—Par Sarha Fauré —
L’affaire des airbags défectueux de la marque Takata continue de provoquer des vagues, cette fois en Guadeloupe. Dix enquêtes ont été ouvertes, portant des chefs d’accusation d’« homicide » ou de « blessures involontaires », suite à des incidents graves impliquant des airbags de véhicules Citroën, Ford, Toyota et Nissan.
La genèse du scandale
L’affaire remonte à 2014, lorsque les autorités américaines ont confirmé que la détérioration d’un gaz dans les airbags Takata les rendait potentiellement dangereux, surtout dans les climats chauds et humides. En cas d’accident, le déploiement de l’airbag pourrait projeter des fragments métalliques, causant de graves blessures. Depuis, des millions de véhicules ont été rappelés mondialement.
Un déploiement chaotique en Guadeloupe
En Guadeloupe, les enquêtes concernent des accidents récents. Le procureur de Basse-Terre, Xavier Sicot, a souligné la complexité de ces affaires, nécessitant des investigations techniques et possiblement internationales. Cinq des accidents ont entraîné des décès, tandis que les autres ont laissé les victimes avec de graves séquelles. Par exemple, un jeune homme de 29 ans a été sévèrement blessé en octobre 2022 dans un accident impliquant une Citroën C3 d’occasion. La légère collision a déclenché l’airbag, projetant des fragments métalliques dans son visage, cassant une pommette et crevant un œil.
Citroën sous pression
Citroën, confronté à ce scandale, a lancé un rappel massif de ses véhicules en Europe. Au total, 605.772 véhicules Citroën C3 et DS3, vendus entre 2009 et 2019, sont concernés. Le constructeur, sous la maison mère Stellantis, a commencé à distribuer près de 60.000 véhicules de courtoisie, mais les clients, notamment en Guadeloupe, trouvent ces mesures insuffisantes.
Les réactions et conséquences
Les victimes et leurs familles, représentées par des avocats comme Grégory Guyard, critiquent la gestion de la campagne de rappel, accusant Citroën d’avoir agi au strict minimum pour éviter de faire des vagues. Maryse-Hélène Malroux, une juriste touchée par ce scandale, a même créé un collectif sur Facebook pour mobiliser les autres victimes et envisager des actions judiciaires.
Thierry Koskas, directeur de Citroën, a promis des améliorations dans la prise en charge des clients, tout en lançant la 4e génération de la C3 en grande pompe. Mais la marque reste dans la tourmente, luttant pour rétablir sa réputation et regagner la confiance de ses clients.
Une route semée d’embûches
L’affaire des airbags Takata met en lumière les défis et les responsabilités des constructeurs automobiles face à des défauts de fabrication potentiellement mortels. Pour Citroën, la route vers la rédemption est semée d’embûches, entre la gestion des rappels, les enquêtes judiciaires et la pression croissante des clients mécontents.