— Par Étienne Cherchour —
Dans son rapport annuel publié ce mardi 28 mars, Amnesty International note qu’aucune région n’est épargnée par la dégradation des droits humains et met en avant les droits des femmes, premières victimes des crises.
Le lieu n’a pas été choisi par hasard. Il y a 75 ans, l’Assemblée générale des nations unies avait adopté la Déclaration universelle des Droits de l’Homme au palais de Chaillot à Paris. Et c’est ici que l’ONG Amnesty International a choisi de présenter son rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un document qui souligne la nette dégradation des droits civiques et politiques des individus à travers le monde. Un constat qui « n’épargne aucune région du monde », insiste la secrétaire générale d’Amnesty international, Agnès Callamard.
La guerre en Ukraine, une aide humanitaire contrastée
Événement géopolitique majeur de l’année passée, l’offensive russe en Ukraine a entraîné une vague de réfugiés sans précédent en Europe — environ 5 millions. Pour Amnesty International, la réponse rapide et à grande échelle de la communauté internationale confrontée à ce défi humanitaire a prouvé que l’Occident avait les moyens de se coordonner pour venir en aide de manière efficace et sans délai à un pays en détresse.
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Faire de l’aide à l’Ukraine un modèle, c’est en substance ce que demande l’organisation aux grandes puissances et à l’ONU pour venir en aide aux civils pris dans la tourmente d’autres crises. « Il faut aussi aider les civils en Éthiopie, dans les territoires palestiniens, en Érythrée ou au Sahel » complète Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty France.
Les femmes, premières victimes
L’urgence, pour Amnesty International, est avant tout celle des droits et des libertés individuelles des femmes. Jean-Claude Samouiller s’alarme notamment de la situation des femmes et des jeunes filles en Afghanistan : « Les talibans ont interdit l’accès à l’école, à l’emploi, aux études supérieures aux femmes. Elles ont besoin d’être accompagnées d’un tuteur si elles souhaitent sortir de chez elle et entièrement couvertes », souligne-t-il. En Iran, les femmes ont été au centre des manifestations contre le régime depuis septembre 2022, et les premières victimes de la répression. « Le régime iranien viole, torture et tue les femmes » poursuit le président de l’ONG.
En Iran, l’énigme des jeunes filles intoxiquées
En Ukraine, en Afghanistan ou en Éthiopie (dans la région du Tigré), les femmes sont victimes de « crimes de guerre » ou de « tortures », de viols parfois systématiques et de « passages à tabac ». Mais Amnesty alerte également sur la mise en péril du droit à l’avortement dans des pays tels que la Pologne et les États-Unis.
Le droit de manifester au centre des inquiétudes
La restriction des droits politiques, et notamment la liberté d’expression, est également soulignée dans le rapport 2022. Plus de 80 pays sont pointés du doigt pour avoir eu recours à des usages d’armes illégales contre les manifestants. Parmi eux, le Pérou, le Sri Lanka mais aussi la France et le Royaume-Uni, qui a mis en place « un arsenal législatif visant à limiter et réprimer les manifestations », selon la secrétaire générale d’Amnesty international.
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La situation actuelle en France inquiète d’ailleurs l’organisation qui déplore « l’usage de la violence et de pratiques illégales » comme les gaz lacrymogènes et les nasses des autorités. Enfin, le président d’Amnesty France déplore « des conditions de vie et d’accueil indignes en France pour les personnes à Calais, à Grande-Synthe et en banlieue parisienne. » Il n’hésite pas à dénoncer « un double standard raciste envers les réfugiés » en Occident.
Étienne Cherchour
Source : La Croix