Le samedi 28 février à 18h00 à la Salle des fêtes de Basse-Pointe
Cet élégant coffret devrait figurer dans toute dvdthèque. Il comporte les trois documentaires de 52 minutes Aimé Césaire, une voix pour l’Histoire d’Euzhan Palcy et un livret regroupant des extraits rangés par ordre alphabétique de thèmes des paroles de Césaire dans ces documents filmés. C’est une somme incontournable alliant entretiens, archives d’actualité et textes mis en images d’un homme qui a su allier écriture et engagement dans la Cité. L’exercice est délicat et Maryse Condé y rappelle qu’il résume ainsi les contradictions antillaises. Le premier film, L’île veilleuse, résume la vie, l’œuvre et l’action politique du poète. La mise en image des textes s’accroche aux paysages et au labeur des hommes. Le deuxième, Au rendez-vous de la conquête, approfondit l’éthique et la théorie de la Négritude. Il retrace les rencontres de Césaire étudiant à Paris avec les intellectuels de l’époque, et celle, déterminante, avec Senghor. Le troisième, La force de regarder demain, revient sur les désillusions de la colonisation, les dérives de la Négritude, les échecs du tiers-mondisme etc. On y découvre un Césaire lucide mais toujours battant.
Le rapport à l’Afrique est permanent : « J’ai toujours le sentiment que j’ai perdu quelque chose ». Il fonde un engagement : « Je voudrais passionnément que mon peuple existe en tant que peuple ». Voilà Césaire « à la reconquête de mon nom ». Mais dans cette poésie, qu’est-ce que la Martinique ? « Nous sommes, nous résultons du crachat du volcan ». La créolité reste ambiguë : « On est créole pour ne pas être africain. La créolité n’a de sens que par rapport à un référent essentiel qui me paraît être l’Afrique ». Césaire réagit par rapport à la conception idyllique et paradisiaque des îles qui avait cours dans la littérature antillaise et la recentre sur le « temps de détresse » : « Des hommes séparés brutalement de leur pays, de leur terre, de leurs dieux, de leurs légendes, de leur culture, de leur langue même. » Et alors que pour être universel, il fallait nier que l’on était nègre, « au contraire je me disais : plus on est nègre, plus on est universel ».
Olivier Barlet
http://www.franceculture.fr/oeuvre-aime-cesaire-une-parole-pour-le-xxieme-siecle-de-euzhan-palcy