— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.—
« Alé vini, » un titre invitant à ne point se satisfaire d’un seul regard, ni d’un regard sous le même angle. Déambuler dans le temps, dans l’espace, dans notre pays tranquillement. Regarder notre environnement, peut-être valoriser notre « Lakaye nou »
Face aux hypothèses proliférant sur le caractère temporel de la peinture, faut-t-il prendre en considération les dimensions spatiales de cette académie ? Une théorie de la peinture comme espace et dans l’espace s’avère peut-être indispensable pour comprendre les formes comme les enjeux esthétiques qui sous-tendent cette sphère artistique
Comme point de départ et comme ligne d’horizon de l’analyse de la peinture un blocage entre un objet et son impossible étude : le dilemme de l’artiste et son mouvement pictural. Delacroix partait de ce principe, qu’un tableau doit avant tout reproduire la pensée intime de l’artiste, qui domine le modèle comme « le créateur la création.» On l’aura compris, cette « ouverture » de la peinture n’est pas le fruit de la peinture elle-même, mais du renouvellement de discours prenant acte de cette spécialité.
Une vraie beauté mélodique
L’œuvre de Victor Permal trouve son inspiration dans la quintessence des alliances vagabondes et rend compte de la pluralité de ses approches. Grâce à sa réflexion, à son étude du paysage martiniquais, les rapports qu’il entretient avec la nature sont évidents. Le trait est vigoureux et précis, la couleur s’allège de pigments transparents sur l’huile travaillée de longs bâtons crémeux. Soudainement, jaune et rouge, côte à côte s’opposent assurément au noir parsemé de gris anthracite, dans sa puissance et dans sa singularité qu’il étale ici sur panneaux de bois. Pour ce peintre la quête du contrepoint d’où nait l’harmonie n’est pas seulement une gymnastique intellectuelle, mais un moyen de faire passer les émotions On trouve chez lui, une vraie beauté mélodique à « l’intérieur « de l’œuvre. C’est du choc ou de l’accord heureux de deux tons et du plaisir qui en résulte, qu’il tire cette science infinie des combinaisons de tons.
L’esprit des sources
Quand bien même la peinture de Victor Permal ruisselle d’onction poétique, résultat d’un germe « primitif » soigneusement cultivé, il est d’usage que la nature extérieure, ne fournisse à l’artiste abstrait, fut-il mâtiné de figuratif, affilié de près ou de loin à une « indexation » de la réalité, qu’une occasion sans cesse renaissante de cultiver ce germe ; elle ne veut être qu’un amas incohérent de matériaux que l’artiste est invité à associer et à mettre en ordre. Dans cet échange particulier, il n’y a dans la nature ni ligne, ni couleur. C’est l’homme qui crée la ligne et la couleur.
Pratique :
Exposition « ALE VINI » de Victor Permal
A L’ATRIUM salle « La Véranda »
Jusqu’au 30 avril 2014-
Tout public
Entrée gratuite
Informations : 0596 60 68 20
Victor Permal : 0696 24 55 44
Texte paru dans France-Antilles Magazine
Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.