— Par Ismaël-Morgan Marie-Luce —
Depuis quelques temps, la Martinique vit un tournant dans son histoire. Plus précisément, elle voit sa mémoire bousculée, remaniée mais vérifiée par une jeunesse martiniquaise, non pas révolutionnaire comme le disent certains, mais une jeunesse consciente et militante. Un militantisme que d’autres ont initié dans le passé et qui aujourd’hui refait surface de plus belle. Oui, une jeunesse soucieuse de ne pas se laisser corrompre par une histoire fallacieuse, une histoire falsifiée au bénéfice de ceux qui l’ont écrite. Une histoire fallacieuse restée dans la mémoire collective comme immuable, impérissable, inaliénable mais une histoire symbole de l’aliénation du peuple martiniquais. Oui, cette histoire assimilationniste que l’Etat Français a servi durant des années à nos aïeux. Ces mêmes aïeux qui aujourd’hui pour certains, refusent, condamnent ou saluent le combat mené par cette jeunesse militante ayant rétabli la vérité sur notre histoire. L’histoire du peuple martiniquais et de ses descendants d’esclaves, l’histoire qui érige l’homme blanc comme notre sauveur, comme le grand abolitionniste, je parle de Victor Schoelcher notamment.
En faisant disparaître toute trace matérielle visible de cette réalité historique, ce comportement infantile prive les générations futures de la possibilité de s’interroger, comme ils ont eu la chance de pouvoir le faire, sur les tenants et aboutissants d’une époque essentielle pour la compréhension de notre destinée. Pierre-Alex-Marie-Anne
L’histoire qui peine à rendre hommage aux esclaves révoltés ayant brisé les chaînes avant même que Papa Blanc contraint par les révoltes esclaves décide d’abolir l’esclavage. Schoelcher abolitionniste je l’admet, mais entendre dire que cet homme fut un humaniste, je refuse d’adhérer à ce qualificatif. Un humaniste qui a indemnisé les esclavagistes autrement dit les bourreaux de nos ancêtres, les criminels du crime contre l’humanité que constitue l’esclavage, les responsables de nègres mutilés, tués, déshumanisés et j’en passe. Depuis quand indemnise-t-on un criminel ? Les esclavagistes étaient-ils les victimes de l’esclavage ? Donc à présent, parlons de l’abolitionniste Schoelcher et non de l’humaniste qu’il ne sera jamais.
Pourquoi acceptons-nous les faux-semblants ?
Je suis peiné lorsque je vois certains nègres comme moi s’émouvoir du déboulonnage d’une statut à l’effigie de Schoelcher, à l’effigie de Belain d’Esnambuc ! Quelle tristesse de voir ce peuple assimilé, embrigadé par la mémoire coloniale qui se perpétue encore au sein même de l’Etat ! At-on oublié notre histoire ou refuse-t-on de la connaître ? Pourquoi certains refusent de reconnaître que l’histoire enseignée est celle narrée à l’effigie du colon ? Pourquoi acceptonsnous les faux-semblants d’un Etat qui vous considère comme des citoyens entièrement à part ? Certains disent que l’on a les avantages de cet Etat mais peu reconnaissent que nous sommes asservis à ce système qui veut nous maintenir sous sa coupe en enfreignant toute velléité de développement !
Non nous préférons nous réfugier dans notre petit confort quotidien, celui que nous apporte cet Etat, qui vous méprise les yeux dans les yeux en vous envoyant à la figure qu’il décide de tout et que nous devons nous soumettre. Cet Etat qui, sans aucune vergogne, honore les criminels de l’histoire, les bourreaux de l’esclavage qui sont les héros de l’Etat français blanc ! Cet Etat qui érige Belain d’Esnambuc, Joséphine de Beauharnais, Colbert et d’autres sous vos yeux !
Oui cet Etat qui n’en a rien à faire de qui vous êtes en osant refuser de défaire les statues de la discorde, celles à l’effigie de ceux qui sont coupables de la colonisation,l’esclavage, et aujourd’hui l’assimilation qui construit des nègres de maison.
Alors pourquoi doit-on accepter Colbert ?
Cet Etat qui veut faire croire que les statues sont là pour l’histoire. Pétain, Hitler sont de l’histoire et pourtant toute forme de références à ces hommes sur la voie publique est proscrite ! ? Alors pourquoi doit-on accepter Colbert ?
Il faut que notre génération puisse remplir sa mission, celle de rendre la dignité à ceux qui sont passés, nos ancêtres, à ceux qui sont présents, nous peuple assimilé pour certains et à nos enfants, qui perpétueront le combat. La lutte pour une Martinique consciente de son histoire, pour des Martiniquais fiers, droits et non plus courbés par le poids du colonialisme, par les menaces d’un État qui vous veut du bien. Les tentatives d’intimidations seront veines lorsque les nègres feront front commun au lieu de se diviser entre partisans des thèses assimilationnistes et partisans de la vérité historique de ce qu’est et qu’a été l’esclavage mais de ce demeure encore le colonialisme.
Ismaël-Morgan Marie-Luce