Quand les professionnels de santé sont agressés, quand les pharmacies sont vandalisées, quand les cabinets médicaux sont pillés, quand les accès aux soins sont bloqués, quand les malades sont abandonnés, ce sont des vies qui sont mises en danger. Ce sont des morts qui vont s’accumuler par manque de soins !
Nos systèmes de soins ont été mis KO par une terrible 4e vague Covid. Avant même de reprendre quelques forces pour affronter la 5e vague, ils encaissent de nouveaux coups de boutoirs : les épisodes de violences perpétrées à l’encontre des professionnels et des lieux de soins auront des conséquences tragiques. Ces épisodes provoquent des morts qui auraient pu être évitées !
Faute de soins de nombreux malades vont mourir aujourd’hui :
– Des dialysés ne peuvent pas accéder à leur centre de dialyse
– Des patients souffrant de cancer ne reçoivent pas leur chimiothérapie
– Les consultations ne peuvent plus être assurées, et même les prises en charge les plus urgentes ne sont plus toujours assurées
– Les soignants libéraux ne peuvent plus correctement prodiguer les soins au domicile des plus vulnérables
– Des cabinets médicaux, des pharmacies, sont saccagés
– Les laboratoires de biologie médicale, les cabinets de radiologie, les pharmacies ne fonctionnent plus
– Le SMUR, confronté à des difficultés de circulation, est retardé pour porter secours à des personnes en détresse vitale
– Les urgentistes menacés, se retirent
– Des soignants ne peuvent pas rejoindre l’hôpital pour une intervention d’urgence, pour prendre leurs gardes.
– Les interventions chirurgicales non urgentes sont, une fois de plus, à l’arrêt
– L’approvisionnement des établissements en matériel, en médicaments, en repas pour les patients, en produits sanguins est quotidiennement menacé et retardé
– L’angoisse, la dépression, les idées suicidaires envahissent de plus en plus les consciences Alors que les retards dans les prises en charge se sont accumulés, nous ne pouvons que manifester notre désarroi devant les nouvelles pertes de chance des malades. Cela se traduit inévitablement par des décès ou des séquelles irréversibles.
Nos systèmes de santé ne peuvent plus faire face à la situation. Trop de lits sont fermés en raison du manque de personnels malades, démissionnaires ou empêchés de travailler ! Trop de patients Covid sont hospitalisés, ce qui nous empêche de prendre en charge des patients non-Covid.
La situation insurrectionnelle que nous connaissons aggrave encore ces retards, et provoque une augmentation des décès.
Les soignants, médecins, pharmaciens, infirmières, dont la sécurité est directement menacée par des invectives, des injures, des agressions, des dégradations de véhicules ou de matériel, du racket par des bandes armées, ne peuvent plus, à présent, assurer leurs missions. En cas de cinquième vague, ils sombreront.
Nous, usagers et professionnels de santé, lançons un appel désespéré pour que cessent les blocages qui portent un coup fatal à nos systèmes de santé, et qui mettent nos populations en danger de mort. Sans une réaction immédiate de toute la société, les martiniquais et les guadeloupéens ne pourront plus être soignés.
Nous appelons solennellement l’ensemble des Martiniquais et des Guadeloupéens à prendre la mesure des conséquences pour leur santé, aujourd’hui et pour demain, des violences et des entraves perpétrées à l’encontre des professionnels et des lieux de santé. Nous les appelons à se mobiliser pour qu’ils nous aident à encore sauver des vies.
PREMIERS SIGNATAIRES : Roger TOUSSAINT, président de la Ligue contre le cancer ; Mérette FORTUNE, présidente, France Rein Martinique ; Nathalie CHILAN, présidente Ma Tété ; Isabelle BARON, présidente d’Amazone; Charles BARCLAY président de la Fédération des clubs des ainés; Sarah-Emmanuelle REGIS, présidente de l’association AFROP’HAND; Béatrice HOUDREVILLE, présidente de l’association des hémophiles, Martinique; Laurent MILIA, président de la commission des usagers au CHUM; Dr. Jean-Luc FANON, président de l’Association Sauver la Sante En Martinique (ASSEM); Dr. Yves HATCHUEL, président du Syndicat Martiniquais des Hospitaliers (SMH); Dr. José-Luis BARNAY, président de la section hospitalière du Syndicat des Médecins de la Martinique (SMMq); Dr. Michel EYNAUD, président du SPH et de CPH Guadeloupe; Dr. Anne CRICQUETHAYOT, présidente de l’Union Régionale des Médecins Libéraux de la Martinique (URMLM); Dr. Frédérique DULORME, présidente, Dr. Guy URSULE, vice-Président de l’Union Régionale des Médecins Libéraux de la Guadeloupe; Dr Pascal RHINAN, président du syndicat Unifié des médecins de la Guadeloupe; Dr Jean Marc PIQUION, Président de l’URPS des pharmaciens de Guadeloupe; Dr. Jordi ZECLER, président du syndicat des pharmaciens de la Martinique; Dr. Eddy BRAFINE, président de l’ordre des médecins de la Martinique; Dr. Claude MARIE-JOSEPH, président de la délégation Martinique de l’Ordre des pharmaciens; Pr. Suzy DUFLO, Doyenne de la faculté de médecine des Antilles; Pr. François ROQUES, président de la Commission Médicale d’Établissement (CME), CHU de la Martinique; Pr. Pascal BLANCHET, président de la Commission Médicale d’Établissement (CME), CHU de la Guadeloupe; Dr. Ruddy VALENTINO, directeur de l’Espace de Réflexion Éthique Régional de Martinique (ERERM); Dr. Patrick PORTECOP chef de service SAMU Guadeloupe; Dr. Anne GEOFFROYWERNET, présidente du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateurs (SNPHARE); Dr. Jean-François CIBIEN, président d’Action Praticien Hôpital (APH); Pr Papa GUEYE, chef de service SAMU 972; Dr Olivier NICOLAS, président du Bureau des Internes des Caraibes; Dr. André EDOUARD, Dr. Danielle QUIST, Dr. Charles QUIST, Dr. Raymond MEZIN, Dr. Claudine VERNANT, médecins retraités, Martinique.