainthe. Ensuite, l’assemblée a interprété le chant de l’Insurrection du sud, « Gran mè gran », avec l’accompagnement des tambours de l’ADPKM.
La lecture ensuite de textes forts de Suzanne Césaire Roussi, dont nous avons marqué le centenaire, a su renforcer notre engagement et notre volonté d’agir « contre l’ombre », citons par exemple :
« Tant pis pour ceux qui nous croient des rêveurs,
La plus troublante réalité est nôtre.
Nous agirons.
Cette terre, la nôtre, ne peut être que ce que nous voulons qu’elle soit. ».
Cette marche a permis de rappeler les événements qui ont marqué la ville de Rivière Pilote et le Sud de la Martinique en général.
La manifestation commença par le rappel des faits sur les lieux de la ville de Rivière pilote où se sont déroulées des évènements : la place du marché, la mairie, devant l’église…
Et nous voilà à la distillerie la Mauny, habitation appartenant à Codé en 1870, lieu de départ pour suivre la route de Lumina et de ses camarades par les traces dans la campagne. Le soleil torride ne nous a pas empêché d’aller jusqu’au bout de notre marche : Kwa Kodé.
De Codé, on connait la mort en détails, mais ces détails ne doivent pas faire oublier le racisme, les inégalités, les souffrances, qui la lient aux revendications et combats du peuple dans cette Insurrection du sud.
Cette page d’histoire tragique montre la capacité de résistance des peuples malgré la férocité des forces répressives. Lumina, insurgée déterminée, paya lourdement sa témérité, sa hardiesse, « d’être une meneuse d’hommes ». Condamnée au bagne à perpétuité. elle y meurt à l’âge de 31 ans.
Par cette manifestation, Culture Egalité et les associations amies ont su rendre hommage aux capacités de tous les opprimé-e-s à faire face et à s’élever contre l’oppression et toute forme de colonisation.
Nous donnerons de nouveaux rendez-vous à toute la population pour d’autres temps où ensemble nous dénoncerons les injustices et les discriminations et où nous rendrons aussi hommage à d’autres femmes qui ont marqué l’histoire de notre pays et de notre Caraïbe
*George Arnauld, porte parole de l’association féministe : Culture égalité et du groupe d’organisation (ADHM, ADPKM, AKPA, ASSOKA, « Faire une différence », GARR, RNDDH, les salariées mobilisées de Roger Albert)