En 2023, le nombre d’exécutions a atteint un niveau inédit depuis une décennie, selon le rapport annuel d’Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains, basée à Londres, a recensé 1 153 exécutions, marquant une hausse de plus de 30 % par rapport à 2022, où 883 exécutions avaient été enregistrées. Cette augmentation est principalement attribuable à l’Iran, qui représente à lui seul 74 % des exécutions mondiales avec 853 mises à mort, soit près de 50 % de plus qu’en 2022.
« Les autorités iraniennes ont fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine, multipliant les exécutions pour des délits liés à la drogue », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Cette situation met en lumière les effets discriminatoires de la peine capitale en Iran, affectant particulièrement les groupes de population marginalisés, notamment la minorité baloutche.
Outre l’Iran, la Chine se classe en deuxième position, bien que les chiffres exacts des exécutions y soient classés secret d’État. Amnesty International estime que ces chiffres se comptent par milliers. De même, le Vietnam et la Corée du Nord recourent massivement à la peine de mort, souvent pour punir des crimes mais aussi des actes dits dissidents.
En Afrique, l’Égypte et la Somalie ont également procédé à de nombreuses exécutions. En Somalie, le nombre d’exécutions a plus que triplé en un an, atteignant 38 en 2023. Aux États-Unis, seul pays des Amériques à appliquer la peine de mort, le nombre d’exécutions a augmenté de 33 % par rapport à l’année précédente, totalisant 24 exécutions. Certains États américains continuent de montrer un engagement fort envers la peine capitale, utilisant notamment l’asphyxie à l’azote comme méthode d’exécution.
Malgré cette hausse alarmante, le nombre de pays procédant à des exécutions a diminué, tombant à 16 en 2023 contre 20 en 2022. Cette tendance démontre que les pays pratiquant encore la peine de mort sont de plus en plus isolés sur la scène internationale. « Notre campagne contre ce châtiment abject fonctionne », a souligné Agnès Callamard, espérant que ce mouvement abolitionniste se poursuivra jusqu’à l’éradication totale de la peine de mort.
Le rapport d’Amnesty International ne compte pas les milliers d’exécutions suspectées en Chine, ni celles en Corée du Nord ou au Vietnam, en raison du secret entourant ces chiffres, que l’organisation voit comme une stratégie pour instiller la peur. Paradoxalement, bien que la peine de mort augmente dans certains pays, l’abolitionnisme progresse à l’échelle mondiale, avec de moins en moins de nations pratiquant ce châtiment.
Sabrina Solar