« Allons enfants de la Guyane » d’Hélène Ferrarini

Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République

En Guyane, pendant des décennies – et aujourd’hui encore à Saint-Georges-de-l’Oyapock –, des enfants de différentes communautés autochtones ont grandi dans des « homes indiens », pensionnats tenus par des congrégations catholiques. La politique d’assimilation forcée ainsi menée par l’État français avec l’appui du clergé atteste des persistances coloniales dans ce jeune département d’outre-mer.

Dans une enquête approfondie mêlant archives et témoignages, Hélène Ferrarini lève le voile sur une histoire jusqu’alors ignorée dans laquelle la parole des anciens pensionnaires trouve enfin une place.

En Guyane, l’histoire encore taboue de « l’éducation forcée » d’enfants amérindiens
Pendant des décennies, des centaines d’enfants amérindiens ont été placés dans des pensionnats religieux. Hélène Ferrarini exhume cette histoire déchirante qui s’est déroulée dans le département français d’Amérique du Sud.

*******
Comment la France et l’Église catholique ont « éduqué » de force deux mille enfants améridiens de Guyane

Main dans la main, prêtres, religieuses et administration ont mené une entreprise ethnocidaire en Guyane, afin d’évangéliser et d’assimiler les Amérindiens dans des pensionnats catholiques, documente la journaliste Hélène Ferrarini dans un livre qui vient de paraître.

— Par Marion Briswalter (Guyaweb) —

Pour la première fois, un ouvrage complet documente le dispositif d’évangélisation des enfants amérindiens en Guyane, pendant un siècle, par les institutions religieuses et l’administration française par le biais des pensionnats religieux.

Cet ouvrage bouleversant, signé de notre consœur Hélène Ferrarini, journaliste à Guyaweb, vient de paraître aux éditions Anacharsis. L’enquête, intitulée Allons enfants de la Guyane. Éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République, documente grâce à de nombreuses archives et témoignages ce qui constitue l’un des plus grands traumatismes contemporains des familles amérindiennes de Guyane, mais qui demeure pourtant l’un des plus grands tabous de la société guyanaise, de l’État français et de l’Église catholique en France.

Ce travail de plusieurs années a été rendu possible grâce à une soixantaine d’entretiens menés notamment auprès d’anciens internes et à une plongée patiente, souvent saisissante, dans les archives des ordres et des congrégations, parfois jusqu’à Rome. La brutalité méthodique du clergé qui ressort des témoignages est effarante.

Cette enquête intervient dix ans après les travaux universitaires fondateurs de Françoise Armanville, qui avait regroupé des documents et des témoignages relatifs à l’histoire des « homes indiens » de Guyane à partir de la seconde moitié du XXe siècle et leurs effets. Son travail avait montré l’urgence de raconter, documenter ce fait guyanais terrible.

Selon Hélène Ferrarini, sur près d’un siècle, « 2 000 » enfants amérindiens et bushinengués furent enrôlés par les différentes forces catholiques, des années 1930 à aujourd’hui. Au moins « deux enfants » amérindiens y auraient perdu la vie.

Lire la suite=> Mediapart

*******

En Guyane, l’histoire encore taboue de « l’éducation forcée » d’enfants amérindiens

Un hamac. C’était souvent le seul bagage que les petits Amérindiens emportaient lorsqu’il leur fallait rejoindre le pensionnat. Un lit suspendu comme symbole du lien distendu avec leur famille et leur communauté. Car pendant des décennies, dans la forêt amazonienne et sur le littoral guyanais, des centaines d’enfants autochtones ont été placés dans des pensionnats tenus par des missionnaires catholiques.

Sur place, ces internats ont pris l’appellation de « home indien »​. Ça évoquerait presque un cocon doux, un côté home sweet home. Pourtant, derrière les portes de ces établissements, s’est déroulée une histoire déchirante de déracinement et d’acculturation. Des années 1930 jusqu’à… aujourd’hui. Puisqu’il reste un pensionnat en activité, à Saint-Georges-de-l’Oyapock, commune située dans le sud-est de la Guyane, juste en face du Brésil frontalier.

Depuis longtemps, la journaliste indépendante Hélène Ferrarini tourne autour de ce récit à écrire sur les homes (Allons enfants de la Guyane, éduquer, évangéliser, coloniser les Amérindiens dans la République, éditions Anacharsis, 16 €). « Comprendre cette histoire auprès de ses témoins, c’est se confronter à une parole en archipel dans un océan de silences. Les voix sont rares. Beaucoup d’anciens pensionnaires ne se représentent pas nécessairement leur passage dans les homes comme une violence, mais plutôt comme une évidence, inquestionnable. »​

Le recueil de souvenirs est complexe, car les quelque 2 000 jeunes pensionnaires étaient dispersés aux quatre coins de la Guyane et venaient de différents peuples amérindiens et…
Lire la Suite => Ouest-France

 

*******

Paru en septembre 2022
288 pages
12 x 16 cm
ISBN : 9791027904433
Prix : 16 €
Acheter le livre

Lire un extrait

HTML | 7.2 KO

Ouest France

HTML | 575 OCTETS

Préface d’Alexis Tiouka