Dans le hall de l'Atrium jusqu'au 27 février 2014
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
La sphère artistique de l’artiste se décline en arc en ciel dans une veine classique accentuant une dimension transformationnelle. Mais le travail d’Alberte Veronie reste perméable à une logique picturale à deux niveaux culturellement imbriqués.
Alberte Véronie, exprime d’une part le souhait de soumettre son œuvre à un régime de représentation. D’autre part en faisant abstraction du « carré » que constitue le support de l’image, support en tissus, et ses kakémonos, Alberte s’inscrit dans une longue tradition autant réaliste que figurative, tout en délimitant les paramètres constitutifs de la forme tableau. S’exprimant successivement et simultanément sur des supports différents et complémentaires, peintures sur tissus tendus par des bâtons, peintures sur tissu elle n’exclut pas les toiles pour artistes. Il y a de sa part une vraie stratégie à prévoir une mise en abîme de son œuvre, qui conduit à un véritable renversement de la perspective, dont l’effet, avec beaucoup de pertinence et d’habileté, distribue des volumes. Remarquables par leur clarté et leur précision, en combinant des choix de classement hors de la sage et prévisible répartition des discours, des genres, qui règlent la production picturale. Et c’est justement cette dimension réfractaire de sa peinture à une unique topographie, qui fait émerger un ensemble inscrit totalement dans une certaine modernité de l’art de peindre.
Sa mobilité participe de la configuration de son art.
Elle est une extension du procédé de la peinture artistique, la part de mixage donnée à un public à travers, la possibilité offerte d’une exposition de libre circulation dans la création. Des espaces de couleurs et de noir et de blancs participent d’une certaine idée de la peinture et marquent les contours de l’objet pictural. Des fonds exaltés de couleurs vives encadrent des scènes de vie quotidienne. Ici des bœufs blancs, colorés par endroits simulent un Picasso revisité. Là des camaïeux subtils de bleus et de rouges auréolent de-ci de-là son travail d’une lumière dense. Les formes où dominent l’idéalité, font passer sur les visages et jusque dans l’ambiance de l’œuvre une expression authentique et audacieusement pensée : L’émotion tournée vers le dedans d’une intimité sans mesure est captée intense dans l’attitude des œillades éloquentes. « Je veux transmettre l’âme créole, lointaine et moderne de mon pays » Ses personnages traduisent une force d’expression, par les poses, par les visages et les regards, et ne font apparemment pas problème par rapport aux critères ordinaires de classification. Il est intéressant, à ce titre de considérer qu’un excès de réalité briserait l’élan qui nous porte vers le point de résolution où elle nous dirige. Cette forme d’exécution, si elle n’abolit pas la référence à l’objet pictural, incarne ici une autre idée de l’objet pictural où l’on pourrait entendre en écho des violons romantiques d’une peinture intimiste, ou encore sourdre l’idée d’une peinture qui se transformerait en passant dans le décor.
Pratique :
Exposition d’Alberte Véronie
Jusqu’au 27 février 2014-Hall de l’Atrium
Tout public :
Gratuit.
Information :05. 96. 60.78. 78.
Alberte Véronie: 06. 96. 41. 25. 38.